Relogés aux frais de
l'expulseur
vendredi 16 juillet 2004 - Liberation C'est une histoire d'expulsion qui se finit plutôt bien. Les douze
familles chassées hier de leur squat de la rue David-d'Angers à
Paris dans le XIXe arrondissement, dormiront pendant un mois à l'hôtel,
aux frais de leur expulseur, et seront ensuite relogées dans la
capitale.
Ce happy end est le résultat d'un long combat. En 1997, plusieurs familles originaires de Côte-d'Ivoire investissent un pâté de maisons, dans le charmant quartier de la Mouzaïa. «L'ensemble appartenait en partie à la MGEN (Mutuelle générale de l'éducation nationale, ndlr)», raconte Didier Bagheriche, de l'association Droit au logement (DAL). Selon lui, la mutuelle avait laissé ce groupe de petits immeubles à l'abandon. Très vite, les lieux sont squattés par une trentaine de familles. «Entre 1997 et 2002, la MGEN engage une procédure d'expulsion, puis revend le lot à un marchand de biens», continue-t-il. Dans le même temps, une coordination d'associations et partis politiques dont le DAL, les Verts, la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) les enfants étant scolarisés dans le quartier se mobilisent pour que les familles soient relogées en cas d'expulsion. La procédure finit par aboutir, mais «le propriétaire n'a demandé l'expulsion que d'une partie du lot, nous ne comprenons pas bien pourquoi», s'étonne Didier Bagheriche. Douze familles sont concernées, celles qui squattent les immeubles situés rue David-d'Angers. «Tout le reste, la rue de la Fraternité, soit 21 familles, est maintenu. Elles ne sont pas régularisées, elles squattent toujours, mais le propriétaire n'a pas demandé leur expulsion. Il dit qu'il va construire un mur de séparation à l'intérieur de l'immeuble», explique encore le militant du DAL. Hier matin, à l'aube, cinq cars de CRS prennent position, la
rue étant barrée à ses deux extrémités.
«Les
familles avaient été prévenues, elles seront hébergées
pendant un mois à l'hôtel Formule 1 de Clichy-sous-Bois, raconte
Didier Bagheriche. On regrette que ce genre d'opération soit confié
aux CRS. Mais ça s'est plutôt bien passé.»
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