Demander « plus de moyens », « plus de postes »
ou « plus d'argent »,
sans s'interroger sur le fond du problème (soumission, culte
du travail, ennui),
revient tout simplement à donner de l'argent à ceux
qui se font un devoir
de nous dresser et de nous endormir chaque jour un peu plus.
débats imposés,
fatalisme, ennui …
C'EST CA LA JEUNESSE EN COLèRE ? Notre éducation, et avec elle la société qui la produit, est aujourd'hui une vaste entreprise de décervelage des individus. Nos vies y sont troquées et nos désirs muselés. Le ciselage de l'ennui en heures et en demies-journées, la voix des maîtres qu'on écoute sans réfléchir, la fabrication des cages que l'on traverse au fil des générations (familles, écoles, usines, hospices) dépendent de forces extérieures, vastes systèmes de hiérarchies bureaucratisées nourries à la résignation collective. L'école forme le « citoyen » de demain en l'habituant dès aujourd'hui à n'avoir pas d'emprise sur sa vie. Déjà, il est contrôlé, surveillé, fiché par le lycée. Déjà, on occupe ses journées par des heures de silence imposé. Déjà, il a des « devoirs » et le droit de bien les faire. Déjà, il apprend à donner sa voix aux spécialistes et aux gestionnaires qui savent bien mieux que lui comment organiser sa vie. (« c'est leur travail »). Peu à peu, chacun apprend et fait mine de s'approprier le chemin qu'on lui a choisi (ligne droite où l'Autre est, au mieux un allié, sinon un obstacle.) Les restants de révolte, s'il y en a, pourront venir mourir dans un bulletin de vote « contestataire » ou un quelconque défilé citoyen, et n'empêcheront pas le long formatage auquel on nous prépare. Pourtant, des failles s'ouvrent parfois. Les manifestations lycéennes
de ce dernier mois ont posé les fondements d'un changement possible
: sortir des bulles qui nous isolent et nous laissent seuls au milieu des
autres, dans les files d'attente, les métros, les immeubles. Sortir
des salles de classe où l'on apprend le silence, pour se rencontrer,
discuter, s'engueuler parfois et faire la fête. Inventer d'autres
mondes nécessite d'abord de sortir du notre. Les manifestations
lycéennes, et toute action légale ou illégale visant
à reprendre le contrôle de nos vies, sont autant de moyens
pour contourner le présent imposé et faire vivre nos désirs
sans attendre. Les professionnels du république-bastille (profs
et élèves zélés, adeptes de petites chansons
et de S.O. musclés) ne manqueront pas, pourtant, de nous rappeler
à l(eur) ordre à grands coups de « réalisme
» adulte, et s'obstineront à frapper la « réforme
Fillon » quand c'est toute la réalité qu'il s'agit
d'atteindre pour la bouleverser.
En réalité, la réforme Fillon ne fera que huiler
un mécanisme déjà bien rodé de reproduction
des inégalités sociales, et s'en étonner révèle
soit de l'aveuglement soit de la mauvaise foi. L'école, en s'attachant
à préparer l'enfant au monde qui l'attend, a toujours eut
pour rôle de fournir la main d'œuvre nécessaire au bon fonctionnement
de l'injustice sociale : les prolos feront des précaires, les patrons
feront des manageurs, et la (sur)vie suivra son cour…
Profs cravateux, militants austères, récupérateurs
de révolte en tout genre,
LA RUE EST A NOUS (si si si) > m a r d i 8 m a r s - 1 4 h - r é p u b l i q u e < Les lycéens s'émanciperont seuls ou ne s'émanciperont jamais. - récréation permanente - (groupe autonome lycéen de transgression active) |