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Haschisch au collège: exclusion immédiate

Quatre élèves de Colombes renvoyés, alors que la police n'a pas bouclé son enquête.

Par Marie-Joëlle GROS - vendredi 21 mai 2004  - Liberation
 
 
 

Emma, 15 ans, est dans ses petits souliers. Comme quatre autres élèves d'un collège de Colombes (Hauts-de-Seine), elle a été mise à la porte de son établissement le 8 avril, à l'issue d'un conseil de discipline.
Motif : «A proposé des stupéfiants à des élèves.» Emma secoue la tête, un peu défaitiste, un peu nonchalante : «Ça m'est arrivé de fumer des joints. Mais je n'ai jamais trafiqué.» Roland, son grand copain de classe, nie aussi. C'est la parole des jeunes contre les accusations du chef d'établissement. Une enquête de police est en cours. Mais elle intervient après l'exclusion, ce que les parents ne peuvent pas comprendre. «On ne peut pas accuser sans preuve, soutient la mère d'Emma. A mon époque, l'école protégeait les enfants. Aujourd'hui, elle les accuse et les met à la porte.» Celle de Roland poursuit : «Nos enfants ne sont pas des anges. Ca peut leur arriver de déraper, ils ont 15 ans. Ça n'en fait pas des délinquants pour autant. Nous voulons connaître la vérité et nous ferons avec. Mais nous voulons des preuves tangibles.» Elles ont fait appel de la décision d'exclusion. Dans l'intervalle, la chef d'établissement refuse de s'exprimer.

Gothique. Cette histoire n'est sans doute pas isolée. «Elle illustre parfaitement le décalage entre les pratiques disciplinaires propres aux établissements scolaires et le droit commun», estime Yann Buttner, juriste, coauteur d'un ouvrage sur le Droit de la vie scolaire (1). Les sanctions prononcées par les conseils de discipline sont régulièrement cassées par les tribunaux administratifs. A condition que les parents aient la volonté de se lancer dans un marathon judiciaire. A priori, un conseil de discipline dispose de tout un éventail de sanctions, plus ou moins sévères. La dimension pédagogique doit primer. «Là, on a affaire à une justice expéditive», soutiennent les mères.

Mi-mars, un e-mail anonyme arrive sur l'ordinateur de la principale du collège, dénonçant un trafic de haschisch dans l'établissement. Vingt-trois adolescents sont interrogés par la chef d'établissement et les conseillers principaux d'éducation (CPE), onze d'entre eux sont accusés de trafic. La principale téléphone à la mère d'Emma : «Votre fille vend du haschisch aux autres.» Abasourdie, celle-ci demande qu'une enquête de police soit réalisée dans l'établissement : refus de la principale, au nom de la protection des élèves. «Et la protection de ma fille ?» demande la mère d'Emma. L'adolescente redouble sa quatrième. Ses parents viennent de divorcer. Elle est souvent en retard, absente. L'an passé, elle s'habillait en noir de la tête aux pieds ­ «j'étais gothique» ­ et fumait des joints. «Je n'ai jamais vendu de shit. Et s'il fallait exclure définitivement tous les élèves qui ont une boulette dans leur poche, il ne resterait plus grand monde au collège.» Sa mère a tenté de la raisonner. Celle de Roland explique : «Les adolescents ont tendance à dédramatiser l'usage du cannabis. Nous, on tient notre rôle de parents en soulignant les dangers. On veut aussi expliquer, pas se contenter de hurler.»

Valeur éducative. Lors du conseil de discipline, les mères ont fait appel à un avocat, comme la loi le permet. «On ne peut pas accuser des gens uniquement sur la base de témoignages anonymes, rappelle celui-ci. Pour rassurer l'ensemble des parents d'élèves, le conseil de discipline a pris la décision d'exclure définitivement les jeunes. Sans évoquer aucune autre sanction à valeur éducative. Le conseil de discipline était posé comme un simple préalable à l'exclusion définitive.» Les adolescents exclus se sont vu proposer des établissements d'accueil. Pour Roland, l'entretien avec le nouveau principal a tourné au cauchemar : «C'était un remake du conseil de discipline, explique sa mère. Alors que la preuve de la culpabilité de mon fils n'a jamais été apportée, on le traitait, là encore, comme un dealer.» Elle a renoncé à l'inscrire dans ce collège. «Il n'a que 15 ans, on lui parle comme à un coupable. J'ai peur qu'il parte en vrille.»

A l'inspection académique, on marche sur des oeufs. Le dossier est maigre. «Il faut attendre les résultats de l'enquête de police.» Dans ces conditions, pourquoi avoir déjà prononcé l'exclusion ? «Pour ramener le calme dans l'établissement, séparer les adolescents suspectés», avancent les services de l'académie.
Emma et Roland, eux, se sentent «moralement cassés».

(1) Aux éditions Dalloz.


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