Education: le dernier rapport
du premier médiateur
Jacky Simon part en retraite, il fait le bilan de ses quatre années de service. Par Marie-Joëlle GROS - mardi 28
juin 2005 - Liberation
Un dernier rapport, et c'est la retraite. A 65 ans, Jacky Simon, médiateur de l'Education nationale depuis 1998 date de création de cette fonction, rendait hier la sixième édition de son rapport annuel. Pour l'occasion, l'homme s'est autorisé une «impertinence maîtrisée». Les rouages de l'Education nationale n'ont plus de secrets pour celui qui y a mené l'intégralité de sa carrière, tour à tour directeur des personnels et de chef de l'inspection générale, auteur de rapports sur la réussite en ZEP ou chargé d'une mission de lutte contre la violence scolaire. Sur l'accumulation de rapports au sein de l'Institution, le médiateur a d'ailleurs fort à dire : «Il y en a de pleines caisses dans toute cette maison. Si on les relisait tous, il n'y aurait plus rien à écrire.» Il s'amuse aussi de l'empilement des recueils de lois et règlements («quatorze mètres linéaires dans chaque bureau»), qu'il a d'ailleurs entrepris de «désherber» : un effort «prométhéen autant que prometteur». S'il félicite des ministres de l'Education, c'est davantage «ceux qui sont morts», afin d'éviter la susceptibilité des vivants. Cela ne l'empêche pas de railler en substance la loi sur l'école de François Fillon : «Il ne faut pas se raconter d'histoires, la lisibilité d'un texte de loi fait partie du champ démocratique et éducatif. Quand on fait des textes, il faut qu'ils soient clairs.» A l'aube de la retraite, le médiateur conseille au ministre de l'Education qui voudrait vraiment laisser son nom à la postérité d'organiser un grand feu de joie, «un autodafé de 40 à 50 % des textes» de la rue de Grenelle. Voilà pour l'essentiel. Litiges.
Taoïsme. Alors oui, Jacky Simon souhaite une réforme. Qu'il associe à une grande «bouffée d'oxygène» tant la «frustration et c'est un doux euphémisme des acteurs de terrain est grande». Il souligne l'«impatience» des parents d'élèves à l'égard de l'école ainsi qu'une forme de «scepticisme» : «Il y a les initiés culturels, ceux qui ont la connaissance des arcanes du système éducatif», et les autres. Et s'inquiète d'une «coupure» entre ce qui se décide dans les bureaux du ministère et ce qui se vit dans les établissements. Avec le temps, le médiateur est devenu adepte du taoïsme. Il offre à méditer un énigmatique proverbe zen : «Quand le disciple est prêt, le maître vient.» Traduction : la réforme ne peut pas venir seulement d'en haut. |