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Présents dans huit départements (Ardèche, Drôme, Loire, Haute-Loire, Var, Gard, Rhône, Seine-et-Marne)
La vie familiale y est très normée, dans un contexte patriarcal où le père travaille à l’extérieur, tandis que la mère prend en charge l’éducation morale des enfants.
Ils ont choisi depuis quelques années de scolariser eux-mêmes leurs enfants.
Les communautés ont récemment créé un système privé de cours par correspondance, les cours du Chêne.
 
 
 

L'urgence, aujourd'hui, n'est pas la laïcité à l'école,
mais l'enseignement du fait athée.
Reviens, Voltaire!
Par Michel ONFRAY - mercredi 03 décembre 2003 -Libération

MICHEL ONFRAY, philosophe
Dernier ouvrage paru de Michel Onfray :
Féeries anatomiques. Généalogie du corps faustien, Grasset.
 

Souvent la laïcité sent l'eau bénite autant que le judéo-christianisme dont on se demande, sauf la forme, ce qui les distingue. L'actuelle resucée médiatique de l'opposition entre Don Camillo et Pepone sur un certain nombre de sujets - enseignement du fait religieux, euthanasie, contraception, politique du travail, port du voile - devrait laisser place à un autre débat plus en phase avec une actualité qui fluctue entre les tropismes réactionnaires du gouvernement en place et la propension conservatrice des socialistes soucieux de remettre un jour leurs fesses roses sur le fauteuil présidentiel.

Quel autre débat donc ? Un débat entre les tenants de la morale judéo-chrétienne - prêtres et laïcs - et les partisans d'un athéisme réel, franc, net, affirmé, revendicatif. Certes, la laïcité a eu son heure de gloire, notamment quand il s'agissait de lutter contre la mainmise des catholiques sur la totalité de la société française. Affirmer pendant trois siècles après Pierre Bayle qu'un athée pouvait être vertueux supposait à l'évidence qu'on le démontre avec les vertus ayant cours à l'époque. En fait, le Décalogue et la Déclaration des droits de l'homme ne défendent pas des positions radicalement antinomiques. Faire procéder la morale judéo-chrétienne de la terre et non plus du ciel, voilà jadis le travail des laïcs. Bravo pour leur combat. Mais il paraît désormais insuffisant d'en rester là. D'où la nécessité d'activer une éthique vraiment post-chrétienne.

Qu'on n'aille donc pas s'exciter sur la pertinence ou non de l'enseignement du fait religieux à l'école. L'urgence c'est l'enseignement du fait athée. Prendre prétexte que les seize-dix-sept ans ne peuvent comprendre la chapelle Sixtine ou la Divine Comédie par ignorance de la Bible, voilà une fausse priorité à l'heure où le gouvernement Raffarin regorge de ministres qui ne cachent pas leur engagement catholique et prennent des décisions en conséquence.

Ainsi l'euthanasie : l'actualité pose le problème avec le cas Imbert. Le Premier ministre, - qui fréquente l'église de Chasseneuil avec son épouse ! -, affirme éhontément qu'on ne peut légiférer sur ce sujet : or il existe des textes de lois qui interdisent l'euthanasie. On a donc légiféré. Dès lors mieux vaut dire que le gouvernement Raffarin refuse de changer la législation, ce qui a le mérite de montrer clairement le sens de cette fin de non-recevoir : un gage donné sur le terrain aux tenants des soins palliatifs, la position officielle du Vatican. (Charte des personnels de santé éditée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, article 117).

Le docteur Chaussoy qui accède à la demande d'en finir d'un malade sain d'esprit, disposant de toutes ses facultés mentales pratique le premier degré de l'euthanasie : l'assistance au suicide (interdit par le code civil autant que par l'Eglise - Charte, art. 65). Or cet homme risque la prison à vie pour avoir mis en oeuvre une éthique de la pitié post-chrétienne qui a le mérite de revendiquer haut et clair ce que, schizophrènes, nombre de médecins pratiquent en catimini pour le récuser si souvent en public...

Même remarque avec l'avortement. La loi Veil est la seule qui dans le code civil tourne clairement le dos aux prescriptions de l'Eglise (Charte art. 140 et 145). Or le gouvernement Raffarin refuse de signer le décret d'application de la loi votée en 2001 qui permet de pratiquer à domicile l'avortement médicamenteux (Libération vendredi 28 nov.). En même temps un député UMP propose à l'Assemblée nationale de créer un délit d'IVG par manquement à une obligation de sécurité. Avec ce projet il s'agit de poser la base ontologique d'une remise en cause du droit à l'avortement : en donnant une fois au foetus un statut de personne on interdit toujours sa suppression dès lors assimilable à un infanticide.

La politique cléricale du gouvernement d'un chef d'Etat qui ne cache pas publiquement et médiatiquement son goût pour l'église de Bormes-les-Mimosas - mais seulement l'été, et quand il n'est pas aux Seychelles pour de plus païennes dévotions... - s'illustre également dans sa conception du travail. Punition méritée selon les chrétiens depuis le péché originel (Genèse, 3, 17-19), le travail rend libre a-t-on dit naguère dans la langue de Goethe - il existe aussi une version dans la langue de Vichy. On le redit aujourd'hui en français châtié pour supprimer la retraite à soixante ans et fustiger la fainéantise des Français qui croient fâcheusement ce que Mai 68 a enseigné : le travail ne rend pas libre, mieux, il aliène, il fatigue, il détruit la plupart de ceux qui s'y soumettent pour survivre !

La dévitalisation totale consentie par les socialistes à leur projet des 35 heures à l'origine authentiquement de gauche et vraiment post-chrétien (comme le projet de mariage des homosexuels lui aussi tiédi jusqu'à la fadeur dans le Pacs) pour permettre à Jospin de ne pas s'aliéner trop de voix dans sa course à l'Elysée a transformé cette réforme en catastrophe facilement exploitable par la droite qui en fait désormais un bouc émissaire idéal pour conjurer son impéritie généralisée - et son cynisme face aux 15 000 morts de la canicule par exemple. La suppression d'un jour férié, avec bénédiction de l'Eglise - toujours complice pour la castration- rachète le péché socialiste d'avoir cru possible la récréation, selon le mot du Medef...

La question du port du voile procède de problèmes similaires : jusqu'où tolérer de la prétention des monothéismes - l'islam en l'occurrence, à soumettre à leur loi ceux qui ne communient pas dans leur foi ? Modifier la règle du jeu, changer l'école, supprimer la mixité sportive, abolir les lois issues de la séparation de l'Eglise et de l'Etat ou celles qui définissent la liberté d'expression, par exemple celle qui s'exerce à l'endroit des religions ?

Les trois monothéismes - je dis bien les trois... - professent fondamentalement une même détestation des femmes, des désirs, des pulsions, des passions, de la sexualité. Et de la liberté, de toutes les libertés : celles d'user de soi, de sa vie, de son corps sans en référer à une autorité cléricale. Tous les défenseurs du Dieu unique détestent la vie et invitent chacun à mourir de son vivant pour moins perdre le jour du trépas - qui les terrorise. Les religions naissent de cette frousse qui conduit à fabriquer des fictions pour bétonner du déni. La vie après la mort ! Le Ciel ! Le Paradis ! Le Salut ! Des sottises pour les enfants...

L'athéisme n'aime rien de ce qui justifie la position à genoux d'une femme ou d'un homme. Car il n'existe aucune bonne raison de renoncer à la station bipède - une conquête sur l'animal. Que d'aucuns souhaitent le retour - soft avec Raffarin, hard avec le fondamentalisme musulman - de la théocratie, voilà une régression majeure aux antipodes de la démocratie. La tête de Louis Capet a jadis mangé la sciure pour faire de la théocratie une affaire classée. Et la voilà repointant son nez !

Reviens Voltaire...


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