Circulaire sur le
Financement par les communes des dépenses de fonctionnement
des écoles privées
sous contrat
La loi n° 2004-809 du 1er Août 2004 relative aux libertés
et responsabilités locales (Articles 82, 87 et 89) a étendu
aux écoles privées l'obligation de participation des communes
au financement de la scolarité des enfants résidants dans
leur commune et scolarisés dans une autre commune. Cet article a
été modifié par l'article 89 de la loi du 2 Avril
2005 d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école.
Alors que nous attendions un Décret d'application de ces textes,
c'est finalement une circulaire qui est paru jeudi dernier au B.O.
de l'E.N.
Celle-ci soulève de nombreux problèmes, notamment :
- Sur l'accord préalable des maires à la scolarisation
d'un élève du privé en dehors de leur commune.
Elle tranche définitivement la question posée par de
nombreux élus sur l'accord préalable du Maire en cas de scolarisation
d'un enfant dans une école privée hors de la commune comme
c'est le cas aujourd'hui pour l'enseignement public en expliquant que "
l'article 89 de la loi du 13 août 2004 ne rend pas applicables les
autres alinéas de l'article L. 212-8 qui énumèrent
un certain nombre de cas dans lesquels la commune de résidence n'est
pas tenue de contribuer au financement des écoles de la commune
d'accueil, parce qu'il n'était pas possible d'étendre en
l'état les dispositions du quatrième alinéa qui évoquent
un accord du maire de la commune de résidence à la scolarisation
dans une autre commune" sans préciser d'ailleurs les fondements
juridiques de cette limitation.
- Sur les dépenses de fonctionnement à prendre en charge
dans le calcul de la contribution communale.
Sous couvert de préciser quel serait le coût des charges
intercommunales pour une commune qui ne disposerait pas d'école
publique sur son territoire, cette circulaire dans ses annexes redéfinit
complètement, en les alourdissant fortement, la nature des dépenses
de fonctionnement obligatoires à prendre en compte dans la contribution
communale.
L'ANDEV qui
a déjà maintes fois alerté sur les conséquences
de la Loi N° 2004-809 du 13 août 2004, estime nécessaire
que le Conseil d'Etat soit saisi sur la légalité de cette
circulaire.
À propos du financement par les communes des dépenses
de fonctionnement des écoles privées sous contrat
Déclaration d'Alain Le Vot, premier adjoint de Magny-Les-Hameaux,
vice-président de la communauté d'agglomération
de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Je viens de prendre connaissance ces derniers jours de la circulaire
ministérielle numéro 2005-206 du 2 décembre 2005 en
application de la loi du 13 août 2004. Ces dispositions viennent
d'être notifiées aux préfets et inspecteurs d'académie.
Son contenu me heurte profondément et m'amène à cette
déclaration tout à fait exceptionnelle.
Les communes vont donc être obligées de participer au fonctionnement
des écoles privées quelques soit le territoire où
sont implantées ces écoles pour les enfants dont les parents
résident sur la commune. Cette circulaire précise les comptes
du budget des communes qui seront retenues pour effectuer ce calcul :
- entretien des locaux liés aux activités d'enseignement
(classes, accessoires, aires de récréation, locaux sportifs,
culturels,
administratifs, etc.)
- fonctionnement des locaux (chauffage, eau, électricité,
nettoyage, produits d'entretien ménager, petit équipement,
contrats de maintenance, assurance, etc.)
- entretien et remplacement du mobilier scolaire et du matériel
collectif d'enseignement
- location et maintenance de matériels informatiques pédagogiques,
frais de connexion, utilisation des réseaux afférents
- contrôle technique réglementaire
- fournitures scolaires, besoins pédagogiques et administratifs
- rémunération des agents territoriaux de service des
écoles maternelles
- rémunération des intervenants extérieurs
- quote-part des services généraux de l'administration
communale (piscine, gymnase, etc.) et éventuellement activités
extra-scolaires.
Ma réaction d'hostilité est motivée par les raisons
suivantes :
- cette loi modifie le Code de l'Education en rendant obligatoire la
contribution financière des Communes aux établissements privés
sous contrat d'association au-delà de tout accord entre les maires,
- cette loi établit qu'à défaut d'accord entre
les Communes, le préfet fixe les contributions respectives, après
avis du CDEN (Conseil départemental de l'Education Nationale),
- cette loi impose l'extension aux écoles privées des
procédures qui régissent la répartition entre les
Communes des dépenses de fonctionnement des écoles publiques,
- cette loi, /" conformément au principe de parité "/,
contraint la Commune de résidence de l'élève à
participer au financement de l'établissement privé dans tous
les cas où elle devrait participer au financement d'une école
publique qui accueillerait le même élève,
- cette loi porte gravement atteinte à la notion même de
service public et au fondement de l'Ecole publique, laïque et gratuite.
Il s'agit d'un désengagement dramatique de la part de l'Etat et
d'une remise en cause de l'un des éléments fondateurs de
l'égalité des chances* !
Nous sommes avec cette loi et cette circulaire devant une application
concrète de l'accord global sur les commerces et les services (AGCS),
à savoir le passage progressif au privé des services d'éducation
primaire, secondaire et universitaire ! Nous sommes devant une application
avant l'heure de la directive Bolkestein qui a été votée
au Parlement européen le 16 février dernier par une majorité
de députés européens à l'exception de toute
la gauche française.
C'est très grave parce que :
- Ce dispositif est irréversible et qu'il contient en germe le
financement public à tous les établissements privés
y compris ceux qui ne sont pas sous contrat d'association. Les communes
pourront ainsi être contraintes de verser de l'argent public à
des écoles patronales, coraniques, sectaires ou autres ! !
- Ce dispositif bafoue le résultat du référendum
du 29 mai 2005 rejetant le traité constitutionnel Européen
qui contenait cette philosophie.
Le budget de la commune, déjà très fortement saigné
par la politique gouvernementale, va être un peu plus frappé
par ce dispositif. Sans avoir pu faire encore le calcul définitif,
la charge qui sera imputée sur le budget communal sera au moins
de 1000 € par élève ! Et avec en plus des effets pervers
puisque ...plus nous offrirons aux enfants de nos écoles des services
supplémentaires ...plus la charge qui nous sera imputée pour
ces élèves du privé sera forte ! !
Je considère que devant une telle agression
- qui heurte mes convictions citoyennes et professionnelles les plus
profondes,
- qui remet en cause les engagements que j'ai pris devant les électeurs
de ma commune,
- qui remet en cause une délibération du conseil municipal
de Magny-Les-Hameaux se déclarant */"hors AGCS"/*, il est de mon
devoir d'alerter les citoyens.
Je refuse :
- que la libre administration de la collectivité locale soit
reniée,
- que l'argent public serve des intérêts privés
ou confessionnels,
- que les principes de solidarité nationale et d'égalité
mis en oeuvre grâce au service public soient gravement remis en cause,
- de me soumettre à ce diktat imposé *contre* le suffrage
universel.
Je vais demander au maire de Magny, qui nous a déjà fait
savoir en bureau municipal qu'il refuserait de payer, d'inscrire à
l'ordre du jour d'un prochain conseil municipal une délibération
dans ce sens.
J'appelle tous les citoyens à entrer en résistance contre
ce dispositif scélérat.
Il y a des moments où la désobéissance civique
s'impose ! !
Fait à Magny-Les-Hameaux le 21 février 2006
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