Les géographes dénoncent
les disparités dans l'alimentation des hommes
03/10/04 - Le festival international de géographie (FIG) de Saint-Dié-des-Vosges a dénoncé dimanche le "scandale des disparités" dans l'alimentation des hommes à travers le monde, certains mourant de faim tandis que d'autres meurent de suralimentation. La 15ème édition du FIG, entièrement consacré depuis jeudi à ce problème, a mis l'accent sur cette "anomalie", ce "paradoxe" s'est achevé par un appel des géographes aux gouvernements du monde à "tout mettre en oeuvre pour mieux nourrir les hommes". Cet appel en quatre points --éducation, solidarité, prévention, qualité-- insiste sur "la solidarité nord-sud et entre classes sociales", mais aussi sur "le maintien de la biodiversité" et sur "le respect du principe de précaution dans l'agro-alimentaire" et "la prévention de la mauvaise alimentation". Huit tables rondes et une centaine de conférences, dans une vingtaine de lieux à travers la ville, ont attiré près de 45.000 personnes (plus du double de la population de Saint-Dié). Les géographes ont aligné les "chiffres de la honte": deux milliards de personnes souffrant de malnutrition et 850 millions de sous-alimentation, 24 millions de personnes victimes de famines chaque année et six millions d'enfants de moins de cinq ans qui en meurent. Ils ont aussi donné des exemples: 200 millions d'Africains dans la misère, deux fois plus qu'il y a trente ans, 44 millions de Brésiliens (sur 176) gravement sous-alimentés, mais aussi 3 millions de personnes en France vivant sous le seuil de la pauvreté. 850 millions de "suralimentés" Parallèlement, ils ont évoqué les 850 millions de "suralimentés" dans le monde et les 300 millions considérés comme obèses. En France, ont-ils dit, deux millions de personnes sont atteintes de diabète gras et 180.000 meurent chaque année de surcharge pondérale. "Trop riches d'un côté, trop pauvres de l'autre", ont-ils déploré, soulignant toutefois que souvent la mauvaise alimentation, et donc l'obésité, frappait les plus pauvres, mangeant gras car moins cher. En France, la Seine-Saint-Denis détient le triste record d'enfants obèses (17,2%). Les géographes ont dénoncé tous les scandales, des cartes des famines qui se superposent à celles des guerres, des stratégies des politiques et des économistes qui acculent tant de cultivateurs à la misère et à l'exode rural mais aussi de ces multinationales qui "font leur business de la malbouffe", de la mondialisation qui détruit la diversité et même le goût et le plaisir de la table. Ils ont enfin mis en garde contre les "apprentis-sorciers", évoquant notamment la maladie de la vache folle. Les géographes n'ont pas condamné les OGM par principe, soulignant l'intérêt de tenter de plus et mieux nourrir ceux qui meurent de faim. Toutefois, ils se sont inquiétés d'expérimentations précipitées, aux risques de destruction de la biodiversité. Les transgéniques couvrent déjà 70 millions d'hectares dans 18 pays, ont-ils encore dit, ajoutant combien il est "ironique" que ces plantations se trouvent essentiellement dans les pays où la nourriture ne manque pas et s'interrogeant sur le véritable objectif: "peut-être seulement une volonté d'exercer un contrôle absolu sur la production et les producteurs?". L'édition 2004 du FIG a été
sérieuse et scientifique mais a compté aussi un salon de
la gastronomie, des animations, des concerts, des spectacles de rue, des
cafés géographiques et des films. L'année prochaine,
il aura pour thème "le monde en réseaux, lieux visibles
ou invisibles".
Pour des céréales plus riches, en protéines notamment, moins exigeantes en eau et résistant beaucoup mieux aux maladies Des
pesticides dans les deux tiers des eaux françaises contrôlées
en 2002
En France, les cantines bio se comptent presque sur les doigts de la main. |