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La taille des classes sans lien avec les résultats
Marie-Estelle PECH - Le Figaro - 14 09 05


Selon l'OCDE, le Japon et la Corée du Sud ont des salles surchargées ;
leurs performances éducatives sont pourtant meilleures que celles de la France
 

         Le nombre d'élèves par classe est toujours un sujet brûlant au moment de la rentrée scolaire en France. Associations de parents d'élèves et syndicats d'enseignants appellent de leurs vœux des classes à effectifs réduits. Pourtant, le rapport annuel de l'OCDE, “Regards sur l'éducation”, publié hier, jette un pavé dans la mare, affirmant que « l'impact de la taille des classes sur les résultats des élèves n'est pas concluant ».

         Dans les pays de l'OCDE, le nombre d'élèves par classe dans l'enseignement primaire est en moyenne de 22 élèves, avec d'importantes variations d'un pays à l'autre (l'étude porte sur 23 pays). Avec 23 élèves par classe dans le primaire, la France est légèrement au-dessus de cette moyenne. Mais la taille des classes varie du simple au double selon les pays. Ainsi, les petits Sud-Coréens sont 35 élèves dans le primaire, mais les jeunes Grecs, Islan­dais, Italiens, Luxembour­geois, Portugais et Suisses sont moins de 20 par classe.

         Dans le premier cycle du secondaire, la France se situe exactement dans la moyenne, avec 24 élèves par classe, mais, là encore, le chiffre va­rie selon les pays : de moins de 20 élèves au Danemark, en Islande et en Suisse, à 30 élèves ou plus au Mexique, au Japon et en Corée du Sud. Ces deux derniers pays, aux classes « surchargées », sont pourtant parmi ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats de l'enquête Pisa qui mesurait l'an dernier les performances scolaires des élèves de 15 ans en mathématiques. La France se situait quant à elle dans la moyenne...



Autre débat récurrent lors de la rentrée scolaire : 
la surcharge de travail des enfants. 

Les horaires des élèves français sont parmi les plus lourds de tous les pays de l'OCDE. 
Entre 7 et 14 ans, un écolier français reçoit en moyenne 7 500 heures d'instruction obligatoire, soit 2 000 heures de plus qu'un Finlandais.

Le Figaro - 14 09 05

 

         Pour les élèves âgés de 12 à 14 ans, la France se place, avec 1 032 heures par an, nettement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, qui est de 922 heures. Seuls la Grèce, l'Italie, le Mexique et les Pays-Bas chargent davantage leurs élèves.

         « Ce temps d'instruction prévu ne renseigne aucunement sur la qualité des offres d'enseignement, ni sur la quantité ou la qualité des moyens matériels ou humains mis en œuvre », observe l'enquête. D'autant plus que des heures de cours supplémentaires sont souvent prévues pour organiser du soutien scolaire ou étoffer un programme. « Par ailleurs, des heures peuvent être perdues en raison d'une pénurie d'enseignants pour remplacer les titulaires absents ou en raison de l'absentéisme des élèves eux-mêmes », rappelle l'OCDE.

         L'étude évoque le cas suédois, qui expérimente une méthode plus souple depuis 2001. Ce pays a décidé de supprimer les horaires obligatoires par matière dans 900 établissements pendant cinq ans. Ces derniers doivent toutefois suivre les programmes nationaux, dispenser le nombre total d'heures de cours prévu par la loi et veiller à ce que les contenus de l'enseignement soient équilibrés.

         Une première évaluation a révélé, dans cette modalité où l'organisation est plus souple, une « légère amélioration des résultats des élèves ». La proportion de ceux qui sont admis à entrer dans le deuxième cycle de l'enseignement secondaire a augmenté dans les établissements participant au projet, une augmentation « particulièrement favorable aux élèves d'origine étrangère ».

         La commission nationale chargée des emplois du temps scolaires doit soumettre, en 2005, ses recommandations au gouvernement suédois, qui décidera d'étendre ou non l'expérience.




2008 - Ecole primaire : travailler moins mais mieux ? "Chaque année scolaire, un enfant français travaillait 250 heures de plus que son homologue finlandais du même âge", a calculé Eric Charbonnier, de la direction de l'éducation de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Soit 15 % de plus que la moyenne européenne.

C'est la raison pour laquelle Xavier Darcos, le ministre de l'éducation, a décidé de réduire, dès la rentrée 2008, le temps de classe à l'école primaire de 26 à 24 heures, en affectant les deux heures libérées au soutien des élèves en difficulté (15 % des effectifs scolaires). La durée annuelle de classe passe donc de 936 heures à 864 heures théoriques (de 918 à 840 sans les jours fériés). Ce qui place dorénavant la France dans la moyenne horaire européenne.

La rentrée 2008 voit l'entrée en application, dans toutes les classes du primaire, de nouveaux programmes, axés sur le français et les mathématiques. Dans le cadre de la réforme de l'école primaire, les élèves de CM1 et de CM2 bénéficieront de stages de remise à niveau en français et en mathématiques pendant les vacances scolaires. Outre ce soutien, 4 000 écoles de l'éducation prioritaire vont mettre en place "l'accompagnement éducatif" après la classe. Une aide aux devoirs et aux leçons, ainsi que des activités sportives, artistiques ou culturelles seront proposées aux élèves volontaires à l'issue de leur journée de classe.

Enfin, entre en vigueur le "droit d'accueil", qui impose aux communes d'organiser l'accueil des élèves des écoles primaires quand la proportion d'enseignants grévistes d'une école dépasse 25 % de l'effectif.

CHRONOLOGIE

1894 : 1 338 heures de cours réparties sur 223 jours de classe, soit 30 heures sur cinq jours.

1922 : 1 260 heures sur 210 jours. Les vacances d'été passent de six à huit semaines.

1938 ET 1939 : 1 128 heures dans l'année réparties sur 188 jours de classe. Le Front populaire préfère donner deux semaines de vacances supplémentaires aux enseignants plutôt que l'augmentation de salaire qu'ils réclament. Création des vacances de Noël.

1969 : passage à 27 heures hebdomadaires, pour libérer le samedi après-midi.

1989 : 936 heures pour les élèves. C'est la première dissociation entre le temps des élèves et celui des maîtres. L'horaire des élèves passe à 26 heures, la 27e heure devient une heure de concertation entre maîtres d'une même école.

2008 : 24 heures hebdomadaires sur 36 semaines, soit 840 heures en tenant compte des jours fériés, auxquelles s'ajoutent deux heures par semaine pour les élèves en difficulté.

Une semaine de 4 jours pour tous ? Lorsqu'il a annoncé, il y a un an, cette réforme pour le primaire, M. Darcos a précisé qu'elle irait de pair avec la suppression de la classe le samedi matin. Les parents, très largement favorables à cette "libération" du week-end, ont entendu généralisation de la semaine de quatre jours, qui concernait jusqu'à présent un quart des écoliers.

Si le ministre a ensuite précisé que chaque commune restait libre de répartir les 24 heures hebdomadaires sur quatre jours ou quatre jours et demi, avec le mercredi matin travaillé, seules celles qui avaient déjà transféré précédemment leur samedi au mercredi semblent, d'après notre enquête, avoir maintenu le mercredi matin.

Des journées encore plus longues. La France devient le pays d'Europe de l'Ouest qui compte le moins de jours de classe : 140 par an. En Finlande, pays dont les élèves caracolent en tête des palmarès internationaux, l'année scolaire en compte 188. C'est là que le bât blesse, estiment enseignants et chercheurs. Car répartir le total annuel d'heures sur un nombre réduit de jours implique inévitablement d'imposer de plus longues journées aux enfants, sans compter le trajet et les devoirs.

Fort des études qu'il mène depuis trente ans sur les rythmes de l'enfant, le chronobiologiste François Testu, estime qu'"il aurait fallu utiliser cette baisse horaire pour diminuer la journée et non la semaine. Soit en faisant rentrer les enfants plus tard le matin, soit en avançant la sortie le soir, soit en augmentant la durée de la pause du midi. Le fait de garder quatre jours et demi de classe par semaine permettrait un rythme de travail plus régulier sur la semaine".

Sur quatre jours, les six heures de classe posent le problème de la concentration. "Un élève de cours préparatoire ne se concentre pas plus de trois heures et demie ou quatre heures par jour, martèle Hubert Montagner, directeur de recherches à l'Inserm. En CM1, sa concentration ne peut excéder cinq heures. Et encore, pas tous les jours ! Ce qui signifie, pour les enfants en difficulté, que la plupart décrochent dès la fin de la matinée."

Le ministre de l'éducation souhaite par ailleurs renforcer, pour tous, la part du temps de classe consacré à la maîtrise du français et des mathématiques. "Avec deux heures et demie consacrées chaque jour aux fondamentaux, tous ne suivront pas", insiste Hubert Montagner, auteur de l'essai L'Arbre enfant. Une nouvelle approche du développement de l'enfant (Odile Jacob, 2006, 352 pages, 25 euros).

Un soutien incertain. Les parents découvriront en même temps que leurs enfants les dispositifs choisis par les écoles pour mettre en place les deux heures hebdomadaires de soutien destinées aux élèves en difficulté. Après l'école ? Pendant la pause-déjeuner ? Les spécialistes des rythmes scolaires qui ont mesuré l'inévitable baisse d'attention du début d'après-midi plaident plutôt pour un allongement de la matinée. "Du point de vue des rythmes de l'enfant, c'est la moins mauvaise solution", estime François Testu, auteur notamment de Rythmes de vie et rythmes scolaires (Masson, 2008, 175 pages, 25 euros).

Les écoles gardent une marge d'initiative : ainsi, l'académie de Paris préconise une demi-heure chaque midi, mais Véronique Bavière, directrice d'une école classée zone d'éducation prioritaire (ZEP) dans le quartier de la Goutte-d'Or, où 30 % à 35 % des enfants sont en difficulté, préfère, avec l'accord de l'inspecteur, ajouter une demi-heure en fin de journée, à un moment où l'attention des écoliers remonte.

Quelle que soit la formule, Gilles Moindrot, secrétaire général du syndicat SNUipp, se dit "très dubitatif" sur le principe même de ce soutien : "Il n'est pas dit qu'on parvienne à diviser par trois le nombre d'élèves en grande difficulté. Il faudrait éviter que cette difficulté ne s'installe, en ayant les moyens de dédoubler les classes, pour certains apprentissages, sur le temps scolaire." Certains chercheurs, comme M. Montagner, vont plus loin et craignent une augmentation du nombre d'élèves en difficulté...
 
 

Maryline Baumard et Benoît Floc'h
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