Près d'un étudiant sur quatre renonce à se soigner, pour raisons financières
"Signes
de dégradations inquiétantes" de la santé des
étudiants
(rapport Wauquiez
- décembre 2006)
Près d'un quart
des étudiants français renoncent aux soins, faute de moyens
Par Mathieu FOULKES
PARIS (AFP- 04 09 06) - Près d'un étudiant sur quatre a renoncé
à des soins en 2005 pour des raisons financières, révèle
une enquête menée par La Mutuelle des étudiants qui
montre par ailleurs une augmentation inquiétante de la consommation
d'alcool chez les jeunes.
"Au total, 23% de la population étudiante renoncent à certains soins, notamment ophtalmologiques et dentaires, pour des raisons financières", indique l'étude, précisant que "dans la population générale, ce renoncement est de 13%". L'enquête a été menée auprès de 9.200 étudiants avec l'appui de l'Observatoire expertise et prévention pour la santé des étudiants (EPSE) et de l'Ifop. Publiée lundi dans le bulletin de la Mutualité française, elle montre que "le nombre d'étudiants ne disposant pas d'une complémentaire santé (mutuelles, instituts de prévoyance ou assurances, ndlr) est en hausse": quelque 13% des étudiants n'en disposent pas, contre 7% en 2002 et 10% pour l'ensemble de la population. Selon l'étude, ces étudiants renoncent à se doter d'une complémentaire à cause principalement de son coût, 39% des sondés la jugeant "trop chère". Autre raison invoquée: 16% des femmes et 29% des hommes estiment "inutile" la souscription à un contrat. L'absence de mutuelle a des répercussions sur la consommation de soins des étudiants. Quelque 90,4% des personnes interrogées disposant d'une complémentaire ont ainsi consulté au moins une fois un médecin généraliste au cours des douze derniers mois, contre 81,3% des étudiants dépourvus d'une complémentaire. De même, 48,9% des étudiants ayant une complémentaire ont consulté un chirurgien-dentiste, contre 38,6% pour les autres. Autre fait notable, parmi les spécialistes, les "psys" sont de plus en plus souvent cités: 5,2% des étudiants sont ainsi allés voir un psychologue et 5% un psychiatre, contre 1,9% en 2002. Cette évolution des pratiques est corroborée par le nombre d'étudiants (62%) qui affirment ne pas s'être "sentis en forme, souvent ou de temps en temps, au cours des douze derniers mois". Plus de la moitié des étudiants font ainsi part de leur "tension", voire de leur "agressivité" et 45% évoquent des "difficultés de concentration". Plus inquiétant encore, 15% des étudiants admettent avoir des "idées suicidaires" et 5% ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Enfin, si la baisse du tabagisme chez les étudiants semble avérée, selon l'étude, avec 21,8% de fumeurs réguliers en 2005 contre 31,8% en 2002, la LMDE pointe une hausse de la consommation d'alcool. "Seuls 17% des étudiants déclarent ne jamais boire d'alcool (15% des hommes, 19% des femmes), alors qu'en 2004, l'Observatoire de la vie étudiante indiquait que 29% des filles et 20% des garçons ne buvaient jamais", relève la Mutuelle. Selon cette étude, "les trois quarts des étudiants consomment au moins une fois par semaine ou à une fréquence moindre". Parmi les boissons les plus fréquemment consommées figurent
sans surprise la bière, le vin et les alcools forts. Mais l'enquête
note également le succès croissant des "premix", des mélanges
d'alcool fort et de soda.
L'USEM (mutuelle étudiante) demande la création d'un chèque santé étudiant 05 09 06 - L'Union des sociétés étudiantes mutualistes (USEM) appelle mardi les pouvoirs publics à créer un "chèque santé étudiant" pour permettre à un plus grand nombre d'étudiants d'accéder à une complémentaire santé, "clé de l'accès aux soins", selon eux. Lundi, une enquête de La Mutuelle des étudiants (LMDE) révélait que près d'un étudiant sur quatre avait renoncé en 2005 à des soins médicaux, notamment ophtalmologiques et dentaires, pour des raisons financières. Elle indiquait également que près de 13% des étudiants ne disposaient pas de complémentaire santé. Pour remédier à cette situation, "le chèque santé étudiant constituerait donc une vraie réponse, renforçant l'égalité des chances des étudiants face à la santé et à la prise en charge de leurs dépenses de soins", indique l'USEM dans un communiqué. Cette aide forfaitaire "se présenterait sous la forme d'un chèque remis aux seuls étudiants qui accèdent pour la première fois à l'enseignement supérieur", précise la mutuelle étudiante. "L'USEM a transmis cette proposition au Ministre de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur et au Ministre de la Santé (...) et souhaite qu'elle fasse l'objet d'une mesure législative dès cet automne dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2007", ajoute-t-elle. Actuellement, sur un total de deux millions d'étudiants en France,
770.000 étudiants sont affiliés à la mutuelle des
étudiants (LMDE), selon la LMDE, et selon l'USEM, 930.000 (soit
60% des étudiants) sont affiliés à cet organisme.
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