alternative éducative : une école différente
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LE BAC, USINE À CRÉTINS DIPLÔMÉS
Le bac, un vieux cancre sauvé au rattrapage
Obsolète, coûteuse, critiquée... l'épreuve bicentenaire semble pourtant indéboulonnable. Etat des lieux.

 Bac : le grand marchandage des notes avant les résultats
Les appréciations peuvent varier du tout au tout :
en 2002, par exemple, un recteur a fait corriger une même copie de bac S en mathématiques par 100 correcteurs et obtenu des notes variant de 8 à 16 !

BAC : loterie
Les écarts de notation d’un correcteur à l’autre sont très importants (jusqu’à 10 points) 

La chronique de Jacques Julliard
Enterrons le bac !

Tous les pays raisonnables ont substitué à cette usine à gaz du passé le contrôle continu des connaissances. Pas la France, qui s'accroche à cette néfaste absurdité

A quoi sert le bac ? Franchement, à pas grand-chose. S'il n'existait pas, il ne faudrait pas l'inventer. Mais un événement, même anodin, dès lors qu'il concerne 640 000 jeunes Français chaque année, revêt aux yeux des médias une importance considérable. C'est l'exemple parfait du marronnier journalistique. D'où ces articles insipides et niais qu'on peut faire resservir d'une année à l'autre : l'angoisse des jeunes, le stress des plus timides face à la figure terrifiante de l'examinateur, les révisions enfiévrées de dernière minute. Viennent ensuite les conseils : comment se nourrir, s'habiller, quels moyens de transport emprunter. Les épreuves, maintenues secrètes avec le soin jaloux qu'on réserve aux dispositifs d'alerte nucléaire... Les erreurs et les bourdes dans les intitulés, saluées d'un concert de sarcasmes et de lamentations. Une fois le résultat connu, la joie délirante des reçus, le désespoir des réprouvés, les pleurs des mamans. Les évaluations des résultats par les spécialistes : «C'est un bon cru. C'est un millésime moyen», etc. Tout cela relève de l'enfantillage des journalistes et de l'infantilisation de la nation.

La vérité est tout autre. Le bac ne sert à rien. Si l'on tient compte des rattrapages et des redoublements, il est finalement obtenu par 95% des candidats. Alors, le stress, la panique, la grande cérémonie nationale... Le bac coûte 150 millions d'euros, il raccourcit l'année scolaire d'environ un mois et demi, il donne lieu à des controverses homériques et à des grèves du désespoir... Tout cela pour éliminer un candidat sur vingt !

Alors comment expliquer l'extraordinaire attachement des Français à ce bibelot bon marché, à ce joujou d'un sou, à ce miroir aux alouettes ? Par le prestige qui fut le sien lorsqu'il servait à distinguer l'élite du reste de la nation. Le bac, c'était un certificat d'appartenance à la bourgeoisie. Par origine sociale ou par destination. Or la France, pays républicain, égalitaire et progressiste, manifeste un attachement extrême à tout ce qui ressemble à l'aristocratie, au privilège, à la tradition.

Tous les pays raisonnables - cela exclut le plus souvent celui de Descartes - ont substitué, totalement ou partiellement, à cette usine à gaz du passé le contrôle continu des connaissances, le recours au livret scolaire. C'était la solution qui avait naguère la préférence des organisations étudiantes. Il a suffi que le ministre de l'Education de l'époque, François Fillon, fasse droit à cette revendication pour qu'elle devienne instantanément une machination de Satan et du néocapitalisme réunis, un complot contre les pauvres - que sais-je encore ? Fin de la réforme Fillon. La France est devenue ce pays où l'on ne recourt aux solutions raisonnables qu'après avoir essayé toutes les autres. Et cette solution raisonnable, ce serait d'évidence la suppression du baccalauréat.

J'oubliais pourtant deux fonctions du baccalauréat qui, à elles seules, sont la justification tacite de son maintien. D'abord, il est devenu l'ultime argument des profs et des parents pour convaincre les élèves de travailler. «Continue comme ça et tu verras à la fin de l'année!» On ne veut pas, à juste titre, de gendarme dans les classes. Mais on en veut bien dans les cervelles. Cela en dit long sur le pire délabrement que connaît aujourd'hui notre école. Non le délabrement de ses salles de classe et de ses gymnases, mais le délabrement des esprits.

Sa seconde fonction est de servir d'alibi à l'absence d'orientation dans l'enseignement supérieur. Je suis pour ma part hostile à toute sélection à l'entrée. Je n'en suis que plus favorable à une orientation. Continuer de laisser 42% des étudiants s'engouffrer dans l'entonnoir des facs de lettres, sans débouchés assurés en dehors de l'enseignement ; se résigner à voir plus de la moitié d'entre eux (52%) rejetés vers les ténèbres extérieures dès la fin de la première année, c'est absurde, c'est criminel. Avec l'appui des étudiants, des parents, de l'opinion, des pouvoirs publics, le baccalauréat demeure en France l'inamovible garant de cette absurdité.

Jacques Julliard 
Semaine du jeudi 15 juin 2006 - n°2171 - Chroniques Le Nouvel Observateur

Attention au désespoir des jeunes sous-employés
Quand les diplômes ne paient plus...

Assistante à bac+5, vendeuse avec une maîtrise... Plus du tiers des diplômés du supérieur, selon l'Insee, occupent des emplois au-dessous de leur niveau de formation. Le choc démographique permettra-t-il d'enrayer le phénomène ?

Lasse d'être au chômage, Elisa va accepter un poste d'assistante dans un petit cabinet de ressources humaines. Et cela après cinq ans d'études supérieures. Décevant pour cette diplômée d'école de commerce qui rêvait de marketing dans le luxe. Elisa se vivra comme déclassée. Tout comme Ariane, vendeuse dans une boutique de vêtements malgré une maîtrise de communication. Ou Thomas, en attente des résultats d'un concours de la fonction publique territoriale de niveau bac, lui qui est titulaire d'une maîtrise de droit public.

Pour échapper au chômage, de plus en plus de jeunes acceptent un job au-dessous de leur qualification. Même avec de « bons » diplômes ou réputés tels : écoles de commerce, DESS divers, diplômes juridiques. Le phénomène a été mesuré pour l'Insee par une équipe de chercheurs (1). Il a pris une ampleur inquiétante. Un jeune sur quatre est touché et même beaucoup plus chez les anciens étudiants. Trois ans après leur sortie du système éducatif, 36% des jeunes de niveau bac ou supérieur occupent un poste inférieur à leur niveau de formation, 32 % gagnent moins que ce que rapporte normalement leur diplôme et 29% se sentent déclassés.

La peur du déclassement hante les têtes : celles des étudiants qui ont manifesté contre le CPE. Celles de leurs parents bercés aux doux souvenirs des Trente Glorieuses. «Dire qu'avec ma formation de technicien je suis devenu cadre», s'étonne ce salarié de Renault, d'âge mûr, surpris que sa fille licenciée en droit ne puisse prétendre qu'à un petit boulot.
Parce que le diplôme était nécessaire pour échapper au chômage, on a cru qu'il était suffisant pour avoir un poste de son choix. Illusion collective. Comme si la structure des emplois allait évoluer au gré des diplômés. Eh bien ! non. Les bataillons de bacheliers, licenciés, titulaires de maîtrise n'ont cessé de grossir, et le nombre de postes à responsabilités, lui, ne s'est pas accru pour autant. «La proportion de cadres dans une entreprise plafonne à 10-15% de l'effectif total. Les étudiants ne pourront pas tous devenir cadres», s'affole le Medef.

Pourtant, le phénomène était prévisible, annoncé. Depuis longtemps, le prospectiviste Michel Godet dénonçait à grand bruit «la France malade du diplôme» ou «le grand mensonge», dans de fougueux articles publiés dans « le Monde de l'éducation » ou la revue « Futuribles ». Il y a dix-huit ans, déjà, il mettait en garde : «Attention! les réservoirs d'emplois se trouveront dans la restauration, le gardiennage ou le soin à la personne.» On y est. Mais voilà, au pays de la sacralisation du diplôme, devenir auxiliaire de vie avec une licence de lettres, c'est déchoir. L'indispensable diplôme peut aussi fonctionner comme un piège psychologique. Le malentendu sur le niveau réel des emplois proposés a la vie dure, même si une prise de conscience semble se faire jour : avec la chercheuse de gauche Marie Duru-Bellat osant parler de sélection à l'université ou le président de Paris-IV, Jean-Robert Pitte, publiant un livre intitulé « Jeunes, on vous ment ! », où il propose de multiplier les places dans les filières courtes.

On n'a pas fini de mesurer les ravages du déclassement. Insatisfaction, immense déception vis-à-vis du monde des adultes, amertume, envie de quitter le pays, sans compter la colère des éternels stagiaires qui vivent ainsi la forme suprême du déclassement. L'ampleur du désespoir exprimé dans deux ouvrages sur les stagiaires (2) donne le vertige. «Si j'avais su, j'aurais fait un bac+2», dit ce diplômé en DESS de finances qui, recruté au smic, a craqué et redoute aujourd'hui de finir clochard. On mesure aussi combien d'enthousiasme, d'énergie, de vitalité ont ainsi été cassés. Les « déclassés », selon l'étude publiée par l'Insee, ne sont que 53% à se réaliser professionnellement dans leur emploi. Alors que les veinards qui ont la chance d'avoir le job correspondant à leur niveau de formation se disent épanouis dans leur travail à 88%.

Curieusement, l'optimisme vient de celui qui s'époumonait jadis sur les illusions des diplômes : Michel Godet. Déjà, fait-il remarquer, certaines chambres des métiers, comme à Saint-Brieuc, voient arriver des étudiants en rupture de fac désireux d'apprendre à un haut niveau le BTP ou la réparation automobile - des secteurs où il y a du travail - pour créer ou reprendre une boîte. Ils préfèrent devenir chefs d'entreprise plutôt que diplômés de lettres ou de psycho mais sous-employés. Dans certains secteurs, le départ des baby-boomers à la retraite, selon Godet (3) , va dissuader les jeunes de continuer à s'engager dans des études longues et inutiles. Déjà les banques courent après les jeunes pour les former et recrutent en masse des bac+2. On en a même vu organiser des journées « portes ouvertes » ou louer le Stade de France pour les attirer. «Le taux de chômage des bac+4 est de plusieurs points supérieur à celui des bac+2. Cela va bien finir par se savoir», dit Godet, qui espère que l'illusion des diplômes commence à se dissiper.
 

(1) « Le Déclassement des jeunes sur le marché du travail », par Jean-François Giret, Emmanuelle Nauze-Fichet, Magda Tomasini dans « Données sociales. La Société française », Insee, 2006.
(2) « Sois stage et tais-toi ! », collectif Génération précaire, La Découverte, 2006.
« Profession stagiaire », par Guillaume Evin et Emilie Maume, Ramsay.
(3) « Le Choc de 2006. Démographie, croissance, emploi. Pour une société de projets », par Michel Godet, Odile Jacob.

Jacqueline de Linares - Semaine du jeudi 8 juin 2006 - n°2170 - Entreprendre - Le Nouvel Observateur
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