alternatives éducatives : des écoles différentes
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Présentation | SOMMAIRE |
| Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop  | L'heure de la... It's time for ... Re-creation |
 
 

Les statistiques ne plaident pas en faveur des redoublements
Des études comparatives de l'OCDE montrent que,
plus les élèves sont âgés moins ils réussissent et placent les pays scandinaves
où le redoublement n'existe pas en tête des meilleures performances.

La France détient le record mondial des redoublements
alors qu'elle dépense davantage pour ses collèges et lycées
que la moyenne des pays de l'OCDE

Redoublement : les études s'opposent aux pratiques des enseignants
Une nouvelle évaluation montre que les élèves qui redoublent leur CP
réussissent moins bien que ceux de même niveau qui passent dans la classe supérieure.
Faute de meilleure solution, beaucoup d'enseignants restent attachés à leurs prérogatives,
 renforcées par la réforme Fillon.

Une étude officielle montre l'inutilité du redoublement brut
Le redoublement frappe par son "caractère massif".
Il touche "tous les milieux sociaux" à l'exception notable des enfants d'enseignants
qui présentent un risque deux fois moins élevé
que les enfants d'employés de service ou d'ouvriers non qualifiés de redoubler.

Le redoublement ?
«Une pratique culturelle française du genre "t'aimes pas la soupe, reprends une assiette".»

Quant à rendre heureux les élèves...
c'est en France le cadet des soucis des enseignants
et encore moins celui des parents.
L'école dont ils rêvent

André Antibi :
"Par «Constante macabre»,
j'entends qu'inconsciemment les enseignants s'arrangent toujours,
sous la pression de la société,
pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes.
Ce pourcentage est la constante macabre"
"95 % des enseignants répondent que «la constante macabre existe»,
ce qui signifie qu'ils reconnaissent ce pourcentage systématique de mauvaises notes".
 
  

Et si on brûlait le carnet de notes?
À l’école de la confiance
Par Caroline Brizard - Le Nouvel Observateur - 2 mars 2006 - n°2156 
Fait-on progresser un élève en lui montrant ses erreurs ou bien en valorisant ses points forts ? Le débat d’engage dans L’Éducation nationale.

 A l’école, on instruit beaucoup, on éduque un peu, et au diable le reste… « La plupart du temps, j’ose pas répondre en cours. J’ai pas envie de me faire rabrouer par le prof », dit Agathe, 12 ans, en cinquième. Dans les salles de classe, la peur d’être jugée devient vite une seconde nature. On l’accepte comme une fatalité. Un signe ? Dans les programmes officiels, ces petits opuscules qui font un tabac chaque année, il est beaucoup question de développer chez les élèves la « volonté de réussir », les « aptitudes » et les « talents ». Mais de leur confiance en eux, pas un mot.

Ce choix se paie. Les évaluations internationales menées par L’OCDE sur les élèves de 15 ans dans une quarantaine de pays développés révèlent le retard français. « Quand on leur pose des questions concernant leur plaisir à travailler, leur motivation, leur estime de soi…, les jeunes Français sont au-dessous de la moyenne », explique Bernard Hugonnier, responsable du département Education à l’OCDE. Le système de notation est en partie responsable de cet état de fait. 

« Le credo de l’Éducation nationale, c’est que l’on fait progresser quelqu’un en lui montrant ses erreurs, et non pas en valorisant ses points forts », explique Marie-Gabrielle Tirard, psychologue dans la région lyonnaise. Résultat, les élèves préfèrent se taire, quitte à
sortir de classe sans avoir compris. Et à se faire des noeuds dans la tête. « Une partie de l’attention est parasitée par l’angoisse d’être jugé, non pertinente dans la réalisation de la tâche », poursuit la psychologue. 

« S’il y a dévalorisation scolaire, cela entraîne une dévalorisation personnelle », renchérit Pierre Merle, qui vient de signer un ouvrage sur « l’élève humilié ».(1) Quand un prof dit : « Ta copie est nulle », l’élève traduit : « Je n’y arriverai pas en tant qu’élève », et rapidement : « je n’y arriverai pas en tant qu’individu. » Il y a pire. Les mauvais élèves préfèrent désinvestir l’école : « De toute façon, ça ne m’intéresse pas », plutôt que de souffrir de la mauvaise image que le système leur renvoie. Ils rentrent dans une spirale d’échec

Tout le mal vient de l’idée, en France, que la note reflète l’intelligence et le talent, des qualités que l’on croit données une fois pour toutes. « Pour casser l’engrenage, il faut réviser cette conception traditionnelle de l’intelligence, rappeler à l’élève qu’elle n’est pas une donnée stable, mais qu’elle se travaille et qu’elle se développe. L’échec n’est qu’une étape de l’apprentissage », rappelle Delphine Martinot (2), , professeur de psychologie à Clermont-Ferrand.

Ce discours commence à poindre à l’école primaire. On y évalue souvent en « non acquis,  en voie  d’acquisition, acquis », plutôt qu’avec des notes qui figent l’enfant à un certain niveau. Bénédicte Dagallier est institutrice à Saint-Gervais, en Haute-Savoie.
Son credo ? « L’élève ne peut pas progresser s’il n’a pas confiance en lui, ni confiance en son professeur. » Dans sa classe, elle travaille tout cela à la fois. « Quand je fais des résolutions de problèmes, je demande aux élèves s’ils ont une question à poser. Je valorise celui qui lève le doigt. J’interdis aux autres de se moquer de lui. Dans ce domaine, je suis interventionniste. »
 

Dans le secondaire, quelques professeurs lancent une petite révolution pour neutraliser le stress de l’évaluation. « Nous aidons les élèves à avoir de bonnes notes », résume Corinne Croc, professeur de maths près de Rouen. Comment ? En donnant
quelques jours avant le devoir sur table les exercices sur lesquels ils peuvent être interrogés, et qu’ils ont tous déjà vus en classe. On appelle ça l’«EPCC », évaluation par contrat de confiance. « Mes élèves n’ont jamais pris leurs cours et les corrigés
d’exercices avec autant d’attention. Jamais ils n’ont aussi bien appris leurs leçons », s’enthousiasme Florence Buff, enseignante d’anglais à Toulouse. Ces pionniers appliquent les consignes d’un mathématicien, André Antibi (3), , qui a mis en évidence que
les professeurs, inconsciemment, adoptent des stratégies pour piéger leurs élèves lors des devoirs sr table, afin d’avoir un quota de mauvaises notes à distribuer. Ce qui est, finalement, antiproductif.
 

Plus radical, le collège Guy-Môquet, dans une cité difficile de Gennevilliers, en banlieue parisienne, a mis l’estime de soi au programme. Mais sans le dire. Résultats ? 
De bonnes performances au brevet, un climat serein, pas de conseil de classe depuis le début de l’année. « Ici, nous redonnons à l’enfant sa place d’enfant, nous valorisons la concertation17 avec la famille, trop souvent disqualifiée », explique Luigi di Pietro le principal. Pour leur donner goût à la chose scolaire, alors qu’ils sont souvent « dans la posture de celui qui n’arrivera à rien », le collège propose aux sixièmes les plus fragiles des ateliers  le mercredi après-midi pour mener à bien un projet et expérimenter la réussite : création d’un CD, d’un magazine, atelier de jardinage, de vidéo-caméra… Ils ont en outre un tuteur par établissement. « Tous nos efforts sous sous-tendus par le respect à l’enfant », résume Luigi di Pietro.
 

(1) « L'Elève humilié. L'école, un espace de non-droit ? », par Pierre Merle, Paris, PUF, 2005.
(2) « Le Défi éducatif. Des situations pour réussir », par Marie-Christine Toczek, Delphine Martinot, Armand Colin, 2004.
(3) « La Constante macabre », par André Antibi, Editions Math'Adore, 2003. 

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Présentation | SOMMAIRE |
| Le nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation ? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme scolaire et "éducation alternative" | Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le lycée "expérimental" de Saint-Nazaire | Le collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
| Colloque Freinet à ... Londres | Des écoles publiques "expérimentales" |
| 68 - 98 : les 30 P-l-eureuses | Et l'horreur éducative ? |