27 mai 2012,
Monsieur le Ministre de
l’Education…
Il y a exactement trente
et un ans, en mai 1981, j’écrivais une lettre ouverte à Alain
Savary, tout juste nommé ministre de l’Education, que Libération
publia un mois plus tard. J’avais écrit «les élections
législatives vont être gagnées par la gauche»
il
a suffi de changer par «sont désormais gagnées…».
Aujourd’hui, cette lettre me paraît toujours d’une actualité
brûlante ...
...Monsieur
le ministre de l’Education, vous avez dit que vous vouliez refonder l’école
et que cela ne se fera ni sans ni contre les enseignants, et vous avez
raison.
D’où mon scepticisme
sur la possibilité actuelle d’une telle refondation.
Mais il existe des enseignants
qui sont prêts à se lancer dans cette refondation, permettez-leur
de se regrouper et d’inventer les formes nouvelles dont l’éducation
a besoin. I
ls existent dans le primaire,
l’école Vitruve à Paris en est un exemple, mais il en existe
aussi en province comme à Mons-en-Barœul.
Ils existent aussi en collèges
et lycées et sont las de se battre contre leurs collègues.
Nous
sommes nombreux à être prêts à nous investir
dans un nouveau Conseil de l’innovation et de la réussite de
l’école...(CNIRS)
Promesses,
promesses...
Des«assises
de l'éducation» ?
Jamais
organisées.
"Pas
de projet éducatif" au P.S. ?!
Allons,
allons !! ... zenfants.
Colloque
sur l'hymne national, mardi matin à l'Assemblée nationale.
Organisé
par André Vallini, député PS de l'Isère,
avec,
entre autres, l'essentielle participation de Geneviève de Fontenay,
grande
prêtresse des concours Miss France.
<<Pour
André Vallini, qui présentera des propositions en ce sens,
il
convient de jouer la Marseillaise très souvent, au-delà des
championnats ou commémorations.
Et
pourquoi pas tous
les lundis matins dans les écoles et collèges.>>
Lettre
ouverte au ministre de l’Education nationale,
de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Monsieur le Ministre,
Depuis près
d’un an, vous entretenez le trouble dans l’opinion publique sur l’apprentissage
de la lecture et professez le simplisme pédagogique en la matière.
Vos prises de position, souvent caricaturales et aux fondements scientifiques
contestés, s’opposent aux contenus même des programmes que
vous avez signés.
[
la suite ]
Travailler autrement, c'est instaurer une véritable citoyenneté avec et pour les élèves.
Lettre ouverte au nouveau ministre de l'Éducation
Par Gabriel COHN-BENDIT
Gabriel Cohn-Bendit est retraité de l'Education nationale. Auteur de «Nous sommes en marche» Flammarion.(Parue dans Libération du mardi 28 mars 2000)
Monsieur le nouveau ministre. Permettez-moi de vous féliciter pour votre courage d'accepter ce poste à haut risque, que bien des hommes politiques auraient refusé.
Je fais partie, comme vous le savez, de la minorité réformatrice du corps enseignant. Que voulons-nous? Sûrement pas d'un ministre qui, pour ne mécontenter personne, jouerait l'immobilisme, qui voudrait, comme Bayrou, faire de l'écume, sans faire de vagues. Cette stratégie ne l'ayant pas empêché de mettre un million de personnes dans la rue quand il a voulu toucher à la loi Falloux.Etait-il plus sage de mécontenter tout le monde, comme l'a fait Allègre, battant ainsi un nouveau record celui du ministre de l'Education Nationale le plus impopulaire depuis la Libération! Chevènement avait déjà battu celui du ministre le plus conservateur, beaux succès pour des ministres de gauche! Croire que, de son bureau de la rue de Grenelle, on imposerait de force à la majorité conservatrice du corps enseignant des réformes qu'elle récuse, tout en méprisant par ailleurs superbement les partisans des réformes parce qu'ils sont minoritaires, était une attitude suicidaire. Résultat les opposants à toute réforme triomphent aujourd'hui.
Que ce ministère soit le plus difficile à gérer j'en conviens. Et pourtant il y eut des Jules Ferry ou des Jean Zay, et beaucoup plus près de nous Alain Savary. Lui savait qu'on n'impose pas des réformes. Convaincre et non contraindre était sa devise. Négocier, encore négocier, toujours négocier était sa pratique.
Mais si négocier patiemment avec la majorité réticente était sa devise, il savait aussi satisfaire ceux qui voulaient avancer, y compris ceux qui lui proposaient les projets les plus aventureux, comme les lycées autogérés qui, 18 ans plus tard, existent toujours, malgré leur isolement. Savary voulait étendre ces expériences, hélas ses amis politiques qui sont aussi les vôtres ne lui en ont pas laissé le temps.
Négocier patiemment avec les plus réticents, sans brutalité, laisser faire et soutenir les plus entreprenants sans frilosité, telle pourrait être la règle d'un bon ministre de l'Education Nationale.
Ce que nous demandons, certains d'entre nous l'ont exprimé récemment dans «Halte au massacre des intelligences: manifeste pour une école créatrice d'humanité», initié par Marie-Danielle Pierrelé et que nous sommes déjà plusieurs milliers à avoir signé.
Nous l'avions dit il y a quatre ans dans un texte collectif: «Volontaires pour travailler autrement à l'école» que Libération publiait le 27 février 96, signé entre autres par Antoine Prost, Louis Legrand, ancien conseiller d'Alain Savary, Marie-Danielle Pierrelée, quelques autres et moi-même.
«Travailler autrement, disions-nous, c'est renoncer aux méthodes habituelles, inadaptées, à l'évidence, à la situation de certains établissements. C'est en inventer d'autres au sein d'équipes pédagogiques, comprenant l'ensemble du personnel (administration, enseignants, agents) et avec les élèves eux-mêmes... On ne sortira des situations de rapport de force et de violence, ni par de nouvelles barrières, ni par un pouvoir discipli»naire accru des chefs d'établissement, ni par l'augmentation du nombre de surveillants musclés, mais par l'instauration d'une véritable citoyenneté avec et pour les élèves.»
Et dans ce texte nous déclinions ce «travailler autrement» qui remet en cause le service horaire des enseignants, car travailler autrement suppose de nombreuses heures de concertation, des réunions avec les élèves. Cela suppose aussi, entre autres, que les enseignants acceptent, comme le font les instituteurs d'être dans la cour au moment des récréations. Cette remise en cause du métier, du service de l'enseignant ne peut donc évidemment se faire que sur la base du volontariat.
«Responsabilité, autonomie, travail en équipe, volontariat autant de mesures qui ne pèsent pas sur le budget», écrivions-nous. J'affirme que pour aller mieux l'école n'a pas besoin de plus d'argent, mais de plus d'idées et surtout d'idées nouvelles et généreuses. Il faudra bien se rendre à l'évidence que si les savoirs à transmettre aujourd'hui ne sont plus les mêmes qu'au siècle dernier, que si dans nos sociétés plurielles ceux à qui il faut les transmettre ne sont plus les mêmes qu'il y a cinquante ans, les enseignants eux aussi doivent évoluer.
Monsieur le futur ministre, prenez dans votre cabinet un monsieur ou une Madame «innovation», rédigez une note aux recteurs pour réunir dans chaque académie les enseignants prêts à travailler autrement, et pour la rentrée prochaine il y aura dans les trente collèges où la violence est la plus forte, des équipes cohérentes prêtes à assumer la situation et à relever le défi. Nous serons même un certain nombre de retraités disposés à venir soutenir nos collègues. Ecrivains, scientifiques, acteurs, sportifs se mobiliseront à coup sûr pour faire, avec un peu de temps, de ces établissements des lieux où l'on aura envie d'inscrire ses gosses.
Monsieur le futur ministre, après avoir consulté les syndicats d'enseignants, les fédérations de parents, les associations d'élèves, j'espère que vous trouverez un moment pour recevoir aussi les «pédagogos» que nous sommes, car nous avons encore des choses très concrètes à vous dire.
Bêtisier (échantillons...)Pédagos de tous pays, unissez-vous !
Gaby Cohn-Bendit<</.../Un constat que partage Gabriel Cohn-Bendit, infatigable militant de l'éducation alternative : "On estime déjà que 15% des enseignants sont prêts à se lancer dans ce genre d'expériences. Ils sont de plus en plus nombreux à se rendre compte qu'il vaut mieux travailler 21 heures par semaine de bon cœur, en collaboration avec les élèves, plutôt que 18 heures dans des tensions continuelles." >>
"La démission de certains de ses membres ne remet nullement en cause l'avenir du CNIRS,
qui continuera ses travaux dans le cadre des objectifs qui avaient fait l'objet d'un large débat lors de la réunion du 31 octobre."