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innovation : 
Compost de fruits dans le système bancaire, éducatif, et citoyen

En août, personne ne profite des invendus de Rungis 

Alors que les associations caritatives sont très sollicitées cet été, les fruits et légumes invendus de Rungis ne sont plus redistribués. Pour cause de vacances, le système de récupération de la Banque alimentaire est en sommeil.

Pendant l'été, des dizaines de tonnes de fruits et légumes habituellement récupérés par des associations caritatives au marché de Rungis (Val-de-Marne) sont broyés pour être transformées en compost. 

Ce gâchis considérable s'explique par la fermeture estivale de la plupart de ces structures. Ainsi la Banque alimentaire, officiellement chargée depuis un an de redistribuer les invendus du marché d'intérêt national (MIN) aux différentes associations, a mis son personnel et ses bénévoles en vacances à partir de ce week-end. 

« Faute de bras, indique-t-on au bureau d'Arcueil, le ramassage de ces produits ne redémarrera qu'en septembre. » L'association seine-et-marnaise Pain de l'espoir, qui participe au tri et à la récupération des produits frais destinés à la Banque alimentaire, attend elle aussi la rentrée pour reprendre ses activités. 

Les grossistes se limitent à de discrètes donations.

 Vacances ou pas, les besoins sont pourtant toujours là. Les associations qui continuent à oeuvrer pendant l'été dans toute l'Ile-de-France observent même, cette année, une augmentation de la demande de la part des plus démunis.

A Rungis, dans les allées du plus grand marché du monde, des religieuses d'une congrégation du Val-d'Oise n'hésitent pas à solliciter directement les grossistes. 
«On vient ici deux à trois fois par semaine. On achète quand c'est possible ou on récupère des produits que l'on nous donne, expliquent-elles. Les fruits frais de saison sont inabordables pour les personnes dans le besoin.» Lorsque les associations sont en vacances, les grossistes de Rungis sont obligés de se limiter à de « discrètes donations » de quelques produits frais périssables. 
La gestion des invendus est en effet particulièrement réglementée par les services administratifs du marché. « Les produits ne sont pas jetés à la poubelle, prend d'ailleurs soin d'assurer la direction du MIN. Ils sont valorisés en compost, et les emballages sont recyclés. » 

Au total, en un an, 5 000 tonnes de fruits et légumes vont subir ce traitement. 

De quoi venir en aide à des milliers de familles. 

Rahim Bellem 
Le Parisien  08 août 2004 



Et pourtant la demande augmente 

Les responsables de l'antenne du Secours populaire français de Savigny-sur-Orge (Essonne) n'avaient jamais vu ça. Hier matin, 70 personnes ont fait la queue pour une distribution de colis alimentaires. « C'est beaucoup pour l'été, explique Isabelle Neveux, la responsable. Et le phénomène était plus important encore en juillet. » 

Lait, oeufs, farine, couches : Marie, 32 ans, maman de quatre enfants, garnit son sac à dos. « C'est la première fois que je viens, avoue-t-elle. J'ai un peu honte. Mais avec le RMI pour élever quatre enfants, ce n'est plus possible. » 

A Paris, chaque soir, c'est une file compacte et nerveuse qui se forme aux portes du cimetière du Père-Lachaise (XX e ) où Coeur de Paris organise elle aussi des distributions de repas. 
Les personnes qui viennent y chercher à manger sont encore plus nombreuses au mois d'août, quand les associations et les bénévoles qui les aident toute l'année prennent du repos. « La période est compliquée, admet Mylène Stambouli, adjointe au maire. Il y a beaucoup d'étrangers qui viennent d'arriver, des personnes en demande d'orientation, de nourriture et de soins. » 
Dans la capitale, l'été, une opération spécifique est même menée depuis onze ans par le diacre de l'Eglise de Paris, Pierre Lanne. Les bénévoles d'Août secours alimentaire, qui ont offert 285 000 repas l'an passé, ont prévu d'en distribuer 350 000 cet été. 

David Charpentier et Julie Cloris 

La pauvreté s'aggrave cet été 

Le Parisien - 10 08 04
 

SAMEDI MATIN, antenne locale du Secours populaire français (SPF) de Savigny-sur-Orge. La file d'attente gonfle à l'extérieur. « Nous sommes aujourd'hui à soixante-dix familles qui sont venues chercher des colis alimentaires à l'occasion de la distribution mensuelle », constate Isabelle Neveux, présidente du comité local du SPF. 
Pour cette responsable dynamique et son équipe qui ont une longue expérience de l'aide aux plus démunis, les signaux d'alarme de la pauvreté sont passés au rouge dans le département. « Jamais nous n'avons aidé autant de gens pendant l'été, déplore-t-elle. En 2003, sur toute l'année, 203 familles étaient inscrites chez nous. Nous avons franchi ce seuil dès le mois d'avril. Aujourd'hui, on compte plus de 250 familles chez nous ! » 

13 167 allocataires du RMI 
Cette aggravation de la situation est d'ailleurs confirmée par les derniers chiffres disponibles du nombre de érémistes dans l'Essonne. Le nombre de ces derniers augmente plus vite que dans l'Hexagone : en 2003, 3 500 nouvelles personnes perçoivent le revenu minimum d'insertion (RMI). Il y a aujourd'hui 13 167 allocataires de cette aide précieuse. 

Plus inquiétant, les bénévoles de l'association caritative doivent désormais faire face à l'arrivée de personnes qu'ils ne voyaient pas auparavant. A la cohorte des SDF et des personnes d'origine étrangère viennent désormais s'ajouter de jeunes mères de familles d'une trentaine d'années et même des salariés qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Marie-Hélène, 46 ans et mère divorcée avec quatre enfants à charge, ne comprend toujours pourquoi elle doit faire appel aux aides du SPF de Savigny. «Je suis comptable dans une petite entreprise du VIII e arrondissement de Paris, détaille-t-elle. Et pourtant même avec un salaire de 1 200 € par mois, je ne m'en sors pas. » Au début de chaque mois, cette mère de famille fait ses comptes, déduit les factures et le loyer à payer : il ne reste plus que 369 € exactement pour manger, s'habiller... Autant dire que c'est quasi-mission impossible, sans l'aide extérieure du Secours populaire. Et à Marie-Hélène d'énumérer toutes les privations qui rendent l'existence encore plus frustrante : « Je roule avec une voiture qui a seize ans. Pour les vêtements, je m'habille toute l'année avec les deux mêmes pantalons et en hiver je porte le même manteau depuis dix ans. »

Comme Marie-Hélène, Isabelle bénéficie de l'aide du SPF. Mais les difficultés n'empêchent pas ces deux mères de famille d'être à leur tour des bénévoles du Secours et de distribuer elles aussi les colis alimentaires. « J'explique souvent que c'est plus facile de dépasser la gêne ou la honte de faire appel à nos services en aidant à son tour », explique la responsable du Secours populaire. Pourtant, Isabelle, 38 ans, aurait suffisamment de son lot de problèmes pour s'occuper toute la journée. Embauchée comme femme de ménage sur le secteur, elle vient d'être licenciée sans préavis après une opération chirurgicale à la main. La jeune femme dispose en tout et pour tout de 176 € par mois pour faire manger ses deux enfants de 4 et 16 ans et se loger. L'explosion de la pauvreté, Isabelle la prend en pleine figure. « Je le vois bien dans mon quartier des Prés-Saint-Martin, les trois quarts des habitants viennent au Secours ou se font aider par d'autres associations », conclut-elle. 
 

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES

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