Courtisés par
les candidats,
les jeunes restent défiants face aux politiques Par Eric BASSI
PARIS (AFP - 04 09 06) - Très courtisés par les candidats à la présidentielle, les 18-30 ans sont aussi pessimistes que leurs aînés sur le plan économique et social et n'ont pas plus confiance qu'eux dans la gauche ou la droite, selon une étude Cevipof-Ifop-ministère de l'Intérieur. Réalisée au printemps en pleine crise du CPE, la première vague du Baromètre politique français (BPF) 2006-2007 faisait état d'un pessimisme particulièrement fort: les trois-quarts des Français quel que soit leur âge se déclaraient pessimistes sur l'évolution de la situation économique en France. Et ce n'était pas seulement conjoncturel: 76% des 18-30 ans et 75% de l'ensemble des Français considèrent que les jeunes d'aujourd'hui réussiraient moins bien que leurs parents. Selon ce baromètre, réalisé auprès de 5.650 personnes inscrites sur les listes électorales, les jeunes partagent avec leurs aînés la vision d'une France "plutôt en déclin" (46%). Comme eux, ils citent l'emploi (39% contre 38%) au premier rang de leurs préoccupations. En plein mouvement anti-CPE, ils se montraient paradoxalement assez libéraux en matière économique: 60% des 18-30 ans (63% pour les Français) considéraient que l'Etat doit donner plus de libertés aux entreprises. Ainsi, 56% d'entre eux se disaient favorables à une plus grande flexibilité du travail pour obtenir une diminution durable du chômage et 44% seulement envisageaient possible d'y arriver en maintenant les droits actuels des salariés. On retrouve chez les jeunes la même défiance à l'égard de la classe politique que dans l'ensemble de la population: 71% des 18-30 ans n'ont confiance ni dans la gauche ni dans la droite (contre 69%). Les jeunes sont encore plus nombreux à ne pas se reconnaître dans le clivage gauche-droite (43%, soit huit points de plus que les Français âgés de 31 ans et plus). "Un fossé s'est donc gravement creusé entre les Français et leur représentation politique: 56% s'intéressent peu ou pas du tout à la politique, 57% des 18-30 ans, les femmes apparaissant encore plus en retrait". Dès lors, nulle surprise à constater la faible participation des 20-29 ans aux élections régionales et européennes de 2004 (40% en moyenne, selon l'INSEE). Et les jeunes représentent une fraction importante des plus de trois millions de français non inscrits sur les listes électorales. S'ils partagent avec leurs aînés un "même malaise politique et social" (chômage, déclin, pessimisme...), ils ont de réelles spécificités, notamment sur le terrain des valeurs, relève le baromètre. Ainsi, si 77% des Français acceptent l'homosexualité, 89% des 18-30 ans considèrent qu'elle est une manière acceptable de vivre sa sexualité. Mais la spécificité des jeunes est encore plus nette concernant l'immigration: 66% des 18-30 ans ne sont pas d'accord avec le fait que la France compte trop d'immigrés alors qu'ils ne sont que 40% à avoir la même opinion parmi les plus de 30 ans. De même, 82% des 18-30 ans sont pour le droit de vote des étrangers aux élections locales (contre 61% des 31 ans et plus) tandis que 48% (contre 22%) sont d'accord avec le financement par l'Etat de constructions de mosquées. Les jeunes sont également moins inquiets de l'ouverture de la France sur le monde et l'Europe: alors que 45% des plus de 30 ans estiment que la France souffre de la construction européenne, seuls 28% des 18-30 ans ont le même avis. |