alternatives éducatives : des écoles différentes
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  LE DÉCRET
relatif aux parents d’élèves, aux associations de parents d’élèves et aux représentants
des parents d’élèves
et modifiant le code de l’éducation (partie réglementaire)
(Décret n° 2006-935 du 28-7-2006. JO du 29-7-2006)

LE RÔLE ET LA PLACE DES PARENTS À L’ÉCOLE
(Circulaire n° 2006-137 du 25-8-2006)

Faute d'avoir été admis comme véritables "partenaires"
(L.O. 89 jamais appliquée,
ni sous Jospin ministre, ni sous Jospin 1°,
ou les inénarrables et immémorables
"Assises de l'éducation" du "P.S." !!!),
les usagers usagés sont devenus,
de guerre lasse,
et resteront,
comme pré-vu,
des "clients".
... Sur le "Marché".

"Les usagers sont plus au courant qu'avant de notre existence mais surtout, ils veulent comprendre",
"Ils n'acceptent plus la «parole d'expert»,
qui vous dit que c'est comme ça
et qu'on ne peut ni ne veut rien y changer.
Ils sont plus exigeants, ils sont également moins complexés qu'avant vis-à-vis de l'école.
Ils osent réclamer. Ils veulent aussi des conseils et cherchent des relations humaines".

"Ne serait-il pas responsable, plutôt que de renvoyer -les parents- à leur incompétence en matière d'enseignement,
de réfléchir à des aménagements qui concilient professeurs, élèves, parents,
pour une meilleure réussite scolaire et l'arrêt de la spirale négative du conflit ?"
 
  

Education
Parents-profs la déchirure
Le Nouvel Observateur - Semaine du jeudi 28 septembre 2006 - n°2186

 

Ils se regardent, s'épient, se jaugent depuis des années. Parents-enseignants : le couple impossible ? Au moment où l'école se met en grève, ce 28 septembre, Caroline Brizard revient sur les raisons d'un désamour

La scène se déroule à Paris, un matin de septembre. Il fait chaud. Julie, l'institutrice de petite section, 54 ans, trente-trois ans de métier, assure un remplacement dans une école maternelle du 13e arrondissement. Hugo refuse d'ôter son manteau. Elle le lui enlève d'autorité. Une mère la voit faire. Sur le trottoir, elle témoigne : «La remplaçante a «arraché» le manteau d'Hugo!» Ainsi naît la rumeur.
Or la classe d'Hugo est tout sauf facile. Tous les jours Julie, qui fait aussi office de directrice, doit séparer des gamins qui se battent. Ses interventions alimentent les soupçons de maltraitance. La voilà dénoncée à l'inspection. Une rencontre avec des parents tourne au tribunal révolutionnaire. «Ils avaient tous quelque chose à me reprocher.» Sa «confession» est déformée, envoyée à la mairie, à l'inspection, au ministre. «Ces gens essayaient de me coincer, ils s'étaient arrogés le droit de me juger en deux minutes», se défend l'institutrice. Exceptionnelle, cette histoire ? En tout cas significative d'un état de crise chronique entre parents et enseignants. Une guerre de tranchées où chacun attend les missiles de l'autre camp.
D'un côté les profs, mi-victimes, mi-héros. Ils supportent à longueur d'année des élèves remuants, des programmes intenables et des méthodes discutables. De l'autre, les parents d'élèves, une espèce indisciplinée et hétéroclite, réunie par une seule obsession : la réussite de leurs rejetons. Les enseignants les accueillent en traînant les pieds. Un signe ? Une circulaire ministérielle du 31 août les oblige à organiser trois rencontres par an avec les parents. Selon un sondage Sofres réalisé au lendemain de la rentrée scolaire, 80% des parents d'élèves la trouvent «utile». Côté enseignants, ils ne sont que 53%.
Pauvres profs ! Ils se vivent comme les soldats d'une forteresse assiégée, cernée par des parents de plus en plus pressants. Jean-Louis Jutant, médiateur de l'Education nationale, chargé de mettre de l'huile dans les rouages du « mammouth », témoigne : «En 2005, 60% des 5500saisines émanent de parents qui demandent des comptes aux professeurs.» Une suspicion qui peut «dégénérer en agressivité si le professeur ne donne pas de réponse», poursuit-il. «Il y a une exigence accrue de qualité, un droit au questionnement, dans l'intérêt de l'enfant», tranche Faride Hamana, président de la FCPE, première fédération de parents d'élèves, classée à gauche.
Est-ce pour cela que les enseignants se sentent mal aimés ? Quand le ministère sonde ses professeurs sur le «malaise enseignant», une majorité d'entre eux l'attribuent à «la dégradation de leur image dans la société». Or il n'en est rien. Près de 80% des Français les jugent compétents dans leur discipline, et au hit-parade des métiers recommandés par les parents celui d'enseignant arrive en troisième position, selon un sondage Sofres/« le Monde de l'éducation »/« Télérama » de juin 2005.
Seulement voilà, l'enseignant ne s'y fait pas, il doit faire face à un « alien » dans son univers : le parent nouveau. Une espèce qu'on commence à mieux identifier. Le parent nouveau est moins confit de respect devant l'institution. Il est plutôt usager, plus revendicatif, pour ne pas dire client d'un service public auquel il s'estime en droit de demander des comptes. «L'attitude du cadre diplômé vis-à-vis de l'école est à peu près la même que celle qu'il a adoptée à l'égard de la Poste: ça doit mieux fonctionner», analysait il y a quelque temps Claude Thélot, grand organisateur de la consultation sur l'école en 2004. Et quand les résultats ne suivent pas,le parent nouveau râle. Il veut contrôler, participer, et même juger les enseignants : «On nous dit qu'on est membre de la communauté éducative, mais on est cantonné aux questions de papier toilette qui manque, de poids du cartable, de suppression ou non du porc à la cantine...» Réaction épidermique des profs : pas question de laisser le parent nouveau pénétrer dans la « grande citadelle »et de regarder de trop près les méthodes pédagogiques des uns ou des autres. Le prof réagit en écorché vif. L'antienne entendue régulièrement ? «On ne va tout de même pas m'apprendre mon métier.»
Lucile, 50 ans, mère de quatre enfants, à Neuilly, témoigne de ces rapports à la limite de la paranoïa : «Léa est en quatrième. Un soir, elle est rentrée sans avoir rien compris au dernier cours de maths. Elle n'avait pas osé le dire au professeur. J'étais furieuse contre lui. Après tout, c'est son rôle d'expliquer correctement et de s'assurer que tout le monde suit.» A la réunion de rentrée, le lendemain, Lucile met les pieds dans le plat. Avec mille précautions pour que le professeur, une dame un peu sèche, ne se vexe pas.
Comment éviter ces crispations qui entretiennent les petites guérillas entre parents et profs ? Monique, mère d'un garçon de 15 ans inscrit au lycée du Parc à Lyon, se moque de ce modèle de relation suranné, où «il faut écrire au professeur principal pour obtenir un rendez-vous». Patrick Gonthier, le secrétaire général de l'UNSA Education, deuxième syndicat de l'enseignement secondaire, l'admet volontiers : «On peut trouver des formules plus simples.»
Le parent nouveau peste aussi contre le professeur élitiste, limite adjudant-chef. Exemple, cette réponse entendue par une mère d'un établissement parisien : «C'est une classe de première très brillante, si je ralentis pour votre fils, les autres vont s'ennuyer.» Il tempête aussi contre tous ces donneurs de leçons qui s'arrogent des droits qu'ils refusent à leurs élèves : celui d'être en retard, de ne pas s'excuser d'une absence au cours précédent ou encore de répondre à leur portable en cours ?
Les absences ? Le sujet est explosif. Qu'il soit en formation, malade, en grève ou juste négligent, le résultat est le même : la chaise du prof est vide.Et le parent nouveau s'arrache les cheveux, vitupère ces «flemmards de fonctionnaires», toujours prêts à tirer au flanc. Il vit ces absences comme une rupture de contrat (voir encadré p. 90). Car, sauf faute grave, l'absent est intouchable : «Il n'y a aucune sanction pour le professeur qui fait mal son boulot. Pour quelques moutons noirs, que l'institution néglige, c'est un voile de discrédit jeté sur tous les professeurs», regrette Anne Kerkhove, présidente de la Peep, deuxième fédération de parents d'élèves, classée à droite. Or le parent nouveau est un anxieux. Il abhorre le laxisme. Il a surinvesti l'école. «Aujourd'hui, où le seul capital qui tienne, c'est le diplôme, explique le sociologue François de Singly, il faut réussir à l'école pour avoir une chance d'entrer dans la compétition sur le marché du travail. Alors les parents interviennent à tout bout de champ.»
Comment résister à ces assauts de pères et mères stressés, obsédés par le résultat, en un mot insupportables ? Les professeurs balancent entre flegme, ironie et agacement. Coincés dans un système si difficile à transformer, ils font l'autruche. Et se défoulent en salle des profs : «Qu'est-ce qu'on y bave sur les parents!», s'amuse une institutrice de centre-ville. En conseil de classe, ils les cantonnent au rôle de potiche : «Quand les parents délégués prennent la parole, on a tendance à leur dire qu'ils ne connaissent pas le problème», résume une ancienne principale d'un collège en ZEP, à Paris.
Derrière la désinvolture apparente, l'inquiétude est là : la grande invasion a bel et bien commencé. Béatrice, institutrice de CE2 dans une école privée à Saint-Gervais, est une femme énergique, avec un bel aplomb. Elle reconnaît que la nouvelle donne traumatise les enseignants : «On a toujours peur des parents. Peur du conflit qui risque de dégénérer on ne sait comment.»
Parfois les petits conflits du quotidien dégénèrent et finissent au tribunal. La Fédération des Autonomes de Solidarité (FAS), qui fournit une aide juridique aux professeurs en cas de conflit, relève une augmentation sensible des contentieux : «Nous avons 700affaires en cours, précise son vice-président Roger Crucq. Des conflits entre parents et enseignants qui donnent lieu au moins à une consultation chez un avocat.» Sur 18 millions de parents et 880 000 professeurs, c'est une goutte d'eau, mais elle empoisonne la relation parents-profs. Diffamation, coups portés, menaces, accusations de brutalité...
Parfois le ton monte. A Saint-Brieuc, un père irascible renverse le bureau du directeur de l'école parce que le short de son gamin a été remplacé sans qu'on le prévienne. «En Seine-Saint-Denis, la fracture culturelle avec les parents issus de l'immigration est telle que les parents sont totalement absents, résume Alice Dralliac (1). Il n'y a pas d'échange tout simplement parce qu'ils ne sont pas là. Par contre, dans le 5e arrondissement de Paris, les professeurs souffrent presque d'une trop grande proximité avec des parents diplômés, omniprésents, qui se mêlent de tout.» Le parent nouveau tendance bobo, qui rêve de faire partie de « l'équipe pédagogique ». Ainsi cette mère de famille d'un enfant de CE2 du 13e arrondissement : «Max ne fera pas le travail que vous avez demandé parce que je ne suis pas d'accord», écrit-elle dans le cahier de liaison de son fils. Le parent nouveau est un adepte du cahier de doléances. Il réclame en permanence des devoirs adaptés au niveau «exceptionnel» de son enfant. Et puis il y a les familles monoparentales, où la mère, surprotectrice, met une pression d'enfer sur le prof. «Beaucoup de mères seules avec un enfant ne supportent pas qu'on le frustre, poursuit une autre institutrice. Elles ont un enfant roi à la maison. Le problème, c'est qu'il devient vite un enfant tyran à l'école...» Quadrature du cercle, de la maternelle à la terminale, les parents veulent tout et son contraire : le prof est sommé d'aider leur enfant à s'épanouir, à prendre confiance en lui, et en même temps il doit évaluer, noter et classer. Sans traumatiser les chérubins. Mais il doit aussi, en matière d'autorité, se substituer aux parents accaparés par leur carrière ou dépassés par les événements. «On veut que les professeurs fassent respecter par les élèves des interdictions que les parents ne sont plus capables d'imposer», analyse l'historien Antoine Prost.
Conséquence : la réunion annuelle entre parents et professeurs est un théâtre d'ombres où se concentrent tous ces paradoxes. On pourrait s'attendre à une partie de boxe entre deux camps au bord de la crise de nerfs. En fait, tout est feutré, lisse. Comme si l'heure du grand déballage n'avait pas encore sonné.Comme si tout le monde avait peur de tout se dire.Hypocrisie suprême ou courtoisie élémentaire ? «Certains parents se déplacent uniquement pour voir à quoi ressemble le crétin qui martyrise leur fils à coups de mauvaises notes», s'amuse Christian Muzyk (2).Les parents de « cancres », eux, sont absents. Trop démissionnaires. Trop largués. Les autres viennent entendre que tout va bien. A moins qu'ils n'en profitent pour s'épancher un peu sur leur progéniture et beaucoup sur eux-mêmes ? Au fond, parents et profs ont du mal à s'entendre. Ils se cherchent, mais n'osent pas se regarder en face. Il leur faudrait une bonne crise. Pour ne plus avoir le bonnet d'âne des pays de l'OCDE. Dans le domaine de la coopération de l'école avec les familles, la France est au dernier rang. Parents-profs... Et si on se parlait ?

(1) « Carnets/chronique ordinaire d'une école primaire en Seine-Daint-Denis », par Alice Dralliac (Anne Carrière, septembre 2006).
(2) « Bienvenue en salle des profs ! », par Christian Muzyk (Albin Michel, août 2006).

Caroline Brizard 



La plaie de l'absentéisme
Sur les 233 millions d'heures de cours dispensées chaque année par les 440 000 enseignants de collège et lycée, 2 millions d'heures ne sont pas assurées pour absence prévisible (formation, problème de santé...). En 2005-2006, une moitié seulement des absents étaient remplacés. En ajoutant les absences imprévisibles (grèves ou accidents), le ministère de l'Education recense en fait 5 millions d'heures. Le taux de remplacement des enseignants tombe alors à 20%. Traduction : 4 professeurs sur 5 ne sont ainsi jamais remplacés. Pour connaître le vrai chiffre de l'absentéisme, il faut ajouter les « longue durée » (congé maternité...). On atteint alors les 8 millions d'heures...

Léna Mauger 



Ce soir, on s'fait une bouffe !
Rien de tel qu'un bon repas pour délier les langues et apprendre à se connaître. Depuis six ans, des professeurs du collège André-Malraux d'Asnières (Hauts-de-Seine) organisent régulièrement des dîners-rencontres avec les parents d'élèves. Un geste simple destiné à restaurer le dialogue au sein de cet établissement du nord de la ville, classé « ZEP ambition réussite ».
C'est en terrain neutre, en dehors du collège, au club des Chardons, qu'on ripaille : un mot dans le cahier de correspondance, un coup de fil la semaine précédente, puis un autre, l'avant-veille. Le jour J, la moitié des parents répondent à l'invitation. «Chacun apporte un plat, toujours très copieux, raconte Marie-Christine Faubert, la présidente de l'association. Souvent des spécialités de son pays. Malgré la gêne au départ, c'est vite convivial.»
L'initiative, atypique, est née d'un désir commun. «Peu familiarisées avec le système scolaire, les familles n'osent pas nous contacter, explique Marguerite Graff, enseignante d'histoire-géographie. Or, pour mieux comprendre le comportement des élèves, il faut comprendre comment ils vivent.»
Les professeurs, eux, ont le sentiment que leur autorité a été renforcée auprès des familles et des enfants. «Ils nous font davantage confiance», confirme Delphine Delas, une autre enseignante d'histoire-géographie. Les parents, pour la plupart d'origine étrangère, viennent plus nombreux aux rencontres classiques, type remise de bulletin. Nicolas Renard, le principal de l'établissement, regarde d'un bon oeil ces rencontres « hors cadre ». Et note une «amélioration du climat dans le collège. Le nombre d'incidents entre jeunes et adultes est en baisse. On a eu 23 conseils de discipline il y a six ans, 5 l'an dernier».
Léna Mauger
Léna Mauger 
LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
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