alternatives éducatives : des écoles différentes
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Ceci est une lettre pétition, adressée à Monsieur Ferry.
Elle se veut être une réponse au petit livre blanc de Monsieur Ferry,
une prise de position sur les principes qui fondent le métier d’enseignant,
et en conséquence
une réponse aux réformes du « philosophe – ministre ».
 
Que chacun s’en empare, la fasse circuler.

 Lettre à celui qui a la nostalgie de son école …

Pour vous expliquer ce que nous sommmes.
 

Nous, enseignants ou personnes soucieuses de l’enseignement dans notre société, héritiers d’Aristote lorsqu’il écrit qu’être citoyen c’est savoir gouverner et savoir être gouverné, héritiers de Condorcet quant à sa position sur la laïcité - non domination à la fois religieuse, politique, économique et nous rajouterons culturelle -affirmons que notre métier vise à former des citoyens. De là découle notre attachement à un service public d’éducation hors des logiques de compétition, de consommation, de production économique. Et comme la citoyenneté l’est par rapport à la République, les conditions d’exercice des métiers dans l’Education Nationale doivent être égales sur tout le territoire de la République.

Notre pratique professionnelle, la pédagogie, est au carrefour de trois axes : le premier sur les valeurs et finalités éducatives, le deuxième sur la connaissance de l’enfant ou l’adolescent et son environnement social-historique, le troisième sur la connaissance des techniques et outils didactiques.

Nous nourrissant d’un quart de siècle de recherches sur l’éducation, nous devons agir sur la capacité de chaque personne à comprendre et agir sur le monde par :

- la nécessité de proposer à chacun de multiples façons de raisonner. Et comme il n’est pas de raisonnement sans objet, la multiplicité des disciplines est nécessaire. Les savoirs ont donc toute leur importance, dès l’école primaire. Un physicien, un historien ou un musicien ont des méthodologies, des types de raisonnements de nature différente, et donc une approche du monde autre. Chaque discipline est différente : apprendre à modéliser en physique ou en géographie n’est pas du même ordre. Mais si les disciplines ont leur importance, leur cloisonnement n’a par contre pas grand sens. L’interdisciplinarité est essentielle dans l’apprentissage des phénomènes.

- l’augmentation des capacités délibératives de chacun et la réussite à fabriquer de la loi à l’intérieur de l’école. C’est à dire à faire en sorte que les élèves en apprentis-citoyens qu’ils sont, et de moins en moins apprentis et de plus en plus citoyens avec l’âge, arrivent à établir le mode de fonctionnement de l’endroit où ils sont, en fonction de ce qu’ils doivent y faire : apprendre. Il est aussi important de savoir prendre une décision en groupe après délibération, et l’appliquer, que de connaître le théorème de Thalès. Il s’agit également de régler les conflits, par le dialogue et l’instauration de lois, de manière commune avec tous les acteurs de l’établissement. On ne peut de toute façon apprendre, ou enseigner, si l’environnement n’est pas « pacifié ». Il ne s’agit pas de nier les conflits, mais de les prendre en compte, de les régler à l’aide de la non-violence avec tous les individus.
 

Mais à lire Monsieur Luc Ferry, là n’est pas l’essentiel. Une bataille doit être menée : la destruction des idées de … Mai 68 ! A l’entendre, tout le mal vient de là. Un peu comme Don Quichotte et ses moulins à vents, Luc Ferry se bat contre des idées qui n’ont plus court, si jamais elles ont été largement implantées dans l’Education Nationale. Monsieur Ferry se trompe d’époque et de temps, il a la nostalgie d’avant les années 60. Monsieur Ferry n’en est pas non plus à une caricature près. Les courants pédagogiques se définissent selon lui, entre le dressage, l’anarchie ou SA pédagogie, celle du travail. Mais qui est contre le travail à l’école ? Tous les pédagogues apprécieront le tour de passe passe !
 

Cependant nous ne sommes pas aveugles. Nous savons, parce que nous le vivons tous les jours dans nos classes, que l’illettrisme est présent, que des jeunes sortent du système éducatif sans diplôme, qu’il existe de la violence. Nous savons aussi que si la massification de l’enseignement a eu lieu, sa démocratisation n’a pas été faite. Les différences de réussites suivant les classes sociales d’origine sont toujours aussi marquées.

 La lutte contre l’illettrisme est aussi notre lutte quotidienne. Mais comment la mener lorsque les postes d’aides ne sont pas pourvus ? Lorsque les remplacements ne sont plus toujours assurés ? Comment mener cette lutte lorsque au lieu de favoriser les aides périscolaires vous supprimez les aides éducateurs, cheville ouvrière de ces dispositifs ?

Comment ne pas voir dans la fin du collège unique – qui n’a jamais voulu dire uniforme – le retour au bon vieux collège d’antan où chacun était à sa place : les enfants d’ouvriers avec les enfants d’ouvriers dans les voix professionnelles, les enfants de notables avec les enfants de notables dans les filières générales. Sous les bons sentiments et la communication, c’est l’ordre ancien que vous voulez rétablir.

Nous refusons que la formation des enseignants retourne vers l’Université. La pédagogie est une pratique professionnelle qui n’est pas simple livraison d’un savoir disciplinaire préalablement acquis. Et les stages ne sont pas grand chose s’ils ne sont pas en lien avec de la théorie. Vous dites vouloir améliorer la formation continue, mais les postes de remplaçants spécifiques sont petit à petit supprimés.

            Nous n’avons pas attendu les projets d’écoles ou d’établissement pour avoir des idées, des objectifs et des projets. Nous n’avons pas besoin de signer une « Charte qualité » pour faire bien notre travail ! C’est un pas de plus vers un système de consommation : l’éducation n’est pas un produit à vendre !

            Quant à la santé des élèves, le seul souci de Monsieur Ferry est de transférer la médecine scolaire et les assistants sociaux aux départements, alors qu’il y un manque criant de médecins, d’infirmiers, d’assistants sociaux dans l’Education Nationale. Comment garantir le même service, qui est déjà minime au regard des besoins, alors que les départements réduisent déjà les places dans les Instituts Médicaux Educatifs ? Ce type de décentralisation, nous n’en voulons pas !
 
 

            Sachez Monsieur Ferry que ce qui nous oppose - d’après vos discours entendus dans les médias- ce n’est pas juste de l’agitation syndicale ou le fait que nous serions de gauche (?).
C’est une conception de l’Education, du métier d’enseignant, et de la société qui nous oppose.
 

Pour le recensement des signatures :
envoyer votre accord sur le contenu de cette lettre,
avec vos nom et adresse à
Joliton Olivier, rue de la 11ème DBB, 14350 Le Bény Bocage,
ou par courriel : jolitonolivier@club-internet.fr
 


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