25 juin 2009 : en
attendant des résultats d'expérimentations sur les seuils
d'exposition aux ondes électromagnétiques,
la mairie de Saint-Denis
(Seine-Saint-Denis) a pris un «moratoire»,
suspendant l'implantation d'antennes-relais
jusqu'à une date
indéterminée.
«
Puis ils sont venus me chercher
Et
il ne restait plus personne pour protester. »
Des
communes d'Isère sont mécontentes de devoir refaire leur
réseau d'eau pour STMicroelectronics
Estimé à 25 millions d'euros,
le projet est destiné, en effet, à répondre aux besoins
des industries de la micro-électronique,
très consommatrices en eau qu'elles
utilisent pour le nettoyage des plaques de silicium.
La téléphonie mobile serait-elle encore trop rentable
pour
être [déclarée] nocive ?
"Téléphonie
mobile, sommes-nous tous des cobayes ?"
documentaire (52') de Joaquina Ferreira,
avec la voix de Rufus
visible et téléchargeable
gratuitement
Interdire
les "téléphones-doudous" dans les écoles
RECETTE
DE LA CERVELLE D'ENFANT AU MICRO-ONDES
Très chers
enfants
Qui
refuserait de donner toutes ses chances à son gamin ?
«Cette situation
est à l’origine d’une grande violence sociale,
la violence de la
pauvreté»
La police observe une
forte poussée de la petite délinquance
(racket, dépouille,
casses) depuis l’arrivée des portables.
«Les vols ont
explosé après 1998.
Dans la capitale,
une plainte sur deux pour vol avec violence
concerne un vol à
l’arraché de portable.
Aujourd’hui nous en
sommes à 27 000 depuis janvier.»
Autre conséquence
moins visible,
l’émergence d’un
marché noir et d’une société de la débrouille.
les compagnies Swiss Re, Loyds, AXA,
et Allianz,
n'assurent
plus les compagnies de téléphone mobile
en
responsabilité civile pour les risques sanitaires
liés aux
émissions des champs électromagnétiques
Création
du monde et lancement d’un téléphone
la seule nouveauté réside
dans le prix faramineux du gadget
20 ans de guerre,
3 millions de morts rien qu’en RDC, ex-Zaïre...
Si les téléphones cellulaires
et leurs ondes sont nuisibles pour notre santé,
les conditions d’extraction des métaux
nécessaires à leur fonctionnement
font bien plus de dégâts
sur la santé des africains !
Le
Coltan (Colombo-Tantale), un minerai qui tue
![]()
Sur
portable d'écoutes
AVANT, poser une écoute était
compliqué. Avec le portable, plus besoin d'aller mettre une
Dès lors, la manip' est simplissime : le portable voit sa ligne automatiquement dérivée vers le central d'écoutes. Tous les services de PJ en ont un, qui fonctionne avec du matériel loué à l'année à des sociétés privées. En pianotant son code personnel sur son propre mobile, le policier va pouvoir écouter en « live » le portable branché. Et, comme sur son iPod, il peut faire des retours en arrière pour se repasser les meilleurs morceaux de l'enregistrement. Coût d'une écoute sur un téléphone
mobile: 700 euros par mois dans la poche de l'opérateur, réglés
par le ministère de la Justice.
Fini les planques «Grâce au portable, on a moins
besoin de se lever à l'aube et de se coucher à pas d'heure
pour faire des planques», se réjouit un officier de police
judiciaire.
Plus besoin de "filoches" Sans sortir de son bureau, un policier peut suivre les déplacements du portable qui sert de mouchard. Quelle rue - à quelques mètres près - son «client» a empruntée et à quelle heure, dans quel café il est allé prendre son petit noir, ou encore qui il a croisé et à quel moment, etc. Une mine d'infos que l'opérateur garde au chaud pendant un an (tout comme la fadet), au cas où la police en aurait besoin. Le tout mis sur DVD et mouliné avec un petit logiciel maison. «Si je veux savoir si untel ou untel a croisé mon client, pas de problème :j'entre les noms, et l'ordinateur me donne la réponse, en précisant quand, où, combien de fois et combien de temps», détaille le même poulet. En plus, ça fait micro La loi dite « Perben II» (qui
modifie la loi sur les écoutes téléphoniques de 1991)
a autorisé la sonorisation.
On n'en saura rien Sur les 27 000 écoutes autorisées chaque année par les juges et les 4 millions de réquisitions téléphoniques, un grand nombre d'écoutés n'en sauront jamais rien. Le policier dira au juge que la ligne « n'a rien donné ». Pour la plupart citoyens lambda, le seul fait de posséder un mobile les aura rendus facilement «espionnables». Car un juge peut signer une commission rogatoire autorisant une écoute sur n'importe quel quidam s'il pense qu'elle peut concourir à la manifestation de la vérité. Autant dire que ça fait potentiellement du monde. Quant aux voyous, même s'ils en connaissent les risques sur le bout des doigts, il leur arrive encore de se faire pincer à cause d'un portable. Encore heureux ... Jérôme Canard Le Canard
enchaîné - 05 12 07
Grandes oreilles IL y a des écoutes que les juges
ne voient jamais passer. Les «administratives», comme on les
appelle. Cinq mille par an (très exactement: 5 985 l'an dernier),
autorisées par Matignon pour le compte des ministères de
l'Intérieur, de la Défense et des Finances. Les grandes oreilles
de l'Etat
Mais le fin du fin en matière d'écoutes,
ce que ni les juges ni la commission ne voient jamais
Le Canard
enchaîné - 05 12 07
|
Pourquoi
il n'y a plus de gorilles dans le Grésivaudan ...
Le téléphone portable, gadget de destruction massive On croyait tout savoir sur les nuisances du téléphone
portable. On était loin du compte.
"Compte tenu du très fort développement prévisible du Centre de Recherche en Nanotechnologies de la zone d'activité des Fontaines et de la Zone Industrielle de Crolles, soutenu localement et nationalement, il est indispensable de compléter de façon urgente sa desserte, pour assurer son accessibilité." (1) On sait que pour devenir une agglomération de "statut international",
une "Silicon Valley à la française", et bientôt
un "Pôle de compétitivité", la cuvette grenobloise
a sacrifié depuis un siècle ses paysages, son environnement,
la santé de ses habitants, la démocratie locale et le contrôle
de sa vie. (2)
Rappel : Crolles II, ce sont des investissements colossaux (2,8 milliards d'euros dont 543 M€ d'aides publiques), la destruction des terres agricoles du Grésivaudan, le transport et le stockage de produits hautement toxiques, les bouchons sur l'autoroute, la guerre économique contre Chinois et Américains, le pillage des ressources en eau, les contrôles d'identité à l'entrée de l'Alliance, la soumission des chercheurs du CEA aux exigences des industriels STMicroelectronics, Philips et Freescale Semiconductors, la visite régulière des autorités - Chirac, Sarkozy, Devedjian, etc. LA fierté du techno-gratin. Pour quoi faire ? Des téléphones portables.
"Allo, c'est moi.
J'suis dans le bus.
Ne souriez pas. Si vous trouvez dérisoire le résultat de ces sacrifices, gaspillages et destructions, c'est que vous n'entendez rien à la réalité économique. Le téléphone portable, c'est une innovation, et comme l'a expliqué Michel Destot, maire de Grenoble, avec l'innovation "apparaît le développement des activités économiques qui génère lui-même des emplois pour l'ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine d'or, prenons-en conscience." (3) Le téléphone portable génère bien d'autres
choses que des emplois et de l'or.
I - Il n'y a plus de gorilles au numéro demandé
D'abord à cause de sa puce. Eric D. Williams, chercheur à
l'université des Nations Unies à Tokyo, a mesuré les
éléments nécessaires à la fabrication d'une
puce de 2 grammes. Résultat : 1,7 kg d'énergie fossile, 1
m3 d'azote, 72 g de produits chimiques et 32 l. d'eau. Par comparaison,
il faut 1,5 tonne d'énergie fossile pour construire une voiture
de 750 kg.
A Crolles, l'usine à puces de l'Alliance STMicroelectronics/Freescale/Philips
engloutit 700 m3 d'eau par heure, et soumet les pouvoirs publics à
ses exigences : 150 000 € d'amende par heure à payer à
l'entreprise en cas de défaillance dans la fourniture d'eau, et
obligation de doubler prochainement les conduites d'adduction. Si l'Alliance
a choisi le Grésivaudan, c'est aussi pour piller ses ressources
en eau pure – y compris en période de sécheresse et de canicule.
Officiellement, en 2002 l'Alliance a rejeté dans l'atmosphère 9 tonnes de NOx, 10270 tonnes de CO2, 40 tonnes de COV (5). C'est déjà énorme. Mais un salarié de l'usine confie, sans vouloir en dire plus, que la teneur en produits polluants des rejets dans l'atmosphère serait faussée par l'utilisation de gaz pulsés. Comment le vérifier ? La direction ne communique pas sur les chiffres. Ce n'est pas tout.
Les mines de coltan sont situées sur le territoire des derniers gorilles des plaines, qui sont la cible des mineurs. Au rythme du saccage actuel, les spécialistes estiment à 10 ou 15 ans maximum l'espérance de survie de l'espèce. (7) Chaque fois que vous passez un coup de fil sur votre portable, vous
jouez avec la santé des habitants du Grésivaudan, avec la
vie des Congolais et celle des derniers grands singes de la planète.
"Allo ? Ouais, je
suis à la boulangerie.
Téléphone jetable
Au-delà du jargon hystérique typique des amateurs de gadgets électroniques, on aura compris l'essentiel : dans leur monde, le danger c'est la ringardise. Il faut changer son téléphone portable ou son "assistant personnel" aussi souvent que l'exigent la mode, le "progrès" et les fabricants. "En moyenne les Japonais changent de mobile tous les douze à dix-mois", indique Yoshimi Ogawa (9), patronne d'Index Corporation, société japonaise qui vend du "contenu" pour portables, et qui a acheté le club de foot grenoblois. Changer de téléphone signifie jeter son téléphone. Depuis le lancement de ce gadget sur le marché, 500 millions d'exemplaires ont déjà été jetés, grossissant les montagnes de déchets électroniques et électriques (DEEE). Rien qu'en France, nous en produisions 25 kg par personne en 2001, et ce chiffre doit doubler d'ici 2013. "Or, ces déchets sont loin d'être anodins. Ils concentrent un mélange complexe de matières et de composants particulièrement toxiques. Métaux lourds, cadmium, mercure, et plomb en grande quantité : 40 % du plomb trouvé dans les décharges provient de l'électronique de consommation. Les rebuts électroniques et électriques sont pour l'essentiel incinérés avec les déchets ménagers et provoquent ainsi d'importantes émissions de dioxines. Ces substances, ennemies de longue date de l'air, des sols et des nappes phréatiques, menacent également la santé des êtres vivants. Quelques mois suffisent pour qu'un téléphone mobile dernier cri et un ordinateur ultra-performant se métamorphosent en bombes à retardement pour l'environnement." (10) Aux apôtres du "recyclage" censé résoudre le problème, précisons la fin de l'histoire : "Plus de la moitié des ordinateurs "recyclés" (NDR : aux Etats-Unis) sont en réalité expédiés en Chine, où des travailleurs médiocrement payés récupèrent les parties jugées intéressantes des appareils (voir www.ban.org). Mais cela se traduit par une sérieuse pollution, en raison des quantités importantes de plastique et de métaux lourds entrant dans la composition des ordinateurs. Les pièces inutiles sont brûlées, provoquant des émanations toxiques, ou abandonnées dans des décharges où l'eau de ruissellement entraîne les polluants dans les nappes phréatiques. Non loin de Hong Kong, dans la ville de Guiyu, spécialisée dans ce "recyclage" particulier, les enquêteurs ont constaté que l'eau n'était plus potable et devait être acheminée par citernes de villes voisines, tandis que les maladies se multiplieraient du fait de la pollution de l'air." (11) Plus près de nous, à Bourg-Fidèle (Ardennes), l'usine
Métal Blanc a été jugée en février 2005
pour la contamination par le plomb et le cadmium du sol, de l'air et de
l'eau, avec des conséquences sur la santé d'une quarantaine
de personnes (salariés et enfants voisins essentiellement) (12).
L'activité de cette usine ? Le recyclage. On voit que les nuisances
sont aussi durables que le développement des industries qui les
provoquent.
"C'est M. Busy, je
serai un peu en retard
Grillades de cerveau "Rentabilité oblige, les téléphones mobiles
ont été mis sur le marché sans que des études
préalables de nuisance aient été faites. Autrement
dit, les utilisateurs sont les cobayes d'une expérience planétaire
dont on ignore encore, faute de recul suffisant, les conséquences
sur la santé."
"Les champs électromagnétiques générés
par les antennes des téléphones portables provoquent indirectement
des ruptures dans les brins d'ADN de cellules humaines et animales. Ils
vont même jusqu'à perturber la synthèse de certaines
protéines."
(…) Le Pr Franz Adlkofer, coordinateur du projet et directeur exécutif de la fondation Verum, assène d'ailleurs que l'étude démontre l'existence "d'un mécanisme physiopathologique qui pourrait être à la base du développement de désordres fonctionnels ou de maladies chroniques chez l'animal et chez l'homme". (…) les impacts biologiques observés sur les cellules sont apparus pour des doses d'énergie (...) inférieures au seuil de 2 W/kg actuellement recommandé par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants et repris par la législation française." (13) "(…) ces ondes électromagnétiques atteignent, à 2 cm de profondeur, la région la plus superficielle -mais aussi la plus sensible- du cerveau : le cortex, ou écorce cérébrale (…), provoquant une élévation de la température du tissu cérébral. "Au niveau du cortex, cette augmentation est d'environ 1ùC", explique Luc Vershaeve, de l'équipe d'Anne-Marie Maes, au Vlaamse Instelling voor Technologish Onderzoek, à Mol (Belgique). Tout se passe exactement comme dans un four à micro-ondes, sauf qu'ici c'est le centre névralgique du corps humain qui subit un échauffement. "Si l'on téléphone régulièrement et pendant de longues périodes il n'est pas impossible que l'effet thermique finisse par léser l'ADN cellulaire et provoquer des tumeurs cancéreuses" précise Luc Verschaeve" (14) Les ondes nuisibles pour la vérité Pourquoi les cobayes humains ne sont-ils pas informés ? Parce que le lobby de la téléphonie mobile ne laisse rien passer, verrouille les résultats négatifs, enfume les autorités sanitaires, attaque en diffamation les citoyens qui expriment leurs inquiétudes (15). "D'une façon générale, tous les résultats mettant en cause la téléphonie mobile sont systématiquement rejetés par les fabricants de portables. Le Dr Henry Lai qui travallait sous contrat avec Wireless Technology Research (WTR) une société sous la tutelle de fabricants de téléphones mobiles, s'est vu refuser la publication de ses travaux parce qu'ils démentaient le credo des fabricants. (…) "Ils me demandaient d'interpréter différemment mes résultats afin de les rendre plus favorables à la téléphonie mobile", s'insurge le chercheur. La même mésaventure est arrivée au biologiste américain Ross Adey, qui effectuait une étude pour le compte de Motorola (…). Comme le fabricant refusait d'admettre ses conclusions, à savoir l'effet nocif des ondes électromagnétiques sur des animaux de laboratoire, il a préféré arrêter sa collaboration scientifique. "Tout se passe comme autrefois avec les fabricants de cigarettes, qui refusait de réveler toutes les études montrant les dangers du tabac" proteste Henry Lai." (16) En France, quatre chercheurs du Comité scientifique sur les champs
électromagnétiques ont publié en février 2004
leur livre blanc des incidences de la téléphonie mobile et
des antennes relais sur votre santé : "Votre GSM, votre santé
: on vous ment !" (17).
Les études épidémiologiques menées un peu partout dans le monde révèlent clairement l'étiologie des nombreux malaises ressentis par les utilisateurs de téléphones portables et les riverains d'antennes relais (insomnies, troubles cardiaques, hypertension, céphalées...) ainsi que l'existence possible d'un lien entre cette exposition et des pathologies lourdes telles des maladies neurodégénératives, certaines formes de cancer…" (18) Rendons hommage aux rares scientifiques capables de résister,
quand les représentants de la téléphonie mobile, eux,
évoquent des "symptômes subjectifs" (19) chez leurs
clients qui se plaignent.
"J'entends rien !
II - Le triomphe du conformisme Fin 2004 l'Autorité de régulation des télécommunications
recensait 44,55 millions de possesseurs de téléphones portables
en France, soit un taux de pénétration de 74 %. (21) "Deux
adolescents sur trois entre 12 et 17 ans en possèdent un. Ils sont
91 % entre 18 et 24 ans. Si l'on excepte les personnes âgées
et les enfants en bas âge, le marché arrive aux limites de
la saturation." (22)
Harcèlement publicitaire, appareils à 1 fr. puis 1 €, disparition des cabines téléphoniques, coût exorbitant des appels depuis un fixe vers un mobile et pression sociale ont fait du téléphone portable la technologie au développement le plus rapide de l'histoire. Plus que tous ses prédécesseurs, ce gadget pousse au mimétisme et au conformisme si chers aux marketeurs. "Ne pas céder au portable, c'est ne pas avoir peur d'exister par nous-mêmes, affirme Françoise, 35 ans, libraire dans le Sud-Ouest. J'ai fini par céder à la pression de mon entourage. Ce qui les gênait dans mon attitude, c'était le refus de m'aligner sur le comportement dominant." (24) Faites le test. Dites à vos collègues que vous n'avez pas de portable. Hors les exceptions qui chuchotent : "Tu as bien raison, j'aimerais en faire autant", la majorité s'esclaffe : "T'es contre le progrès ? Tu t'éclaires à la bougie ?" ou s'inquiète : "Mais comment tu fais ?" Si trois Français sur quatre se demandent comment ils ont fait pour se passer de portable jusqu'ici, c'est grâce au bourrage de crâne du marketing et des sociologues des "usages" qui, au "laboratoire d'idées" IDEAs Lab de Minatec par exemple, vendent leur méthode aux marchands de gadgets. (25) Une méthode efficace, et brevetée : la "Conception
Assistée par l'Usage" ("design smart process") a été
inventée par un Grenoblois, sociologue et anthropologue de l'innovation
au CNRS, Philippe Mallein. En 1999 il a créé sa société,
Ad Valor, pour vendre sa méthode. "Celle-ci identifie les usages
des technologies avant même la conception de nouveaux produits. Objectif
: créer de véritables nouveaux produits, avec de véritables
nouveaux usages, et ne pas seulement s'adapter à ce que le marché
semble demander." (26)
Il faut entendre le cynisme de Denis Marsacq, du laboratoire "Sources d'énergie miniatures" du CEA-Grenoble, sous-traitant de Nokia dans la recherche sur les mini-piles à combustible pour portables, lâchant lors d'une conférence à la Fnac : "Bien sûr ces piles coûteront plus cher que le rechargement d'un téléphone sur une prise électrique, mais nous ciblons les adolescents, qui sont immatures et moins rationnels, et nous pensons qu'ils accrocheront au "sans fil" total." Souvenons-nous : ne pas seulement s'adapter à ce que le marché
semble demander.
De même que dans 1984 l'histoire est réécrite chaque
jour, on ne saura bientôt plus qu'il existait un temps où
l'on ne s'appelait pas pour se dire qu'on arrivait. Comme on ne sait plus
aujoud'hui qu'il a existé un temps où l'on ne s'appelait
pas du tout. Où l'on frappait à la porte des gens pour leur
parler.
"Vi1 2m1 c tro top"
Leur soumission hypnotique au marketing conduit les consommateurs à
négliger l'essentiel : "Recul sensible des dépenses de
nourriture, progrès spectaculaires des achats de loisirs, notamment
dans la haute technologie... En quelques années, les habitudes de
consommation des Français ont profondément changé
(…) Pour continuer à acheter les produits qui les font rêver
(…) ils rognent ostensiblement sur les produits alimentaires de marque
vendus par la grande distribution et prennent le chemin des magasins de
proximité à bas prix, les fameux hard discounters." (27)
En rognant sur leur alimentation, les Français ont permis aux
opérateurs de téléphonie mobile d'engranger 16,7 milliards
d’euros en 2002, soit l'équivalent du chiffre d'affaire de la construction
aéronautique et spatiale. (29) Le constructeur Nokia a réalisé
un chiffre d'affaire global de 29,26 milliards d'euros en 2004 (30),
et estime que 630 millions de téléphones seront vendus dans
le monde en 2005, toutes marques confondues.
Soin palliatif Si ce marché est si porteur, c'est que le rouleau-compresseur marketing a su capter ce qui, dans ce monde high tech et dévoué à la guerre économique, avait été détruit : les rapports sociaux. Il est typique du système de nous vendre, à coup d'innovations, des remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur ! D'après les opérateurs de téléphonie mobile, le portable serait un objet qui "valorise" ("il véhicule nos signes extérieurs de richesse ou d’originalité"), "rassure" ("tout se passe comme si ce petit objet (…) protégeait d’un monde potentiellement hostile"), "renforce les liens" ("il sert à appeler des personnes que l’on voit tout le temps et qui habitent près de chez soi, et ce, pour des conversations courtes et répétées"), voire "permet de se déclarer". (32) Les opérateurs ont compris le bénéfice qu'ils pouvaient
tirer d'individus dévalorisés, angoissés, incapables
de communiquer ou de supporter l'inconnu. Leur argument de vente dessine
en négatif la société techno-marchande qui crée
ces individus. Pourquoi aurions-nous besoin d'une médiation électronique
pour communiquer si ce n'est pour nous adapter à un monde qui atomise
chacun de nous et morcelle nos vies ?
Supposé renforcer les liens avec les proches, le portable
permet à coup sûr d'éviter le contact avec des inconnus.
Voyez ces urbains égarés, accrochés à leur
portable pour se faire guider à distance plutôt que de demander
leur chemin à des gens. Ou ces zombies en transit rivés à
leurs SMS, certains d'éviter ainsi le regard de leurs voisins de
bus.
"Mais chérie puisque je te dis que je suis à Angoulême ! Bon, je te rappelle."
La prothèse crée le handicap Comme la prothèse qui remplace un membre, le téléphone est supposé réparer artificiellement les dégâts de ce monde-là, qui fait de nous les rouages de la machine à produire et à consommer en masse, à faire la queue au supermarché, au multiplexe, au télésiège, au péage d'autoroute. Sans doute les opérateurs ont-ils raison d'attribuer le succès du portable à la crainte "d'un monde potentiellement hostile" et sans doute ont-ils quelque intérêt à renforcer un peu plus cette hostilité du milieu, à chaque lancement d'un nouveau service ou d'une nouvelle norme de communication sans fil. Puis, la prothèse se substituant au membre, les machines nous
privent de l'usage de nos facultés. Depuis la voiture, les citadins
ne savent plus marcher pour les trajets les plus minimes (plus de la moitié
des déplacements en voiture concernent des trajets de moins de 3
km), et, se plaignant de l'"épidémie" d'obésité
qui les frappe, de la pollution, des morts sur la route, des guerres pour
le pétrole, etc, ne songent même plus à retomber sur
leurs pieds. Ils ont oublié comment on vivait sans voiture, et cet
oubli est une amputation. La prothèse s'est faite handicap.
Non seulement le téléguidage rend le territoire virtuel,
mais le bavardage incessant au portable transforme la vie en son commentaire
– partagé malgré eux par les voisins du bavard bruyant. Une
extraction de la réalité qui culmine avec les fonctions appareil-photo
et caméra désormais intégrées à tous
les téléphones. L'important n'étant plus ce que l'on
est en train de vivre, mais les images qu'on en tire. Même les chanteurs
pop s'émeuvent de ces forêts de portables tendus à
bout de bras par des spectateurs pressés de les mettre en boîte.
"Tout
ce qui était directement vécu s'est éloigné
dans une représentation."
"Devine d'où je t'appelle ?"
Le portable s'avère l'inverse de ce qu'il prétend être
- un outil de communication. Depuis combien de temps n'avez-vous pas eu
une conversation non interrompue par une sonnerie ? Conditionnés,
nous trouvons ça normal, mais faisons un pas de côté
: regardons-nous, la bouche ouverte, stoppés par le réflexe
pavlovien de nos interlocuteurs plus pressés de répondre
au coup de sonnette que de nous laisser finir notre phrase. On en est là.
Enchaînés par le sans-fil
Voilà le sans-fil sous son vrai jour de fil à la patte
supplémentaire. Voilà l'autonomie de l'individu un peu plus
cabossée par une prothèse techno qui dispense de trouver
en soi les ressources pour se démêler des aléas du
quotidien. Voilà achevée la couverture totale du territoire,
jusqu'aux sommets de montagnes, devenus des squares où il n'y a
qu'à sonner pour être secouru en hélico.
Une récente publicité rappelle ce que nous avons perdu,
sur fond de paysage sauvage : "Allez où votre portable ne passe
pas." Pour nous fourguer… un 4x4.
"Allo, j'suis dans le rayon, là. Je prends quoi comme café, en poudre ou en grain ?" III - Filez droit, vous êtes tracés Derrière le joujou high tech se cache un super-traceur d'individus, exact opposé de la liberté promise par les vendeurs de portables et du "nomadisme" frelaté vanté par le faisan Attali. Quelle est cette liberté qui nous attache à une laisse électronique, à un objet dont la présence dans notre poche suffit à nous localiser partout ? En France 35 000 antennes-relais maillent le territoire et enregistrent les signaux émis par les GSM, tandis que les factures détaillées des opérateurs reconstituent l'intégralité de nos appels. Preuve de la fiabilité du système : "Le portable en dit tant sur la localisation et les fréquentations des suspects qu'il est devenu un outil indispensable pour la police (…) Qu'il s'agisse de déterminer un emploi du temps, un itinéraire ou un réseau de relations, l'étude des appels téléphoniques fixes et mobiles est devenue "un recours quasi systématique", selon un magistrat." (36) Pas besoin d'être un criminel pour être cyber-fliqué. Les journalistes de l'Equipe l'ont compris quand une juge s'intéressant à leurs sources – que la loi leur permet de protéger – a fait appel à la technologie. "Tout ce que vous allez dire au téléphone pourra être retenu contre vous. Tel est le message que la Justice vient de délivrer à la presse (…). Il suffit que la police le demande pour que les opérateurs fournissent la liste des appels reçus et envoyés pendant une période donnée. Si les textes (NDR : législatifs) permettent aux journalistes de garder le silence, rien n'empêche de faire parler la technologie à leur place. C'est ce qu'on appelle une avancée pour la liberté de la presse." (37) Les lycéens qui ont manifesté contre la loi Fillon au printemps dernier ont aussi fait les frais de leurs portables, mis sur écoute très facilement. "Le réseau GSM est précieux pour les micros espions. Il suffit d'une puce téléphonique - la carte SIM - et d'un peu de technique pour permettre à un micro espion de fonctionner sur le réseau du portable. Les enquêteurs peuvent donc l'écouter en toute légalité en composant un simple numéro téléphonique et profiter ainsi d'une meilleure couverture qu'un micro classique." (38) L'intégration de la géolocalisation (GPS) dans les portables
permet désormais le suivi de tous par tous. L'opérateur japonais
NTTDoCoMo a créé le premier téléphone espion,
avec un service de localisation des porteurs depuis un ordinateur ou un
autre portable. "Idéal pour repérer les membres
de la famille tels que les enfants ou les personnes âgées",
vend NTT.
La traçabilité du cheptel humain est un des marchés
d'avenir pour l'industrie électronique. Puces, RFID (système
d'identification à distance par radio-fréquence), implants
sous-cutanés, données biométriques : la technologie
permet de nous suivre, nous identifier, nous ficher, nous contrôler.
Il faut juste nous faire accepter cette nouvelle condition d'hommes soumis.
Le téléphone portable et ses gadgets ludiques sont parfaits
pour ça. Ils nous conditionnent à l'idée d'être
tracés, et nous préparent à la domestication totale.
Les industriels qui ne s'embarrassent pas de fioritures l'ont expliqué
dans un programme d'action publié en 2004 par le GIXEL (Groupement
des industries de l'interconnexion, des composants et des sous-ensembles
électroniques) : "La sécurité est très souvent
vécue dans nos sociétés démocratiques comme
une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter
par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci
la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles.
Vous avez gobé le portable ? Vous avalerez les contrôles
biométriques.
Grenoble, 8 juin 2005
------------------------------
www.piecesetmaindoeuvre.com (La 1° partie est lisible - en fac simile - dans le N° d'octobre 2005 de la revue Silence) NOTES 1 - Enquête publique création du semi-échangeur "Crolles II", avril 2005 2 - cf "Croissance à la grenobloise – Comment on nous détruit" sur www.piecesetmaindoeuvre.com 3 - In L'espace alpin et la modernité, bilan et perspectives au tournant du siècle, sous la direction de Daniel J. Grange, PUG 2002 4 - Libération 21/11/02 5 - d'après le "Bilan de l'environnement industriel en Rhône-Alpes" de la DRIRE 6 - source COLTAN 7 - Sciences et Avenir, juin 2004 8 - Stuff, février 2005 9 - Le Journal du Net, 27/01/04 10 - Le Figaro Magazine 7/07/01 11 - Le Monde 17/04/02 12 - Le Monde 23/02/05 13 - 01net, 14/01/2005 - http://www.01net.com 14 - Science et Vie, avril 1999 15 - cf affaire d'Etienne Cendrier à Paris, 2003 16 - Science et Vie, avril 1999 17 - R. Gautier, P. Le Ruz, D. Oberhausen, R. Santini - Editions Marco Pietteur 18 - cf http://csifcem.free.fr 19 - Association française des opérateurs de téléphonie mobile : www.afom.fr 20 - Extrait des auditions des opérateurs de téléphonie mobile par l'AFSSE, 10/01/03 – www.afsse.fr 21 - Le Monde, 27/01/05 22 - Le Monde 2, 19/02/05 23 - Télérama 16/02/05 24 - Le Monde 2, 19/02/05 25 - cf Aujourd'hui le Nanomonde nù3, www.piecesetmaindoeuvre.com 26 - 01 Informatique, 22/11/02 27 - Le Parisien, 14/01/05 28 - cf www.greenpeace.fr 29 - www.afom.fr 30 - Le Monde, 28/01/05 31 - Libération, 5-6/02/05 32 - www.afom.fr 33 - Le Monde 2, 19/02/05 34 - www.afom.fr 35 - id. 36 - Libération 4/12/04 37 - Télérama, 26/01/05 38 - Libération 4/12/04 39 - www.watisit.com 40 - www.gixel.fr
|
| Présentation
| SOMMAIRE
|
| Le
nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation
? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme
scolaire et "éducation alternative" | Jaune
devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le
lycée "expérimental" de Saint-Nazaire |
Le
collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure
de la... It's time for ... Re-creation | Freinet
dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer
l'école | Des
écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !|
L'école
Vitruve |
| Colloque
Freinet à ... Londres | Des
écoles publiques "expérimentales" |
| 68
- 98 : les 30 P-l-eureuses | Et
l'horreur éducative ? |