Trois quarts des réunions prévues dans toute la France ont déjà eu lieu avec des succès très divers.

Le débat sur l'école
déplace surtout les profs

Marielle Court - 19 décembre 2003 - Le Figaro

«Environ un million de personnes se sont exprimées.»
A mi-parcours, Claude Thélot, le président de la commission du débat national sur l'école, se disait, hier, plutôt satisfait de ce résultat.

Lors du lancement de cette vaste consultation au mois de septembre et de l'installation officielle de la commission par Jean-Pierre Raffarin, un rapport d'experts, un avis du Haut Conseil de l'évaluation de l'école et un document regroupant vingt-deux questions sur l'école avaient été publiés pour aider au débat. Celui-ci a débuté le 17 novembre et des réunions sont organisées par tous les établissements scolaires et d'autres sous la houlette des préfets.

A ce jour, les trois quarts des réunions ont eu lieu : 22 000 sur un total attendu de 29 000, explique le président de la commission, sachant que chaque établissement se doit d'organiser deux réunions successives.

Les succès sont extrêmement divers. Cinq pour cent des réunions ont été purement et simplement annulées «faute de participants». Ailleurs, elles ont regroupé en moyenne 50 personnes. Les assistances les plus maigres comprenaient une petite dizaine de participants, les plus opulentes jusqu'à 250. «Nous avons même vu 750 personnes sur l'île de la Réunion», s'est félicité Claude Thélot, tout en soulignant qu'il s'agissait là d'une exception notable.

Reste que, dans ces réunions comme sur le forum Internet, les enseignants sont les plus nombreux : «Un peu moins de la moitié des participants», précise Claude Thélot. Les élèves en représentent environ 10% et les parents un tiers.

Et, parmi ces derniers, ceux qui se déplacent ont souvent un profil particulier. Une fois éliminés les familles d'enseignants ou proches du monde de l'Education nationale et ceux qui militent dans les grandes fédérations (FCPE et Peep), on ne trouve plus guère de parents «ordinaires».

«Cet exercice de démocratie participative est presque unique. Nous n'en avons pas l'habitude», explique Claude Thélot. Les horaires sont parfois des obstacles : beaucoup de parents ne sont sans doute pas prêts à prendre une journée de RTT pour participer à une réunion qui se déroule dans la journée. Mais, dans beaucoup d'établissements, les responsables ont eu beau organiser les réunions le soir ou le samedi matin, les parents ne se sont tout simplement pas déplacés.

C'est d'ailleurs pour pallier ces défaillances que la commission a prévu des enquêtes «pour toucher les populations éloignées du débat», précise Claude Thélot. «Nous savions notamment que les familles populaires n'auraient pas accès à Internet et ne se rendraient pas non plus dans les établissements», ajoute le président de la commission.

Mais ces dernières ne seront pas les seules concernées : «Nous allons également interroger les élèves qui se sont peu exprimés, des enseignants restés en retrait et des chefs d'établissement. Ces derniers, en tant qu'organisateurs, n'ont pas participé.» Les enquêtes devraient essentiellement se dérouler en janvier et seront donc prises en compte pour compléter les synthèses des débats.

Deux à trois mille comptes rendus ont d'ores et déjà été rédigés. «Nous allons en recevoir de plus en plus dans les jours qui viennent», souligne Claude Thélot, qui a précisé la façon dont ils allaient être traités afin de démentir les rumeurs faisant état d'un traitement exclusivement par ordinateur. Si, effectivement, des statisticiens sous l'égide d'un conseil scientifique «vont faire une analyse textuelle et lexicale afin de faire émerger des mots, des groupes de mots, des types de phrases», cela ne sera qu'une partie du traitement des synthèses. Parallèlement, trente rédacteurs vont être chargés de lire les documents et d'en dégager le sens selon une grille de lecture précise.

Ces deux lectures constitueront «le miroir du débat», selon l'expression de Claude Thélot, et donneront lieu à un document final en mars. Mais la boucle ne sera pas encore bouclée. De son côté, la commission va rédiger un rapport pour le mois de septembre. «Ces deux documents n'ont pas vocation à être consensuels, mais à fournir des éléments pour élaborer le projet de loi d'orientation prévu par le gouvernement», conclut Claude Thélot. Sachant que, d'ici là, ce sera peut-être un autre ministre de l'Education qui sera chargé du chantier.
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Déjà 30 000 contributions sur le site du débat
Les internautes s'en donnent à coeur joie
[19 décembre 2003]

Il y a ceux qui se déplacent et il y a ceux qui pianotent devant leur clavier. Et ils sont nombreux. Près de 5 000 internautes sont déjà intervenus régulièrement, ce qui a aboutit à quelque 30 000 contributions enregistrées sur les forums thématiques du site du débat national pour l'école depuis son ouverture à la mi-novembre (*). «Cela dépasse tout ce que nous pensions», souligne Claude Thélot, le président de la commission du débat.

Sur les 22 proposées comme support à la réflexion, la question numéro un «Quelles sont les valeurs de l'école républicaine ?» est de loin celle qui a rencontré le plus grand succès. Hier, le site affichait 4 862 messages.

Viennent juste après «La formation et l'évaluation des enseignants» (3 367 contributions), «Que doivent savoir les élèves» (2 427), «Les missions de l'école» (2 174) puis «L'égalité et l'école» et «Les métiers de l'école» qui recueillent environ 1 800 messages chacune. En queue de peloton se trouvent «Autonomie et évaluation des établissements» (303) et surtout «L'enseignement agricole» (72).

Mais avant d'aborder le fond, plusieurs centaines d'internautes ont également sauté sur une question rajoutée après coup : «L'organisation du débat». Et ils s'en donnant à coeur joie. Quelques-uns pour se féliciter de l'organisation du débat : «Merci... Loin, très loin de jouer les Cassandres...» Beaucoup d'autres pour se défouler : «C'est un bordel monstre... Quelle désillusion... Censure ?... Débat vécu comme un trompe-couillon...»

De façon générale d'ailleurs, le site pourrait s'apparenter à une pub célèbre en son temps : «On trouve tout sur www. debatnational.education.fr»... ! Mais avec des intervenants inégalement répartis. Les enseignants occupent largement le terrain. «Ils sont majoritaires», soulignent les responsables du site qui recensent néanmoins des parents d'élèves, des lycéens et des étudiants et des retraités.

«Les interventions sont une juxtaposition d'histoires et de témoignages», notent les responsables. Dans le lot, il y a ceux qui soliloquent, dont l'intervention n'appelle ou ne suscite aucune réponse, et ceux qui s'engagent dans des échanges continus. La dernière question, «Comment former, recruter, évaluer les enseignants et mieux organiser leur carrière» conduit ainsi à des échanges «parfois brutaux», reconnaît Claude Thélot. Les Instituts universitaires de formation de maîtres (IUFM), en particulier, suscitent des propos dont on peut supposer qu'ils ont été amendés par les gestionnaires du site... «Cela produit des échanges féconds qui ne produisent pas du consensus, mais du neuf», se félicite le président de la commission.

Sur beaucoup de questions, les débats sont quasi quotidiens. Exemple : un certain Allain qui est déjà intervenu douze fois sur le point de savoir s'il y a aujourd'hui un véritable allégement des contenus des programmes, en correspondance avec un autre internaute André Montagne et un dénommé «bateleur» qui, sur cette seule question, ont écrit chacun neuf fois. Mais le record toutes catégories reviendrait à une enseignante : «Nous avons repéré 17 messages par jour depuis six semaines», s'amuse Claude Thélot.

M. C.

(*) www.debatnational.education.fr

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