L'islam
et l'enseignement catholique,
une cohabitation sereine dans l'Ouest 30/08/04 - L'enseignement privé catholique dans l'ouest de la France, qui accueille parfois un nombre significatif d'élèves musulmans, aborde la rentrée loin des tensions liées au foulard islamique. L'islam est globalement peu présent en Bretagne et dans les Pays de la Loire, terres à l'écart des grands flux migratoires. Mais dans ces régions qui sont aussi deux bastions historiques de l'enseignement catholique (40% des effectifs en Loire-Atlantique, 42% en Bretagne, 53% en Vendée), la scolarisation de musulmans dans des établissements privés n'est pas toujours marginale. Le secteur de Guerlesquin (Finistère), dont les abattoirs emploient une forte main-d'oeuvre turque, et surtout les quartiers ouest de Nantes (Loire-Atlantique) fournissent ainsi au privé un nombre important d'enfants issus de l'immigration. Trois collèges nantais - en particulier Notre-Dame-de-l'abbaye, Notre-Dame-de-Lourdes et le Sacré-Coeur - affichent des effectifs dans lesquels la proportion d'élèves de culture arabo-musulmane peut atteindre 40%. Le fait qu'il s'agisse d'établissements catholiques, "ouverts à tous" selon la loi Debré de 1959 mais sous tutelle de l'évêque dans chaque diocèse, ne semble pas rebuter les parents musulmans. "Beaucoup me parlent de l'aspect religieux et savent que je ne vais pas essayer de faire du prosélytisme. Les pères me disent: +On a quand même le même Dieu+", témoigne Didier Onillon, directeur du collège du Sacré-Coeurélèves), dont les tarifs modiques expliquent aussi, selon lui, la diversité du recrutement. Pas un "refuge" pour le voile Dans les établissements sous contrat d'association avec l'Etat, les parents qui en font la demande peuvent en principe voir leurs enfants dispensés des séances de catéchisme. En revanche, tous les élèves sont sensibilisés au fait religieux par des cours de "culture religieuse" ou de "pastorale". "Les élèves musulmans, quand ils arrivent ici, sont respectés dans leur religion. On ne va pas leur imposer notre foi chrétienne", confirme le frère Bernard Bourigault, directeur du collège-lycée Notre-Dame-de-l'abbayeélèves), qui dit vouloir "valoriser la différence". Les chefs d'établissement concernés relèvent au demeurant peu de difficultés liés aux observances de leurs élèves musulmans. "Il y a bien la tentation, chez certains, de prétexter une appartenance religieuse pour passer à côté d'une obligation scolaire, notamment lors du Ramadan ou de l'Aïd el-Kebir. Mais on se rend compte que les vrais pratiquants, quelle que soit leur religion, ne rentrent pas dans ce jeu-là", souligne le frère Bourigault. Ici comme dans les autres établissements catholiques de la région, si des mères se présentent voilées dans le bureau du directeur, leurs filles ne portent pas le hidjab (foulard islamique). Et la nouvelle loi sur les signes religieux à l'école, qui ne s'applique pas au privé, ne devrait rien y changer. "On ne tient pas à être un enseignement refuge pour ceux qui voudraient mettre leur emprise sur notre réseau. On ne fait pas non plus ce que l'on veut chez nous, il y a des règles", prévient Jean-Louis Bideaud, président du comité académique de l'enseignement catholique de Bretagne. "Mais nous avons des soucis beaucoup
plus importants avec d'autres profils d'élèves", ajoute
le responsable régional, évoquant "la violence et la drogue"
mais aussi, au titre des "signes ostentatoires", le port du... string,
qui lui n'a pas épargné les collèges et lycées
catholiques.
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