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 Un seul ministre avait bien perçu cette dynamique négative : Edgar Faure.
« En décrétant le changement, disait-il, l’immobilisme s’est mis en marche et je ne sais plus comment l’arrêter. »

C’était lors de la mise en place de sa réforme de l’Education nationale... en 1968 !
Depuis, tout n’a jamais fait que se répéter.

Alors qu'aucun autre projet d'ensemble ne lui est opposé, notre réforme est donc l'objet de critiques contradictoires. On lui reproche d'être trop prudente, ou au contraire de bouleverser les équilibres actuels. Tout est dit, et son contraire
 
  

Ecole : l'enjeu d'une génération 

Par François Fillon, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche 

Tribune parue dans Le Monde - 13 février 2005

En France, 60 millions d'avis coexistent sur l'école. Les débats sont encore trop marqués par des clivages idéologiques surannés, par des querelles entre disciplines et méthodes pédagogiques, parfois même entre parents et corps enseignant. Dans ces conditions, espérer atteindre le consensus est une gageure, à moins de le faire sur l'immobilisme. Alors, pour avancer, la réforme doit passer par des choix, des choix forcément critiqués et momentanément contestés.

L'enjeu de cette réforme est considérable : il s'agit, comme l'a voulu le président de la République, d'atteindre l'objectif de la réussite de tous les élèves.

L'école obligatoire recentrée sur les connaissances fondamentales, trois heures de soutien hebdomadaires à tous les élèves en difficulté, un plan sans précédent pour l'apprentissage des langues étrangères, la multiplication par trois des bourses au mérite, la multiplication par cinq des dispositifs relais contre la violence scolaire, le tout représentant un effort financier de l'ordre de 2 milliards d'euros et la programmation de 150 000 recrutements d'enseignants d'ici cinq ans.

Qui peut légitimement affirmer que ce projet ne représente pas une réelle avancée contre l'échec scolaire dans notre pays ? Sur cette question si sensible et délicate, j'ai choisi d'inscrire notre projet dans la continuité de l'histoire de ce grand service public qu'est l'éducation nationale. La continuité peut être source de changement profond et durable, alors que la rupture fige les situations sans faire évoluer les structures et les mentalités.

Cette continuité que je revendique est un moyen de faire prendre un tournant à notre école. Le projet de loi reprend ainsi certains objectifs de la loi de 1989 et en conserve des éléments importants. Car notre pays a plus que jamais besoin d'hommes et de femmes mieux formés.

C'est pourquoi le projet de loi fixe une nouvelle ambition : atteindre 50 % de diplômés de l'enseignement supérieur. L'objectif de conduire 80 % d'une génération au niveau du baccalauréat est de ce fait relancé.

Ces choix, je les assume. Alors qu'aucun autre projet d'ensemble ne lui est opposé, notre réforme est donc l'objet de critiques contradictoires. On lui reproche d'être trop prudente, ou au contraire de bouleverser les équilibres actuels. Tout est dit, et son contraire.

Ces contradictions sont révélatrices des hypocrisies trop longtemps accumulées sur l'école. Hypocrisie tout d'abord sur les objectifs et les résultats. L'école doit toujours tout faire, dispenser tous les enseignements, sur tous les sujets, à tous les élèves. Mais, derrière cette façade égalitaire, les résultats stagnent, voire régressent, depuis une dizaine d'années, d'abord au détriment des catégories sociales les moins favorisées. Chacun sait le scandale des 150 000 jeunes qui quittent chaque année le système éducatif sans qualification. Chacun sait la proportion croissante d'élèves - plus de 80 000 aujourd'hui - qui entrent en 6e sans savoir correctement lire, écrire, compter. Chacun sait que la France est classée dernière des pays européens dans l'apprentissage des langues étrangères.

Hypocrisie également autour du débat sur les moyens humains et financiers consacrés à l'école au regard des résultats obtenus. Depuis vingt ans, le nombre d'enseignants a augmenté de plus de 100 000, alors que celui des élèves diminuait de 500 000 ; depuis vingt ans, le budget de l'éducation nationale est en constante progression : la France est classée en tête des pays de l'OCDE pour sa dépense scolaire. Qui ne voit dans ces conditions que la question des moyens ne peut plus être posée sans une redéfinition des priorités et de l'organisation de notre système éducatif ? Ceux qui veulent le statu quo acceptent ces hypocrisies. J'affirme que mon projet incarne la justice scolaire contre la façade égalitaire.

La définition d'un socle de connaissances et de compétences indispensables donnera pour la première fois un objectif clair à l'école obligatoire. Il s'agit de s'engager à garantir l'essentiel : chaque élève devra maîtriser la langue française, les principaux éléments de mathématiques, avoir acquis une culture humaniste et scientifique permettant l'exercice de la citoyenneté, pratiquer au moins une langue vivante étrangère et maîtriser les techniques usuelles de l'information et de la communication. L'acquisition du socle sera régulièrement évaluée tout au long de la scolarité obligatoire et sera validée par le diplôme national du brevet dès 2007.

Instrument de justice et de qualité, ce socle n'est pas pour autant exclusif : le présenter comme une approche minimaliste de l'école est une caricature. Le socle, c'est l'indispensable pour poursuivre sa scolarité avec succès ! Aujourd'hui, trop d'élèves ne le maîtrisent même pas. Il ne retire rien aux programmes et aux matières actuelles. L'épanouissement de l'élève demeure une priorité : le sport, l'enseignement artistique, tout ce qu'apporte l'école pour l'éveil des élèves continuera d'exister dans les mêmes conditions.

Notre objectif est que 100 % des élèves maîtrisent le socle. Pour y parvenir, il faut nous donner les moyens de lutter efficacement contre l'échec scolaire par des pratiques pédagogiques à la fois plus personnalisées et plus réactives. C'est l'objet du contrat individuel de réussite éducative : il sera proposé à tous les élèves en difficulté dans l'acquisition du socle, à raison de trois heures de soutien par semaine.

Le projet propose également de réorganiser les filières : il s'agit de renforcer l'attractivité et le caractère spécifique de chaque série. Contrairement à ce que certains affirment, aucune option ne sera retirée. Quant au baccalauréat, le nombre d'épreuves a plus que doublé en dix ans. Cette inflation, qui n'a rien ajouté à la valeur de l'examen, l'a rendu très lourd à organiser et revient à réduire la scolarité des élèves de plus d'un mois ! La modernisation que nous proposons n'est ni dogmatique ni précipitée : nous envisageons de revenir à six épreuves finales tout en garantissant la valeur nationale du diplôme. Les autres matières pourraient faire l'objet d'un contrôle continu ou de partiels - à portée limitée puisqu'elles représenteraient de l'ordre de 20 % de la note finale.

J'entends les inquiétudes des lycéens au sujet de cette proposition. J'en prends acte sans m'en offusquer, car elle n'est pas au cœur de mon projet. Puisqu'il s'agit d'une proposition, elle est à l'évidence destinée à être discutée et amendée. Je leur dis que je veux prendre le temps de la réflexion pour trouver un accord et qu'il n'y aura pas de modernisation du baccalauréat tant que leurs craintes n'auront pas été levées.

Pour que l'école puisse répondre aux défis du monde contemporain, le projet de loi propose une véritable rupture en faveur de l'apprentissage des langues étrangères. Une première langue sera enseignée dès le CE1 et une seconde dès la classe de 5e, l'enseignement par groupes de niveau sera systématisé au collège ; au lycée, les cours se feront désormais par petits groupes et l'expression orale sera partout privilégiée.

Aux parents, cette réforme donnera l'assurance de moyens nouveaux contre la violence scolaire, les remplacements de courte durée des enseignants absents seront enfin mieux organisés pour qu'aucun enfant ne soit privé d'enseignement, au moins deux rencontres annuelles avec les enseignants seront obligatoires pour un meilleur suivi de la scolarité des enfants, une plus grande participation des parents sera organisée dans l'élaboration des projets d'école ou d'établissement scolaire.

Aux enseignants, que je sais dévoués mais parfois désarmés devant l'ampleur de leur mission, nous proposons de reconnaître par la loi le principe de leur liberté pédagogique, corollaire de leur responsabilité, de restaurer leur autorité, notamment dans les conseils de classe, de mieux organiser leur travail d'équipe dans le cadre du conseil pédagogique dans chaque établissement, de rénover leur formation initiale, d'ouvrir un nouveau droit à la formation continue sur projet personnel.

Mais c'est surtout à nos enfants que ce projet est destiné. Beaucoup de lycéens manifestent ces jours-ci contre certaines de ses dispositions. Je suis sensible à leurs craintes et attentif à leur message. Il ne faut jamais ignorer la voix de ceux qui ont moins de 20 ans. Je leur dis que je ne me retranche pas dans mes certitudes. Mais la situation de l'école exige le changement. Ce projet n'est pas seulement celui d'un responsable politique, mais l'enjeu d'une génération. 

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