alternatives éducatives : des écoles différentes
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I Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop |
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Appel pour des éts innovants et coopératifs |
I Obligation scolaire et liberté I | Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I

Quelques autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité :
les rapports parents-profs, la maternelle à 2 ans, l'ennui à l'école les punitions collectives,  le téléphone portable, l'état des toilettes, le créationnisme...
 
 

Le droit d'apprendre
Ivan Illich dans Une société sans école
proposait, dès les années 70,
une réflexion radicale sur l'échec de l'enseignement à l'école.
Cette dernière, outil d'un Etat,
peut-elle être pensée aujourd'hui autrement
comme il le suggérait il y a trente ans ?

Carte scolaire :
près de 1 500 élèves parisiens (10 % du total) passant de troisième en seconde
se retrouvent pour l'instant sans point de chute en lycée.

Comment les parents d'élèves contournent la carte scolaire

La réforme de la carte scolaire nuit à la mixité sociale
Sur le terrain, les chefs d'établissement sont réservés sur les effets de la carte scolaire, censée favoriser la mixité sociale.
Ils demandent la mise en place d'un appareil statistique.

2008 : Le SNPDEN réclame à Xavier Darcos la mise en place
"d'un observatoire avec des indicateurs de mixité sociale, scolaire, d'égalité entre les familles, d'offres sur le territoire". 

 Carte scolaire : les chefs d'établissements vont faire leur propre enquête

--afp--02/02/10 --   Le SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissements, a annoncé lundi qu'il ferait en mars sa propre enquête sur l'impact de l'assouplissement de la carte scolaire, reprochant au gouvernement de ne pas fournir de statistiques en la matière.

Cette "enquête de ressenti" sera organisée du 9 au 19 mars par internet auprès des personnels de direction des collèges et lycées, a expliqué lors d'une conférence de presse Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN).

Les chefs d'établissements veulent en effet avoir des informations concernant les effets de l'assouplissement de la carte scolaire sur les effectifs en élèves des établissements, sur la mixité sociale mais aussi sur la mixité scolaire (est-ce que les établissements ont des élèves de tous niveaux?).

La Direction de l'évaluation et de la prospective (DEP) du ministère de l'Education nationale "a tous les moyens d'avoir ces chiffres aujourd'hui. La difficulté de les produire nous étonne un peu", a commenté M. Tournier.

"Comme le gouvernement ne nous fournit pas de statistiques, on en donnera à sa place", a-t-il ajouté, jugeant qu'"il y a besoin aujourd'hui de transparence en matière de statistiques publiques".

Entre les collèges qui ferment parce qu'ils sont désertés et les élèves de milieux défavorisés qui accèdent à de meilleurs établissements que ceux de leurs quartiers, le SNPDEN veut savoir ce qui se passe dans "les établissements moyens de proximité, qui accueillent la grande masse des élèves".

Selon M. Tournier, ces établissements pourraient connaître actuellement "une déstabilisation muette, qui n'est pas spectaculaire". "Dans des endroits sans histoire, les choses sont en train de basculer" et il y a un risque de "dérive vers des établissements mono-sociaux et mono-scolaires", a-t-il estimé.

Le gouvernement donne uniquement les chiffres des dérogations obtenues, chiffres qui n'ont "aucun intérêt" pour éclairer la situation des établissements, a-t-il jugé.



Point de vue
Carte scolaire : la fin d'un tabou, 
par François Dubet et Marie Duru-Bellat
Le Monde - 08 09 06

 

Pourquoi remettre en question la carte scolaire ? Pour une grande partie du territoire, cela ne se pose guère. En revanche, dans les grandes villes, la carte scolaire ne contribue certainement pas à l'égalité des chances devant l'école. Pour deux grandes raisons. La première vient du fait que les inégalités sociales entre les territoires se sont creusées et que la carte scolaire les reflète et les cristallise. La seconde tient au fait que tous ceux qui le peuvent, dans le privé ou dans le public, fuient les établissements jugés "difficiles".

A terme, la carte scolaire finit par obliger les plus démunis à se concentrer dans les établissements que les autres délaissent. Il est vain de reprocher à ces parents "stratèges" leur égoïsme et leur absence de civisme dès lors qu'ils désirent légitimement que leurs enfants accèdent à la meilleure école possible et qu'il est vrai que la qualité des établissements pèse lourdement sur la réussite des élèves. Ceux qui prétendent l'inverse sont parfois trop idéalistes ou quelque peu hypocrites car il est rare que le problème se pose à eux dans leur quartier. Dès lors, il n'y a pas à être scandalisé par la remise en question de la carte scolaire et l'on peut même se féliciter que les réalités s'imposent pour une fois aux slogans et aux principes que les pratiques trahissent tous les jours.

Cependant, il ne suffit pas de dénoncer la carte scolaire pour proposer une politique et, plus encore, une politique plus juste que celle que l'on condamne. La seule suppression de la carte scolaire serait probablement un remède pire que le mal. En effet, on imagine aisément que, comme sur n'importe quel marché, les acteurs ayant le plus de ressources et d'informations s'en tireront nettement mieux que les autres et que, une fois encore, les plus démunis auront moins de choix, moins d'opportunités et moins encore de chances de réussir dans l'école. D'ailleurs les pays qui ont choisi cette solution de "rupture" ont vu les inégalités s'accroître, et s'accroître aussi la délinquance, la marginalité, les fossés entre les groupes sociaux et les cultures. Et il est peu probable que le niveau s'élève ! Si l'on peut se féliciter de la chance offerte à quelques bons élèves d'accéder à des établissements de qualité, la question reste celle des conditions d'éducation offertes à tous et notamment aux plus faibles.

La carte scolaire ne pouvant être défendue en l'état, il importe de proposer des réponses capables d'améliorer sensiblement l'égalité de chacun devant l'éducation. Rappelons que la carte scolaire n'est ni sacrée ni intangible, et rien n'interdit de redéfinir les secteurs scolaires de manière à ce que la "mixité sociale" soit plus grande dans l'école que dans les quartiers. Ne nous cachons pas cependant que cette solution aura des limites. Les équilibres politiques seront souvent bousculés et bien des responsables locaux résisteront à ces redécoupages. De plus, rien n'empêchera les parents qui le souhaitent de continuer à contourner ces secteurs tant qu'ils penseront qu'ils ont de bonnes raisons de le faire.

Les familles qui ont le choix accepteront les contraintes des secteurs scolaires quand elles n'auront plus le sentiment que certains établissements pénalisent la scolarité de leurs enfants parce que les équipes enseignantes y sont moins stables, souvent moins expérimentées, parce que les exigences scolaires y sont plus faibles, parce que les désordres scolaires y sont plus grands, parce que les options "prestigieuses" y sont absentes... Les familles reléguées dans les établissements les plus difficiles se sentiront moins captives, moins maltraitées par l'école quand celle-ci leur offrira la même qualité d'éducation qu'à tous. Ceci suppose que l'abandon des obligations de la carte scolaire soit compensé par un effort considérable en faveur des établissements aujourd'hui les plus défavorisés.

En ce domaine, il faudra sans doute aller bien plus loin que ne l'ont fait les ZEP. En termes de moyens sans doute, mais aussi dans la gestion du personnel enseignant, la capacité du système d'évaluer et de soutenir le travail de l'école afin que la qualité de l'offre devienne une obligation pour la société et un droit pour chaque élève. A l'heure où l'on parle tant de la nécessité de rétablir la confiance dans l'école, il faut peut-être moins penser en termes d'autorité et de discipline qu'en termes de justice et d'équité de l'offre scolaire.

L'enjeu n'est donc pas de savoir si l'on est pour ou contre la carte scolaire, tant il est évident qu'elle couvre de grandes injustices, mais il est de savoir ce que l'on fait après. Et là, il peut y avoir une véritable opposition entre la droite et la gauche.
François Dubet est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Marie Duru-Bellat est chercheur à l'Institut de recherche sur l'éducation (Iredu/CNRS).

Edito du Monde
Pour la carte scolaire
Le Monde - 09 09 06


Le débat présidentiel commence par une salutaire chasse aux tabous. La dernière cible en date est la carte scolaire, instituée en 1963 par Christian Fouchet pour accompagner la création des collèges d'enseignement secondaire et promouvoir la mixité sociale en obligeant les parents à inscrire leurs enfants dans un établissement en fonction de leur lieu d'habitation. Nicolas Sarkozy, qui voulait déjà "déposer le bilan des ZEP", a prôné la suppression de la carte scolaire. Ségolène Royal a fait frémir son camp en suggérant d'en "desserrer la contrainte". Prenant le contre-pied du numéro deux de son gouvernement, Dominique de Villepin a annoncé une concertation avec les enseignants, les parents et les élus locaux. L'objectif est de l'aménager.
 

La carte scolaire ne suffit pas, à elle seule, à favoriser la mixité sociale ni à assurer, simplement, l'égalité des chances devant l'école. Faute d'avoir développé des politiques de la ville et de la banlieue ambitieuses, les gouvernements de droite et de gauche ont laissé s'accentuer des inégalités entre territoires, qui pèsent lourdement sur les établissements scolaires. Les familles aisées, les "bobos" des grandes villes, bien informés et sachant agir auprès des administrations, ont recouru à des tactiques d'"évitement" et contourné leurs établissements de rattachement en se procurant des dérogations, en se réfugiant dans le privé ou en changeant (fictivement ou réellement) de domicile. Les plus démunis se sont retrouvés concentrés dans les établissements difficiles, devenus des ghettos scolaires.

Mais supprimer la carte scolaire, parce qu'elle est contournée par les familles aisées ou parce que ses rigidités, comme l'a dit le premier ministre, "interdisent aux meilleurs élèves des établissements difficiles d'étudier ailleurs que dans leur quartier", serait une faute. Cela provoquerait, comme l'a souligné M. de Villepin, "plus d'injustice" et "un formidable dérèglement de l'organisation scolaire". Faute de pouvoir la remplacer par un outil plus performant en termes de mixité sociale et d'égalité des chances, comment l'aménager après les assouplissements déjà intervenus en 2001 et en 2004 ?

Si l'aménagement consiste à accorder aux parents un plus grand choix d'établissements scolaires pour leurs enfants, le risque est que les plus aisés et les plus avertis en profitent et que les inégalités se creusent davantage encore. En revanche, une redéfinition des secteurs scolaires peut favoriser une mixité sociale plus grande à l'école que dans les quartiers. Pour être socialement juste, un aménagement passe par un important effort pour les établissements les plus défavorisés, par exemple en y développant des filières d'excellence, comme les classes européennes. Cela passe par un renforcement et un redéploiement des moyens humains. Le budget 2007 de l'éducation nationale est loin d'être à la hauteur d'une telle ambition.
Article paru dans l'édition du 10.09.06

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES

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| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
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