La déforestation de la
planète prend des proportions alarmantes
Le Monde - 25.05.05
28 hectares détruits chaque minute Milieu de vie : 90 % de la population pauvre, soit 1,5 milliard de personnes, dépendent totalement ou partiellement des forêts pour vivre. Développement durable : la déforestation avance à raison de 28 hectares de coupes par minute. 30 % à 40 % de la surface des terres dans le monde. Les forêts agissent comme réserves pour 46 % du carbone terrestre et absorbent le dioxyde de carbone qui nourrit l'effet de serre. La destruction des forêts est responsable de la perte de 2 % à 5% de la biodiversité par décennie. On estime qu'environ 137 espèces disparaissent chaque jour dans le monde du fait de la déforestation tropicale. Economie : Le commerce global des produits du bois s'élève à 130 milliards de dollars. Les coupes illégales font perdre 15 milliards de dollars aux pays du Sud chaque année. 47 millions d'emplois sont fournis par l'industrie du bois de la forêt.L'investissement privé est sept fois supérieur à l'aide publique qui y est consacrée. "Les forêts à haute valeur écologique et économique
comme les forêts boréales de l'extrême orient russe,
celles des basses terres de Sumatra, les forêts tropicales d'Amazonie
et du Congo sont en train de disparaître sous l'effet d'abattages
sauvages et des coupes illégales ou peu réglementés
ainsi que du défrichage agricole" , affirme le directeur général
du WWF, Claude Martin. Les chiffres sont là : 280 000 m2 de forêts
disparaissent chaque minute. L'idée de l'Alliance est d'étendre
les zones protégées et d'améliorer la gestion des
sites pour réduire le rythme de déforestation de 10 % d'ici
à 2010. Avec pour ultime objectif, la définition de règles
du jeu communes suffisamment claires pour préserver le patrimoine
forestier
L'or vert, d'Amazonie, d'Indonésie ou d'Afrique est exploité,
ou plutôt surexploité, de façon anarchique depuis des
années. Et l'existence de zones protégées 500
000 km2, soit la surface de la France, ont été créés
en 8 ans grâce aux financements de l'Alliance n'est pas un
garde-fou suffisant.
La mauvaise gouvernance, la concurrence sauvage, les luttes de pouvoirs
et une vision économique à court terme ralentissent les progrès.
Surtout, la carte économique mondiale est en train de changer avec
l'émergence de grandes puissances du sud, comme l'Inde et la Chine,
très consommatrices de bois et dont il faut tenir compte dans la
stratégie globale. Le marché chinois pour le bois industriel,
la pâte et le papier est le deuxième du monde après
les Etats-Unis. Une étude du WWF publiée en 2004 a fait apparaître
que les plantations et les forêts chinoises avaient produit environ
79 millions de m3 de bois à usage industriel en 2003, soit moins
de la moitié des 173 millions consommés par les industries
du pays.
INDUSTRIE PARALLÈLE Selon le WWF, la Chine continuera à connaître un sérieux
déficit dans ce domaine au cours des prochaines décennies,
et devra mettre le turbo dans ses importations. Cette demande risque de
stimuler le développement d'entreprises d'abattage forestier dans
des régions frontalières sans
Dangereuse pour l'environnement, la biodiversité, le climat, la déforestation a non seulement un impact négatif sur les populations rurales mais touche les populations urbaines qui dépendent des forêts pour l'approvisionnement en eau potable. Selon le WWF, c'est le cas de plus d'un tiers des 105 plus grandes villes du monde y compris New York, Djakarta, Tokyo, Mumbai, Rio de Janeiro, Los Angeles, Barcelone, Nairobi et Melbourne. La mise en garde lancée à New York par la Banque mondiale
et le WWF rappelle à la communauté internationale qu'il faut
agir vite. La préservation de l'environnement, et donc de la forêt,
est un des huit objectifs du Millénaire, lancé en 2000 par
les Nations unies. Les études de la Banque mondiale évaluent
à 15 milliards de dollars le manque à gagner que les débitages
illégaux font perdre aux budgets des pays en développement.
"Cet
argent pourrait servir aux gouvernements des pays pauvres pour améliorer
les services sociaux et la santé. Ces pratiques doivent cesser"
,
dit Ian Johnson, le vice-président de la Banque mondiale.
Babette Stern
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