alternatives éducatives : des écoles, collèges et lycées différents
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Commande | Commande express sécurisée | Documentation | Présentation | SOMMAIRE |
I Obligation scolaire et liberté I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop ! Appel pour des éts innovants et coopératifs |
 

LES "MODÈLES" ANGLO-SAXONS :
(libertés, justice, santé, système scolaire, éducatif, marché de l'éducation, homeschooling ... aux USA et en Angleterre)
AMERICAN WAY OF LIFE
BRITISH WAY OF LIFE

PLUS DE PRISONNIERS AUX ÉTATS UNIS QU'EN CHINE  Plus d'un adulte sur 100 (2,3 millions de personnes) derrière les barreaux aux États-Unis.
Chine, (plus d'un milliard d'habitants) : 1,5 million détenus, Russie 890.000.
Les États-Unis ont le taux d'incarcération le plus élevé de la planète, supérieur à des pays comme l'Iran ou l'Afrique du Sud.

  Californie - 28 02 08 : Une décision de justice limite le droit au "homeschooling"
Toutes les ligues conservatrices sont sur le pied de guerre.
Et Arnold Schwarzenegger les a aussitôt assurées de son soutien...



contes & légendes du far west
De l'attaché commercial chargé de vendre des crédits à la consommation à des Américains déjà surendettés
au PDG de Wall Street,
chacun semblait n'avoir qu'un objectif : s'en mettre plein les poches.

Fondé sur le simplisme, 
les mensonges 
et l'exaltation religieuse, 
le système politique 
du président américain 
est en faillite. 
Et sa fin de mandat, 
un désastre

De l'usage d'un "désastre"...
Des think tanks (littéralement «réservoirs à idées») conservateurs saisissent au vol la proposition de Milton Friedman et s’abattent sur la Nouvelle-Orléans, avec comme cadeau quelques dizaines de millions de dollars promptement débloqués par l’administration Bush. Ils élaborent, sur les ruines matérielles et humaines de la ville meurtrie, un ambitieux plan de remplacement des public schools par des charter schools, écoles privées, souvent à but lucratif.

L’économie de la sécurité et des situations de crise dépasse en importance celle Hollywood ou du divertissement en général. 
Une économie basée sur la peur pour mieux faire passer des réformes inacceptables. 
Pour des intérêts plus financiers que démocratiques.

Le livre de Naomi Klein en collaboration avec Alfonso Cuarón, The Shock Doctrine : The Rise of Disaster Capitalism, débute par la description du manuel de torture "the Kubark Counter Intelligence Interrogation handbook" de la CIA qui décrit diverses façons d’amener un prisonnier à régresser mentalement via un choc psychologique.

Ce choc est une métaphore des crises comme les désastres naturels, guerres, attaques terroristes dont nous sommes chaque jour de plus en plus assommés par les médias des corporations et gouvernement, qui ont pour objectif de créer un choc psychologique permettant des réformes sécuritaires économiques autrement impossible dans nos États modernes et démocratiques.

"The Shock Doctrine" est aussi une brillante critique des doctrines économiques de Milton Friedman de l’école de Chicago analysée à travers des cas historiques : l’Indonésie de Suharto de 1965, le coup d’état de Pinochet au Chili en 1973 avec l’aide de la CIA, jusqu’aux évènements récents.

Cette doctrine du choc est révélatrice du manque de légitimité de l’entreprise friedmanienne. 
S’il est nécessaire de profiter de l’état de panique ou du traumatisme d’une population pour imposer une politique de démantèlement des services sociaux, de privatisation des services publics, de fiscalité en faveur des riches et de suppression du contrôle sur les conditions de travail, de précarisation de nombreuses personnes, c’est parce que de telles mesures sont impopulaires.

Le néolibéralisme ne peut s’imposer qu’au mépris de la démocratie et de la souveraineté. 
En utilisant le choc.

Selon Naomi Klein, les États-Unis ont profité de la situation de non droit en Irak pour instaurer un système économique extrêmement libéral et pour céder à Shell et BP les vastes réserves pétrolières du pays.

Dans ce Chocs et capitalisme du désastre sont également accusés les autorités de la Nouvelle Orléans pour avoir utilisé le traumatisme post-Katrina pour réaliser des réformes importantes dans les services publics, comme la fermeture - et la privatisation ! - des services publics (hôpitaux, écoles, transports).


Christiane Rochefort :
Les enfants d'abord.
L'Entreprise mondiale d'exploitation
La mécanique du jeu - Les parents pris au piège - Point d'ordre. 

Le monde où nous naissons - la société industrialisée - est, et ne cherche même plus à cacher qu'il est, une Entreprise mondiale d'exploitation des choses, bêtes, et gens, par un petit nombre de personnages, dont certains sont même connus par leur nom (exemple : Paul Getty, « l'homme le plus riche du monde », devenu célèbre à la suite de l'enlèvement de son petit-fils et de son refus de payer la rançon), tous adultes, mâles, et blancs (à part quelques Japonais mais ils ont beaucoup blanchi à l'air des Hilton hotels), qui, à force d'éliminer les plus faibles, ont concentré et concentrent sans cesse davantage dans leurs mains les biens et les pouvoirs.
Ces personnages sont l'aboutissement logique de la mécanique des rapports de compétition et domination, enclenchée dans les sociétés patriarcales.
Bien qu'ayant conservé une forme à peu près humaine, ils sont en train de devenir aujourd'hui une force aveugle, une abstraction régnante, un grand ordinateur servi par des vestons interchangeables. Cette Force Aveugle avance droit devant elle comme un bulldozer, en s'emparant de tous les matériaux et de toutes les énergies terrestres, qu'elle exploite à son profit afin d'avancer encore et dévorer des énergies, afin d'avancer encore. 
/.../


LES "MODÈLES" ANGLO-SAXONS :
(libertés, système scolaire, éducatif, marché de l'éducation, homeschooling...aux USA et en Angleterre)
AMERICAN WAY OF LIFE

45 millions de personnes sans système de santé
dans le pays le plus riche du monde

Près de 36 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté

Pour la troisième année consécutive, leur nombre a augmenté. En 2003, 1,3 million de personnes de plus ont basculé dans la précarité.

Le système de santé américain est le plus onéreux parmi les pays industrialisés 
et l'un des moins efficaces en terme de nombre de personnes couvertes

Les inégalités s'accroissent aux Etats-Unis
L'écart de rémunération entre un PDG et un salarié aux Etats-Unis de 1 à 40 en 1980, est passé de 1 à 411 en 2005.

Les bourses accordées aux étudiants pauvres couvraient 70% du coût des études dans les années 90 contre la moitié aujourd’hui. L’étude souligne l’importante inégalité entre riches et pauvres en matière d’éducation supérieure

   États-Unis : Une année d’étude à 50 000 dollars. L’Université privée George Washington est devenue la première université américaine à réclamer aux étudiants de premier cycle (undergraduates) plus de 50 000 dollars par an. Depuis un an, plusieurs centres universitaires privés ont augmenté leurs coûts au-dessus du revenu annuel médian des foyers américains  estimé à 46 326 dollars.Secteur privé et public confondu, les frais de scolarité et les droits d’inscription pour le premier cycle d’étude ont augmenté au cours des cinq dernières années de 35%.

Les créationnistes jouent sur du velours.
Selon un sondage CBS de novembre 2004, 55 % des Américains croient que "Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle" 
(67 % des républicains ; 47 % des démocrates)

États-Unis : L’abstinence sexuelle renforcée
131 millions de dollars (augmentation de 30 millions) pour les programmes fédéraux vantant auprès des collégiens et lycéens américains les mérites de l’inexistence d’une vie sexuelle avant le mariage.

Des aberrations scientifiques pour mieux prêcher la chasteté
Cette année, 40 des 50 Etats doivent faire face à diverses procédures 
visant à contester l'enseignement de la théorie de l'évolution dans les écoles publiques.

Quelque 6000 étudiants sont attendus sur le campus  "sans péché" (l’Ave Maria University),
qui ne connaîtra ni préservatifs ou autre moyen de contraception, ni homosexualité, ni avortement.
l’Ave Maria University doit devenir l’"académie militaire de la spiritualité"...

   "Je t'aime, Alex" : 4 mois de redressement.

Lourde peine pour une écolière amoureuse.
Une jeune fille de 12 ans ayant écrit «Je t’aime Alex» sur les murs d’une école, a été envoyée pour 4 mois dans un établissement "accueillant" des élèves "en difficulté". Parmi de nombreuses autres jolies colonies de vacances du même type : Tranquillity bay, gérée par la WWASP (patronnée par le professeur Skinner, le père de la psychologie comportementaliste).

Pour 3000 dollars par mois, il promet de transformer ces récalcitrants en citoyens dociles et travailleurs.

« Les croisés américains du Home Schooling »

Plus de téléviseurs que de personnes dans les foyers américains

Expulsion de missionnaires évangéliques américains du mouvement "Nouvelles tribus"
 installés dans des régions à forte population indienne
Sous couvert d’évangélisation : exploitation illimitée et illégale des ressources naturelles en territoires indiens,
au profit de compagnies nord-américaines.
Plus grave, l’organisation est accusée de s’être servi de communautés entières, Yanomami entre autres, 
pour des expérimentations génétiques.

A Montreuil,
"un pasteur miracle" américain attire les foules

"Le racisme aux Etats-Unis est un monstre tapi"FF
Beaucoup d'Américains voient La Nouvelle-Orléans comme un lieu de péché.
Pour eux, les inondations sont un moyen de se débarrasser de la prostitution, du crime et de la drogue,
et de favoriser les investissements.

 21 meurtres d'élèves dans les écoles américaines en 2004/2005
28 élèves sont décédés de morts violentes: 21 ont été tués et 7 se sont suicidés dans l'enceinte de l'école.

USA : Le Congrès pour les fouilles corporelles dans les écoles

CE VENT PUNITIF QUI VIENT D'AMÉRIQUE
Il ne reste alors qu’à entonner l’antienne tocquevillienne de l’initiative citoyenne

pour justifier l’importation en France des techniques locales de maintien de l’ordre américaines.

BRITISH WAY OF LIFE

Le capitalisme du désastre
Il est temps maintenant de résister à la "doctrine du choc" de Wall Street.
Naomi Klein, Huffington Post, September 22, 2008

 

J'avais écrit "La stratégie du choc" dans l'espoir que cela nous préparerait mieux au prochain grand choc. Eh bien, ce "choc" est certainement arrivé, avec des tentatives de l'utiliser pour faire passer des politiques radicales en faveur de l'Entreprise (qui, bien sûr, va encore enrichir en premier lieu les mêmes joueurs qui ont créé la crise du marché ...).

Le meilleur exemple de la stratégie de la droite d'utiliser la crise économique pour accélérer leur programme vient de Newt Gingrich, l'ancien président de la Chambre des représentants (1995 - 1998).  Gingrich vient tout juste de  publir les 18 recommandations au Congrès afin de "revenir à la politique Reagan-Thatcher de croissance économique grâce à des réformes fondamentales"
En pleine crise économique, il réclame le rétablissement du "Sarbanes-Oxley Act"  qui conduirait à une encore plus grande dérégulation du secteur financier. 
Gingrich réclame également la réforme du système éducatif pour encourager la concurrence, par le chèque-éducation,(1), le renforcement de la frontière (mexicaine), la suppression de l'impôt sur les sociétés, et les forages en mer !

Ce serait une grave erreur que de sous-estimer la capacité de la droite d'utiliser cette crise - créée par la dérégulation et la privatisation - pour demander plus et encore. N'oublions pas que l'organisation "527"(2) de Newt Gingrich, Solutions américaines pour gagner l'avenir, surfe encore sur la vague du succès de sa campagne de forage en mer, "Drill Here, Drill Now, Pay Less !" ("Forage ici, forage maintenant, payons moins cher !"). Il y a à peine quatre mois, la question du forage offshore n'était même pas sur le radar politique, et aujourd'hui la Chambre des représentants a voté une législation favorable. 

Ce que la liste des souhaits de Gingrich nous révèle, c'est que le transfert des dettes privées dans les coffres publics n'est que la première étape du choc actuel. La suivante sera lorsque la dette de la crise engendrée par le sauvetage deviendra une excuse pour privatiser la sécurité sociale, abaisser les taxes professionnelles et couper les vivres aux pauvres. Ce que Mac Cain élu ferait volontiers. Quant à Obama, il serait soumis à une telle pression par les think tanks et les medias qu'il abandonnera ses promesses électorales pour adopter l'austérité et la stimulation du libre-marché.

Nous l'avons observé tant de fois dans ce pays et ailleurs dans le monde. Mais ces tactiques d'opportunistes ne peuvent marcher que si nous laissons faire. Cela ne fonctionne que lorsque nous répondons à la crise par la régression en demandant des "dirigeants forts", même si ceux-ci sont les mêmes que ceux qui ont utilisé les attaques du 11 septembre pour voter le Patriot Act et entreprendre une guerre illégale en Irak.

Soyons clairs : nous n'avons rien à attendre de ces sauveurs dans cette crise.
Certainement pas de Henry Paulson, ancien PDG de Goldman Sachs, l'une des sociétés qui bénéficieront le plus de son plan de sauvetage (qui n'est rien d'autre qu'un braquage). 
Le seul espoir d'éviter une nouvelle dose de choc politique est une pression forte sur tous les partis politiques : ils doivent savoir que maintenant, après sept années de Bush, les Américains sont en train de devenir résistants aux chocs.
----------------------------
N.D.T.
(1) - Newt Gingrich est - naturellement - un fervent partisan du home schooling, et actif supporter... de l'éblouissante Sarah Palin.
Qui, elle-même ...And She Homeschools? 10 Reasons Sarah Palin Terrifies (and Fascinates) Me

(2)- Un groupe dit "527" est une association sans but lucratif et donc exemptée d'impôts (United States tax code, 26 U.S.C. § 527) représentant des groupes d'intérêt, syndicats, mouvements "citoyens",  qui a le droit de lever des fonds en faveur du candidat de son choix.


Disaster Capitalism in Action
Now is the Time to Resist Wall Street's Shock Doctrine
Naomi Klein, Huffington Post, September 22, 2008
I wrote The Shock Doctrine in the hopes that it would make us all better prepared for the next big shock. Well, that shock has certainly arrived, along with gloves-off attempts to use it to push through radical pro-corporate policies (which of course will further enrich the very players who created the market crisis in the first place...).

The best summary of how the right plans to use the economic crisis to push through their policy wish list comes from Former Republican House Speaker Newt Gingrich. On Sunday, Gingrich laid out 18 policy prescriptions for Congress to take in order to "return to a Reagan-Thatcher policy of economic growth through fundamental reforms." In the midst of this economic crisis, he is actually demanding the repeal of the Sarbanes-Oxley Act, which would lead to further deregulation of the financial industry. Gingrich is also calling for reforming the education system to allow "competition" (a.k.a. vouchers), strengthening border enforcement, cutting corporate taxes and his signature move: allowing offshore drilling.

It would be a grave mistake to underestimate the right's ability to use this crisis -- created by deregulation and privatization -- to demand more of the same. Don't forget that Newt Gingrich's 527 organization, American Solutions for Winning the Future, is still riding the wave of success from its offshore drilling campaign, "Drill Here, Drill Now!" Just four months ago, offshore drilling was not even on the political radar and now the U.S. House of Representatives has passed supportive legislation. Gingrich is holding an event this Saturday, September 27 that will be broadcast on satellite television to shore up public support for these controversial policies.

What Gingrich's wish list tells us is that the dumping of private debt into the public coffers is only stage one of the current shock. The second comes when the debt crisis currently being created by this bailout becomes the excuse to privatize social security, lower corporate taxes and cut spending on the poor. A President McCain would embrace these policies willingly. A President Obama would come under huge pressure from the think tanks and the corporate media to abandon his campaign promises and embrace austerity and "free-market stimulus."

We have seen this many times before, in this country and around the world. But here's the thing: these opportunistic tactics can only work if we let them. They work when we respond to crisis by regressing, wanting to believe in "strong leaders" - even if they are the same strong leaders who used the September 11 attacks to push through the Patriot Act and launch the illegal war in Iraq.

So let's be absolutely clear: there are no saviors who are going to look out for us in this crisis. Certainly not Henry Paulson, former CEO of Goldman Sachs, one of the companies that will benefit most from his proposed bailout (which is actually a stick up). The only hope of preventing another dose of shock politics is loud, organized grassroots pressure on all political parties: they have to know right now that after seven years of Bush, Americans are becoming shock resistant.


L’idéologie libérale n’est pas du tout à l’agonie
Naomi Klein (*) - 19 septembre 2008  - 
Quoi que signifient les évènements de cette semaine, personne ne devrait croire les litanies selon lesquelles la crise du marché signerait la mort de l’idéologie libérale. 
Cette idéologie a toujours servi les intérêts du capital et sa présence fluctue en fonction de son utilité pour ces intérêts.

En période de croissance, il est rentable de prêcher le « laissez faire » parce qu’un gouvernement absentéiste permet le gonflement de bulles spéculatives. Quand ces bulles éclatent, cette idéologie devient un obstacle, et elle se fait discrète pendant qu’un gouvernement fort accourt à la rescousse. Mais soyez assurés qu’elle reviendra vrombissante après le sauvetage. Les dettes massives que les contribuables accumulent pour renflouer les spéculateurs deviendront alors partie intégrante d’un budget global de crise, qui sera le prétexte à des coupes sombres dans les programmes sociaux, et à une incitation renouvelée à la privatisation de ce qu’il reste du secteur public. On nous dira aussi que nos espoirs pour un futur « vert » sont malheureusement trop coûteux.

Ce que nous ne savons pas, c’est comment l’opinion réagira. En Amérique du Nord, tout citoyen de moins de quarante ans a grandi avec la conviction que le gouvernement ne peut intervenir pour améliorer nos vies, que le gouvernement est le problème et pas la solution et que le « laissez faire » est donc la seule voie. Et aujourd’hui, nous voyons tout à coup un gouvernement activiste, intensément interventionniste, semblant vouloir tout faire pour sauver les investisseurs d’eux-mêmes.

Ce spectacle soulève nécessairement une question : si l’état peut intervenir pour sauver des entreprises qui ont pris des risques imprudents sur le marché de l’immobilier, pourquoi ne pourrait-il pas intervenir pour éviter la saisie hypothécaire imminente de millions d’américains ? De même, s’il est possible de disposer instantanément de 85 milliards de dollars pour acheter le géant de l’assurance AIG, pourquoi un système de santé public - qui protégerait les Américains des pratiques prédatrices des compagnies d’assurances de santé - serait-il apparemment un rêve inaccessible ? Et si toujours plus d’entreprises ont besoin des fonds du contribuable pour être remises à flot, pourquoi les contribuables ne pourraient-ils avoir des exigences en retour, comme la limitation du salaire des patrons ou la garantie contre de nouvelles suppressions d’emplois ?

Il est maintenant clair que les gouvernements peuvent vraiment agir en temps de crise, et il leur deviendra bien plus difficile, à l’avenir, de plaider leur impuissance. Un autre bouleversement possible concerne les espoirs du marché sur de futures privatisations. Pendant des années, les banques d’investissement international ont fait pression sur les politiques pour deux nouveaux marchés : l’un qui proviendrait de la privatisation des retraites publiques, et l’autre d’une nouvelle vague de privatisations, totales ou partielles du réseau routier, des ponts et des réseaux d’eau. Ces deux rêves sont devenus plus difficiles à vendre. Les Américains ne sont plus enclins à confier davantage de leurs biens, individuels ou collectifs, aux joueurs impétueux de Wall Street. D’autant qu’il paraît plus qu’évident que les contribuables devront payer pour récupérer leurs propres biens quand la prochaine bulle éclatera.

Avec l’échec des négociations de l’OMC, cette crise peut aussi être le catalyseur d’une approche radicalement différente de la régulation des marchés mondiaux et des systèmes financiers. Nous assistons déjà à un mouvement grandissant vers la souveraineté alimentaire dans les pays en voie de développement, qui refusent de livrer l’accès à la nourriture aux caprices des négociants en matières premières. Le temps est peut être enfin venu pour des idées telles que la taxation des transactions boursières, qui ralentirait l’investissement spéculatif, ainsi que d’autres contrôles sur les mouvements de capitaux.

Et maintenant que la nationalisation n’est plus un gros mot, les compagnies pétrolières et celles du gaz devraient se méfier : quelqu’un devra financer la marche vers un futur plus vert, et il est logique que l’essentiel des fonds provienne de ce secteur tellement rentable qui est le plus responsable de la crise climatique. C’est certainement plus sensé que de générer une autre bulle spéculative dangereuse dans le commerce du carbone.

Mais la crise à laquelle nous assistons en appelle des changements encore plus profonds. La raison qui a permis à ces créances douteuses de proliférer n’était pas seulement que les organismes de contrôle ne comprenaient pas le risque. C’est parce que notre système économique mesure notre bonne santé collective exclusivement à l’aune de la croissance du PIB. Aussi longtemps que ces créances douteuses ont alimenté la croissance économique, nos gouvernements les ont activement soutenues. Ainsi, ce qui est réellement remis en question dans cette crise, c’est l’engagement incontesté dans la croissance à tout prix. Alors que cette crise devrait nous inciter à évaluer le progrès et la santé de nos sociétés de manière radicalement différente.

Toutefois, rien de tout cela n’arrivera sans une énorme pression de l’opinion publique sur les hommes politiques durant cette période clef. Et pas une pression polie, mais un retour aux manifestations de rue, aux actions directes qui ont inauguré le New Deal dans les années trente. Faute de quoi, il n’y aura que des changements superficiels et un retour, aussi vite que possible, au « business as usual ».
----------------------
(*)  L'auteure
Naomi Klein est née en 1970 à Montréal. Elle débute sa carrière de journaliste au Toronto Star, où elle publie des articles sur le monde du travail et le marketing. Cinq ans plus tard, elle devient reporter indépendant et s'intéresse notamment au caractère prédateur de la publicité dans nos sociétés. Elle vit actuellement à Toronto, où elle est journaliste au Globe and Mail

Naomi KLEIN est également l'auteure de :
La stratégie du choc : La montée d'un capitalisme du désastre- Actes Sud (2008)

Qu’y a-t-il de commun entre le coup d’Etat de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l’effondrement de l’Union soviétique, le naufrage de l’épopée Solidarnosc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l’Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l’année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux – Abou Ghraïb ou Guantánamo – aujourd’hui ?

Tous ces moments de notre histoire récente, répond Naomi Klein, ont partie liée avec l’avènement d’un “capitalisme du désastre”.

Approfondissant la réflexion militante entamée avec son best seller No Logo, Naomi Klein dénonce, dans La stratégie du choc, l’existence d’opérations concertées dans le but d’assurer la prise de contrôle de la planète par les tenants d’un ultralibéralisme toutpuissant. Ce dernier met sciemment à contribution crises et désastres pour substituer aux valeurs démocratiques, auxquelles les sociétés aspirent, la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation.

Remarquablement conduite et documentée, cette histoire secrète du libre marché, qui dessine une nouvelle éthique de l’investigation journalistique, s’affirme comme une lecture indispensable pour réévaluer les enjeux des temps présent et à venir, vis-à-vis desquels les citoyens du monde portent, ensemble, une responsabilité impossible à déléguer.
 

No logo - La tyrannie des marques - Actes Sud (2001) 24,24€

 Aujourd'hui, le village est "planétaire", l'adolescent "mondial" est la société de consommation dominée par les marques. Les espaces publicitaires traditionnels qu'elles se sont de tout temps montré promptes à coloniser – panneaux d'affichage, télévision, cinéma, presse écrite – sont désormais devenus trop restreints pour des logos frappés d'expansionnisme galopant. En plantant leurs drapeaux sur des territoires jusqu'à présent vierges de toute publicité, en substituant au simple objet de consommation une image capable de le faire accéder à la dimension de mythe, les multinationales ne se sont pas contentées de bouleverser les mentalités et le monde du travail, elles ont modifié l'économie de nombreux pays.

Dans cette course au profit, beaucoup sont en effet passés maîtres dans l'art de bafouer les droits de l'homme : l'esclavage moderne existe dans les zones franches industrielles ou dans certains Etats du Tiers-Monde, véritables paradis fiscaux pour sociétés capitalistes. Pendant ce temps, en Occident, les usines ferment les unes après les autres et migrent sous des cieux plus complaisants, les mises à pied massives se succèdent à un rythme effréné, les contrats à temps partiel ou intérimaires remplacent les emplois permanents, les acquis sociaux sont laminés, voire disparaissent.

Mais le nombre augmente de ceux qui prônent l'urgence d'une mobilisation vigilante, et qui dénoncent les abus commis par les grandes sociétés. Venant de partout, ils se rencontrent, se regroupent et s'organisent sur l'Internet : ils veulent récupérer l'espace, la rue, la forêt dont on les a privés, ils réclament des emplois et des conditions de travail décents, un partage plus équitable des énormes bénéfices des multinationales, ils refusent d'acheter des produits pour lesquels d'autres, à des milliers de kilomètres de chez eux, paient le tribut de la sueur et parfois même du sang.

Ce nouveau militantisme, reflet de la pluralité sociale et ethnique de bon nombre de pays, a déjà gagné des batailles contre les logos mastodontes. Les événements de Seattle ou de Prague l'ont prouvé : il est encore temps de dire non à la tyrannie des marques. 


Free market ideology is far from finished
But with Wall Street rescued by government intervention, 
there's never been a better time to argue for collectivist solutions
    Naomi Klein, - Friday September 19 2008
Whatever the events of this week mean, nobody should believe the overblown claims that the market crisis signals the death of "free market" ideology. Free market ideology has always been a servant to the interests of capital, and its presence ebbs and flows depending on its usefulness to those interests.

During boom times, it's profitable to preach laissez faire, because an absentee government allows speculative bubbles to inflate. When those bubbles burst, the ideology becomes a hindrance, and it goes dormant while big government rides to the rescue. But rest assured: the ideology will come roaring back when the bailouts are done. The massive debts the public is accumulating to bail out the speculators will then become part of a global budget crisis that will be the rationalisation for deep cuts to social programmes, and for a renewed push to privatise what is left of the public sector. We will also be told that our hopes for a green future are, sadly, too costly.

What we don't know is how the public will respond. Consider that in North America, everybody under the age of 40 grew up being told that the government can't intervene to improve our lives, that government is the problem not the solution, that laissez faire was the only option. Now, we are suddenly seeing an extremely activist, intensely interventionist government, seemingly willing to do whatever it takes to save investors from themselves.

This spectacle necessarily raises the question: if the state can intervene to save corporations that took reckless risks in the housing markets, why can't it intervene to prevent millions of Americans from imminent foreclosure? By the same token, if $85bn can be made instantly available to buy the insurance giant AIG, why is single-payer health care – which would protect Americans from the predatory practices of health-care insurance companies – seemingly such an unattainable dream? And if ever more corporations need taxpayer funds to stay afloat, why can't taxpayers make demands in return – like caps on executive pay, and a guarantee against more job losses?

Now that it's clear that governments can indeed act in times of crises, it will become much harder for them to plead powerlessness in the future. Another potential shift has to do with market hopes for future privatisations. For years, the global investment banks have been lobbying politicians for two new markets: one that would come from privatising public pensions and the other that would come from a new wave of privatised or partially privatised roads, bridges and water systems. Both of these dreams have just become much harder to sell: Americans are in no mood to trust more of their individual and collective assets to the reckless gamblers on Wall Street, especially because it seems more than likely that taxpayers will have to pay to buy back their own assets when the next bubble bursts.

With the World Trade Organisation talks off the rails, this crisis could also be a catalyst for a radically alternative approach to regulating world markets and financial systems. Already, we are seeing a move towards "food sovereignty" in the developing world, rather than leaving access to food to the whims of commodity traders. The time may finally have come for ideas like taxing trading, which would slow speculative investment, as well as other global capital controls.

And now that nationalisation is not a dirty word, the oil and gas companies should watch out: someone needs to pay for the shift to a greener future, and it makes most sense for the bulk of the funds to come from the highly profitable sector that is most responsible for our climate crisis. It certainly makes more sense than creating another dangerous bubble in carbon trading.

But the crisis we are seeing calls for even deeper changes than that. The reason these junk loans were allowed to proliferate was not just because the regulators didn't understand the risk. It is because we have an economic system that measures our collective health based exclusively on GDP growth. So long as the junk loans were fuelling economic growth, our governments actively supported them. So what is really being called into question by the crisis is the unquestioned commitment to growth at all costs. Where this crisis should lead us is to a radically different way for our societies to measure health and progress.

None of this, however, will happen without huge public pressure placed on politicians in this key period. And not polite lobbying but a return to the streets and the kind of direct action that ushered in the New Deal in the 1930s. Without it, there will be superficial changes and a return, as quickly as possible, to business as usual.


L’amérique en marche arrière
Sylvie Kaufman - Le Monde - 28 mai 2007.

 

Un autre symbole de l’Amérique de l’après-11-Septembre vient de s’effondrer avec la chute de Paul Wolfowitz. Sa disgrâce à la tête de la Banque mondiale, bien que provoquée par une faute personnelle, intervient au moment où méthodiquement, avec autant d’énergie qu’ils avaient mise à le construire, les Américains ont entrepris de démanteler un système dont les dérives, sous la direction du président George W. Bush, ont stupéfait leurs plus fidèles alliés et détruit leur image à travers le monde.

L’édifice est loin d’être rasé. Guantanamo existe toujours, les troupes américaines, faute de solution, ont été renforcées en Irak, et l’obsession sécuritaire continue de faire des Etats-Unis une terre inhospitalière pour des millions d’étrangers. Mais la victoire des démocrates au Congrès, en novembre 2006, a marqué un tournant qui reflète un changement profond des mentalités dans de multiples domaines. Comme s’ils ouvraient les yeux après un long sommeil, les Américains remettent aujourd’hui en question, non seulement leur occupation de l’Irak, mais les fondements mêmes de cette intervention.

C’est naturellement sur la scène politique que le retournement est le plus spectaculaire, mettant en difficulté, dans le sillage du président Bush, dont la côte de popularité n’a jamais été aussi basse, les élus démocrates qui ont autorisé l’invasion de l’Irak en 2002, comme Hillary Clinton, candidate à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2008. Au Congrès, M. Bush est confronté à l’offensive de ceux qui veulent cesser de financer la guerre. Les commissions parlementaires, désormais aux mains des démocrates, multiplient les auditions sur la politique de sécurité, pendant lesquelles les élus républicains ne sont pas les plus timorés pour soumettre les représentants de l’administration à la question.

A la faveur d’une de ces auditions, on a appris, fin avril, que le Pentagone avait poussé la propagande jusqu’à inventer des exploits militaires : ceux du caporal Pat Tillman, ex-star de football "tombé en héros au combat" en Afghanistan, et en réalité victime accidentelle de tirs de son unité, et ceux de la soldate Jessica Lynch, dont le sauvetage à Nassiryah avait tenu l’Amérique en haleine en 2003. C’est aussi devant une commission du Congrès que Valerie Plame, l’agente de la CIA qui a payé de sa carrière un article de son mari dans le New York Times contraire à la ligne officielle, a témoigné. Omniprésente, la guerre en Irak est devenue une guerre entre le président et la majorité démocrate.

M. Bush est d’autant plus sur la défensive que la plupart des partisans du néoconservatisme, qui a servi de fondement idéologique à l’intervention en Irak, soit ont quitté l’administration (Paul Wolfowitz, Douglas Feith), soit ont renié leur discours (Francis Fukuyama), soit se livrent, toute honte bue, à des critiques féroces de la manière dont les choses ont été menées (Richard Perle). Le vice-président Richard Cheney, autrefois tout-puissant, est affaibli, notamment par la condamnation de son ancien directeur de cabinet, Lewis Libby, pour le rôle qu’il a joué pour discréditer des opposants à la guerre d’Irak. L’ambassadeur à l’ONU John Bolton a été rappelé. Le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, a été sacrifié après la débâcle électorale de 2006, et son successeur, Robert Gates, ne saurait marquer assez sa différence. M. Gates a demandé au Congrès de l’aider à trouver une solution qui permettrait de fermer la prison de Guantanamo, et, confronté à son premier scandale avec l’affaire du traitement peu glorieux des blessés de guerre dans les hôpitaux militaires, a aussitôt sanctionné les responsables, ce que M. Rumsfeld avait refusé de faire après le désastre d’Abou Ghraib.

Avec le zèle des convertis, l’ancien patron de la CIA, George Tenet, vient de dénoncer dans un livre cinglant l’aveuglement de l’équipe au pouvoir autour de M. Cheney au moment où elle a pris la décision d’envahir l’Irak, sans même avoir ouvert "un débat sérieux" sur la menace que représentait Saddam Hussein.

REMISE EN QUESTION VIRULENTE

C’est sans doute sur les justifications de l’intervention en Irak que la remise en question est la plus virulente, et ce n’est pas un hasard si dans la presse le rétablissement de la vérité prend parfois les accents de la vengeance. Le "quatrième pouvoir", qui avait fait tomber Richard Nixon, s’est laissé manipuler pendant l’invasion de l’Irak. Humiliés, les médias veulent à présent reconquérir leur crédibilité. Quelques beaux "scoops", sur les prisons secrètes de la CIA ou sur le scandale des hôpitaux militaires, vont dans ce sens : l’investigation reprend ses lettres de noblesse. Des livres racontent enfin la grande mystification des armes de destruction massive. D’autres symboles sont attaqués. Il n’est plus tabou, depuis que Tony Blair a ostensiblement abandonné la terminologie de "guerre contre la terreur", d’en critiquer le concept. L’arsenal juridique mis en place après le 11-Septembre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et ses effets sur les libertés individuelles sont à leur tour contestés. Au cours d’un débat organisé à Bruxelles fin avril par le centre de recherche américain German Marshall Fund, le juge à la Cour suprême Stephen Breyer, autrefois très discret, a publiquement fait état de son désaccord avec M. Bush sur la question des libertés individuelles. "Nous devrions avoir une loi très stricte pour protéger les libertés publiques", a-t-il dit.

Lors du même débat, le principal auteur du Patriot Act, le juriste Viet Dinh, aujourd’hui professeur à l’université Georgetown à Washington, a reconnu que "le niveau d’acceptation du public à l’égard des mesures et restrictions" imposées par la lutte antiterroriste "diminuait". "C’est là, a-t-il ajouté, qu’il faut commencer à penser à des règles pour le long terme." L’attorney général Alberto Gonzales, qui a joué un rôle crucial dans la justification juridique de la torture et de la détention sans procès des "combattants ennemis", est lui aussi sur la sellette, pour une affaire extérieure à la lutte antiterroriste, mais dans laquelle la volonté de revanche de l’opposition est évidente.

Seule Condoleezza Rice, pourtant au coeur des décisions en 2003, a pour l’instant échappé à la curée, mais à quel prix ! En dialoguant désormais avec des représentants de l’"axe du Mal", comme les Syriens, en abandonnant toute prétention "démocratisatrice" en Egypte ou en tentant un forcing diplomatique au Proche-Orient, la secrétaire d’Etat a, elle aussi, renversé la vapeur. Au train où vont les choses, cela ne la protégera peut-être pas très longtemps.


 

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES

| LE GUIDE-ANNUAIRE | Commande | Commande express sécurisée | Documentation| Présentation | SOMMAIRE |
| Le nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation ? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme scolaire et "éducation alternative" | Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le lycée "expérimental" de Saint-Nazaire | Le collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
| Colloque Freinet à ... Londres | Des écoles publiques "expérimentales" |
| 68 - 98 : les 30 P-l-eureuses | Et l'horreur éducative ? |