08/04/05 -   Les deux principales fédérations de l'enseignement, la FSU et l'Unsa-Education, se sont inquiétées vendredi, jour des obsèques du pape, d'un "déferlement de papolâtrie" et d'une "réinstallation subreptice" de la religion en France.

Interrogées par l'AFP à propos de la mise en berne vendredi des drapeaux sur les édifices publics, dont les établissements scolaires, les deux fédérations ont réitéré leur désapprobation, déjà émise, "au nom du respect de la laïcité", lors d'une première décision gouvernementale de mise en berne dimanche dernier pour saluer la mort du pape.

Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, s'est aussi élevé contre "un déferlement de papolâtrie dans les médias, laissant croire que la France entière serait croyante et à la dévotion du pape", et a protesté contre "cette République qui en rajoute".

"Nous ne nions pas le rôle historique du pape ni le deuil de la communauté catholique mais était-il bien nécessaire que le gouvernement s'implique tant, fasse mettre les drapeaux en berne, donne instructions aux préfets de présenter leurs condoléances aux évêques... D'un côté, on promulgue une loi sur la laïcité contre le port de signes religieux et de l'autre, on s'agenouille. La laïcité serait-elle à géométrie variable?", a-t-il demandé.

De son côté, le secrétaire général de l'Unsa-Education, Patrick Gonthier, s'est élevé lui aussi contre "cette laïcité sélective".

"La France n'était pas obligée de mettre ses services publics en deuil d'un chef politique et religieux. C'est un dérapage de trop", a-t-il dit. "Ce gouvernement conservateur opère un retour en arrière équivoque. Il réinstalle subrepticement la religion dans la société française et décide de lui donner une place dans la vie publique, alors même qu'on célèbre le centenaire de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cela suscite des interrogations, de la colère même, de la part de ceux qui ont des valeurs laïques", a-t-il conclu.