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Les parents d'élèves toujours à la recherche 
d'une place à l'école
Le Monde - 29.05.04
Affirmer leur place au sein de la communauté éducative, en particulier au collège et au lycée : c'est le mot d'ordre des fédérations de parents d'élèves, qui tiennent leurs congrès en mai et juin. La principale d'entre elles, la FCPE se réunit du 29 au 31 mai à Nantes, après la PEEP et avant l'Unapel. Derrière leurs divergences idéologiques, les représentants de parents sont unanimes pour regretter leur marginalisation dans l'institution scolaire. "Les parents ne sont pas désintéressés, ils sont découragés", juge un chercheur. Le pouvoir des enseignants s'est trouvé renforcé par la réforme des conseils de discipline de 2003 et François Fillon souhaite affirmer leur autorité dans les décisions de redoublement. 

Parents-enseignants : un drôle de couple au service des mêmes enfants. Les congrès des principales fédérations de parents d'élèves qui occupent le mois de mai et juin sont l'occasion, pour elles, une fois de plus, de revendiquer une vraie place dans l'école, et plus encore dans les collèges et lycées. 

Les intitulés sont éloquents. La FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves), qui tient son congrès du 29 au 31 mai à Nantes, s'est donné pour thème : "Quels savoirs et quelles compétences faire acquérir à tous les jeunes durant la scolarité obligatoire ?" Elle empiète sciemment sur le terrain pédagogique et les programmes, que les enseignants considèrent comme leur chasse gardée. 
La PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public), qui a réuni ses adhérents du 20 au 22 mai à Giens (Var), a réfléchi autour du slogan : "Une école pour tous, la réussite pour chacun." Tous et chacun, c'est l'équipe éducative, l'élève et les parents. 
Enfin l'Unapel (Union nationale des associations de parents d'élèves de l'enseignement libre) centre son congrès, qui se tiendra à Toulouse du 4 au 6 juin, sur "la note apprivoisée, l'évaluation à l'école". Là encore, les prérogatives des enseignants sont mises en cause : au-delà des notes, l'institution scolaire doit évaluer le comportement de l'élève, en faisant participer à cet exercice la vision de la famille.

Derrière leurs divergences idéologiques, les représentants des parents d'élèves sont unanimes : l'institution scolaire n'a pas su leur faire une place. Ils s'y sentent marginalisés, voire indésirables. De leur côté, une partie des enseignants se plaignent des parents, qu'ils accusent d'être tantôt "démissionnaires", tantôt "consuméristes".
"Il subsiste chez beaucoup de collègues des formes de réticences à l'égard des parents : "De quoi se mêlent-ils ?", se demandent-ils. L'enseignant se sent plus ou moins agressé", déplore Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du SGEN-CFDT, deuxième fédération enseignante. "Les enseignants sentent bien qu'ils ont besoin des parents. Ils voudraient que ceux-ci s'impliquent plus. Mais quand c'est le cas, ils leur reprochent de trop s'impliquer", reconnaît Denis Paget, secrétaire général du SNES, principal syndicat enseignant du secondaire.

Les parents ne manquent pas d'anecdotes, qui illustrent le manque de communication. "Parfois, c'est une petite guerre au quotidien. On oublie de mettre des tableaux d'affichage pour les parents d'élèves alors que c'est obligatoire", raconte Josette Daniel, présidente de la PEEP, qui évoque les "difficultés des parents, malgré les lois et les circulaires diverses, à être considérés comme des partenaires effectifs et légitimes dans les établissements scolaires."

Georges Dupon-Lahitte, son homologue de la FCPE, ne dit pas autre chose : "Jusqu'à une circulaire de mai 2001, les parents étaient considérés comme des mineurs puisqu'ils devaient soumettre à l'imprimatur des chefs d'établissement tous leurs comptes rendus. Aujourd'hui, il arrive encore que certains chefs d'établissement veuillent contrôler, censurer nos écrits. Et nous les renvoient même soulignés de rouge là où il y a une faute d'orthographe..."

Des représentants de parents d'élèves se plaignent d'être mis devant le fait accompli. "Au conseil d'administration de printemps, on nous a annoncé l'élaboration, pour la rentrée 2004, du règlement intérieur. Un projet largement finalisé nous a été soumis au conseil suivant sans qu'entre-temps nous ayons été consultés sur son contenu. Je trouve ça déplorable", raconte Lucia. Cette déléguée FCPE dans un lycée parisien poursuit : "Lorsqu'on participe aux conseils de discipline, c'est déjà trop tard. La décision d'exclure l'enfant est prise. Il faudrait organiser un conseil de mise en garde avec les parents."
Et encore, Lucia fait partie des parents militants pour qui l'école n'est pas un milieu totalement étranger. Les familles populaires et immigrées, qui, souvent, n'ont pas fréquenté longtemps l'école, et parfois maîtrisent mal la langue, ont encore plus de difficultés. Zoubita, française d'origine algérienne, raconte : "Les parents qui ne savent pas lire et écrire sont très timides, ils n'osent pas aller chercher le bulletin scolaire de leurs enfants et envoient les aînés." Avec son CAP de couture, elle assure pour sa part qu'"elle n'aura pas honte d'aller voir les professeurs en cas de problème".

Quinze ans après la loi d'orientation de 1989, les relations entre les parents et les enseignants ne se sont guère améliorées. A l'époque, pourtant, Lionel Jospin, alors ministre de l'éducation nationale, avait renforcé les droits des parents, qui devenaient "membres de la communauté éducative". "Leur participation à la vie scolaire et le dialogue avec les enseignants et les autres personnels sont assurés dans chaque école et dans chaque établissement", affirmait le texte. Pour autant, aujourd'hui, les enseignants ne sont toujours pas formés aux relations avec les parents. Seul l'IUFM de Créteil (Val-de-Marne) dispense aux futurs professeurs un enseignement solide en la matière.

UNE SEULE RÉUNION PAR AN
Qui plus est, les textes n'ont pas institué de relations régulières entre les parents - et pas seulement leurs représentants - et les enseignants. "Dans les collèges et les lycées, il y a une réunion de parents d'élèves par an. C'est beaucoup trop peu. Il devrait y en avoir une par trimestre. L'enseignant se sentirait moins agressé", estime Jean-Luc Villeneuve.
La tendance des derniers mois ne va en tout cas pas dans ce sens. Luc Ferry, en octobre 2003, alors ministre de l'éducation, a entrepris de réformer les conseils de discipline pour donner plus de pouvoir aux équipes éducatives, aux dépens des parents. Tout récemment, dans un entretien au Monde du 27 mai, son successeur, François Fillon, a déclaré réfléchir à une réforme du redoublement, qui elle aussi renforcerait le rôle des enseignants. Ces évolutions satisfont principalement le SNES, de loin le mieux implanté dans le second degré. "Le problème, ce n'est pas d'écarter les parents de l'école. Mais de rassurer les enseignants sur leur autorité. On fait tout pour la leur saborder", répond M. Paget.

Martine Laronche et Virginie Malingre




Contre la réforme du redoublement
Les deux fédérations de parents d'élèves de l'enseignement public - la FCPE, classée à gauche, et la PEEP, qui s'affirme apolitique - sont contre la proposition du ministre de l'éducation, François Fillon, de donner plus de pouvoir aux enseignants en matière de redoublement, aux dépens des parents. 

Le président de la FCPE, Georges Dupon-Lahitte, dénonce "un retour en arrière". Aujourd'hui, les parents peuvent s'opposer au redoublement de leur enfant en fin de cinquième et en fin de première. "François Fillon a une vision rétrograde de l'école, estime Georges Dupon-Lahitte. Il flatte les côtés les plus réactionnaires du monde enseignant au nom d'une autorité qui déciderait de l'avenir des jeunes. C'est une dénonciation de la loi de 1989, qui laisse mal présager de la volonté d'ouverture dont a fait état le ministre."

Josette Daniel, présidente de la PEEP, déplore que M. Fillon n'ait pas évoqué le sujet quand il a reçu les représentants de la PEEP. "En règle générale, le conseil de classe est tout à fait légitime dans ces décisions, considère-t-elle. Mais quand il y a un problème, il est normal que les parents aient leur mot à dire."
 

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