alternatives éducatives : des écoles, collèges et lycées différents
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I Obligation scolaire et liberté I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop ! Appel pour des éts innovants et coopératifs |
 
 

Le nouveau tsar vous dit merci
par André Glucksmann
Messieurs Chirac, Bush et Schröder, merci.
Aslan Maskhadov, président élu sous contrôle international de la Tchétchénie, est mort.
Assassiné.
 
 

Tchétchénie
Daymokh - Marcho Doryla (en tchétchène : "Que la liberté soit avec toi")
"A quoi bon ? Tout ce que je vais vous raconter, vous le savez déjà, 
le monde entier le sait. 
Qu'est-ce que cela change ?"
Tchétchénie: Bassaïev revendique la prise d'otages de Beslan 

MOSCOU - vendredi 17 septembre 2004  - Chamil Bassaiev, chef de guerre tchétchène, leader de la mouvance radicale des séparatistes, a revendiqué vendredi la prise d'otages de l'école de Beslan (Ossétie du Nord), accusant les forces russes d'avoir lancé l'assaut et récusant tout lien avec le terrorisme international.

"La brigade des martyrs (...) a fait une série d'opérations militaires réussies" en Russie ces dernières semaines, dont "l'opération de Beslan menée par le 2e bataillon, placé sous le commandement du colonel Orstkhoïev", proclame une lettre publiée par le site internet Kavkazcenter, proche des indépendantistes, signée "Abdallah Chamil", le nom que s'est donné Chamil Bassaïev.

Le chef de guerre, âgé de 39 ans, a déjà revendiqué de nombreuses attaques et attentats en Russie, de même que la prise d'otages au théâtre moscovite de la Doubrovka en 2002 (130 morts). Il est considéré comme l'ennemi N°1 par Moscou qui a mis sa tête à prix, notamment après l'opération de Beslan.

Chamil Bassaïev assure que la "tragédie" (au moins 339 morts) est la conséquence d'un assaut préparé et lancé par les forces spéciales russes, et non le résultat d'une suite d'évènements ayant commencé avec l'explosion accidentelle d'une bombe qu'avait placée le commando dans l'école, comme le veut la version officielle. "Les vampires du Kremlin ont éliminé et blessé 1.000 enfants et adultes en donnant l'ordre de lancer l'assaut", accuse-t-il, demandant que l'ONU ou l'UE mène une enquête publique, pour laquelle il offre sa coopération.

Chamil Bassaïev rejette aussi totalement la version du Kremlin d'une opération organisée par "le terrorisme international". Le commando était composé de 14 Tchétchènes (2 femmes), 9 Ingouches, 3 Russes, 2 Arabes (sans précision), 2 Ossètes, un Tatar, un Kabarde, et un Gouran (membre d'un peuple sibérien), dit-il, précisant que son objectif était l'arrêt de la guerre menée par les Russes en Tchétchénie. Les séparatistes "ont les forces nécessaires pour combattre seuls contre la Russie", ajoute Chamil Bassaïev. Ils "se battent exclusivement contre Moscou pour la liberté et l'indépendance" de la Tchétchénie, et "pour l'instant uniquement sur le territoire tchétchène et russe".

Le Kremlin s'attache à montrer depuis plusieurs années que la Russie est menacée par le terrorisme international au même titre que les Etats-Unis et la communauté mondiale, et que la politique russe en Tchétchénie n'a pas de lien direct avec les attentats qui la frappent. Chamil Bassaïev précise dans sa lettre de revendication avoir proposé à Vladimir Poutine "la sécurité" de la Russie contre l'indépendance de la Tchétchénie, dans un message transmis lors de la prise d'otages par l'intermédiaire de l'ex-président ingouche Rouslan Aouchev.

"Vladimir Poutine... tu peux mettre fin à (cette guerre) si tu as le courage et la force de décision de De Gaulle", écrit-il. "Nous te proposons une paix raisonnable (...) sur le principe +indépendance contre sécurité+". La Tchétchénie indépendante s'engagerait à n'adhérer à aucune union économique ou politique hostile à la Russie, à entrer dans la CEI (Communauté des Etats indépendants, actuellement 12 pays issus de l'ex-URSS) et à garantir la fin de toutes les actions armées contre la Russie.

"Nous regrettons ce qui s'est passé à Beslan. Mais c'est la guerre (...) qui a tué plus de 40.000 enfants tchétchènes et rendu plus de 5.000 d'entre eux handicapés". "Nous n'avons pas beaucoup de choix. On nous propose la guerre, nous la mènerons jusqu'à la victoire", ajoute le texte. La "brigade des martyrs", fondée il y a deux ans par Chamil Bassaïev revendique aussi l'attentat du 31 août près d'une station de métro à Moscou (10 morts) et l'explosion de deux avions civils russes le 24 août (90 morts).

Les braises ardentes du Caucase, "montagne des peuples"

LUNDI 6 SEPTEMBRE 2004 - 22 h 30
LUNDI INVESTIGATION "90 MINUTES" - CANAL +

MASSACRE EN TCHÉTCHÉNIE :
LA VIDÉO QUI ACCUSE

Une enquête de Mylène Sauloy

La journaliste Mylène Sauloy a récupéré plusieurs vidéos amateurs impressionnantes, filmées par des officiers russes pendant une opération militaire antiterroriste contre un village tchétchène au sud de Grozny.
Un soldat filme ses copains militaires, pendant qu'ils encerclent le village de Komsolmskoe où se sont réfugiés des centaines de combattants tchétchènes blessés. Devant sa caméra, le village est rasé, de nombreux rebelles arrêtés. Dans un deuxième document apparu pendant l'enquête beaucoup d'entre eux paraissent morts après avoir été torturés.
Ces vidéos d'une rare violence datent de mars 2000.

Pour 90 MINUTES, Mylène Sauloy est retournée dans ce village toujours en ruines aujourd'hui et a retrouvé de nombreux combattants et civils survivants, filmés par les Russes à l'époque.
Ils vivent à présent cachés en Tchétchénie ou sont réfugiés en Europe, et témoignent de la violence


Deux journalistes russes critiques du Kremlin empêchés de suivre la crise des otages

MOSCOU-  vendredi 3 septembre - Deux importants journalistes russes connus pour leur couverture très critique de la guerre en Tchétchénie, Andréï Babitsky et Anna Politkovskaïa, n'ont pu se rendre en Ossétie du Nord suivre la crise des otages. Selon leurs collègues, les circonstances sont étranges: le premier a été emprisonné alors qu'il allait prendre l'avion, et la seconde est tombée tout à coup gravement malade.

Andreï Babitsky, correspondant de Radio Liberté, a été arrêté jeudi dans un aéroport moscovite et empêché de prendre l'avion pour l'Ossétie du Nord, accusé de transporter des explosifs, selon Vladimir Babourine, du bureau moscovite de Radio Liberté. Il n'a pas précisé où se rendait Babitsky exactement.

Babitsky est dans le collimateur du Kremlin depuis des années pour sa couverture de la guerre en Tchétchénie, du côté des Tchétchènes. Ce qui lui a valu, début 2000,d'être arrêté par les autorités fédérales en Tchétchénie, puis d'être remis entre les mains de séparatistes tchétchènes présumés qui l'ont gardé plusieurs semaines en captivité. Babitsky a toujours affirmé que ce groupe était en fait lié aux services de sécurité russe.

Relâché après vérification, le journaliste a ensuite été approché par deux hommes qui l'ont provoqué, déclenchant une bagarre à l'issue de laquelle Babitsky a été inculpé pour troubles à l'ordre public et condamné à cinq jours de détention. Et ce malgré le témoignage des deux hommes, responsables de la sécurité de l'aéroport, qui ont reconnu avoir obéi aux ordres de la police pour bloquer le journaliste, a expliqué Babourine. "Quelqu'un ne voulait pas qu'il se retrouve dans le Nord-Caucase", a-t-il ajouté.

Dans le même temps, la journaliste Anna Politkovskaïa, également spécialiste de la Tchétchénie pour la "Novaïa Gazeta" et mal vue du Kremlin, est tombée gravement malade mercredi alors qu'elle était en route pour Beslan, où se déroulait la prise d'otages.

Elle s'est évanouie dans l'avion de Rostov-sur-le-Don et a été hospitalisée, avant d'être transférée dans un hôpital de Moscou où elle se remettait vendredi. Sa pression est extrêmement faible et elle est considérée dans un état critique, selon Serguéi Sokolov, rédacteur en chef adjoint de son journal. Le diagnostic, infection intestinale aigüe et déshydratation, est typique d'une intoxication alimentaire, selon les médecins.

"Le timing et la coïncidence sont suspects", a estimé Sokolov, ajoutant que la journaliste n'avait rien mangé ce jour-là et bu uniquement du thé à bord de l'avion. "Deux journalistes de premier plan (...) qui auraient aussi pu agir comme figures publiques dans des négociations (avec les ravisseurs, NDLR) ne peuvent se rendre sur place pour différentes raisons".

Célèbre pour ses critiques du comportement des forces fédérales russes en Tchétchénie, la journaliste avait participé aux négociations avec les auteurs de la prise d'otages sanglantes dans un théâtre de Moscou en 2002. 

UN PEUPLE ENTERRÉ VIVANT
par André Glucksmann



 
 
 
 
 

Vladimir Poutine en visite à Grozny 

Moscou : Karim Talbi  - 13 mai 2004 - Le Figaro

   Vladimir Poutine ou l'art de la litote. Survolant mardi les ruines de Grozny, le président russe semblait découvrir les effets du déluge de feu qui avait complètement arasé la capitale tchétchène quatre ans auparavant : «Depuis l'hélicoptère, Grozny a l'air terrible.»

Le maître du Kremlin est très rarement venu en Tchétchénie. Trois fois seulement en quatre ans de magistrature suprême. C'est peu pour un président qui est arrivé au pouvoir «grâce» au bourbier tchétchène. Pour qu'il se déplace, il aura fallu la mort dans un attentat dimanche du président tchétchène pro-russe Akhmad Kadyrov, le «pion» choisi par le Kremlin pour mener sa politique de «normalisation» dans la république caucasienne.

Réagir et afficher sa maîtrise de la situation : c'était là l'intention majeure du président russe en visite éclair à Grozny. Un souci «compréhensible» pour le quotidien Moscow Times qui commentait hier : «Vladimir Poutine a mis quatre ans à imposer Kadyrov et il avait réussi à redonner la Tchétchénie aux Tchétchènes et se laver les mains de tout ce désordre.» Désormais, il faut tout recommencer.

A Grozny, le président russe a reconnu indirectement que sa stratégie en Tchétchénie n'avait pas fonctionné. «C'est encore une leçon pour nous», a-t-il déclaré. Lors de cette visite secrète, il a annoncé l'envoi imminent d' «un groupe de représentants des ministères et agences russes» sous l'égide du ministère russe du Développement ayant pour mission d'étudier les questions «d'aides à la Tchétchénie». Une des missions de ce groupe : envoyer 200 à 300 jeunes Tchétchènes étudier dans les régions russes pour travailler ensuite dans l'administration de la République. «L'essentiel est que nous avons le soutien de la population en Tchétchénie, s'est targué le président. C'est une condition de base à notre succès. Il faut justifier cette confiance et aider les gens à reconstruire la République».

Deux jours après la mort de Akhmad Kadyrov, le maître du Kremlin a rejoué de la symbolique pour montrer sa confiance au clan Kadyrov. Vladimir Poutine a remis en mains propres à Ramzan Kadyrov une décoration à titre posthume, l'Ordre des héros, pour son père tué dimanche dans un attentat. La veille, il l'avait nommé au poste de numéro 2 du gouvernement tchétchène. A 27 ans, ce dernier est surtout connu en Tchétchénie comme chef de la milice armée, les «kadyrovtsi», accusée des pires exactions par la population et les ONG russes. Pour Aslambek Aslakhanov, conseiller du Kremlin pour le sud de la Russie, Ramzan Kadyrov dirige de facto la Tchétchénie. Le qualifiant de «figure indépendante», l'ancien député tchétchène estime qu'il est considéré «comme ayant de l'autorité» par le gouvernement de la République alors que le président temporaire, Sergueï Abramov «a peu d'expérience».

La dernière visite de Vladimir Poutine en Tchétchénie remontait au printemps 2001. 
Il avait déjà survolé la République en guerre le 31 décembre 1999, douze heures à peine après la démission de Boris Eltsine et sa nomination à la tête de l'Etat russe. 

A l'époque, l'ancien lieutenant-colonel du KGB avait secrètement quitté Moscou pour sabler le champagne avec sa femme au-dessus de Grozny.


 
Grozny, visite en carton-pâte

Libération - 25/02/2004
 

A trois semaines de la présidentielle, la Russie a convié la presse étrangère à constater le retour à l'ordre en Tchétchénie. Voyage de propagande dans un pays dévasté, rongé par la misère, la peur et la corruption.

Sur fond de ruines, de petits stands ont réapparu au bord des routes. Jus de fruits, poissons séchés, pommes et oranges, parfois aussi poulets grillés... Les étals donnent l'impression qu'un souffle de vie reprend dans la capitale de la Tchétchénie, dévastée par deux guerres successives. «Ça va un peu mieux, la situation est plus calme», confie une marchande de fruits rencontrée à Grozny en marge d'un voyage organisé par les autorités russes pour la presse étrangère. Seuls ces voyages, encadrés par des soldats en armes et une escouade de surveillants qui épient les conversations, sont aujourd'hui autorisés en Tchétchénie. Pendant trois jours la semaine dernière, les journalistes ont ainsi été cornaqués dans le nord du pays, d'immeuble rénové en entreprise modèle qui relance sa production (le Sud montagneux, où se cachent les combattants séparatistes, n'est pas encore jugé suffisamment «sécurisé»). 
A la veille de l'élection présidentielle du 14 mars, la Russie veut montrer que son président, Vladimir Poutine, a réussi, comme il l'avait promis, à ramener l'ordre en Tchétchénie. Pourtant, même dans ce cadre très corseté, les brèves rencontres avec les habitants esquissent le sinistre tableau d'un pays qui vit dans la misère, la peur et la corruption générale.

«Venez voir, nous avons là un ascenseur qui fonctionne ! Vous ne voulez pas faire un tour en ascenseur ?» Au pied de l'un des rares immeubles rénovés de Grozny, Adès Eskiev, installateur, montre la cabine qu'il a mise en place et qui effectivement monte et descend. «Au total en Tchétchénie, nous avons maintenant dix-sept ascenseurs en fonctionnement», précise-t-il. Tandis que les télévisions filment ce prodige, un homme s'approche et nous prend à partie, la voix étranglée de colère : «Dites, vous n'êtes venus visiter que les immeubles rénovés ? Vous feriez mieux de venir voir comment nous vivons réellement, dans des immeubles éventrés, les fenêtres calfeutrées par des bâches en plastique, sans chauffage et sans eau. Moi, j'habite comme ça, au dixième étage, sans ascenseur bien sûr. Toute la journée, les enfants et les vieux s'esquintent à monter l'eau. L'électricité et le gaz, c'est nous qui avons dû les installer, en bricolant un raccord.» Discrètement, un de nos accompagnateurs s'est approché pour espionner la conversation, mais l'homme, et les quelques voisines qui l'approuvent, ne contient plus ses émotions. Il répète : «On nous anéantit. On nous anéantit !»

Çà et là dans Grozny, un toit a été recouvert, un immeuble reconstruit, un mur repeint... mais ce ne sont encore que de petites taches de couleur sur un fond de dévastation. Moscou affirme avoir envoyé 41 milliards de roubles (1,14 milliard d'euros) en Tchétchénie depuis quatre ans pour financer la reconstruction de la République. Une somme colossale au regard du niveau de vie local, mais qui a manifestement été en grande partie détournée. Des contrats fantaisistes sont passés avec des firmes, réelles ou fictives, dénonçait récemment un inspecteur de la Cour des comptes de Russie, Sergueï Riaboukhine, citant l'exemple d'une station électrique mobile, facturée 30 millions de roubles (838 400 euros) alors qu'elle en valait deux fois moins et qui, d'ailleurs, ne fonctionne pas. Le reste de l'argent qui arrive en Tchétchénie sert essentiellement à restaurer les bâtiments officiels de la nouvelle administration prorusse ou à équiper ses miliciens. Dans les rues de Grozny, ils paradent en uniformes neufs, équipés d'armes «nettement plus modernes que les nôtres», observent les soldats russes interloqués.

Enlèvements, tortures et meurtres

Au bout d'un champ de gravats, la présidence de la République surgit ainsi, bâtiment neuf de quatre étages, d'un blanc éclatant. Akhmad Kadyrov, l'ancien mufti que Moscou a choisi comme nouvel homme de main en Tchétchénie, admet que la reconstruction «ne fait que commencer». «Mais comparez la situation actuelle avec 2000 ou 2001, exhorte-t-il, et voyez le chemin parcouru. Aujourd'hui, nos enfants vont à l'école. Les professeurs touchent leurs salaires. Cela n'était plus arrivé depuis dix ans.» Le sujet de conversation favori du Président, le seul qui semble vraiment l'animer, reste pourtant «la lutte contre les bandits». «Ah, si seulement on pouvait arrêter Bassaïev et Oudougov (deux chefs de guerre séparatistes, ndlr) ! Alors tout serait calme en Tchétchénie.» Pour dissiper les derniers doutes sur le «retour à l'ordre» en Tchétchénie, le Président invite d'ailleurs à aller voir son fils Ramzan. Chef d'une milice spéciale, il est accusé par de nombreux témoignages des pires exactions en Tchétchénie : enlèvements, tortures et meurtres. Son père semble penser qu'il est temps de montrer que son fils n'est pas ce monstre si souvent décrit.

Le lendemain, Ramzan Kadyrov, visage encore poupon malgré ses 27 ans, nous reçoit effectivement... dans une autre petite enclave de luxe : le siège d'un club de boxe qu'il a fondé à Goudermès, la deuxième ville de la République. Comme un gamin, surexcité par la présence de journalistes étrangers, Ramzan fait visiter les deux rings ultramodernes de son club, tendus aux couleurs bleu, rouge, blanc de la Russie. A son commandement, les gamins qui combattent avec entrain s'interrompent et Ramzan enfile les gants de boxe pour faire une démonstration de son punch.

La conversation avec un homme que la plupart des journalistes étrangers considèrent comme un dangereux criminel est surréaliste. Qui finance ce club, baptisé «Ramzan» ? «C'est la République qui paie», répond candidement Ramzan. Que fait-il d'autre, en dehors de ses activités de président du club de sport ? «Le reste du temps, je mets de l'ordre dans la République tchétchène pour qu'il n'y ait pas de bandits», explique-t-il sur le même ton. «Et puis nous achetons de l'essence en Russie, que nous revendons en Tchétchénie», ajoute-t-il, avant que ses conseillers lui expliquent qu'il vaudrait mieux «ne pas du tout parler du pétrole». Et que fait-il des «bandits» qu'il attrape ? «La loi. Nous appliquons la loi.»
Et s'ils résistent ? «Alors, salaam aleikoum !» lance-t-il, toujours avec son petit sourire qui se veut charmeur, accompagné d'un geste qui signifie clairement la mort.

Réfugiés à quatre dans une seule pièce

Les organisateurs de ce voyage ont prévu une étape dans un établissement scolaire, l'école numéro 7 de Grozny, l'une des rares entièrement reconstruites... grâce à des fonds américains et à l'aide d'une ONG tchèque. Les enfants rient et chahutent, amusés par l'étrange équipage d'étrangers armés de caméras et de micros. Icha Schwarz, psychologue employée dans cette école grâce à un programme financé par l'Union européenne, y voit un autre enseignement : «Nos enfants sont très forts. Alors qu'ils ont vécu les bombardements, la mort de proches ou de parents, ils se remettent vraiment bien.» Khamzat Koukaïev, le directeur, explique que l'enseignement se fait en russe et que c'est une très bonne chose, car «le russe ouvre l'accès à l'enseignement supérieur». «Les enfants n'ont pas tellement besoin d'apprendre le tchétchène car ils le parlent déjà chez eux, explique-t-il. Mais le tchétchène est enseigné, comme une matière parmi d'autres.» Les salaires, entre 3 000 et 5 000 roubles (83 à 138 euros), sont régulièrement payés, confirme aussi le directeur. 
Pourtant, même dans cette école modèle, les plus grands, adolescents de 16 ou 17 ans discrètement rencontrés, évoquent la peur des rafles et des enlèvements. 

L'an dernier encore, au moins 477 personnes, nommément identifiées, ont été enlevées en Tchétchénie, pour l'essentiel par les militaires, les services de sécurité russes ou les troupes d'Akhmad Kadyrov et de son fils, selon le recensement de Memorial, une organisation russe de défense des droits de l'homme qui fait un courageux travail de recensement des exactions en Tchétchénie.

Au centre de Grozny, une place a tout de même été rénovée, pavée de neuf et plantée d'arbustes soigneusement empaquetés dans des sacs en plastique pour passer l'hiver. Sur cette place, Khassan, photographe amateur, essaie de gagner quelques roubles en tirant le portrait des passants. Il broie du noir : «Je ne vois que le chaos partout, aujourd'hui en Tchétchénie. Je travaillais avant dans la police. Je me suis présenté pour reprendre mon emploi, et vous savez ce qu'ils m'ont demandé ? 1 500 dollars ! Il faudrait que je paie pour ensuite risquer ma vie pour eux !»(1). Khassan secoue la tête, écoeuré : «Je ne sais pas quand toute cette misère finira. Avec mes photos, je gagne 1 000 à 1 500 roubles par mois (28 à 42 euros), avec lesquels je dois faire vivre ma femme et nos deux enfants. Notre maison a été complètement démolie. Nous sommes réfugiés à quatre dans une seule pièce, chez des étrangers. Et, bien sûr, nous n'avons reçu aucune compensation.»

Indemnités et fonctionnaires à acheter

Quatorze milliards de roubles (389 millions d'euros) ont été annoncés par Moscou pour indemniser près de 40 000 familles tchétchènes dont les maisons ont été détruites. Mais les autorités peuvent rejeter un dossier au prétexte qu'un pan de mur tient encore, racontent plusieurs témoins. «Ensuite, il est courant de voir les fonctionnaires chargés de l'examen des dossiers demander 20 %, 30 % et jusqu'à 50 % de la somme si l'on veut débloquer sa demande», rapporte Shahman Akbulatov, militant de Memorial dans la république voisine d'Ingouchie. Enfin, beaucoup d'habitants avouent même trembler à l'idée de toucher, un jour peut-être, ces compensations. «Si jamais j'obtenais un remboursement pour notre maison détruite, j'aurais peur de voir débarquer la nuit suivante des hommes masqués venant nous voler l'argent, si ce n'est nous tuer», raconte une veuve réfugiée en Ingouchie avec ses huit enfants. 

A ce jour, 1 474 familles ont été indemnisées, assure le directeur de la banque chargée des versements à Grozny. Mais, durant ce voyage censé montrer que l'ordre revient en Tchétchénie, les organisateurs n'ont pas présenté ne serait-ce qu'une seule famille tchétchène qui aurait été indemnisée en bonne et due forme.


 
 
Larmes de guerre 
Des humains transformés en ombres, une terre désolée et cabossée..., 
les photos de l'Américain Stanley Greene sur la Tchétchénie sont publiées et exposées.

Par Jean-Pierre THIBAUDAT
samedi 17 janvier 2004 - Libération

Fragments de guerre, exposition 
à l'agence Vu, 2, rue Jules-Cousin, Paris IVe.  Jusqu'au 24 février.
Des landes gelées, pelés, où serpentent d'indéchiffrables hiéroglyphes (branches ? coulées de sang ? boue ?). Des ombres, plus que des hommes. Des reliquats de civilisation : objets cabossés (cannette made in USA), oubliés (bouteille en plastique), jetés (livres), perdus (tissu chiffonné). Autant d'images où une terre habitée lutte contre l'oubli, cependant. Voilà ce qu'on voit. Un pays en voie de disparition. Une exposition de photos, en noir et blanc le plus souvent, comme l'hiver. Aux cadres lacérés. Elle est signée Stanley Greene.

Comme des fantômes. Toute verticalité est ici forme de résistance contre l'anéantissement, l'écrasement des êtres et des maisons. Un trait noir, un poteau électrique, un homme. Autant de fils conducteurs. Autant de Fragments de guerre, c'est le titre de l'exposition. Les humains y paraissent comme des fantômes : au détour d'un pare-brise, au creux de leur nuit. Comme hallucinés. Seuls les morts (assassinés) semblent, parfois, un rien apaisés. Et soudain, deux enfants de dos qui se tiennent la main à l'heure où le soleil allonge ses ombres : dans un paysage vide (dévasté), non une image de paix, mais d'accalmie.

Et puis, dans un recoin, la seule arme que le photographe a choisi de montrer, portée dans les bras d'une femme comme un enfant ou un bouquet de fleurs. Qui est-elle ? L'exposition ne le dit pas. Elle se passe d'explication. Ces fragments relatent une guerre sans âge, sans fin. 14-18 ? Espagne ? Résistance contre les nazis ? Cela pourrait. Mais c'est la Tchétchénie. Une guerre commencée à la fin du XXe siècle (1994) et qui, après une paix de dupes, se poursuit au XXIe. La femme s'appelle Julietta, l'arme était celle de son père, mort au combat. Cela, on l'apprend en ouvrant le livre Plaie à vif. Même photographe, même guerre. Le mot plaie, au singulier, désigne le coeur écorché de Greene qui, derrière son appareil (Leica), opère.
 

Plaie à vif, Tchétchénie 
1994-2003, un livre de Stanley Greene, éditions Trolley, 59,95 €.

«Vaines rivières de sang». Il y a dix ans, Stanley Greene allait en Tchétchénie pour la première fois. Il y est revenu plusieurs fois, cette guerre de libération qui n'en finit pas est aussi devenue la sienne. Dans son livre, il a fait imprimer l'hymne national. Ses voyages se sont raréfiés, le pays étant de plus en plus verrouillé. Mais il y reste à jamais attaché. «Pour tous ceux qui sont partis et ne sont jamais revenus», c'est la dédicace du livre. Suit la liste des journalistes morts ou disparus. 

Stanley Greene a aussi écrit un texte, voici ses derniers mots : «Mes photographies de ce conflit ne reposent pas sur la technique ou sur "l'art". Elles sont le fruit de mon instinct, de ma volonté de révéler les vérités cachées. Cette collection d'images n'est qu'un infime témoignage de l'immensité de la douleur provoquée par ce conflit et des vaines rivières de sang tchétchène et russe. Ma colère est totale.» 

Le livre s'ouvre et se ferme sur les portraits de messieurs Staline, Eltsine et Poutine, les trois massacreurs du peuple tchétchène, par armée Rouge puis russe interposée. Derrière eux, inutile de voir leurs tronches, toute la troupe des complices objectifs: Mitterrand ou Chirac, Villepin et Védrine, pour ne balayer que devant notre porte, égaux dans l'hypocrisie et la honte. 

Plaie à vif est un livre qui ne respecte pas la chronologie. En cela, il dit bien que cette guerre ne finira peut-être jamais. Chaque jour, on y enlève des hommes dans la force de l'âge, on les torture, on vend leurs cadavres. Chaque jour, ce pays se dépeuple, perd son sang. Un génocide lent. Une horreur quotidienne, monotone dans sa terrifiante répétition, et quasi invisible puisque ce pays est interdit d'images non officielles. La Tchétchénie semble en passe d'être oubliée des dieux, mais elle résiste à l'oubli, à tout, ne désespère pas d'elle-même, malgré ses bandits, ses wahhabites. C'est cela que Stanley Greene photographie, en osmose : la résistance des taches, de celles qui ne s'effacent pas. 

Deux trous rouges. Etrangement, cet Américain nous montre mieux que d'autres que cette guerre est profondément européenne, proche. «Le conflit n'a jamais cessé de me faire penser à la guerre d'Espagne», écrit Greene, c'est-à-dire aux photos de Capa. Cette morte affaissée, que vient renifler un chat noir, dort comme le Dormeur du val de Rimbaud. Elle a deux trous rouges au côté droit. Et, pour finir, ceci, qui conclut l'exposition : un tas de pierres et un poteau naguère électrique à la dérive. Ce qui reste du palais présidentiel tchétchène.


 
APPEL POUR UNE ADMINISTRATION PROVISOIRE DES NATIONS UNIES SUR LA TCHÉTCHÉNIE 
Le Parti Radical Transnational lance un appel au Secrétaire général et aux Chefs d'Etat et de Gouvernement des pays-membres des Nations Unies leur demandant de prendre immédiatement toutes les initiatives nécessaires pour que le « Plan Akhmadov pour la paix et la démocratie en Tchétchénie soit étudié puis mis en oeuvre. »
Le Plan du Ministre tchéchène des Affaires Etrangères, Ilyas Akhmadov, propose l' « indépendance conditionnelle » pour la Tchétchénie, « via l'institution d'une administration provisoire des Nations Unies, sur la base du désarmement de l'ensemble des forces tchétchènes et du retrait de toutes les forces militaires et de l'administration civile russes. Au terme de cette période de transition, au cours de laquelle l'ONU aurait la charge d'administrer le pays et de coordonner la reconstruction de l'ordre civil, politique et matériel d'un territoire jonché de ruines et de fosses communes, les citoyens tchétchènes survivants seraient appelés à élire leur parlement et leur gouvernement. »
Les citoyens tchétchènes, russes et du monde entier qui « partagent les sentiments d'horreur qu'éprouvent beaucoup de Russes et les sentiments de terreur qui hantent les Tchétchènes face à la dévastation de ce petit bout d'Europe et du monde qui s'appelle encore la Tchétchénie » peuvent signer l'appel sur le site du Parti Radical Transnational: http://www.radicalparty.org/chechnya_appeal/form.php?lang=fr

PÉTITION INTERNATIONALE POUR LA TCHÉTCHÉNIE

I Financez des écoles pour la Tchétchénie I


Daymokh, Terre de nos ancêtres


DANSER PARMI LES RUINES

Réalisation : Mylène Sauloy
Production : SUNSET Presse
 

Revenu à Grozny, chez lui, en Tchétchénie, après avoir fui la guerre pendant des mois, Ramzan, un professeur de ballet, cherche à faire renaître une troupe de danse folklorique qu'il avait créée. Avec des enfants meurtris par la guerre, il a une obsession : assurer la survie d'une culture menacée par le pouvoir russe. Ils retrouvent leurs maisons détruites, leur école, leur centre de loisirs en ruine à cause des bombardements.

Ils avaient fui les bombardements, la ville en feu. Pendant deux ans, ils ont vécu au loin, parmi les milliers de réfugiés tchétchènes. Puis, Ramzan et les siens ont décidé de rentrer chez eux, à Grozny, sur leur terre occupée par les troupes russes. La guerre avait dispersé la troupe de jeunes danseurs Daymokhk (terre de nos ancêtres), que Ramzan avait fondée dans Lénine, un des rares quartiers à tenir encore debout. Même si, depuis la fin des bombardements, les troupes d'occupation redoublent de violence contre les civils, même si la normalisation annoncée n'a jamais eu lieu, Ramzan s'entête à reformer sa compagnie de danse à Grozny.

Quand l'armée russe a commencé à pilonner Grozny, à l'automne 1999, la troupe Daymokhk avait tout juste six mois. Les petits danseurs et leurs familles ont d'abord vécu terrés dans les caves de la ville. Puis, au plus fort des bombardements, l'hiver, ils se sont éparpillés sur les routes de l'exil.

Deux ans ont passé. À la rentrée des classes, Ramzan a retrouvé une partie des enfants de sa troupe. D'autres parents comme lui avaient pris le risque de les ramener à Grozny pour que leurs enfants vivent, étudient et dansent sur leur terre. Pour fêter la rentrée scolaire et les retrouvailles de la troupe, un spectacle s'est rapidement imposé. Même si la troupe n'avait dansé que six mois, elle avait connu un énorme succès en Caucase du Nord. Ramzan a donc résolu de remonter, au meilleur de ses capacités, le dernier spectacle de Daymokhk.

Mais, à peine la représentation terminée, le chorégraphe s'est mis à rêver de rompre l'isolement et de montrer au monde la culture de Daymokhk. Grâce à des amis lointains et aux images rapportées de Grozny, son rêve s'est réalisé rapidement. Sa troupe a été invitée à jouer en Europe.

La bataille pour partir commence. 

Première difficulté, les enfants n'avaient dansé ensemble que lors de l'unique représentation au gymnase de l'école, trois mois plus tôt. Il fallait augmenter rapidement le nombre de répétitions, mais Ramzan n'avait pas de salle pour le faire, parce qu'il refusait d'être intégré au ministère de la Culture nommé par Moscou. 

Deuxième casse-tête, comment, dans une ville dénuée de tout, soumise à la mitraille au nom d'une étrange guerre antiterroriste, préparer une tournée internationale pour trente petits danseurs?

Troisième défi, refaire des costumes pour ces enfants qui ont grandi trop vite. Comment confectionner des costumes de danse dans un univers de pénurie?

La réponse à ces problèmes : une bonne dose de malice et d'ingéniosité! 

Après d'innombrables péripéties, Ramzan a obtenu passeports et visas pour ces 30 petits citoyens sans patrie. Le voyage durera cinq jours et cinq nuits. Jusqu'au bout, ils prépareront leurs costumes, leur spectacle. Une course contre l'hiver, le froid et la guerre. 

À Berlin, la troupe Daymokhk est accueillie par un réseau de solidarité avec la Tchétchénie. Les enfants danseront trois fois à Berlin. Par trois fois, ils forceront l'histoire qui les a condamnés, oubliés. À chaque fois, ils diront que le peuple tchétchène existe, puisqu'il danse. À Paris, ils seront accueillis par les comédiens du Théâtre du soleil. Les enfants vont être choyés et amarrés à une drôle de chaîne de solidarité, très hétéroclite. Des Tchétchènes réfugiés à Paris viendront aussi cuisiner pour que le public imprègne ses papilles de culture tchétchène.

Jusqu'à la dernière minute, des dizaines d'amis de la Tchétchénie, de la danse et de la vie se seront mobilisés pour que la culture de Daymokhk ait de nouveau sa place sur une scène prestigieuse.

La culture ne meurt pas sous les bombes. 

Les 12 et 13 juillet prochains, une trentaine d’enfants tchétchènes viendront présenter leur spectacle de danse, Daymokh, Terre de nos ancêtres, à la Grande Halle de la Villette.
Concerts surprises, lectures, exposition viendront ponctuer cet évènement.
Samedi 12 juillet 03
 De 16h à 20h – Place du Charolais – Accès libre

- L’Expo : photos et relevés de pétroglyphes : Trois Temps Tchétchènes (L’empreinte, l’acharnement, Le pont) en présence de l’archéologue tchétchène Ruslan Arsanoukaev
- La grande tables des livres et des disques, en présence de nombreux auteurs
- Paris Grozny Le livre : Des monstres pas sacrés croquent l’Europe en direct et en différé. Ouvert à tous les croqueurs à la plume. Dessinateurs et illustrateurs sollicités : ArteFact, Babet, Charb, Faujour, Luz, Martin, Mokeit, Siné…
- Goûter tchétchène (chepelgush au potiron et au fromage et khalva) préparé et servi par Assia, Aminat, Khava et les autres amies tchétchènes…
- Lectures de textes : des comédiens français lisent et disent… la guerre
- Cinéma (Grande Halle mezzanine) à 16h : Prisme (reportages sur la guerre en Tchétchènie) ; 17h : Danse avec les ruines, le film de Daymokh (Mylène Sauloy, 52’) : l’histoire de la troupe Daymokh, l’incroyable odyssée des enfants danseurs, de Grozny à Paris.

 A 20h, Salle Charlie Parker, Grande Halle (Billetterie sur scène)
Daymokh, Terre de nos ancêtres (spectacle avec 33 enfants danseurs et 4 musiciens sur scène)
 

Dimanche 13 juillet
 De 13h à 20h – Place du Charolais – Accès libre

- L’Expo Trois Temps Tchétchènes
- La grande tables des livres et des disques, en présence de nombreux auteurs
- Paris Grozny Le livre : des monstres pas sacrés croquent l’Europe en direct et en différé.
- Pique-nique Tchétchène
- Bal tchétchène
- Lectures de textes : des comédiens français lisent et disent…la guerre
- Cinéma (Grande Halle mezzanine) à 13h30 : Prisme (reportages sur la guerre en Tchétchènie) ; 14h : Grozny le 51. 17h (après le spectacle de Daymokh) : Danses avec les ruines, le film de Daymokh

 A 15h, Salle Charlie Parker, Grande Halle (Billetterie sur place)
Daymokh, Terre de nos ancêtres (spectacle avec 33 enfants danseurs et 4 musiciens sur scène)

 A 18h, Salle Charlie Parker, Grande Halle (Billetterie sur place)
Concert – Surprise, avec entre autres Jane Birkin, La Tropa, Flor del Fango, Tapas en bal…
 

Informations pratiques :
Spectacle Daymokh :
Tarif plein : 15€, Tarif réduit : 10€, Tarif enfant : 5€
Concert surprise :
Tarif plein : 10€ - Tarif enfant : 5€
Forfait spectacle Daymokh + concert
Tarif plein : 20€ - Tarif réduit : 15€

BILLETTERIE SUR PLACE – Information 01 40 03 75 75 – www.villette.com
Grande Halle de la Villette 211 avenue Jean Jaurès 75019 Paris – Métro Ourcq

A bientôt !
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Tchétchénie
L’hiver au Soleil


Daymokh,
Les enfants danseurs de Grozny
 

Paris, Théâtre du Soleil - Cartoucherie
mer. 6 mars à 20h30, ven. 8 mars à 20h30, sam. 9 mars à 20h30, dim. 10 mars à 16h
(recette intégralement reversée à la troupe d'enfants)
Entrée gratuite pour les moins de 12 ans et les groupes scolaires.

Des rencontres avec les écoliers de Paris,
un concert-enregistrement public d'un disque pour la Tchétchénie,
une soirée théâtre tchétchène mis en scène et joué par des amis de "Théâtre d'ici",
une nuit cinéma (Tchétchénie Caucase) et un colloque les 22 et 23 mars
en présence d'invités de la société civile tchétchène.
(programme détaillé en bas de page)

blabla-droitsdel'homme-blablabla-droitsdel'enfant-blablablabla-compassion-blablablabla-repentance-blablablablabla...

DRAMES DE LA PETROPHILIE
Tchétchénie: des "escadrons de la mort"
et une armée "incontrôlable"
mercredi 19 décembre
 

Des forces spéciales russes à Grozny

MOSCOU (AFP) - L'organisation russe de défense des droits de l'homme Memorial a dénoncé mercredi la détérioration de la situation en Tchétchénie où la population civile subit, selon elle, les exactions d'"escadrons de la mort" et de soldats russes devenus "incontrôlables".

"Les militaires russes sont maintenant incontrôlables en Tchétchénie. Ils ne respectent ni les ordres de leur commandement ni ceux du Parquet et font régner la terreur parmi les habitants", a déclaré Memorial.

Le commandant des forces russes en Tchétchénie et le procureur général de Russie ont publié l'été dernier des directives sur les conditions dans lesquelles doivent se dérouler les opérations de "ratissage" de l'armée à la suite de plusieurs dérapages.

Mais, selon Mémorial dont des représentants se rendent régulièrement en Tchétchénie, ces directives qui prévoient notamment la présence de représentants du Parquet, de l'administration tchétchène pro-russe et du commandement militaire local ne sont pas respectées.

"Lors d'une opération de ratissage menée à Avtoury (sud-est de Grozny, capitale de la république indépendantiste) début décembre, tout ce qui était prescrit à été violé", a affirmé Memorial.

Une opération analogue menée pendant plusieurs jours la semaine dernière, à Argoun (est de Grozny) à la suite de l'attaque d'un convoi militaire, s'est notamment soldée par la mort d'une militante tchétchène d'une ONG russo-tchétchène, tuée par les forces russes à un poste de contrôle, selon l'organisation dont elle était membre, la Société pour l'amitié russo-tchétchène.

"Des pillages massifs ont eu lieu à Argoun. Les soldats ont emporté des télévisions, des matelas et jusqu'à des oreillers. Dès qu'ils entraient dans les maisons, ils exigeaient de l'argent sous peine d'emmener les jeunes gens qui s'y trouvaient", a affirmé Memorial.

Le nombre de personnes disparues à la suite de ce type d'opérations est évaluée à 300 par les autorités russes, mais le chiffre réel "est beaucoup plus élevé", selon l'organisation de défense des droits de l'homme.

L'organisation a estimé que le Parquet était plus à l'écoute qu'auparavant des plaintes de la population tchétchène, tout en soulignant que les responsables des exactions étaient rarement identifiés, notamment en raison d'un faible nombre d'enquêteurs (56) dont une partie se trouve en Tchétchénie pour des missions de trois mois seulement. Selon Memorial, seulement deux enquêtes contre des militaires ont abouti à ce jour devant la justice.

Le responsable a également affirmé que des "escadrons de la mort", qui ont fait leur apparition il y a plusieurs mois, étaient devenus plus actifs depuis l'attentat-suicide commis par une jeune femme tchétchène fin novembre contre un commandant militaire russe accusé de nombreuses exactions par la population civile. Leur cible sont les familles ou les proches des combattants indépendantistes.

"Ils arrivent en blindés, encerclent les maisons, les font exploser et emmènent avec eux les habitants", a déclaré le militant des droits de l'homme. "Ces groupes sont composés de membres des forces de l'ordre et sont responsables de meurtres, d'enlèvements et de tortures", a accusé Memorial.

Face à une telle situation, Memorial estime que l'approche du Conseil de l'Europe qui prône un dialogue avec Moscou n'est pas la bonne car elle n'a produit "aucun résultat positif" depuis l'entrée des troupes russes dans la république indépendantiste du Caucase du Nord le 1er octobre 1999.

Oubliées par l'Occident,

les exactions russes en Tchétchénie se multiplient


L'armée russe écrase la Tchétchénie
sous la terreur et la torture
(Le Monde - 15 01 2002)

Gaz : vers un troisième gazoduc russo-européen

"La réunion entre le russe Gazprom, le français Gaz de France, les allemands Ruhrgas et Wintershall, et l’italien SNAM a porté ses fruits. Un accord de principe s’est dégagé pour la construction d’un nouveau gazoduc (le troisième) qui permettrait d’augmenter les capacités de transport de gaz entre la Russie, où officie Gazprom, le premier producteur de gaz naturel au monde, et l’Europe, où la demande de gaz est forte.  L’investissement a été chiffré à 1,2 milliard d’euros pour une capacité maximale de 60 milliards de m3 par an."

Article paru dans Energie Plus n°254 du 2 novembre 2000

"(...) Les critiques de la France envers la politique russe en Tchétchénie avaient provoqué un net refroidissement des relations franco-russes, qui ne semble plus de mise aujourd'hui, la question étant manifestement reléguée au second plan..(...)"
(Le Nouvel Observateur)

 


J’ai regardé Poutine dans les yeux et j’y ai vu son âme”
(propos de George W. Bush sur son homologue russe à l’issue de leur rencontre à Ljubljana, en juin dernier).

LA TCHÉTCHÉNIE, COMBIEN D’ÂMES ?
L’armée russe mène depuis le début de juillet en Tchétchénie des “opérations de nettoyage” d’une rare brutalité. Des dizaines de civils ont été tués, torturés ou sont portés disparus ; des maisons ont été livrées au pillage. Au point qu’Akhmad Kadirov, chef nommé par Moscou de l’administration tchétchène - donc prorusse - a dénoncé “des crimes à grande échelle” et demandé des sanctions. Vladimir Moltenski, commandant par intérim des forces russes dans le Caucase du Nord, a confirmé ces exactions en parlant, lui aussi, de “crimes à grande échelle”.

Quelque 140.000 Tchétchènes sont toujours réfugiés dans la république russe voisine d'Ingouchie, et certains s'apprêtent à passer leur troisième hiver dans des camps de toile.
 

Terreur et "terrorisme" ...

Grozny - Les parents d'élèves avaient raison de s'inquièter :
L' ECOLE N°2 N'ETAIT PAS PRETE
POUR LE JOUR DE LA RENTREE

GROZNY :
L'Ecole N° 2 a été rasée par les bombardements russes ...

Et bien que le chemin de l'école soit très "sécurisé"...
 

... des objets dangereux traînent par-çi par-là...

I Financez des écoles pour la Tchétchénie I


Marcho Doriyla
« Que la liberté entre avec vous »

présente

Tchétchénie
L’hiver au Soleil

Danse, rencontre, cinéma, délices du palais, palabre, pétroglyphes, musique et autres Tchéthèneries

Théâtre du Soleil  6 - 12 mars 2002
Cartoucherie de Vincennes
 
 

Tchétchénie
L’hiver au Soleil

Le projet en bref

Vingt-huit écoliers de six à quinze ans, vivant aujourd’hui encore dans les ruines du quartier Lénine à Grozny, ont dansé un peu par hasard à Paris, en juillet dernier, dans un gymnase à Saint Ouen (Mains d’Oeuvres) puis au Théâtre du Soleil (Cartoucherie de Vincennes).

Des intellectuels et artistes présents dans la salle - beaucoup par solidarité avec la cause tchétchène, voire par compassion, tels Jane Birkin, André Glucksmann, Romain Goupil - ont été bouleversés par la beauté et la force de leurs danses. Les médias - Le Monde, Libération, France Culture etc…- ont applaudi la prouesse.

Une chaîne de solidarité s’est formée pour faire revenir ces enfants à Paris et en Europe en mars 2002. Quinze jours durant, ils seront nos invités au Théâtre du Soleil - les invités de Marcho Doriyla, groupe de gens de spectacle et de pensée désireux de rompre l’isolement auquel la guerre a condamné la Tchétchénie.
 

Autour de leur présence, et parallèlement aux représentations de leur troupe, Daymokh, la Cartoucherie de Vincennes sera un lieu d’échanges et de réflexion sur l’histoire et l’avenir de la Tchétchénie (expositions, films, musique, rencontres dégustatives et discussions sous forme d’Agora) . Nous pourrons ainsi débattre hors temps, hors guerre, avec quelques hôtes Tchétchènes représentant, de manière informelle et non exhaustive, la vitalité et la résistance multiforme de la société tchétchène.

Tchétchénie

L’hiver au Soleil
Au programme

Huit représentations de Daymokh, les enfants danseurs de Grozny

Une fête de bienvenue engageant de nombreux artistes solidaires de Paris et d’ailleurs

Des rencontres entre les écoliers de Grozny et ceux de diverses écoles de Paris

Des échanges avec de jeunes danseurs français

Une exposition relatant trois temps de l’histoire du peuple tchétchène : relevés de pétroglyphes provenant de tours médiévales ; photos décrivant la réalité de la guerre mais aussi celle de la solidarité en Europe

Une nuit de théâtre et de films sur la Tchétchénie et le Caucase

Des dégustations de succulents mets tchétchènes

Un concert-enregistrement public d’un disque Du printemps pour les Tchétchènes, engageant divers artistes solidaires de Paris et d’ailleurs, destiné aux jeunes en Tchétchénie

Une rencontre sous forme d’Agora, suivie d’un colloque public - Tout ce que vous n’avez jamais osé demander à un Tchétchène - sur l’avenir de la Tchétchénie, en présence de représentants de la société civile tchétchène (organisations de femmes, universitaires, artistes…) et de personnalités russes et européennes
 

Les écoliers dansants
de Grozny

Daymokh
« Terre de nos ancêtres »

Vingt-huit mômes, garçons et filles, de six à quinze ans ; quatre musiciens, un chorégraphe et sa femme - une maman pour tous : c’est la troupe de danse Daymokh, que des chroniqueurs européens ont baptisée « les danseurs des ruines ». Car ces enfants, qui interprètent des danses très acrobatiques à une vitesse endiablée, vivent toujours pour la plupart dans les décombres de la capitale tchétchène. Et ils vont chaque jour à l’école, la numéro 14 pour nombre d’entre eux, où, entre gravats et murs effondrés, ils tentent de poursuivre une scolarité « normale ». Hormis le cadet de la troupe, tous vivent aujourd’hui leur seconde guerre.
 

Daymokh, envers et contre la guerre
La troupe avait été formée début 1999 à Grozny. Ramzan Akhmadov, ancien danseur du Ballet national tchétchène, avait alors fait passer des auditions dans les écoles du quartier Lénine. Les soixante écoliers sélectionnés avaient commencé un rude entraînement pour assimiler un répertoire difficile de danses tchétchènes et caucasiennes.

Quelques mois plus tard, la guerre éclatait. Les gosses étaient engloutis par la terre. Pendant des mois, ils ont vécu dans les caves et les abris anti-aériens de Grozny, ou réfugiés dans les alentours. Ramzan Akhmadov avait rejoint l’Ingouchie avec sa famille. Après la chute de Grozny, et l’arrêt des bombardements, il entreprit de localiser les enfants. Au bout de trois mois, il en avait retrouvé quinze à Grozny, et dix  réfugiés avec leurs familles en Ingouchie et Kabardino-Balkarie. Il pouvait reformer la troupe.
 

Chaîne de solidarité
Un quaker anglais leur trouvait alors un sanatorium dans une république voisine, la Kabardino Balkarie où ils purent monter en quelques semaines un spectacle. En 2000, ils étaient invités à Istambul et Dusseldörf, où leur spectacle déclenchait un enthousiasme chaleureux. Les enfants rentraient de nouveau à Grozny.
Cette année, grâce à leur ami quaker anglais,  ils ont monté un nouveau spectacle en cinq semaines, façonné de beaux costumes et sont venus en bus, depuis l’Ingouchie jusqu’en France, où ils ont joué dans des Rencontres Internationales de Folklore Enfantin et deux jours en Hollande dans un Congrès pour la Paix.

Puis des amis français de la troupe ont organisé un spectacle dans un gymnase de Saint Ouen (Association Mains d’œuvre) ; grâce à l’enthousiasme de Jane Birkin et à la confiance d’Ariane Mnouchkine, ils ont pu danser sur une scène prestigieuse, celle du Théâtre du Soleil (Cartoucherie de Vincennes)

C’est ainsi qu’ils ont pu réaliser leur rêve : danser à Paris.
Et surtout, voir la Tour Eiffel !

Tchétchénie

L’hiver au Soleil
 

L’histoire en image

L’exposition se tiendra dans la nef centrale du Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes, du 6 au 23 mars 2001.
Elle sera inaugurée le 6 mars au soir après la représentation de l’ensemble de danses de Grozny Daymokh, en présence de l’archéologue tchétchène Ruslan Arsanoukaev, du Ministre de la Culture de Tchétchénie, Ahmed Zakaev,  de nombreuses personnalités françaises.
Elle circulera ensuite en France, dans des forums Fnac où seront organisées des rencontres.
Elle bénéficie du soutien du Centre Georges Dumézil d’études comparatives sur le Caucase (CNRS - ESA 8003) de l’INALCO (Institut national des langues et civilisations Orientales), de la revue Archéologia.
 
 

L’exposition
 

En trois temps
 

L’empreinte  :  20 relevés de Pétroglyphes reproduits par l’archéologue tchétchène Ruslan Arsanoukaev.
20 photos de relevés de pétroglyphes et de sites archéologiques tchétchènes (tours de défense, complexes architectoniques)
            2 cartes de localisation des sites

L’acharnement : 30 photos sur les deux guerres (94-96 ; 99-…)

La solidarité :  10 photos d’actions de solidarité en Europe
 
 

L’évènement Tchétchénie L’Hiver au Soleil bénéficie du soutien du Ministère de l’Education français, de la FNAC, de diverses compagnies de théâtre, associations et personnalités de la vie politique, universitaire et culturelle française, ainsi que du Ministre de la culture de Tchétchénie.
Exposition de relevés de pétroglyphes en Tchétchénie
d’après les travaux de Ruslan Arsanoukaev, archéologue tchétchène
 
 
 

Colloque de spécialistes du Caucase
pour en chercher une interprétation

En synthèse

Ruslan Arsanoukaev, archéologue tchétchène, est aujourd’hui réfugié à Bakou en Azerbaïdjan. Fuyant les bombardements en Tchétchénie, en novembre 1999, il avait traversé la chaîne du Caucase à pied, dans la neige, sous un feu nourri, emportant avec lui les rouleaux de dessins de pétroglyphes qu’il avait pu sauver : des 180 relevés qu’il a effectués de 1980 à 1999 (début de la guerre actuelle) sur d’anciennes tours de défense tchétchènes, 80 sont parvenus en Géorgie, puis dans un deuxième temps en Azerbaïdjan. Les autres ont été détruits au cours des bombardements depuis la première guerre (94-96).
 

Les tours appartiennent à de vastes complexes architectoniques parsemant le sud de la Tchétchénie ; elles ont été systématiquement bombardées au cours des deux guerres. Les dessins de Ruslan constituent donc une mémoire de grande valeur de l’histoire tchétchène. D’une guerre l’autre, toute empreinte d’un passé du peuple tchétchène sur cette terre est systématiquement saccagée, effacée. Face à l’urgence, Ruslan a effectué les relevés et fait prendre des centaines de photos des tours et des pétroglyphes, sans pouvoir s’attarder à en chercher une interprétation. Il est temps aujourd’hui de donner toute sa valeur à ce travail unique - et émouvant - et de réunir des spécialistes du Caucase pour entamer l’ébauche d’une interprétation.

Le projet consiste donc à inviter Ruslan Arsanoukaev à exposer ses 80 dessins et une partie de ses photos, et à lui permettre de débattre avec des archéologues et autres spécialistes du Caucase.
 
 

Tchétchénie

L’hiver au Soleil

Atelier de création théâtrale
autour d’un auteur tchétchène
Moussa Akhmadov

A L’AUBE LORSQUE LES ETOILES S’ETEIGNENT…

L’Espace d’un instant organisera le séjour en France de Moussa Akhmadov, dramaturge tchétchène réfugié dans une république voisine du Caucase du Nord, et sa mise en relation avec un certain nombre de professionnels du théâtre à Paris et en Ile-de-France.

Des extraits de ses textes seront traduits, en collaboration avec Bernard Outtier, dans le cadre des activités du Pôle Balkans Caucase.

Ces fragments seront ensuite travaillés par différents metteurs en scène : Zezva Artchémachvili, Catherine Boskowitz, Dominique Dolmieu, Bruno Lajara,.. et une équipe d’acteurs : Céline Barcq, Anne de Montravel, Michel Fouquet, Edouard Ghazarian, Marie-Isabelle Heck, Ali Ibraguimov, Bertrand Krill, Natacha Leytier, Guillaume Morel, Camille Sirota, Barbara Viot, Jean-Paul Zucca,..

Une rencontre publique avec Moussa Akhmadov sera organisée. Ramzan Akhmadov, chorégraphe de Daymokh, et Rouslan Arsanoukaiev, archéologue, pourront également y participer.

Lors de cette rencontre, des lectures et des mises en espace des fragments seront présentées.

Il s’agira de se donner l’occasion d’un découverte réciproque, de transmettre et porter une parole, une résistance, dans nos murs et sur nos planches.

PUBLICATIONS

L’Espace d’un instant étant également une maison d’édition, elle se propose, seule ou en co-édition et suivant les fonds disponibles, de publier les textes de Moussa Akhmadov, les travaux de Rouslan Arsanoukaiev, et / ou les actes du colloque.
 

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Mylène Saulnoy est l'une des rares journaliste occidentales à parvenir à s'introduire en Tchétchénie. Elle se bat pour éviter que le conflit qui oppose depuis trop longtemps l'armée russe et la population locale se déroule à l'abri des regards. Son témoignage est saisissant, notamment sur le calvaire que vivent les enfants. 

Nerbek a six ans et déjà il sait qu'il ne peut plus marcher, il a sauté sur une mine, juste après le nettoyage de son quartier par des soldats russes. Ainsi va la vie à Grozny. La deuxième guerre de Tchétchénie n'épargne personne. Surtout pas les enfants. 

 Hussein , Chirurgien 
"C'est le résultat de la guerre, de la barbarie russe."
A l'hôpital enfantile, on reçoit aussi les enfants traumatisés par les bombardements passés et par la violence des troupes d'occupation. 

 Hadija , neuro-pathologiste 
"Il présente tous les symptômes d'une tumeur au cerveau causée par la tension nerveuse comme ces violents maux de tête."
Yakita a six ans et a vécu trois mois dans les abris antiaériens. Depuis 15 jours elle louche et ne peut plus marcher. Ramzan lui est devenu épileptique, il ne prononce plus un mot. 

Dans cette sale guerre de Tchéchénie, les écoles elles-mêmes sont des cibles pour l'armée. Ici l'école numéro 48. 

 Un professeur de l'école 48 
"200 soldats sont arrivés avec des véhicules blindés, sans plaque d'immatriculation. Ils ont cassé les tables, les chaises, déchiré les documents, démoli les portes à coups de pieds, volé tous les bonbons qu'on avait pour les enfants. Ils veulent qu'on reste ignorants comme des moutons."
Et voilà les cadeaux des avions russes aux enfants de Tchétchénie. 

 Une femme 
"Ils ont tout volé, tout cassé, on voudrait tellement que cette guerre s'arrête."
Dans ces conditions là dangereux d'aller à l'école, certes. Mais pour la fête de fin d'année, tout le monde voulait être là. La maman d'un élève a pris ces photos pour fixer la gaieté sur la pellicule. Quand soudain, tout bascule. Des tirs de mortiers et d'artillerie s'abattent sur l'école sans aucune raison, la fête tourne à la panique. 

Officiellement, Grozny est pacifié. Nerbeck pourtant n'ira plus à l'école, il lui manque une jambe. Certains en ont perdu deux ou un bras. Pourquoi, parce qu'en Tchétchénie c'est comme ça. 


Témoignage de Mylène SAULOY, collectif Tchétchénie

Je voulais absolument avoir le courage (le temps aussi) de raconter un peu sérieusement la situation à l'intérieur avant la réunion des comités, mais finalement, il n'y aura que quelques notes éparses. 
Disons simplement de l'information et des réflexions qui pourraientt peut-être aider à produire un peu d'actions, de relations, servir à trouver des idées pour sortir de ce bourbier.
 

C'est une ambiance gestapiste. Gestapiste de Gestapo. Occupation, terreur, règne de l'arbitraire. Délation, méfiance, silence. Voitures banalisées débarquant peu avant l'aube des hommes masqués qui embarquent d'autres hommes, ensommeillés, vers des destinations inconnues. Ou qui mitraillent tout simplement avant de se fondre dans la nuit. Les voitures, on les voit partout. Jigouli et UAZ pour la plupart. Vitres teintées souvent. Présence oppressante. Quant à leurs équipées criminelles, aux disparitions et morts qu'elles entrainent, on ne l'apprend que par bribes, indirectement, seulement lorsque le témoin est vraiment en confiance et à l'abri, plutôt à Nazran où l'on peut - un peu - parler, ou à l'hôpital où les rescapés sont soignés.
Car ils ne parlent plus, ou si peu. Ils ne crient plus l'horreur, les exactions, les abus, le silence complice de l'occident ou le sacrifice de toute une génération. Non. Ils se taisent. Ils préfèrenraient surtout qu'on les oublie, qu'on ignore leur existence. Pour que personne n'ait l'idée d'aller les chercher ensuite. 

Dans un village de montagne, deux jeunes garçons disparaissent un soir, alors qu'ils sont partis couper du bois. Le lendemain, deux cadavres parsemés d'hématomes, de plaies au couteau, de brûlures apparaissent dans le village voisin. Deux jours après l'enterrement, le père de l'un, le frère de l'autre, et une possibilité de raconter, dénoncer pour une télévision française, cachés dans une voiture. Réponse : "Merci infiniment d'être venue, d'avoir pensé à nous, merci. Mais surtout ne citez pas leurs noms, ne donnez pas le nom de nos familles - nous avons d'autres enfants vivants - , ni celui de ce village. Et partez. S'il vous plaît, partez. Avant qu'on nous voit avec vous."

Les délateurs sont partout. Oui, la tension a bien monté depuis la prise de contrôle du pays par le FSB en février dernier. Corollaire de ces bagnoles aux vitres souvent teintées, stationnées partout, menaçantes, et de ces "civils" errant dans la ville, les délateurs, les vendus, le règne de la méfiance. Et une solitude plus grande encore. Non les journalistes étrangers ne sont pas bienvenus. D'abord, il n'y en a plus depuis si longtemps qu'on n'y croit plus. Ensuite, les médias ne racontent que des mensonges. Enfin, surtout, tout le monde s'en fout qu'on nous assassine. Et ça n'a jamais servi à rien de le raconter. Au contraire : ça met en danger les survivants de ce massacre. Ceux qui oseraient le dénoncer en priorité. Et puis leurs enfants, leurs familles, leurs voisins, leurs villages même. 

"Ils" ont sûrement raison. Ca ne sert à rien. Au bout du compte, aller chercher de l'information en Tchétchénie revient à mettre en danger les témoins et les leurs. Au bout du compte, il s'agit ni plus ni moins que de documenter le massacre, 
créer des archives pour l'Histoire. Souci de bon vivant que celui de pouvoir savoir. On dispose bien d'images des juifs à l'intérieur même des camps de concentration. Ils y sont morts malgré tout.
 
 

La terreur est plus sensible à Grozny. Parce que c'est une ville fantôme dont l'on ne sait plus qui ni combien l'habitent, tant les piétons sont vagues et éphémères dans les ruelles défoncées qui mènent de ruines habitées en décombres occupés ou petits marchés précaires, en passant par des terrains vagues de gravats et végétations folles. Le printemps qui envahit le désastre, occupe le vide. Les arbres poussent dans les façades transparentes, et émergent par les béances laissées par les obus. Le silence est pesant. Moins de tirs en continu, plus de tirs ciblés. Plus de ratissages, de rafles, d'exécutions nocturnes perpétrées par des soldats de en plus fréquemment ivres. Forcément, on s'installe. 

Dans cet univers de décombres et de passants fugaces et silencieux, l'omniprésence des voitures banales et banalisées, est d'autant plus oppressante. Les "civils". Les FéSBéchniks, comme ils disent. La ville en est truffée. Entre les snipers postés sur ce qui reste debout, les "civils" et les check point partout, il devient bien difficile de filmer la gueule de la ville. Sans compter qu'une caméra provoque une terreur supplémentaire : nouvelle modalité des rafles - on se modernise -, les photos, prises systématiquement, des gens qu'on arrête. Alors, forcément, une caméra, c'est un espion de plus. Un danger.
 

Ruelle déserte dans quartier désert de petites maisonnettes à jardinet, toutes démolies, bombardées et mitraillées à souhait. Faute d'habitants, on pourrait espérer filmer les ruines désertes en sortant, pour une fois, de la voiture. La caméra n'est même pas allumée qu'une vieille femme émerge d'on ne sait quels décombres et crie : "rangez ça, il y a des snipers partout sur les toîts". Quels toîts ?
Dix minutes plus tard, en retraversant le quartier dans l'autre sens, on tombe sur des dizaines de soldats sur deux files, fusils tendus vers on ne sait quelle cible, quel ennemi, marchant d'un pas décidé. Devant eux, d'énormes chiens loups. Zatchistka. Nettoyage. 
De quoi au juste ?

Des écoles primaires par exemple. Trois écoles attaquées en une semaine. Forcément, puisqu'il y a concentration d'enfants et de lycéens pour les examens et les fêtes de fin d'année. Parce que les gosses pour la plupart ne viennent que de manière épisodique. Trop dangereux d'aller tous les jours à l'école. Pour étudier, il faut passer outre les check point, les rafales aveugles, les tirs de mortier non ciblés... Là, ils sont nombreux. Ecole n° 48. Ecole ? Une ruine parmi d'autres. Façades truffées de béances, pans de murs effondrés, entrée bloquée par un tas de gravats et de bois. Fenêtres explosées. L'école fonctionne pourtant depuis le 1er mars : parents et profs ont retapé, seuls, quelques salles de classe à l'intérieur. Le 27 mai, des blindés entourent la ruine scolaire, deux cents soldats déboulent, ouvrent les portes à cout de pied, démollissent celles qui résistent, cassent tables et chaises, arrachent les décorations que les gosses ont préparées pour la fête de fin d'année, piquent le buffet - bonbons et petits gateaux, après tout ce sont des hommes - et repartent.

Ecole n° 8. Vendredi, jour d'examens, tout le monde est là. "Nettoyage". On range les enfants dans les caves pendant que les soldats cassent ce qui ne l'était pas encore, brûlent une salle de sciences, et fouillent l'école, elle aussi à moitié en ruines. Samedi on tire au mortier. Chamkhan, 14 ans, passait par là. Il est à l'hôpital avec des éclats plein les bras et le torse. Sa mère dit qu'elle ne le laissera plus aller à l'école. Une maitresse dit : "c'est ça qu'ils veulent. Que les enfants ne puissent plus étudier. Que nous soyons un peuple d'ignorants. Comme des moutons."

Ecole n° 41. Même scénario. Des parents et des profs ont dégagé un espace d'études dans une carcasse dévastée. 25 mai, fête de fin d'année. Ils sont tous là, endimanchés, devant l'école à moitié effondrée. Leur école. De belles robes roses, des petits costumes élimés mais impeccablement propres, des gamines souriantes avec des bouquets de fleurs plein les bras, pour les maîtresses. Et des parents tout fiers. Et des grands dessins de colombes avec de beaux textes sur la paix, qu'on donne à la directrice. Et les tirs commencent à fuser. Et tous s'enfuient. Une maman parvient à faire des photos de la belle fête et de la panique. Et puis s'enfuit à son tour.

Il faudrait encore dire les "nettoyages" répétés de l'université, truffée de flics, où plus personne ne parle, si ce n'est enfermé à double tour dans un bureau, en silhouette sans visage et "sans nom s'il vous plaît". De l'institut pédagogique, où cinq étudiants avaient été tués en décembre et des dizaines d'autres blessés dans un tir nourri d'artillerie. Ciblé. De l'institut du pétrole et du technologique. Partout, la même histoire. Nettoyages, arrestations, disparitions d'étudiants. Obstacles répétés contre toute vélleité d'études.

Eux pourtant, réclament le contact. Beaucoup sont réfugiés dans les camps en Ingouchie. Ils ne vont à Grozny que pour les examens. Les uns et les autres voudraient communiquer. avec l'extérieur. Avec des jeunes comme eux. Avec des étudiants. Rêve d'exister. D'appartenir à une communauté mondiale, hors de l'horreur qui est leur.

Car l'horreur est hermétique. Nettoyage ? On cherche des bandits, des terrorristes, et lorsqu'on part, on laisse traîner des mines. Au cas où. Où un bandit marcherait dessus, par hasard. Alors après les nettoyages, on voit beaucoup de gens sauter sur des mines. Ou d'enfants. Mayrbek, 6 ans, a sauté le surlendemain d'un nettoyage (il y a trois semaines), en jouant dans une cour où il jouait tous les jours. Il a perdu une jambe. Une organisation lui a donné des béquilles. Sa mère dit, avec un sourire doux et triste : " mais on 'est pas les seuls. Dans tout le quartier, c'est comme ça. L'un sans bras, l'autre sans jambes, un autre qui a perdu la vue… "

Nettoyage. On cherche des bandits, des terrorristes, on arrête n'importe qui pour toucher des primes, revendre un homme cher avant qu'il ne soit complètement invalide, moins cher mais quand même sous forme de cadavre. Le grand business. 3 000 dollars vivants, 600 à 1000 mort, c'est selon. Mort et en lambeaux. Corps tuméfiés, atrophiés, massacrés. Nouvelle modalité encore : corps ouverts puis recousus du bas du cou au bas de l'abdomen. " Trafic d'organes, double business " disent-ils. " Ce sont tous des hommes jeunes, en bonne santé, forts ". Plusieurs ont des cicatrices à l'épaule : ablation d'umorceau de peau pour analyse d'ADN, disent-ils. 
Difficile d'imaginer un trafic d'organes dans un tel bourbier. Degré supérieur dans le sacrilège, sûrment. Car il est insupportable à un musulman d'enterrer un corps " incomplet ". Et semblant de légalité peut-être ? " Ils " feraient des autopsies pour pouvoir parer à d'éventuels procès ? Puisque le médecin légiste est passé… Il ne parlera pas, forcément. Trop risqué. Il n'écrira jamais " nombreuses traces de tortures ", forcément. Même le père d'un jeune étudiant, médecin dans un grand hôpital constatant que le corps de son fils est vide - vide - ne parlera pas. Il a d'autres enfants. Et du boulot pour longtemps à l'hôpital. Mais des gens ont filmé. Car désormais, s'il est très difficile pour un étranger d'arriver en Tchétchénie puis de filmer, s'ils ne croient plus en rien, eux aussi documentent le désastre. Ceux qui trouvent les cadavres trouvent aussi parfois un appareil photo, une caméra, et enregistrent vite.C'est désormais à eux de filmer leur lente disparition. 

Voilà les images qu'on rapporte aujourd'hui de Tchétchénie. Celles d'une famille de paysans particulièrement pauvres qui a disparu : un père, son fils et ses deux neveux vont chercher les vaches. Ils ne s'éloignent pas du chemin habituel, à cause des mines. Ce jour-là, ce sont les soldats. On les retrouve le lendemain dans un fossé. Et l'on filme. Le retour des cadavres, l'entrée dans la maison, la réunion du village dans la maison, la levée du drap qui couvrait les corps. L'horreur. Les enfants - 10, 11 et 14 ans - ont les mains bleues, tétanisées, les visages lacérés. Le père et l'un des enfants ont eu les yeux crevés au couteau. Les quatre ont été tués par une balle tirée à bout portant dans l'oreille. Excusez-moi. Il faut le dire. Ce sont les images que tournent des Tchétchènes. Ils le font bien pour qu'on le sache. Et ils donnent aussi des photos des enfants vivants. Avec leurs noms au dos, et leur date de naissance. Hussein et Chamkhan. On s'en souviendra. Quand ?
 
 

C'est tout pour aujourd'hui. J'aimerais que vous parliez des étudiants - j'avais envoyé un tout petit texte à mon retour, la semaine dernière. Des enfants amputés. Et de ces images torturantes - il y en a bien d'autres, avec d'autres histoires aussi édifiantes - pour que des décideurs, des élus, des représentants du peuple français, que sais-je encore, les voient eux aussi. 

Pour les étudiants, dans un premier temps, il s'agit essentiellement de leur trouver des correspondants. Puis des bouquins. Une première liste est arrivée. Puis … voir ce qu'on peut faire pour eux. Le convoi syndical organise une réunion mercredi 20 pour lancer un projet d'aide, entre autre à l'institut pédagogique. Il est aussi question d'inviter des étudiants tchétchènes ici. Pas pour sauver dix peaux, mais pour relier Grozny au monde, pour participer à unprojet qui donne une idée d'avenir à la Tchétchénie.
Il faudrait alors trouver des recteurs d'université qui se disent prêts à accueillir des étudiants tchétchènes.

Pour les enfants amputés, un projet est en cours : amener cinq enfants en France où ils seront opérés et appreillés. Il faudrait faire pression pour qu'un plus grand nombre d'enfants puisse venir.

Pour les images tournées par les Tchétchènes, il faudrait trouver moyen d'organiser des conférences de presse ou de sensibiliser des élus pour qu'eux mêmes fassent ensuite pression sur le gouvernement. Les députés danois auraient voté la semaine dernière une résolution demandant de déposer une plainte interétatique contre la Russie. A vérifer. Ils seront peut-être le 23 à Strasbourg, pendant les sessions du Conseil de l'Europe où, semble-t-il, ils devraient rencontrer Lord Judd.
 

Que les débats soient créatifs, fructifères et solidaires !.

Extrait de SAMIZDAT

Oubliées par l'Occident, les exactions russes en Tchétchénie se multiplient

Le Monde du  26.12.01

Eclipsée par les attentats du 11  septembre, la guerre menée par la Russie contre la république indépendantiste de Tchétchénie se poursuit. Selon plusieurs organisations, la répression s'est intensifiée depuis deux mois.  L'association russe Memorial a tenu la liste des multiples exactions commises par les troupes russes ces deux derniers mois  : pillages, tortures, meurtres, rafles, demeurent monnaie courante, alors que plusieurs témoins décrivent la présence d'"escadrons de la mort" sur le terrain.  Pour Moscou, cette guerre n'est qu'un volet de la lutte mondiale contre le terrorisme. Proche de M.  Poutine, Vladimir Rouchaïlo estime qu'il serait "logique que la communauté internationale soutienne la Russie".  L'ancien dissident Sergueï Kovalev dénonce vivement l'aveuglement de l'Occident et critique l'attitude du Conseil de l'Europe.
 

LUNDI 24 DÉCEMBRE, lors d'une opération de communication sans précédent, le président russe Vladimir Poutine s'est plié à un exercice de "questions-réponses" retransmis en direct par deux chaînes de télévision nationales et deux radios locales, satisfaites d'avoir, en une semaine, collecté 400 000 demandes auprès de la population. Entre une question sur le choix de ses cravates et une autre sur les relations Russie-Otan, le maître du Kremlin a été interrogé sur les raisons de l'échec militaire russe en Tchétchénie.

"Nous ne pouvons pas procéder à des "ratissages" massifs là où vivent des milliers de personnes, nous ne pouvons pas non plus, comme cela a été fait en Afghanistan, utiliser des bombardiers lourds contre des localités habitées. Les gens qui y vivent sont des citoyens russes", a-t-il alors expliqué.

Certes, l'époque des bombardiers lourds et des missiles est aujourd'hui révolue en Tchétchénie, dont la capitale, Grozny, n'est plus qu'un tas de gravas. Mais deux ans après le lancement de la seconde offensive russe sur la République, pourtant reconnue indépendante par Moscou en 1996, l'artillerie y est toujours en action, les hélicoptères bombardent quotidiennement les régions montagneuses du Sud et les 45 000 militaires stationnés là-bas se livrent, plus que jamais, à toutes sortes de pillages et d'exactions. Le tout sur fond d'"offensive finale", annoncée le 6 décembre par Sergueï Ivanov, le ministre russe de la défense.

"Les "ratissages" sont systématiques, effectués par des hommes masqués, chiens en laisse, que l'on voit partout", raconte Mylène Sauloy, une réalisatrice de documentaires, qui revient de Grozny. "On a le sentiment que, depuis l'annonce faite[à la fin octobre] par Poutine sur la tenue de négociations avec un émissaire du président Maskhadov, les forces russes sur place cherchent à se servir très vite au cas où la manne viendrait à se tarir."

PILLAGES ET RAFLES

L'ONG russe Memorial a tenu le décompte des "ratissages" effectués par les forces russes ces deux derniers mois, notamment dans les villages d'Argoun, d'Ourous-Martan et d'Avtoury. Au cours de ces opérations, "les soldats ont emporté des télévisions, des matelas et des oreillers. Ils exigeaient de l'argent, menaçant d'emmener les jeunes gens", a rapporté le président de Memorial, Oleg Orlov, lors d'une conférence de presse à Moscou le 19 décembre.

Raflées lors de ces raids, trois cents personnes sont officiellement reconnues comme "disparues", mais Memorial estime que le chiffre réel est "beaucoup plus élevé".

Les plus chanceux pourront être rachetés par leurs familles aux militaires russes, comme le fût Z., du village de Kourtchaloï. Cette jeune femme a été échangée à sa famille par les militaires russes contre des armes, après une détention d'un mois au cours de laquelle elle fût violée et torturée, selon un communiqué publié par Amnesty International le 22 décembre.

D'autres ne reviennent jamais. Les corps de quatre habitants de la région d'Ourous-Martan, raflés au début de décembre, ont été retrouvés dans un champ quelques jours plus tard, avec tous les signes d'une mort violente.

A Ourous-Martan le 29 novembre, les forces russes se sont déchaînées sur la population locale après qu'une kamikaze tchétchène, une veuve dont le neveu venait d'être arrêté, eut fait sauter la charge explosive qu'elle portait sur elle alors qu'elle approchait le commandant militaire de la région, Gueïdar Gadjiev, un général connu pour sa cruauté. Ensuite, soixante-treize personnes ont été emmenées par les forces russes, rapporte Memorial. Des familles soupçonnées d'entretenir des liens avec la résistance ont vu leurs maisons dynamitées.

Lors d'un "nettoyage" mené à Argoun entre le 11 et le 15 décembre, la militante de l'ONG Amitiés russo-tchétchènes, Louisa Beterguirieva, a été tuée par balles à un poste de contrôle russe le 13 décembre. Les soldats venaient de lui refuser l'accès à la localité où elle voulait se rendre afin de pointer une liste de personnes blessées lors des opérations. Son sac et la liste ont disparus.

Cinq jours plus tard, Akhmed Gadjiev, soixante-quatre ans, militant de cette même ONG russo-tchétchène, a été fusillé par des hommes masqués qui ont fait irruption dans sa maison de Serjen-Iourt en demandant à le voir. Le 3 décembre, Rizvan Larsanov, chez qui se tinrent les pourparlers de paix russo-tchétchènes en 1996, perdait la vie dans l'explosion inexpliquée de sa voiture. Et la liste est longue...

"Les militaires russes sont incontrôlables. Ils ne respectent ni les ordres de leur commandement, ni ceux du parquet", a déclaré Oleg Orlov lors de sa conférence de presse. "Des gangs organisés, composés de représentants de la force publique russe sont occupés aux enlèvements, aux tortures et aux assassinats", ont révélé les militants de Memorial, dénonçant l'existence d'"escadrons de la mort" en Tchétchénie. "Nous sommes en mesure d'affirmer que, le plus souvent, les disparitions ou les enlèvements sont le fait de représentants des forces fédérales", a martelé Oleg Orlov.

Ces deux derniers mois enfin, les quelques ONG qui fournissent une assistance aux populations tchétchènes en Tchétchénie ou dans la république voisine d'Ingouchie subissent des pressions. L'ONG française Médecins du monde déplore ainsi les descentes régulières du FSB dans les camps de Spoutnik et de Karaboulak, où ses équipes mènent un programme de santé mentale.

Les "organes" ont notamment qualifié de "subversive" l'activité qui consiste à faire dessiner les enfants tchétchènes traumatisés par des mois de bombardements, sous prétexte que "des drapeaux tchétchènes"figurent parfois sur les dessins.

Enfin l'ONG Danish Council for Refugees (DCR), partenaire opérationnel des Nations unies dans la zone, est l'objet d'un véritable harcèlement. Trois membres de son personnel sur place ont récemment été sévèrement battus.

"Des organisations, dont DCR, fournissent de la nourriture et des vêtements aux formations armées illégales", a fait savoir, le 13 décembre, le général Babkine, chef du FSB en Tchétchénie. Il dit avoir des charges contre dix-huit ONG, occupées selon lui, "à collecter du renseignement pour exercer ensuite des pressions sur les autorités russes, via les médias étrangers".

Marie Jégo


Objet: Appel pour la Tchétchénie
Bruxelles, le 10 Août 2001

Cher(e)s ami(e)s,

Les développements toujours plus sinistres de la situation en Tchétchénie,
et en particulier les exactions les plus atroces commises par les troupes
russes à l’encontre des populations civiles et des résistants tchétchènes
(tortures, massacres, extorsions, destructions, …) nous ont amenés à
concevoir un nouvel appel, adressé aux plus hautes autorités de l’Union
européenne et de ses Etats membres.

Notre objectif est de rassembler des milliers d’adhésions de personnalités,
de parlementaires et de citoyens et citoyennes dans toute l’Europe.

L’appel peut être signé sur le site www.radicalparty.org

Il peut également être imprimé sous forme de pétition
(à renvoyer à
Parti Radical – PE 7H147 - 60, rue Wiertz – 1047 Bruxelles)

En espérant vivement que vous pourrez activer, via les diverses modalités de
tamtam à votre disposition, le plus grand nombre de personnes possible,

Sincères amitiés,
 

Olivier Dupuis
Secrétaire Général du Parti Radical Transnational
Député européen

Tel. +32-2-284.71.98
Fax. +32-2-230.36.70 ou 284.91.98
Email: odupuis@e...
www.radicalparty.org
 

TCHÉTCHÉNIE: ASSEZ !

Mesdames et Messieurs du Conseil et de la Commission européenne,

Au cours de 300 ans d’occupation russe, la Tchétchénie a vécu les « bienfaits de la colonisation » sous la forme de cataclysmes - massacres, destructions, déportation de masse - qui survenaient, en moyenne, tous les cinquante ans.

Au cours des sept dernières années, quelques 150.000 habitants de la République tchétchène - 15 % de sa population - ont perdu la vie;
250.000 d’entre eux sont réfugiés et vivent, pour la plupart, dans des conditions inhumaines; 
des dizaines de milliers de civils et membres de la résistance ont vécu, ou vivent encore, la réalité des goulags de la «démocratie» russe: les camps de filtration, avec leur cortège de tortures, de viols, d’extorsions et d’exécutions sommaires. 
Chaque jour qui passe allonge la liste des morts, des blessés, des invalides à vie.

Vous connaissez ces chiffres, vous connaissez ces faits. 
Ce ne sont pas ceux des temps de Staline. 
Ce sont ceux d’aujourd’hui. 
Ce sont ceux de la Russie de votre collègue Vladimir Poutine, d’une Russie qui se perd elle-même en torturant la Tchétchénie.

Mesdames et Messieurs du Conseil et de la Commission européenne,

Vous n’avez plus le choix. 
A moins, bien sûr, de préférer continuer à trahir les valeurs et les idéaux de l’Union et de ses pays membres. 
A moins de préférer devenir non plus seulement complices par omission, mais alliés conscients des massacreurs et donc acteurs directs de la tragédie en cours en Tchétchénie. 
Vous avez perdu trop de temps. 
Il ne vous reste que le droit au sursaut.

- Vous devez exiger du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, qu’il négocie au plus vite avec le Président légitime de la République tchétchène d’Itchkérie, Aslan Maskhadov, les modalités du processus de décolonisation de la Tchétchénie;

- Vous devez vous-mêmes procéder unilatéralement à la reconnaissance internationale de la République tchétchène d’Itchkérie.
 
 

Prénom                         Nom                                                        Signature
 
 
 
 
 
 
 

 


 
 jeudi 13.09 sur ARTE à 20.15 un reportage sur les enfants tchétchènes réfugiés dans la vallée de la PANKISSI en Géorgie au pied du CAUCASE.
Ce reportage, dont le synopsis est joint ci-dessous, a été réalisé par des journalistes d'ARTE en collaboration avec CENDRINE LABAUME, animatrice des ateliers psychologiques  de MSFpour les enfants réfugiés victimes de traumatismes de guerre.
Jeudi, le 13.9.2001 20.15
Information
26 MIN.
PDC 20.15

DESSINE MOI LA GUERRE
Dans les camps de réfugiés tchétchènes, en Géorgie, les enfants dessinent des corps mutilés, dévorés par les chiens...
 

Réalisation : Agniezska Ziarek (2001-26mn) Coproduction : ARTE, Mano a Mano ARTE G.E.I.E.
 
 

Huit années de guerre et d'horreur en Tchétchénie, et seulement quelques images - des immeubles éventrés à Grozny, des corps sous plastique sortis des charniers... Si les images des massacres ne sortent pas de Tchétchénie, elles restent dans la tête des témoins, souvent des enfants, spectateurs impuissants de l'horreur. Ces visions effrayantes, ils les ont emportées avec eux en Géorgie, dans les camps de réfugiés où psychologues et psychiatres s'attachent à les délivrer de leurs terribles secrets. Avec des feuilles de papier et des crayons, la guerre apparaît peu à peu. Les enfants dessinent des arbres cassés en deux, des immeubles qui s'effondrent sous les bombardements, des corps mutilés, des membres déchiquetés, des cadavres dévorés par les chiens. Agniezska Ziarek s'est rendue dans ces camps de réfugiés où 87 % des enfants souffrent de troubles psychologiques. Des enfants tristes, fermés, apathiques, qui se réveillent toutes les nuits en hurlant, victimes de la sale guerre et de la folie meurtrière des adultes.

ARTE diffusera un documentaire sur la guerre en Tchétchénie dans "Les mercredis de l'histoire" mercredi 10 octobre à 20.45.
 

ARTE - 20.15  MERCREDI 9 janvier 2002 

GROZNY : LE 51
 

 Information · 26 MIN · PDC 20.15 

 À Grozny, en Tchétchénie, les voisins d'un même immeuble cohabitent malgré leurs différences d'origine. 

 Réalisation : Mylène Sauloy (France, 2001-26mn) ARTE G.E.I.E. 

   C'est l'histoire d'une communauté éclectique, multiethnique et pluriconfessionnelle d'hommes et de femmes, que les hasards de la guerre ont jetés pêle-mêle dans un même lieu, et qui résistent ensemble à la violence, à l'absurdité du conflit, aux mensonges de la propagande officielle, à la haine raciale. 

Au cœur du quartier Lénine à Grozny, dans le micro quartier olympique n° 1, l'immeuble 51 raconte à lui seul la guerre et la résistance. Ici sont réunis Angela, l'institutrice tchétchène, Sieda, l'étudiante russe, Ana, la retraitée ukrainienne, Idriss et Razkhulli, les petits trafiquants d'essence tchétchènes, Toïa, la commerçante juive, Suleyman, le milicien, Svieta et Lena, les maîtresses de maison arméniennes...

Tous inventent jour après jour leur survie dans la douleur, l'ingéniosité et l'humour. Sans eau, sans électricité, sans chauffage, la ville est toujours soumise à la mitraille aveugle et permanente, alors que la "guerre" est officiellement terminée. 

À travers le quotidien de ces civils échoués dans un immeuble à moitié détruit, et retrouvés à chaque saison pendant un an, se dessine l'histoire d'un peuple qui se refuse à disparaître. 


I Financez des écoles pour la TchétchénieI



LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Présentation | SOMMAIRE |
| Le nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation ? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme scolaire et "éducation alternative" | Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le lycée "expérimental" de Saint-Nazaire | Le collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
| Colloque Freinet à ... Londres | Des écoles publiques "expérimentales" |
| 68 - 98 : les 30 P-l-eureuses | Et l'horreur éducative ? |