PARIS - 08 12 05 --- - Gilles de Robien ne veut plus de la méthode globale. Le ministre de l'Education nationale réaffirme que cette méthode d'enseignement de la lecture, source selon lui des difficultés de nombreux élèves, sera supprimée "dès l'année prochaine".

"J'ai décidé de la supprimer. Dès l'année prochaine, aucun élève ne pourra plus subir cet enseignement", explique-t-il dans un entretien publié jeudi dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France". "Maintenant, nous avons les preuves scientifiques que la méthode globale est nocive".

Il affirme avoir été alerté par les orthophonistes "sur une véritable épidémie de dyslexie, liée à cette méthode". "Il est plus efficace d'apprendre à lire grâce à des méthodes syllabiques", ajoute le ministre de l'Education, précisant qu'il s'agit selon lui de "l'une des causes fondamentales du non-apprentissage de la lecture".

Et de lancer: "Alors, je prends mes responsabilités. Cette cause-là, supprimons-la, redonnons une chance à tous ces jeunes qui ont tant de difficultés. Je prends le pari que d'ici à deux ans, on peut ainsi réduire le pourcentage d'écoliers qui ne savent pas lire. Passer à seulement 11 ou 8%".

Gilles de Robien explique qu'une circulaire en préparation sera envoyée dans les prochaines jours à l'inspection générale, aux directeurs d'école, aux enseignants. Je dirai de manière très simple: la méthode globale doit être abandonnée". "Les inspecteurs seront, dès septembre, chargés de vérifier que les méthodes syllabiques sont utilisées", souligne-t-il.

"Cela fait le troisième ministre consécutif qui s'acharne sur une méthode dont on ne cesse de dire qu'elle n'est absolument pas utilisée", a déploré sur France-free.fr le président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), Georges Dupon-Lahitte. "Qu'il la raye officiellement des méthodes existantes, ça ne changera rien à la situation vu que cela fait très longtemps que l'école s'est rendue compte que ce n'était pas forcément la meilleure méthode d'apprentissage de la lecture".

Selon lui, "la solution est sans doute qu'au cours préparatoire, on puisse faire un suivi plus individualisé dans cet apprentissage et qu'on se donne vraiment les moyens de prendre en compte les rythmes d'apprentissage". 

07-12-05 --   Le principal syndicat d'enseignants des écoles, le SNUipp-FSU, a considéré mercredi que le débat sur les méthodes d'apprentissage de lecture et les critiques de la méthode globale n'ont aucune raison d'être car celle-ci a été "abandonnée depuis belle lurette".

Evoquant les déclarations du ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, déclarant mercredi matin sur RMC que la méthode globale ou semi-globale d'apprentissage de la lecture devaient être abandonnées car elles sont "cause de difficultés de langage chez beaucoup d'élèves", le secrétaire général du SNUipp, Gilles Moindrot, a affirmé à l'AFP que "cela manifestait d'une méconnaissance totale des pratiques de terrain".

"La polémique, véritable serpent de mer, est incompréhensible ou alors elle n'est qu'idéologique pour masquer les difficultés de certains enfants, difficultés socio-culturelles qui n'ont rien à voir avec les méthodes", a-t-il ajouté.

Ainsi, il a rappelé qu'à l'entrée en 6e, 4% des enfants en moyenne ne savaient pas déchiffrer un texte mais que ce taux montait à 11% en Zep. "Cela prouve bien que les méthodes de lecture n'ont pas l'incidence qu'on voudrait leur prêter", a-t-il dit.

"Quant à la méthode globale, elle a été introduite dans les années 30, plus ou moins utilisée dans les années 60 et début 70 mais c'est bien fini. Déjà en 1980, lors de ma formation d'enseignant, on nous conseillait de ne plus l'utiliser", a ajouté Gilles Moindrot. "Actuellement, on utilise des méthodes mixtes, essentiellement syllabiques mais comportant une partie de découverte, bien utile d'ailleurs, essentielle même, du sens des textes. Comprendre un texte conditionne toute véritable lecture et cela est d'ailleurs inscrit ainsi dans les programmes du primaire dont la dernière édition vient de paraître, préfacée par le ministre", a-t-il encore déclaré.

L'enseignant a également souligné que les deux manuels de lecture les plus utilisés, "Ratus" et "Gafi" étaient "très très syllabiques". Enfin, il s'est déclaré "très étonné" des propos du ministre selon lesquels les inspecteurs sanctionneraient les enseignants utilisant une méthode syllabique. "Il faudrait en sanctionner plus des trois-quart", a-t-il ironisé.

08-12-05 --- La Fédération nationale des orthophonistesa affirmé jeudi, dans un communiqué, qu'aucune étude scientifique n'établissait un lien entre méthode globale de lecture et dyslexie.

Evoquant le débat actuel et les références faites par le ministre à des études d'orthophonistes qui auraient "clairement" déclaré que la dyslexie était provoquée par cette méthode, la FNO a souligné: "il n'existe à ce jour aucune étude menée par des orthophonistes, validée scientifiquement, mettant en évidence des liens de causalité entre méthodes de lecture et pathologies du langage écrit".

Elle a ajouté que "les affirmations d'orthophonistes sur les supposés effets de la méthode globale n'engagent que ces professionnels, à titre tout à fait individuel et ne constituent ni une position de la profession ni une caution scientifiquement reconnue".

Ainsi, elle a "dénoncé toute référence abusive et non fondée à une position des orthophonistes dans ce débat".
 

15-12-05 -  Le principal syndicat des écoles, le SNUipp-FSU, s'est élevé, jeudi dans un communiqué, contre les déclarations du ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, sur les méthodes de lecture, les qualifiant d'"intempestives".

"Le ministre annonce une circulaire qui prétend encadrer strictement le choix d'une méthode d'apprentissage de la lecture. De quoi parle-t-il lorsqu'il proscrit les méthodes globales, semi-globales, à départ global? A-t-il pris la mesure de la réalité des pratiques professionnelles, a-t-il pris la mesure d'un changement en plein milieu d'année? Que fait-il des travaux de la recherche, des réactions de spécialistes, de la liberté pédagogique, de la réflexion collective des équipes?", a-t-il déclaré.

"Les déclarations intempestives du ministre sont inadmissibles. Elles jettent le trouble dans les écoles", a-t-il ajouté rappelant que "les nouveaux programmes qu'il a préfacés tranchent en faveur d'un équilibre entre identification des mots et compréhension des textes".

Le SNUipp demande donc de "renoncer à s'adresser aux écoles en termes d'injonction".

Télé prise qui croyait pendre
Par deux fois la même semaine, la chaîne publique France 2 s'est rendue coupable 
d'un traitement médiatique partisan et mensonger 
sur la question des apprentissages à l'école.

"Médiation" ... médiatique (B.A.=BA sur FR2)

"Chaque rentrée, les discours catastrophistes sur l'Ecole, 
véhiculant les pires contre-vérités, font le succès des librairies"
La FCPE créé un conseil scientifique
composé de chercheurs en Education