alternatives éducatives : des écoles, collèges et lycées différents
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I Obligation scolaire et liberté I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop ! I Des collèges et des lycées différents I
 

D.E.C.L.I.C. :
LA "FOIRE AUX QUESTIONS"

1. Pourquoi voulez-vous faire un établissement différent alors que beaucoup  d'enseignants font déjà un travail remarquable? (je suis moi-même ici à titre de parent  mais par ailleurs je suis enseignant, etc....)
 Parce que nous savons que beaucoup de ces enseignants, isolés, s'épuisent.
Et les enfants aussi, par manque de cohérence.
Nous pensons qu'aujourd'hui, un collège, un lycée, ne peuvent plus fonctionner comme il y a
30, 20 ou même 10 ans : chaque prof seul maître dans sa classe pour le programme, les
notes, la discipline; et tout le reste ne le concernant pas.
Un établissement accueillant chaque jour plusieurs centaines d'adolescents ne peut
fonctionner comme une administration ... ni comme un self-service. Pour que ce lieu reste
humain, civilisé (non soumis à la violence sous toutes ses formes), et ..."efficace" (en terme
d'enseignement - le savoir-, comme en terme d'éducation -le savoir-être et le savoir-faire),
une véritable co-responsabilité du lieu n'est même plus un choix,
c'est devenu une obligation !

2. DECLIC sera-t-il sectorisé?
  Comme l'est, en principe, tout établissement public. Tout le monde sait ce qu'il en est
en réalité.

3. Les dérogataires seront choisis sur quels critères? -
La sectorisation sera-t-elle appliquée à la lettre ?
 Nous ne souhaitons pas créer un "cocon" pour familles privilégiées, ni un lieu de
"dernière chance". Notre "expérience" doit être rapidement évaluée et reproductible. Mais
pourquoi des enfants ayant déjà connu et apprécié ce type de pédagogie dans le primaire ne
pourraient-ils continuer leurs scolarité de la même façon ?

4. Que ferez-vous avec les enfants en grande difficulté (scolaire et personnelle) ?
 Certainement pas de miracles en 3 mois ! Il faut du temps pour redonner confiance à
un enfant, et la coordination de divers intervenants dans et hors l'école. C'est pourquoi nous
ne pouvons accepter d'être un "lieu de passage" provisoire pour enfants insupportables
ailleurs, qu'on nous chargerait de remettre "en marche" le plus vite possible ... pour les
renvoyer au front à peine remis sur pieds !

5. Respecterez-vous les programmes?
  Bien sûr, mais pas forcément dans l'esprit "chef de gare", avec tout le monde dans le
même wagon, même vitesse, même destination. Au-delà des apparences, on sait bien ce
qu'il en est. Il y a des objectifs à atteindre, des échéances à se fixer, au cas par cas, dans un
dialogue permanent entre un enfant/ado, ses parents et l'équipe de profs et intervenants.
Sans panique.

6. Y aura-t-il des notes?
 Au jour le jour : non. Elles ne servent qu'à entretenir une compétition sans intérêt, et ne
reflètent pas toujours la réalité. On peut apprendre par coeur et oublier très vite, on peut
tricher... Nous leur préférons une auto-évaluation permanente, comme cela se fait depuis
des décennies dans les classes Freinet.

7. En quoi l'auto-évaluation est-elle préférable?
 Elle responsabilise le principal intéressé : l'élève. C'est important de savoir au fond de
soi, "pour de vrai", où on en est dans tel ou tel secteur. Mais pour rassurer tout le monde, et
parce que les examens fonctionnent avec des notes, on pourra tout-à-fait, à intervalles
réguliers, jouer à l'épicière : un sou est un sou et un point c'est un point....

8. Quels but visent les temps consacrés aux échanges de savoir?
 A ancrer l'idée, la conviction, que personne n'est "nul-le", que chacun-e sait, sait faire,
connaît, quelque chose que d'autres ne connaissent pas et qu'il-elle est capable de leur
apprendre ... en échange du même service. D'ailleurs, les enfants et ados le font en
permanence, spontanément. Il y eut même, en France, avant 1870, des "écoles mutuelles"
grâce auxquelles, à Paris, 80% des ouvriers savaient lire et écrire ! Apprendre est naturel
chez l'enfant. Echanger, aussi.

9. Qu'est-ce que les meilleurs peuvent en attendre?
 Les "meilleurs" sont ceux-celles qui sont les plus curieux, qui savent qu'ils ne savent
finalement pas grand'chose, qui veulent toujours en savoir plus. N'est-ce pas le propre de
l'être humain ? De l'homo sapiens-(sapiens ... pas grand'chose!).

10. Comment pensez-vous amener les jeunes à s'intéresser à la vie du collège en plus de leur travail?
 D'abord, par l'exemple, évidemment. Si un enfant/ado voit un adulte entreprendre
quelque chose (cuisine, balayage, rangement...), il est extrêmement rare qu'il ne lui dise pas
"Je peux t'aider ?". Et réciproquement, n'est-ce pas ?
Ensuite, par des règles posées dès la première heure ... et rediscutées chaque jour, chaque
semaine, parce que rien ne va de soi, tout seul, sans heurts ni conflits, et que l'éducation ,
c'est cela !

11. La gestion en commun du collège ne risque-t-elle pas de les éloigner de l'essentiel : le  programme?
 Le programme inclut ... l'instruction civique. Celle-ci ne peut pas se faire au cours
d'une "semaine citoyenne", ni par un simple catéchisme de questions-réponses, mais par la
pratique quotidienne. Les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain qui auront à gérer
... la  société.

12. Seront-ils correctement préparés aux examens?
 Comme des bêtes à concours ? Sûrement pas ! Il y a des établissements, publics et
privés, spécialisés dans ce genre d'élevage. Consulter le hit-parade annuel.
Mais nous pensons, comme cela se fait à Saint-Nazaire (lycée seulement) ou à Caen
(collège-lycée), en partant d'une classe "normale" de 6° arriver - au moins - aux mêmes
résultats que les établissements du secteur. Mais avec une autre "qualité de vie". A condition
que notre projet ne soit pas défiguré dès le démarrage, ou mutilé en cours de route.

13. Pourra-t-on tutoyer les profs ?
 Pourquoi pas ? C'est à voir au cas par cas. Le tutoiement réciproque est plutôt naturel
entre des personnes se côtoyant tous les jours. Il n'implique à lui seul ni laxisme, ni
familiarité excessive ... ni fraternité systématique ! Ce n'est qu'un détail.

14. Est-ce que l'on pourra leur parler ?
 La pédagogie Freinet est quasi synonyme de dialogue, d'échanges permanents,
d'expression sous toutes ses formes. Le mot "silence" ne sera pas la règle du lieu, mais
pour que chacun puisse parler, il faut savoir parfois se taire. La parole est naturelle; elle peut
être aussi un redoutable outil de pouvoir, de manipulation .. de la part d'enfants,
d'adolescents, comme d'adultes. Apprendre à s'exprimer en public, à faire une proposition, à
défendre une idée, à trouver un accord, même pour de petits détails, cela s'apprend ...
même si ça n'est pas vraiment "au programme".

15. Comment gérerez-vous les conflits ?
 Par la parole, justement, plutôt  que par les coups, les notes ou les sanctions. Et plutôt
que d'attendre l'explosion en laissant pourrir une situation, en laissant s'accumuler les griefs,
les rancunes, le mieux est d'en parler

16. Mais pourquoi vous n'ouvrez pas alors que vous prétendez avoir l'appui du Ministre ?
 L'E.N. est une giga-administration, un état dans l'Etat, qui reste en place quel que soit
le ministre. Dans notre cas, le rectorat et l'inspection d'académie ont rivalisé jusqu'ici de
mauvaise volonté, en prétextant l'hostilité des syndicats, et les contraintes de la carte
scolaire.

17. Que peut-on faire pour vous aider ?
 Puisque nous sommes en démocratie, et que chaque jour qui passe voit s'aggraver la
"crise" de l'école, il est nécessaire qu'après information et réflexion, des parents, des
enseignants, et des adolescents prennent l'initiative de proposer ce qui leur semble
préférable, dans leur intérêt, et dans l'intérêt de tous.

18. Je ne comprends pas de qui dépend la décision ?
 D'un peu tout le monde !

19. Quand saurons-nous si vous ouvrirez à la prochaine rentrée ?
 Pour une ouverture, des professeurs doivent être détachés de leur poste d'origine. Il
avait été convenu qu'ils le seraient deux à 3 mois avant pour permettre une concertation sur
le terrain local avec les différents partenaires. Pour ouvrir en sept. 99, le feu vert devrait
donc être donné à Pâques.

20. L'équipe est-elle solide ?
 Il ne s'agit pas d'une secte marchant du même pas ... mais d'enseignants dont la
plupart sont membres actifs du mouvement Freinet, favorables à une autre conception et
une autre pratique du métier : travail en équipe, interdisciplinarité, dialogues, échanges et
concertation tous azimuths. Ils sont évidemment encore dispersés sur leurs postes
d'affectation actuels. L'équipe cessera d'être virtuelle à partir des détachements.

21. Quelle langue y aura-t-il ? (parce que mon enfant à pris esperanto en première langue
et il est impératif qu'il puisse continuer? et faire Russe option Breton),
quel prof va lui enseigner ces langues ?
 Rien n'est encore arrêté, mais il s'agira probablement des langues les plus courantes
(anglais, espagnol, allemand...), et cela dépendra aussi du nombre d'enseignants (donc du
nombre de classes ouvertes). Pour des langues plus rares (y compris langues maternelles!),
rien n'interdit d'imaginer des solutions complémentaires (ateliers avec intervenants, par
exemple). L'Ile de France est riche de possibilités.

22. Mais combien y aura-t-il d'élèves et de profs pour commencer ? Et l'année d'après ?
Et quelles classes ? Et MON ENFANT ?
 Nous souhaitons, au moins, l'ouverture de la 6° à la 3°. Pour permettre un brassage
des âges et des niveaux, disposer d'une équipe complète (sans trop de demi-postes), et
pour avoir l'assurance que les 6° pourront faire un cycle complet, avec l'ajout progressif des
classes lycées, par exemple.

23. Pensez-vous qu'ils pourront se réadapter au système classique ? Ne va-t-on pas les
marginaliser ?
 Lorsqu'on a acquis la conviction qu'on n'est pas "nul-le", on peut supporter beaucoup
de choses. Et si les choses se passent bien, pourquoi vouloir à tout prix remettre un enfant
dans un milieu où il se sent mal ? Pour faire «comme tout le monde» ? Pour qu'il-elle en
bave autant qu'on en a bavé ?

24. Quel sera le lieu du collège ?
 Une carte scolaire plus ou moins rigide détermine les zones où l'administration
reconnaît un manque de places. Mais il existe aussi un nombre considérable
d'établissements surchargés. Comment peut-on imaginer qu'en rassemblant 800, 1000, ou
1200 adolescents tenus passifs dans un lieu clos, les choses puissent se passer sans
tension ni violence ?! Créer des établissements à taille humaine ne reviendrait pas plus cher,
même à court terme. Aux parents-citoyens-contribuables de le faire savoir !

25. Ne croyez-vous pas que s'il n'existe pas d'expérience Freinet dans le secondaire c'est justement parce que cette pédagogie ne convient pas à des adolescents ? Si des enfants de primaire peuvent jouer le jeu, il me semble utopique de croire que les adolescents vous suivront, surtout ceux en difficulté scolaire.
 Les adolescents ont autant, sinon plus que les enfants, le besoin de parler, de
coopérer, d'entreprendre ! Mais à un autre rythme, sous d'autres formes ... et avec des
enseignants-éducateurs formés à la psychologie de cette tranche d'âge.
Il est évident qu'après avoir été infantilisés, mis à l'écart, méprisés des années durant, des
adolescents "en échec" ne vont pas du jour au lendemain redevenir "actifs" par
enchantement. C'est pourquoi nous souhaitons notamment assurer une continuité avec des
enfants sortant de classes primaires "innovantes", ou plus ordinaires : quand l'énergie, la
curiosité naturelles n'ont pas encore été étouffées par des méthodes archaïques.

26. Je sais un peu ce qui se passe à Decroly et il semble que l'inspecteur de l'EN ait obligé la structure à être de moins en moins différente du classique, comment pensez-vous résister à cette pression dont vous serez probablement victime également ?
 C'est une tendance naturelle qui guette toutes les expériences un tant soit peu
innovantes. Rien n'est définitivement acquis, tout dépend de la vigilance des enseignants et
des parents. En pédagogie comme en politique, il existe bien des partisans d'un retour à
l'Ancien Régime ....

Quelle obligation de présence dans l'établissement ?
 S'agissant d'élèves de moins de 16 ans, et donc soumis à l'obligation scolaire, il ne
peut être question de "libre fréquentation" comme cela peut s'envisager dans des classes
terminales ... avec des élèves majeurs. Mais "dans l'établissement" ne signifie pas
forcément "dans l'ennui et la passivité" : on vient avec plaisir là où on se sent respecté-e
comme individu, là où l'on peut être actif, partie prenante, et décidante, de ce qui s'y passe.
Cela ne signifie pas forcément non plus "dans les murs". on peut sortir pour une après-midi,
une journée, ou plusieurs jours ou semaines (classes transplantées, séjours linguistiques...).

Le groupe qui a pour tâche le ménage peut-il réellement travailler en même temps ?
 Il ne s'agit pas de quelques élèves transformés en agents de service et dégagés de
toute occupation scolaire ! Une grande partie du "ménage" peut être d'ailleurs permanente :
en passant quelques minutes à nettoyer une salle après un cours ou une activité ... plutôt
que de tout laisser en désordre en attendant que "quelqu'un" vienne faire le ménage !

Quelle sera la place des parents ?
 Il est nécessaire qu'ils adhèrent en toute connaissance de cause au projet, qu'ils en
soient partie prenante, chacun-e selon ses compétences, ses disponibilités et en accord
avec l'équipe enseignante qui reste "maître d'oeuvre". Il faut trouver un juste équilibre entre
une présence envahissante, "inquisitoriale"(qui peut aussi gêner des adolescents-e-s), et
une mise à l'écart constante sauf sur convocation comme cela se pratique trop souvent.

Vous allez piquer des moyens aux établissements voisins...
 Il n'en est pas question. Ce serait le meilleur moyen de nous déconsidérer. Nous
demandons les mêmes moyens que n'importe quel établissement. Les lycées
"expérimentaux" nés en 1982 prouvent qu'en les utilisant différemment (avec l'accord de
l'administration !), on peut imaginer un autre fonctionnement... et d'aussi bons résultats

Comment vous situez-vous par rapport à Allègre et/ou Meirieu ?
 M. Allègre est l'actuel ministre de l'E.N. Il a accueilli favorablement notre projet ... tout
comme M. Bayrou l'avait déja fait pour le projet de G. Cohn-Bendit en 96 : en disant "Je ne
suis que ministre !". Le prochain ministre, quel qu'il soit, aura les mêmes problèmes à traiter,
aggravés.
Quant à Ph. Meirieu, nul ne peut mettre en doute son attachement à l'école publique et aux
valeurs républicaines. Il nous a conseillé, soutenu ... jusqu'au blocage  - sous forme de la
"proposition"-piège de l'intégration au collège De Geyter de St-Denis, imaginée par le
rectorat.
Nous devons relancer rapidement l'un et l'autre, et tous les étages du "mammouth".
Après deux ans de préparation, de négociations foireuses, nous pouvons-devons changer de
ton :
- par une question écrite posée récemment au ministre par un député (réponse attendue au
J.O.)
- par une pétition, qui n'aura d'impact que si elle est signée non seulement par des gens
connus, mais par le maximum de parents, de citoyens, de contribuables ... et d'électeurs
(élections en juin!).

Vous allez faire un lycée "light" !
 Si "light" est le contraire de "lourd", pourquoi pas ? Si "light" signifie aussi "lumière",
oui.
Nous voulons un collège-lycée "démilitarisé" (les réponses au questionnaire Meirieu ne
demandent rien d'autre !). Le temps de la préparation militaire en vigueur dans les lycées
napoléoniens, ou à l'époque des guerres coloniales de Jules Ferry, est révolu.
Encore une fois, on ne peut vouloir tout et son contraire. Si l'on veut préparer sa progéniture
à la guerre (sociale, économique...), le choix d'établissements est large. Si l'on ne veut faire
de ses enfants ni des moutons ni des loups, il est temps de passer des rêves et des slogans
à la réalité.
A qui cela pourrait-il faire du tort ?
 
 


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