alternative éducative : une école différente
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Quelques autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité :
les rapports parents-profs, la maternelle à 2 ans, l'ennui à l'école les punitions collectives,  le téléphone portable  , l'état des toilettes, le créationnisme...

Un rapport de deux inspecteurs généraux, interdit de publication par le ministère, offre un premier bilan :
La suppression de la carte scolaire renforcera les ghettos

L'imposture de la "mixité scolaire" à Paris
La suppression de la carte scolaire « est un très grand succès ».
... Sauf qu'il y a un truc dont le rectorat ne s'est guère vanté.

C'EST LE PRIX DU M² QUI FAIT LA DIFFERENCE...
La carte scolaire et l'apartheid

A l'école des inégalités
En dépit du contrat républicain, l'ascension sociale par le mérite scolaire reste en panne.
 
  

La mixité sociale au ban de l'école
Une étude montre que, sur l'académie de Bordeaux, 10 % des collèges concentrent 40 % des élèves issus de l'immigration. Témoignages.
Libération - Par Michaël HAJDENBERG - jeudi 27 octobre 2005

 

Avant de théoriser la discrimination positive, le constat de la discrimination «négative» s'impose. Il a été récemment posé par les sociologues Georges Felouzis, Françoise Liot et Joëlle Perroton dans leur ouvrage au titre provocateur, l'Apartheid scolaire (1), qui tente de décrypter les stratégies de choix des parents lors de l'inscription de leur(s) enfant(s) dans une école. Dans quel collège l'inscrire ? Celui du secteur, qu'on dit mal famé et de niveau médiocre ? Celui d'un quartier chic voisin, pour lequel il faudra obtenir une dérogation ? En travaillant sur les prénoms de 144 000 élèves de 333 établissements publics et privés de l'académie de Bordeaux ­ une méthode très critiquée mais qui est la seule permettant de contourner le refus républicain de comptabiliser les élèves selon leurs origines ­, les trois sociologues ont établi que 10 % des collèges concentrent 40 % des élèves issus de l'immigration.
Le collège Edouard-Vaillant de Bordeaux est l'exemple type de ce phénomène de contournement de la carte scolaire et du risque de ghettoïsation. Deux parents d'élèves expriment leurs doutes. Le principal du collège tente de leur répondre.

«Ne pas faire du collège un ghetto»
Claire (2), mère au foyer. Deux filles au collège et un fils en CE2.

«J'ai une certaine sensibilité, je suis bénévole pour aider des enfants en difficulté, mais je ne vais pas aller droit dans le mur pour des idées. Ma fille aînée était à Edouard-Vaillant. Mais attention : elle a pris portugais dès la sixième pour pouvoir être acceptée en seconde à Camille-Julian [bon établissement hors secteur]. En primaire, même les instits vous le disent : "Si vous voulez que votre enfant réussisse, ne le mettez pas à Edouard-Vaillant." En même temps, on ne peut pas faire de ce collège un ghetto. Sinon, ça risque de nous péter un jour à la gueule. Et puis ma fille aînée m'a bien dit que les rumeurs de viols et de drogue étaient fausses. J'y ai donc mis ma deuxième, qui a choisi le portugais également. Sauf que, cette fois, ils ont mélangé ceux qui font portugais, dont beaucoup viennent du Cap-Vert, et ceux qui font arabe. Cela fait beaucoup d'enfants dont la langue maternelle n'est pas le français. Or, pour que la mixité fonctionne, il faut un équilibre. Je me pose sérieusement des questions pour le dernier, qui est en CE2. Je ne vais quand même pas lui faire faire russe en première langue pour qu'il soit dans un autre collège. De toute façon, ce sont toujours les enfants de médecins ou d'architectes qui obtiennent plus facilement des dérogations. Alors, parmi les gens plus modestes, on en voit beaucoup se tourner vers le privé. Sauf que nous, avec trois enfants, ce n'est financièrement pas possible.»

«Je veux la mixité, pas l'insécurité»
Sylvie, ancienne assistante de direction. Trois enfants, dont un fils en CM1.

«J'ai trois enfants. Pour le petit dernier, Louis, qui est en CM1, je me pose des questions que je ne me posais pas il y a quelques années. Il doit aller à Edouard-Vaillant, comme son frère aîné, qui a aujourd'hui 20 ans et qui y a fait une bonne scolarité. Il dit qu'il a fait de super voyages grâce à l'établissement, qu'il a eu beaucoup de bons profs. Mais maintenant on voit des voitures de flics devant l'établissement, et j'ai envie de protéger Louis, même si je ne sais pas trop de quoi. C'est peut-être une question de population. A Edouard-Vaillant, il y a 21 nationalités. Pourtant, j'aime mon quartier. Je ne m'y suis jamais sentie en danger. Je suis militante associative dans différents combats pour faciliter l'intégration. Et je trouve que les ghettos, c'est insupportable. Je veux la mixité. Mais pas l'insécurité. Je sais bien que plus l'effet ghetto s'accentuera, plus l'insécurité grimpera. Mais à Edouard-Vaillant, il y a quand même beaucoup d'enfants très abîmés. Edouard-Vaillant, c'est le choix du coeur. Mais le choix de la raison, c'est d'aller ailleurs. On est obligé de faire des choix différents de ce qu'on ressent.»

«Les gens fantasment la violence»
Alain Rebière, principal du collège Edouard-Vaillant.

«Tout le monde est pour la mixité sociale. Mais pour les autres. A Edouard-Vaillant, on reçoit plus d'élèves en difficulté qu'ailleurs. Mais les bons, ils sont bons partout. Les gens fantasment les phénomènes de violence. On doit encore réparer une réputation qui date d'il y a quinze ou vingt ans. En fait, on ne va pas à Edouard-Vaillant, mais on ne sait plus pourquoi. Moi je vends le collège, je fais le VRP. J'invite les parents et les enfants à visiter l'établissement. Il y a deux ans, j'ai même prêté la cour pour une kermesse de l'école primaire. Des élèves du collège ont voulu entrer. Les parents n'ont pas su gérer. Au lieu de me prévenir, ils ont appelé les flics. Tous les parents les ont vus et ça les a marqués, alors que, en quatre ans ici, je n'ai jamais eu à appeler les flics. Avec une histoire bête comme celle-là, on fait dix pas en arrière. Mais, pour certains parents, tous les moyens sont bons pour éviter le collège. Le quartier se découvre ainsi une formidable communauté russophile ! Ça m'agace que notre travail ne soit pas reconnu et ça m'agace qu'on stigmatise nos élèves alors qu'ici, ils apprennent la tolérance.»

(1) L'Apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Seuil, 233 pages, 19 euros.
(2) Les prénoms ont été modifiés.



La mixité sociale, oui... mais loin de chez moi
CÉCILIA GABIZON - Le Figaro - 20 novembre 2006
Un sondage TNS-Sofres pour le compte de Nexity, que révèle « Le Figaro », prouve que le pouvoir d'achat reste le principal clivage de notre société. Plus que la religion ou l'origine sociale.

LES AMÉRICAINS ont inventé un mot qui pourrait fleurir par ici : Nimby, qui signifie, « pas dans mon jardin ». En France, la dernière enquête menée par TNS-Sofres, pour le compte de l'Institut pour le logement de Nexity, dévoile combien l'idéal de mixité sociale reste fort, mais aussi qu'un nombre croissant de Français en reste plus à l'idée qu'à sa concrétisation à côté de chez eux. La question du logement est à ce titre révélatrice. Près de 67 % des Français interrogés sont favorables à la construction de HLM près de chez eux, tandis 30 % s'y opposent. Surtout, l'immense majorité préfère que soient construits à proximité de chez eux des logements en accession à la propriété (83 %). « Confrontés à l'éventualité de nouveaux arrivants dans leur quartier, les Français privilégient par conséquent des populations plutôt aisées au détriment de foyers plus modestes », analyse l'institut de sondage. Ceux qui vivent dans des villes avec peu de logements sociaux veulent largement préserver ce cadre et 40 % se montrent hostiles à l'implantation de HLM.
 

Les 18-34 ans plus ouverts

Ces réflexes de crainte concernent surtout les propriétaires, qui veulent préserver « la valeur » de leurs biens. Or, l'image des classes populaires fait peur, comme si leur présence allait entraîner une dégradation de l'environnement. Globalement perçue comme une source d'apaisement dans la société, la mixité sociale et ethnique apparaît plus risquée à l'échelle individuelle. Un Français sur quatre ne « souhaite pas le mélange de population ». Ces opinions suivent les lignes de fracture politique. « Les sympathisants du Parti socialiste sont 88 % à juger la mixité souhaitable, tandis que ceux de l'UMP ne sont que 68 % », précise TNS-Sofres. Et parmi ceux qui soulignent l'importance de la mixité ethnique, ils ne sont plus que 22 % à la privilégier à l'échelle de leur quartier, lui préférant le mélange des générations. Seuls les 18-34 ans se montrent plus ouverts à la diversité ethnique autour d'eux puisqu'un tiers l'encourage dans son quartier. Le désir de mixité augmente aussi avec le revenu. Ce sont finalement les couches populaires qui s'y montrent les plus rétives. « Comme si l'arrivée de population plus aisée ne ferait que souligner la relégation qu'ils vivent, comme si cela pouvait les déposséder de leur quartier », explique TNS-Sofres. Car dans une société française désormais focalisée sur le clivage d'argent et le pouvoir d'achat, la communauté de destin dans le quartier rassure. « En ce moment, il existe une demande d'entre-soi, mais il serait démagogique de suivre l'opinion », fait valoir Robert Rochefort, du Crédoc, chargé de réfléchir à l'avenir du logement pour l'institut Nexity. « La logique du marché - avec une segmentation sociale marquée, des prix au mètre carré qui amènent des personnes de même standing dans un quartier - conduit vers la ségrégation », met en garde le sociologue.
 

Effet d'entraînement positif

Or la mixité n'est pas seulement une belle idée, à en croire les études conduites par le sociologue Hugues Lagrange sur des cohortes d'adolescents. Dans les quartiers populaires, lorsque la proportion de cadres et de professions intermédiaires dépasse, même très légèrement, les 5 %, « la probabilité d'être impliqué dans des délits baisse systématiquement. » En clair, il suffit de très peu de cadres pour créer un effet d'entraînement positif. Reste qu'aujourd'hui, nombre de quartiers sensibles des banlieues ne comptent pratiquement plus de professions intermédiaires. En revanche, à Paris et dans les agglomérations qui disposent d'un centre attrayant, la mixité se maintient mieux. En réalité, Le Ghetto français, récemment évoqué par le sociologue Éric Maurin, se manifeste surtout, aux deux extrémités, pour les plus riches et les plus pauvres, selon une enquête tout juste conclue par Edmond Préteceille, chercheur au CNRS (La Preuve des inégalités, éditions des PUF, à paraître en décembre). En revanche, la mixité se maintiendrait, voire progresserait, ailleurs, selon cette enquête menée sur la base des recensements de 1990 et 1999 en Île-de-France. Le chercheur parvient à un indice de mixité sociale de 20, sachant que 100 montrerait une ségrégation totale et 40, une mixité ethnique (sur la base des immigrés et des Français par acquisition). On est encore loin des taux de ségrégation observés aux États-Unis, mais la mixité sociale s'effrite à mesure que les prix de l'immobilier s'envolent.

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