alternatives éducatives : des écoles, collèges et lycées différents
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C'est le prix du m² qui fait la différence
La carte scolaire et l'apartheid

«Tout le monde est pour la mixité sociale. Mais pour les autres.»

 Hauts fonctionnaires, grands logements et tout petits loyers
Tous ces avantages bénéficient à des cadres supérieurs de la fonction publique, disposant déjà de traitements confortables.
En outre il n'est pas certain que leurs contraintes de service justifient réellement l'attribution d'un logement gratuit à proximité de leur lieu de travail. Que dire en ce cas des contraintes de service des infirmières des hôpitaux parisiens, travaillant la nuit, les dimanches, les jours fériés, et obligées d'habiter en grande banlieue et à leurs frais, faute de moyens pour se loger dans la capitale ?

2011
école autrement, école alternative, école différente ...
Une autre école est-elle possible ? 

A l'école des inégalités
En dépit du contrat républicain, l'ascension sociale par le mérite scolaire reste en panne.
 
Par Michel GODET - Libération - vendredi 11 novembre 2005
Michel Godet professeur au Conservatoire national des arts et métiers.

Liberté, égalité, fraternité», cette devise républicaine inscrite sur le fronton de nos écoles publiques est un idéal très éloigné de la réalité. Chaque enfant dispose en principe des mêmes droits de protection et d'éducation de la part de la collectivité. Mais, très vite, le hasard du lieu et de la famille de naissance va créer la différence entre ceux qui seront accueillis dans un environnement familial propice à l'épanouissement individuel, dans des conditions de vie confortables et dans des écoles de qualité. L'inégalité des chances commence par cette différenciation de l'environnement familial dès le cours préparatoire, laquelle s'avère déterminante pour le parcours de réussite ou d'échec scolaire, personnel et professionnel tout au long de la vie.

 
L'inégalité des chances liée au contexte familial se renforce fortement au travers des phénomènes
de pauvreté, de ségrégation urbaine, d'éclatement des structures familiales et finalement d'échec
scolaire, reflet de la concentration géographique de handicaps qui se cumulent. Comme l'a relevé le
rapport 2004 du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC), «la moitié des
jeunes sortis de l'école à 17 ans sans diplôme vit dans le cinquième des ménages les plus
pauvres».

Les élites de la société française, de droite comme de gauche, se sont jusqu'ici refusées à regarder
la réalité en face. Il est vrai que la statistique entretient la confusion et le doute sur la nature des
problèmes. La massification de l'accès au bac et à l'enseignement supérieur n'est-elle pas la preuve
que l'égalité des chances s'est renforcée ? En réalité, il n'en est rien et les enfants des milieux les
plus favorisés accaparent plus que jamais l'accès aux filières les plus prestigieuses de l'éducation,
avec la complicité objective des enseignants, puisque leurs enfants sont les premiers à profiter de
dérogations qui permettent à plus de 40 % d'entre eux d'échapper à la carte scolaire en Ile-de-
France. Les enfants issus de l'immigration, même diplômés, restent soumis à un risque beaucoup
plus élevé de chômage et de pauvreté.

Les handicaps ou les avantages liés aux origines familiales ne s'effacent pas avec l'école, ils se
renforcent plutôt. La récente tendance à encourager, au nom de l'équité, des discriminations
positives pour rattraper symboliquement quelques individus à bon potentiel, ne change rien à la
tendance globale de notre société : l'inégalité croissante des chances éducatives des enfants
défavorisés, notamment ceux qui vivent dans les zones urbaines sensibles et les quartiers
populaires. Notre système éducatif a connu des évolutions considérables : depuis les années 60, le
nombre d'étudiants a été multiplié par sept. Comment ne pas se réjouir de voir entrer à l'université
le tiers des enfants d'ouvriers ! Mais cette massification de l'enseignement général (près de 70 %
des jeunes accèdent au niveau du bac, soit deux fois plus qu'en 1980) et supérieur s'est-elle
accompagnée d'une véritable démocratisation ?

Cette bonne nouvelle ne masque-t-elle pas une réalité inchangée en profondeur ?
Si l'accès à l'enseignement supérieur apparaît lui aussi moins inégalitaire, les enfants d'ouvriers
entreprenant des études supérieures n'en restent pas moins minoritaires, par rapport à ceux de
cadres deux fois moins nombreux. Des écarts sociaux très prononcés subsistent en matière de
réussite et d'obtention de diplômes supérieurs : c'est le cas de 80 % des enfants de professeurs ou
professions libérales, de 20 % seulement des enfants de personnel de service ou d'ouvriers les
moins qualifiés.

Dans les années 50, les enfants d'origine moyenne ou supérieure avaient vingt-quatre fois plus de
chances d'entrer dans l'une des quatre grandes écoles les plus prestigieuses que les enfants
d'origine populaire. Au début des années 90, ce ratio était toujours de vingt-trois ! Ce constat a
conduit Claude Thélot à écrire : «L'examen du haut de la pyramide scolaire est révélateur de
l'ampleur persistante des différences sociales.»

Ainsi, Pierre Bourdieu avait raison : la classe sociale dominante se reproduit par méritocratie
interposée pour constituer cette noblesse d'Etat si décriée par ailleurs. Le plus grave est cependant
que si le système scolaire reste orienté sur la sélection des champions olympiques de l'intelligence,
il continue à laisser au bord de la route scolaire ceux qui sont éliminés par l'échec et qui seront
d'autant plus exposés au risque du chômage, que ce dernier n'épargne plus les diplômés.

En effet, depuis quelques années la rentabilité marginale des études (mesurée par le risque
moindre de chômage) baisse, elle devient même négative : le taux de chômage des bac + 2 est
devenu de deux points inférieur à celui des bac + 4. La meilleure insertion et l'accès à
l'encadrement restent le fait de seulement deux catégories de diplômés : ceux des grandes écoles
et des 3e cycles universitaires.

Les premiers affectés par cette désillusion sont les enfants de milieux modestes qui se sont égarés
sans information ni préparation adéquate dans des filières non sélectives et sans débouchés. Leurs
parents étaient fiers d'avoir un premier bachelier puis licencié dans la famille, ils se sont souvent
«saignés» pour financer leurs études et voilà que l'ascenseur social n'est pas au rendez-vous.
Quand un diplôme est dévalué, ce qui fait la différence c'est l'université d'obtention (parisienne ou
périphérique) et les relations familiales pour obtenir des stages valorisants et mieux accéder au
marché du travail.

Une réduction importante des inégalités a été obtenue pour les enfants d'agriculteurs : en 2002, ils
représentaient 2 % des enfants qui entraient en 6e, la même proportion dans les classes
préparatoires aux grandes écoles et 2,4 % de l'ensemble des étudiants, ce qui montre l'effet positif
des politiques publiques d'attribution systématique de bourses et de places en internat à cette
catégorie sociale que l'on voulait accompagner dans son exode rural. Le même volontarisme public
au profit des enfants des milieux défavorisés serait possible et payant, à condition d'y mettre les
moyens. Sinon, l'ascenseur social par le mérite scolaire restera en panne.

Quand le laisser-faire et le laisser-aller conduisent au renforcement de l'inégalité des chances, la
collectivité se doit d'intervenir et ne pas se contenter de mesures de discriminations positives
intéressantes comme à Sciences-Po, mais sans effet structurel. A terme, ces politiques de ciblage
sur certaines catégories sont aussi source d'effets pervers, à commencer par l'atteinte au principe
d'universalité des droits des citoyens. La ghettoïsation de la société française par le haut, relevée
par Eric Maurin, conduit les différentes classes sociales à vivre entre soi, à se regrouper dans les
mêmes quartiers. Dans ce contexte d'apartheid urbain, la carte scolaire qui entendait favoriser la
mixité sociale produit exactement le contraire.

Dernier ouvrage paru: le Choc de 2006 (Odile Jacob).

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