Fixés dès 1992 à
Rio,
les objectifs pour freiner
le déclin de la biodiversité
sont presque restés
lettre morte.
Nouvelle
conférence à l'Unesco.
La conférence sur la
biodiversité ouvre sur les leçons du tsunami
PARIS 24/01/05 - - La Conférence internationale sur la biodiversité
s'est ouverte lundi à l'UNESCO à Paris sur un appel des responsables
politiques à ne pas réitérer les erreurs du tsunami
en Asie.
"Les premiers rapports indiquent que les zones qui avaient gardé
des écosystèmes en bonne santé, comme les forêts
de mangroves, ont mieux résisté que celles qui avaient des
forêts dégradées", a renchéri Hamdallah
Zedan, secrétaire exécutif de la Convention sur la biodiversité
biologique.
"C'est une crise sans précédent depuis l'extinction des dinosaures", a rappelé Klaus Toepfer. "Il est grand temps de nous interroger sur les moyens de stopper cette disparition de la diversité des espèces. Nos enfants, nos petits-enfants demanderont pourquoi nous avons laissé se développer cette déperdition du vivant". "45% de nos forêts originelles ont déjà disparu, 10% des coraux, et le reste est gravement menacé", a indiqué M. Zedan. Des milliers d'espèces disparaissent chaque jour avant d'avoir été décrites, alors qu'elles auraient pu rendre service à l'humanité, selon les scientifiques. "Nous ne savons pas grand chose des systèmes d'eau douce et des océans, et beaucoup reste à découvrir sur les forêts tropicales", a ajouté M. Zedan. La conférence verra près de 1.200 scientifiques et responsables politiques dresser un état des lieux de la perte du vivant. Elle pourrait aussi déboucher sur un appel à la création d'un groupe intergouvernemental d'experts, comme il en existe un pour le climat, afin de stimuler les décideurs. En dépit de l'adoption en 1992 d'une "Convention sur la diversité biologique", peu de choses ont avancé sur le terrain, et ce groupe d'experts pourrait débloquer l'action, espère Michel Loreau, président du Comité scientifique de la Conférence. La "liste rouge" de l'Union mondiale pour la nature (UICN) dénombre au moins 15.589 espèces confrontées à un risque d'extinction, soit un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un amphibien sur trois. La biodiversité souffre de n'avoir aucun groupe d'expertise validé par la communauté internationale pour alerter les chefs d'Etat et l'opinion. La Convention sur la biodiversité, signée en 1992, n'impose pas de cadre contraignant aux Etats, contrairement au Protocole de Kyoto pour le climat. "On n'avance pas", résume Sébastien Moncorps, directeur de l'Union mondiale pour la nature (UICN) pour la France. Les chefs d'Etats se sont engagés en 2002, au sommet de la Terre de Johannesburg, à réduire la perte de biodiversité d'ici à 2010, un objectif jugé à la fois trop vague et irréaliste par les scientifiques. La conférence de Paris, organisée en dehors du cadre officiel de négociation des Nations Unies, ne peut rien adopter formellement. Mais elle pourrait proposer la création d'un groupe d'experts mondial sur la biodiversité, comparable au groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC ou IPCC en anglais). Le prix Nobel de la Paix Wangari Maathai, vice-ministre de l'environnement du Kenya, le Premier ministre de Malaisie Abdullah Badawi, les Présidents de Madagascar et du Nigéria, le directeur général du Programme des Nations Unies pour l'environnement participeront aux débats, à côté de scientifiques de renom, comme le "père" de la notion de biodiversité Edward Wilson (Havard, Etats-Unis) |