Notre
pays se distingue par une montée de la violence anti-institutionnelle
plus forte qu'ailleurs.
Une des impasses
françaises réside également dans le fait que l'établissement
scolaire est déconnecté de la communauté de voisinage.
Or, la proximité
de l'école par rapport au quartier est un des points forts de la
lutte contre
la violence scolaire.
Nous sommes
au contraire dans une crispation identitaire de l'institution, des enseignants.
Plus qu'ailleurs,
ceux-ci expriment une méfiance à l'égard des parents
d'élèves.
Au lieu d'avoir
une action commune, on recherche un coupable.
On se prive
ainsi des meilleurs alliés possibles.
"Aveu d'impuissance" ou
"faiblesse
éducative", un rapport décrit la maltraitance à
l'école
Brutalités et harcèlement
physique et psychologique exercés sur des enfants par des personnels
du ministère
(rapport
de Nicole Baldet - octobre 2004)
Violence à l'école
:
"immense démagogie mondiale sur le sujet" (Eric Debarbieux) 11-01-06 -- La violence en milieu scolaire n'est globalement pas en hausse et le défi, partout dans le monde, est d'aborder ce sujet en évitant toute démagogie, estime le sociologue et professeur en sciences de l'Education Eric Debarbieux, organisateur de la 3e Conférence internationale sur la violence à l'école, du 12 au 14 janvier à Bordeaux. Q: Constate-t-on une augmentation de la violence en milieu scolaire, en France ou ailleurs ? R: Non. L'immense majorité des écoles sont des lieux sûrs, et même plus sûrs que l'extérieur. Je l'ai notamment constaté dans des favelas de Rio de Janeiro. En France, on assiste à une augmentation limitée, dans 5 à 6% des établissements, qui sont dans des zones de grande difficulté socio-économique. Mais le problème provient en grande part de l'instabilité des équipes pédagogiques, c'est un des facteurs explicatifs les plus importants. D'après des recherches effectuées au Etats-Unis, cette mobilité pédagogique peut même avoir plus d'incidence que les difficultés parentales. Q: Après avoir mené des recherches dans de nombreux pays, des tendances globales vous apparaissent-elles ? R: On sait que nous sommes dans une période d'immense démagogie mondiale sur le sujet. Le tout premier défi, c'est donc de limiter la manipulation de la violence. C'est un souci globalisé, car un fait divers qui se passerait aux Etats-Unis, je pense notamment à la tuerie de Columbine, va par exemple avoir des effets sur les politiques éducatives dans certains Etats africains. C'est cette peur d'un ensauvagement de la jeunesse qui est global, avec en conséquence des tentations de régression éducative très fortes. Q: Quelles solutions proposer pour tenter d'endiguer la violence scolaire ? R: Il n'y a pas de panacée. En premier lieu, il convient de ne pas casser les protections culturelles, comme à Djibouti, par exemple, où l'on voit 20 mères palabrer dans l'école. Et la violence est quasiment inexistante. En France, on est en train d'introduire une séparation entre les parents et l'école qui devient catastrophique. Arrêtons de nous culpabiliser les uns les autres. Et supprimer les aides sociales aux parents, c'est à mon sens une décision criminogène. Enfin, tant qu'on aura un mouvement national de nomination sur les postes d'enseignants, on ne s'en sortira pas. ("La violence à l'école, un défi mondial", Eric Debarbieux, chez Armand Colin) |