"CHANGER
L'ÉCOLE"
?
L'actualité :
dans,
hors, en face, avant, pendant, après, en sortant de ... "l'école"Et
quelques "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité
:
les rapports parents-profs,
la maternelle à 2 ans, l'ennui
à l'école, les punitions collectives,
l'état des
toilettes, le téléphone
portable,
le créationnisme...
footaises &
marseillaise
... Depuis octobre 2009,
la Fédération française de football exige
une attestation de présence
en France depuis cinq ans
pour octroyer une licence
à un mineur étranger souhaitant jouer au football dans un
club amateur.
En quatre mois, quelque
huit cents jeunes se seraient ainsi vu refuser une licence,
selon les présidents
de plusieurs clubs franciliens.
L'intention
affichée est louable...
... Et
plus de 10 000 en France, dénonçait hier la
LDH,
partie en guerre contre une mesure discriminatoire orchestrée par
la FFF...
... La FFF réclame
désormais aux enfants étrangers qui veulent intégrer
un club de très nombreux documents : permis de travail des parents,
quittances de loyer…
Mais surtout une attestation
prouvant leur résidence en France depuis au moins cinq ans.
Pour la LDH, ce document
n’existe pas juridiquement.
«Le concept d’enfants
sans-papiers n’existe pas. C’est comme si on demandait un titre de séjour
à ces jeunes», explique Jean-Pierre Dubois, son président.
Robert Weinberger n’en revient
toujours pas : «On a une fille de 12 ans qui attend de pouvoir
jouer depuis quatre mois.
Ce sont simplement des
gamins qui veulent s’amuser avec leurs copains.»...
Enquête
La traite des jeunes Africains du foot Le Monde - 18.01.06
Mais à des milliers de kilomètres de la capitale égyptienne, en bordure du périphérique parisien, l'esprit est moins à la fête. Chaque jour, sauf le dimanche, entre 11 heures et 14 heures, une cinquantaine de jeunes Africains bravent le froid de l'hiver pour s'entraîner sur un terrain synthétique. Ils sont Maliens, Sénégalais, Béninois, Guinéens, Ivoiriens, Camerounais. Ils ont entre 15 et 30 ans. Ils sont sans club, évoluent au niveau amateur en banlieue parisienne ou dans le nord de la France. Tous caressent l'espoir qu'un club professionnel les embauchera. Au bord du terrain, un "agent" qui "travaille avec la Grèce et la Moldavie" s'intéresse à un gardien de but camerounais qui a écumé la première division portugaise et slovaque. "Ici, on est sûr de trouver son bonheur", se félicite l'intermédiaire. Un jeune Camerounais apprenti-agent explique revenir du bled avec plusieurs joueurs de 15 et 16 ans. "Ils sont sans papiers, mais ça ne pose pas de problème lorsqu'ils sont jeunes", assure-t-il. Jean — un pseudonyme —, qui aura 18 ans en mai, passe des jours difficiles depuis qu'un agent peu scrupuleux est allé le chercher dans son Cameroun natal, en 2001. "Si je n'avais écouté que moi, j'aurais commis l'irréparable depuis longtemps", témoigne l'adolescent. Sans papiers, sans famille, il se démène dans la banlieue de Lyon. Par peur du "regard des autres" — et de "votre cher ministre de l'intérieur"—, il n'a parlé de sa situation ni aux professeurs de son lycée — où il est en terminale STT (sciences et technologies tertiaires) — ni aux dirigeants de son club de football —, où il joue en division régionale. A 12 ans, Jean quitte son village natal pour la capitale, Yaoundé. Cours le matin, petit commerce l'après-midi, Jean tape dans le ballon quand il a un peu de temps libre. Le gamin est doué. A 14 ans, il est présélectionné en équipe nationale des moins de 17 ans. "Un jour, un agent portugais vient me voir au stade, raconte-t-il. Il me dit que j'ai des bonnes qualités et me demande si je suis partant pour une expérience européenne. J'avais vu une émission sur TV5 qui montrait comment des footballeurs camerounais galéraient en Europe, je lui ai dit : 'Si ce n'est pas sérieux, ce n'est pas la peine.' Il m'a assuré que ça l'était." Quelque temps après, une blessure à la cheville empêche l'adolescent de participer à la Coupe d'Afrique des nations des moins de 17 ans. "Ça n'allait pas dans ma tête, se souvient l'intéressé. Mon avenir était bloqué au Cameroun. J'ai décidé d'accepter la proposition de l'agent : partir en Europe, c'est le rêve de tous les jeunes footballeurs Africains !" Avant le départ, ledit agent lui réclame tout de même 600 000 francs CFA (environ 1 000 euros) "pour contribuer à l'achat du billet d'avion". Ses "tuteurs" prennent une "tontine" (prêt associatif) pour rassembler la somme. Rejoint par trois autres footballeurs de son âge, Jean embarque pour l'Europe. Dans l'avion, l'agent explique que le programme a changé : ils ne vont plus au Portugal mais à Paris "participer à un tournoi avec des Français pour vous acclimater et vous mettre en jambes". Avec ses coéquipiers venus du Cameroun, mais aussi du Mali et de Guinée, Jean remporte les premiers matches. Et puis il se blesse à nouveau la cheville. Jean l'ignore, mais l'agent va s'en débarrasser. "Le Portugais m'a dit : 'Tu vas faire un essai à l'Olympique lyonnais. Un monsieur avec le survêtement de l'OL t'attendra à la gare'." Vingt euros en poche, le jeune homme file à Lyon. Le "monsieur de l'OL" n'y paraîtra jamais... Des témoignages de jeunes footballeurs africains trompés, abandonnés, naufragés en France, Jean-Claude Mbvoumin en a recueilli plus de 600 depuis qu'il a fondé l'association Culture foot solidaire en 2000. "Rien qu'en Ile-de-France, ils sont des milliers, en situation irrégulière, à jouer pour se payer une carte orange, explique l'ancien international camerounais. Souvent, ils n'ont qu'un kebab pour seul repas mais ils continuent à s'entraîner." "Il faut que la FIFA (Fédération internationale de football) et l'UEFA (Union européenne de football) se saisissent des vrais sujets, exhorte M. Mbvoumin. Notre problème, ce n'est pas le racisme, c'est l'exploitation pure d'enfants par des mercenaires." Selon l'UEFA elle-même, des "agents véreux" opérant pour des clubs européens de division inférieure se livreraient à de véritables trafics d'enfants. De jeunes africains d'à peine 10 ans seraient envoyés illégalement dans des "camps d'entraînement" au sud de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal pendant des mois avant d'être revendus à des grands clubs. "Nous sommes prêts à sanctionner les agents ou les clubs qui seraient impliqués dans ces trafics, assure-t-on à l'UEFA. Mais c'est aux Etats, que nous avons alertés, de mener des enquêtes contre les canaux d'immigration clandestine." Pour le géographe Raffaele Poli, chercheur au Centre international d'étude du sport (CIES) de l'université de Neuchâtel, en Suisse, et spécialiste des migrations internationales des footballeurs, les joueurs africains sont victimes d'un système purement spéculatif. "Le footballeur africain est une matière première qu'on va chercher dans l'espoir de la qualifier pour la revendre plus cher, explique le chercheur. Pour accroître leur valeur, poursuit-il, on fait d'abord transiter les footballeurs africains par des championnats de troisième (Roumanie, Albanie, Chypre, Malte) puis de seconde zone (Suisse, Belgique ou Pays-Bas) avant de les revendre aux grands clubs professionnels." Le géographe note par exemple que les Ghanéens sont surreprésentés en Roumanie et les Nigérians en Albanie. En 2003, les joueurs africains représentaient 20 % des 5 000 étrangers évoluant dans des clubs professionnels ou semi-professionnels européens. "Au niveau européen, les joueurs sont utilisés comme une main-d'œuvre bon marché et subalterne." Récemment, le club de l'Ajax Amsterdam a été condamné à une amende de 10 000 euros par l'inspection du travail : il payait ses joueurs africains en dessous du salaire minimum. |