Visite médicale ...ou soins palliatifs ?
Jean-Pierre Raffarin charge Luc
Ferry
PARIS mardi 28 septembre 2004 - Luc Ferry promu expert ès-société française. Jean-Pierre Raffarin a supervisé mardi la première réunion du nouveau Conseil d'analyses de la société, dont le président est l'ancien ministre de l'Education nationale. Composé de 28 membres, ce groupe sera chargé d'"éclairer les choix du gouvernement" sur les grands sujets de société tels que la parentalité ou l'intégration. Calqué sur le modèle du Conseil d'analyse économique
créé en 1997 par Lionel Jospin, le Conseil d'analyses de
la société regroupe des chercheurs, universitaires, artistes
et sportifs nommés pour cinq ans.
Si la plupart des membres sont plutôt classés à droite, le président du CAS souligne qu'"il s'agit d'une institution républicaine et non pas d'un club politique ou d'une société de pensée". Le Premier ministre a chargé la nouvelle instance de réflexion de se pencher sur trois sujets de société: la question de la parentalité (autorité, familles monoparentales ou homoparentalité), les différents modèles d'intégration et l'instauration d'une "société de la deuxième chance". "Je me fixe le mois de juin pour donner des premières conclusions
qui soient publiques" et "si possible -ce sera aussi un des défis
de ce conseil- de faire des propositions, parce qu'il ne s'agit pas simplement
de brasser des idées", a conclu Luc Ferry, qui avait cédé
son fauteuil au ministère de l'Education à François
Fillon le 31 mars dernier. AP
Quotidienne Connaissance des ventres Par Pierre MARCELLE - Libération - jeudi 30 septembre 2004 Dans la perpétuellement recommencée litanie des prébendes, un autre épisode de la saga «nos amis sont des bras cassés mais ce sont nos amis» s'est clos mardi avec l'installation, par Raffarin et à Matignon, de l'extravagant Conseil d'analyse de la société (voir Libération de lundi). Au bar de ce café du commerce bavard et des ambitions ajournées, l'ineffable Luc Ferry servira des tournées ponctuelles c'est la République qui régale à un aréopage censé identifier un rêve droitier de «société civile». Après les trahisons de pas mal de clercs ayant depuis deux ans couru à la soupe chiraquienne (82 % de matière grasse), ce qui reste d'«intellectuels de gauche» dans le paysage des cerveaux enlaydis semble, pour cette fois, avoir un peu réfréné ses appétits dînatoires citadins. A ceux non encore casés dans les antichambres du pouvoir, une systole de dignité, voire un sursaut de lucidité, aura peut-être fait mesurer ce que charrie de ridicule un attablement mensuel entre Alain-Gérard Slama et Jean-Christophe Rufin, afin de bavasser de l'air du temps «sociétal» fourre-tout conceptuel et pauvre prétexte mal dissimulé à accoucher une «pensée de droite» ce n'est pas gagné. Plus prosaïquement, le machin, petit Sénat de ratiocinants dentiers et jeunes dents rayeuses de plancher, servira à cycler ou recycler des amis supposés ou avérés de la famille. A ce Rotary, les 28 convives roteront doctement à propos du temps qu'il fait, du mariage homosexuel, de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, et toutes autres questions dont «ils jugeront utile de se saisir». L'historien Michel Winock planquera sous sa serviette son «préjugé de gauche selon lequel les initiatives de droite sont mauvaises», et le judoka de la rombière David Douillet («un sportif a aussi une tête») rédigera le procès-verbal. Tandis que l'AFP relevait poliment que «le conseil penche plutôt à droite», Luc Ferry, son taulier, déclarait imprudemment au Monde qu'«une telle instance doit être pluraliste, sinon cela n'a aucun intérêt». Personne n'a ri. |