alternatives éducatives : des écoles, collèges et lycées différents
| Présentation | SOMMAIRE |
I Obligation scolaire et liberté I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop ! Appel pour des éts innovants et coopératifs |
 

école autrement, école alternative, école différente, collège lycée innovant, expérimental ...
2018 ?               2118 ?
Une autre école est-elle possible ?
 
 
 
 

Le Débat national
sur l'avenir de l'école est orienté
et manque d'ampleur.
École:
et la vingt-troisième question?

Sylvain Canet est enseignant et directeur d'école en ZEP. Chroniqueur éducation sur France 5.
Du tout-politique, la société est clairement passée au tout-économique.
Le moment mérite qu'on s'interroge sur l'opportunité de se recentrer sur le lien social et le projet humain; politique justement.

Nous avons donc rendez-vous avec le Débat national sur l'avenir de l'école. Les parents, les enseignants, les élèves et l'ensemble des Français sont appelés à se prononcer autour de vingt-deux questions précisément cernées. De ces débats, une nouvelle loi d'orientation va naître. Elle succédera à celle de 1989.

On est saisi par l'enjeu ! Tout ce travail doit inspirer les quinze ou vingt prochaines années de la scolarité du pays ; l'avenir d'une génération, en somme.
Le débat est nécessaire ; on le présente comme ouvert.

Pourtant, il faut bien admettre que, d'une part, la discussion est orientée et que, d'autre part, la réflexion mérite plus d'ampleur encore.
Peut-on, en effet, rester dupe des vingt-deux sujets proposés, de la sémantique qui s'y déploie ou de la formulation des problématiques qu'on nous soumet ?
Les mots ont leur importance. Ils cadrent nos futurs échanges.
Une fois, c'est l'approche techniciste qui coupe les ailes de l'envolée créative dont un tel débat pourrait rêver ; une autre fois, on bute sur des réponses soufflées ou sur l'angle fermé de certaines questions.

Commençons par le titre : il n'en va pas de même de s'interroger sur l'avenir de «l'école» que de poser la question de l'avenir de «l'éducation».
Cette dernière aurait permis de mieux se saisir, par exemple, du rôle de la famille, de l'emprise de la télévision ou de la place de la culture dans la construction des intelligences d'une nation.

Quand la question 8 pose «Comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ?», l'approche apparaît économiste ou compétitiviste. Demandons plutôt : «Comment intéresser et faire réfléchir efficacement les élèves ?» On ne cerne pas les mêmes choix de société... Peut-être tout est politique... Allez savoir ! Ce n'est pas moi le philosophe.
Les mots sont choisis, ils parlent d'eux-mêmes. On trouve : «monde du travail», «voie professionnelle», «adapter», «améliorer», «motiver», «efficacement», «violence», «incivilités»...
Mais certains autres brillent par leur absence : culture, pensée, sciences, recherche, savoir, apprendre, comprendre, découvertes... et un dernier qui fait débat : marchandisation.

Quand on s'appuie sur des enjeux de performance et de qualifications professionnelles, quand on s'axe sur la réussite ou sur le monde de l'entreprise et du travail (question 4 : «Faut-il partager autrement l'éducation entre jeunesse et âge adulte et impliquer davantage le monde du travail ?» ; ou 6 : «Comment améliorer la reconnaissance et l'organisation de la voie professionnelle ?»), on finit par instrumentaliser la connaissance dans le seul sens de la formation sans questionner les concepts d'instruction, d'éducation, d'épanouissement et de développement personnel.

Et on finit presque par trouver la ficelle un peu grosse quand la question 18 porte en elle-même sa réponse «rafarinisée» : «Comment, en matière d'éducation, définir et répartir les rôles et les responsabilités respectifs de l'Etat et des collectivités territoriales ?» Ou comment prôner, ni vu ni connu, la décentralisation comme l'évidente solution des maux de l'école (ce chapitre est délicatement titré : «Améliorer le fonctionnement de l'école») ; et tenter d'échapper aux alertes de ceux qui pointent le risque des inégalités de moyens.

L'autre tendance coupable est de placer ces questionnements dans un contexte et autour d'un diagnostic dont on se demande s'il est partagé.
Quand on constate qu'une liste limitative et limitée porte en elle autant de vices que de vertus, on est en droit de se poser des questions et d'abord d'autres questions.

Le débat doit exister. C'est par une approche large des interrogations qu'il sera lumineux et fondateur.
A quoi doit servir l'éducation ? C'est la question originelle. Elle fixe les enjeux.
Elle pose l'école au coeur du monde et du XXIe siècle et face à ses objectifs.

Du tout-politique, la société est clairement passée au tout-économique. Le moment mérite qu'on s'interroge sur l'opportunité de se recentrer sur le lien social et le projet humain ; politique justement.
De ce postulat découlent les questions qui manquent.

C'est quoi réussir ? Faire des études supérieures, avoir une qualification et un boulot, s'épanouir avec curiosité et bonheur dans une société en paix ?
A quoi juge-t-on la performance de l'école ? A l'état de la culture du pays, à la croissance de son PIB ou au bon fonctionnement de la démocratie ?

L'école doit-elle s'ouvrir au monde ou se protéger de ses tourments ?

La laïcité ne se conçoit-elle que sous le seul angle de la religion et de la politique ? La publicité et l'influence mercantile mettent-elles aussi en péril l'autonomie de jugement des jeunes ?

L'école peut-elle nous sauver de la société de consommation et de ses effets pervers sur la santé, l'environnement... ?

Qui, de la télé ou de l'école, «cultive» aujourd'hui ? Doit-on éduquer à l'image et à l'esprit critique ?

C'est quoi apprendre et découvrir ? Comment allume-t-on la flamme de la connaissance ? Les élèves apprennent-ils comme hier ?

Qu'a-t-on à faire du talent à l'école ? L'élève peut-il s'épanouir à l'école ? L'enseignant peut-il s'épanouir à l'Education nationale ? La créativité et la diversité pédagogiques survivent-elles aux textes et circulaires du mammouth ?

Les parents sont-ils de trop à l'école ? La coéducation est-elle l'avenir des enfants ? Prend-on en considération les relations entre adultes à l'école ?
Etc.

Le débat, oui ; à condition qu'il ne se dérobe pas. Les débats, oui ; à condition que vingt-deux questions plus toutes les autres contribuent à les animer.
Spécialistes et non-spécialistes vont échanger. Pour avoir toutes les cartes en main et éviter les bavardages de salon, ils ont à se poser toutes les bonnes questions.
Comme il sera nécessaire et utile, une fois les idées sur la table, de parler des moyens. Les volontés politiques se jugent aussi là.
Ah ! Une dernière question : mais qui a eu cette idée folle, un jour, d'inventer l'école ?


LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
| Présentation | SOMMAIRE |
| Le nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation ? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme scolaire et "éducation alternative" | Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le lycée "expérimental" de Saint-Nazaire | Le collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
| Colloque Freinet à ... Londres | Des écoles publiques "expérimentales" |
| 68 - 98 : les 30 P-l-eureuses | Et l'horreur éducative ? |