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 "Je me sens trop en désaccord avec les décisions prises dans le secteur éducatif "
Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de Lyon

Le Monde - mardi 28 mars 2006 - Propos recueillis Martine Laronche et Catherine Rollot


 

-  Vous incarnez le courant des pédagogues, face aux tenants d’une conception traditionnelle de l’éducation. Pourquoi n’avez-vous pas postulé à un nouveau mandat à la direction de l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Lyon ?

Dans la conjoncture actuelle, je ne souhaitais pas être nommé par le ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien. Je me sens trop en désaccord avec les décisions prises, ces dernières années, dans le domaine éducatif, pour assumer ces responsabilités. Et je tiens à ma liberté de parole.

-  Que reprochez-vous à la politique de M. de Robien ?

Il s’agit d’une politique de renoncement aux ambitions. L’apprentissage à 14 ans, présenté comme une réponse à la crise des banlieues, en est une illustration. Ce n’est pas en renonçant à l’éducation, à la culture, qu’on va résoudre la question des violences. Au contraire. C’est une mesure démagogique. On paye les jeunes 300 euros, mais c’est une prime pour abandonner l’école. En plus, on sait qu’ils ne trouveront pas d’emploi, car les entreprises n’en veulent pas.

Ce que je crains, c’est que la possibilité d’orienter des jeunes en apprentissage dès 14 ans, sous statut scolaire, soit anticipée dès 12 ans. A terme, on risque de revenir à un palier d’orientation dès la fin de l’école primaire.

Que dire, aussi, des orientations contenues dans l’avant-projet de loi du gouvernement sur la prévention de la délinquance, qui met l’accent sur la détection précoce des troubles du comportement ? Pour le pédagogue que je suis, c’est une catastrophe. Les spécialistes ont montré qu’il existe un effet "pygmalion", notamment à l’école, c’est-à-dire que certains enfants vont mettre un point d’honneur à agir comme des "lascars" pour se caler sur l’image que les adultes leur attribuent.

-  Ces mesures n’ont pas suscité beaucoup d’opposition de la part des syndicats et des enseignants...

Elles sont passées comme une lettre à la poste. Je fais l’hypothèse que chez les enseignants du second degré, il y a eu une forme de soulagement au regard des difficultés rencontrées dans les classes. Aujourd’hui, il y a un essoufflement des dynamiques. Il existait une minorité militante, déterminée, qui arrivait à faire exister des enclaves d’espérance. Ces gens sont de plus en plus découragés. Ils ont le sentiment de ne pas être soutenus.

L’éducation nationale n’a jamais vraiment perçu qu’avec des sommes très minimes, on peut installer des choses intéressantes dans les classes. Elle s’est défaussée des budgets pédagogiques auprès des collectivités territoriales. Du coup, les enseignants survivent comme ils peuvent.

-  Qu’est-ce qui ne va pas avec le collège unique ?

Nous n’avons pas mis les moyens suffisants pour mettre en oeuvre le collège unique, dont la vocation est de scolariser dans les mêmes classes tous les élèves de la 6e à la 3e. Il aurait fallu un rééquilibrage disciplinaire. Je suis partisan de l’enseignement technologique pour tous, à une hauteur significative. Actuellement, l’enseignement technologique est très conceptualisé. Il faudrait, au contraire, développer une approche axée sur l’artisanat de proximité, sur les métiers. L’introduction de cette approche pour tous les élèves permettrait une orientation positive vers l’enseignement professionnel, et pas seulement par l’échec.

Il faudrait aussi davantage de suivi individuel des élèves, de temps consacré à leur remise à niveau. Je reconnais que la loi Fillon avait ouvert la porte. Je suis d’autant plus sidéré que M. de Robien ne l’ait toujours pas mis en oeuvre.

-  La définition d’un socle commun de connaissances et de compétences compensera-t-il les lacunes du collège unique ?

Tout dépend de ce que l’on y met. Si ce socle s’entend comme une culture commune à tous les élèves au terme de leur scolarité obligatoire, là, je suis d’accord même si je pense qu’un toilettage des enseignements est nécessaire. Il est plus important aujourd’hui de connaître la différence entre le civil et le pénal que de savoir résoudre le théorème de Thalès. De même, un minimum de culture économique serait plus utile que la maîtrise d’une troisième langue vivante.

Mais ce n’est pas dans cet esprit-là qu’il a été conçu. Au nom du socle commun, il s’agit d’exclure une partie des jeunes, en ne leur assurant qu’un minimum des enseignements. Au lieu de réconcilier certains élèves avec l’école, par la culture, l’expérimentation, le sport, on se focalise sur certaines matières académiques. On est dans l’acharnement pédagogique.

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