alternatives éducatives : des écoles différentes
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LETTRE OUVERTE
AVANT FERMETURE


Que gagne-t-on à supprimer tant de classes quand plus tard,
dans un centre éducatif fermé,
il faut 24 adultes pour 8 jeunes délinquants ?
 

 
En janvier 2004, la 5ème, chaîne éducative, a diffusé un documentaire fort intéressant sur l’anaconda du Venezuela. Ce titanesque animal nous fut présenté comme l’un des plus gros reptiles de la planète. Pourtant, il se pourrait qu’il souffre d’une inhabituelle concurrence venue de Haute-Normandie. En effet, il se trouve dans cette région un spécimen rarissime de couleuvre dont l’énormité rend difficile l’absorption même par gavage.

Mais de quelle couleuvre s’agit-il ? Tout simplement de celle que l’Education Nationale voudrait nous faire avaler en supprimant à nouveau et au minimum 33 classes dans notre Académie en réponse à une... hausse exceptionnelle de 607 écoliers !

Il faut savoir que tout en manquant totalement de structures et de personnels d’accueil pour les enfants de 2 ans, de places pour ceux de 3 ans, de remplaçants, de psychologues scolaires, d’enseignants spécialisés, d’orthophonistes ou encore de directeurs, notre Académie serait... excédentaire ! Difficile de faire toujours plus (brevets d’informatique, de natation, de prévention routière, langues étrangères, accueil d’enfants handicapés, éradication de l’illettrisme, projets personnalisés pour élèves en difficulté...) avec toujours moins (disparition des aides éducateurs et déjà 77 postes supprimés l’an dernier) dans un contexte aussi morose (chômage, retraite, pauvreté, précarité, exclusion...).

Pour en arriver à une telle aberration, le processus en place consiste à faire se comparer les Académies entre elles, en procédant à un nivellement par le bas. Mais à l’heure de l’ouverture européenne, ce n’est plus à d’autres régions que l’on nous comparera demain mais à la Lituanie, Chypre ou la Pologne. Et le bulldozer de la mondialisation, qui roule à tombeau ouvert en défonçant profondément les routes de l’égalité, essaiera bientôt de nous aligner sur le Zimbabwe ou le Nicaragua. Comme dirait l’autre, c’est abracadabrantesque !

Ceux qui croient qu’on ne fait rien à l’école, parce qu’eux-mêmes n’y ont pas fichu grand chose, hurleront une fois encore que l’Education coûte trop cher. Quelle ignorance ! Que gagne-t-on à supprimer tant de classes quand plus tard, dans un centre éducatif fermé, il faut 24 adultes pour 8 jeunes délinquants ? Comment l’Education peut-elle être indolore à notre budget quand elle vise la qualité et l’efficacité pour les 14 millions de jeunes qu’elle reçoit chaque jour ? Contrairement à ce que préconisait Victor Hugo, on préfère actuellement l’ouverture de prisons à celle d’écoles...

Mais en démocratie posons la question : à qui profitent ces fermetures de classes et cette obsession maladive du moindre coût ? Ni à nos élèves, ni aux parents, ni aux enseignants, ni aux apprentissages. Tout le monde sait que pour assurer sa réélection, l’actuel locataire de l’Elysée a promis d’inquiétantes et inutiles baisses d’impôts à ceux qui en avaient le moins besoin. Tenant pour une fois ses engagements (ah, la fracture sociale !), il contraint l’Etat à se désengager, en allant jusqu’à menacer comme jamais la pérennité de nos Services Publics. Quand ceux-ci auront pourri sur pied et que les dysfonctionnements qui en découlent feront suffisamment de mécontents, ce sera une formalité d’ouvrir à la concurrence ou de privatiser ce qui était pourtant un formidable outil d’espoir et d’égalité.

Juste avant de sombrer, on raconte que l’orchestre du Titanic jouait encore. Nous aussi, dans les écoles, prenons l’eau de toute part, mais nous sommes officiellement invités à jouer notre petite partition à l’aide de l’instrument qui s’impose : le pipeau ! Les charmeurs de serpents apprécieront. Mais le libéralisme rampant est sourd, aveugle et affamé. Si sa langue fourchue est bien pendue, le reste mériterait de l’être aussi. Parce que c’est sa nature profonde, le serpent de mer du capitalisme rêve de tous nous avaler, nous les si nécessaires mais parfois peu rentables acteurs de l’Education, de la Justice, de la Santé, de la Recherche, ou de la Culture.

Alors, que chacun prenne conscience que solidaires et en lutte, nous resterons aussi essentiels qu’indigestes.

Sylvain Grandserre
Maître d’Ecole dans le Pays de Bray

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