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réserves de change et de dépôt de brevets, en nombre d’internautes et d’automobilistes,pour la fabrication d’ordinateurs et d’éoliennes, la production de pommes, d’acier et debéton. Pour maintenir le rythme de sa croissance, elle dévore les matières premières etl’énergie : elle est le premier émetteur de CO
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. Sans oublier tous les autres, émergents ouémergés : l’Inde, le Brésil, la Russie, mais également la Corée du Sud, l’Indonésie, l’Australie,l’Afrique du Sud, le Mexique.En même temps, les Européens perdent confiance. Leur modèle économique est à la peineaprès deux décennies où la dette, celle des ménages ou celle des Etats, a remplacé la haussedes salaires. La mondialisation bat en brèche nos certitudes les plus ancrées : Européens etAméricains n’ont plus le monopole des productions à forte valeur ajoutée. Les paysémergents sont en phase de rattrapage, sinon de dépassement, qu’il s’agisse detechnologies ou d’enseignement supérieur. Après quatre siècles d’hégémonie, les nationsoccidentales vieillissent et semblent résignées à cultiver leur passé plutôt qu’à se projeterdans l’avenir. La conviction que démocratie et marché, droits de l’homme et commerce, vontde pair est remise en cause par les capitalismes de parti unique ou de mafias quiconcurrencent ou supplantent nos économies – comme si la promesse de 1989 et de la chutedu Mur de Berlin était ajournée, peut-être même oubliée.De telles secousses, dans une période de chômage de masse et de précarité, ébranlent lessociétés européennes. Des coupables sont montrés à la vindicte : l’étranger, le descendantd’étranger, le musulman, mais aussi les Hongrois pour les Slovaques, les Italiens du Sudpour ceux du Nord, les Wallons pour les Flamands en Belgique, les habitants de Castille pourcertains Catalans en Espagne. Face à ces changements d’échelle et aux tensions qu’ils fontnaître, les solutions passent par une nouvelle coopération entre les peuples, un « G192 »dans le cadre des Nations Unies pas seulement un G20 dans l’intérêt des pays les pluspuissants, ainsi que par une réorientation de la construction européenne. Ce sursaut doitvenir dans les dix prochaines années. Après, il sera trop tard pour inverser la tendance.
Les révolutions technologiques et la vitesse changent profondément la vie personnelle commela vie professionnelle
Ces révolutions donnent le meilleur et le pire. Le meilleur, comme l’accès à l’information : auMaghreb et au Moyen Orient, non seulement la jeunesse a commencé à utiliser Twitter plutôtque le fusil, mais le monde entier a pu vivre les révoltes populaires contre les dictatures. Laprécipitation peut aussi engendrer le pire, comme lorsque l’adoption d’un projet de loi obéità la charge émotionnelle des titres du « 20 heures ». Trop souvent, c’est l’actualité qui fait laloi, non la loi qui fait l’actualité.Les nouvelles technologies peuvent aussi conduire à l’aggravation des conditions deproduction des salariés : sous-traitance, recours intensif aux contrats à durée déterminée, àl’intérim et aux temps partiels, réduction des temps de pause… Ces nouvelles organisationsdu travail où les salariés sont mis en compétition avec les autres comme avec eux-mêmespeuvent conduire jusqu’au suicide. Ces drames survenus en nombre couvent dans bien desentreprises, souvent les plus grandes où les dirigeants sont des financiers et leurs employésdes numéros. La pression du client et du rendement domine, en production comme dansl’encadrement, dans l’industrie ou dans les services, dans le secteur privé comme dans lafonction publique.Les temps sociaux sont éclatés. Finie, la séparation de la vie en tranches entre l’école commetemps de formation, la profession comme temps de travail, la retraite comme temps pourparachever sa vie. On peut être étudiante à 70 ans, grand-père à 40, voyageur à 16. Quant au
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