Enquête
nationale sur les règlements intérieurs des écoles
et des établissements scolaires
La
FCPE s'associe à la section française de Défense
des Enfants International (DEI)
pour lancer une enquête
nationale sur les règlements intérieurs des établissement
scolaires.
Quelques
rubriques, parmi beaucoup d'autres, toujours "d'actualité"
:
les rapports
parents-profs, la maternelle
à 2 ans, l'ennui
à l'école, les punitions
collectives, l'état des
toilettes,
le créationnisme...
Vifs
débats entre les délégués de classe et les
élus du conseil général
- « Nous ne
voulons plus des toilettes à la turque »
- "Plus tard ..."
Levallois
brise le tabou des toilettes en maternelle
La configuration des sanitaires
qui prévaut encore largement aujourd'hui
témoigne de l'esprit
collectiviste qui a dominé les années soixante
et qui a été
préservé pour des "raisons d'hygiène".
Odeur, saleté, maux de ventre... les écoliers ont peur d'aller aux toilettes afp--28 01 08---- - Près de la moitié des élèves de CM1 et CM2 se plaignent de maux de ventre parce qu'ils ne veulent aller aux toilettes de leur école en raison de leur manque d'hygiène ou d'intimité, constate l'Observatoire national de la sécurité des établissements (ONS), dans son rapport annuel. Lors de l'année scolaire 2005-2006, "près de la moitié des élèves avouent avoir eu mal au ventre parce qu'ils n'avaient pas pu aller aux toilettes", selon ce rapport, dont l'AFP a eu connaissance lundi et qui doit être publié officiellement mardi. Cette enquête a été menée auprès de 865 établissements répartis sur 55 départements, avec 24.781 questionnaires renseignés par les élèves. L'enquête a été lancée à partir de son site internet, relayée par les organisations syndicales et des fédérations de parents d'élèves. "Une portion non négligeable (d'élèves) paraît présenter des pathologies en rapport avec la non-fréquentation des toilettes: constipation aiguë ou chronique (15,1%), infection urinaire (21,6%)", ajoute le rapport. Selon cette enquête, 43% des élèves utilisent les sanitaires "régulièrement tous les jours", mais 48,5% des élèves ne les utilisent qu'"occasionnellement quand ils ne peuvent pas faire autrement" et 7,2% "disent ne jamais les utiliser, dont presque la moitié sont pourtant demi-pensionnaires". L'odeur des toilettes est jugée "mauvaise par près de trois-quarts" des enfants (72,9%), le manque de propreté est signalé par 57% des élèves. Au final, 50,4% jugent les toilettes "peu accueillantes", selon l'ONS. En outre, 14,4% des enfants "ont déjà eu peur aux toilettes" (fermeture des portes, +voyeurisme+ des autres enfants). Pour l'ONS, qui remettra son rapport au ministre
de l'Education, il faut "sensibiliser l'ensemble des acteurs à cette
question de santé qui paraît primordiale" et ne "doit plus
être un sujet tabou".
Toilettes : l'enquête qui dérange L'Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires a voulu établir un état des lieux des toilettes dans les écoles. Mal lui en a pris: l'éducation nationale a bloqué l'enquête. Trop délicat. Impossible de savoir ce qui se passe dans les toilettes des écoles
...
« Ce qui nous a mis la puce à l'oreille, explique son président, Jean-Marie Schléret, c'est le nombre d'accidents qui surviennent chaque année dans les sanitaires. Certes, il n'est pas très important: 2,5 % du total, et jusqu'à 4,4 % en petite section de maternelle. Mais il n'est pas normal que des choses pareilles se produisent! Par ailleurs, des médecins ont alerté les pouvoirs publics sur des problèmes d'hygiène et de santé liés à la propreté des toilettes. » Bien que le sujet ne soit pas au cœur de ses missions, l'Observatoire décide donc, en début d'année, de lancer une enquête dans deux départements - dont il préfère taire le nom, « parce que les autres auraient réagi de la même manière » -, pour y voir plus clair. L'idée est de transmettre un questionnaire aux parents, via le cartable des enfants, pour savoir si ceux-ci utilisent les sanitaires, ce qu'ils en disent, et s'ils souffrent de « problèmes intestinaux ou urinaires ». Mais on ne lève pas si facilement un coin du voile sur le petit coin ... Les inspections académiques des deux départements, dont l'accord était nécessaire, rejettent en effet la demande de l'Observatoire. Pourquoi? Il y a, en réalité, « une conjonction de deux résistances, analyse Jean-Marie Schléret: les inspections académiques ne sont pas enclines, car elles se disent que cela va poser des problèmes avec les mairies, et celles-ci sont réticentes, estimant qu'une rénovation pourrait être un gouffre financier». De fait, l'Observatoire dispose déjà d'un certain nombre d'éléments. Ses enquêtes accidentologiques annuelles lui donnent quelques chiffres et lui permettent de constater qu'il s'agit le plus souvent de « prises de doigts dans les portes », et heureusement très rarement d'accidents graves. En outre, une enquête de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), menée à Paris en 2003, montre que sept enfants sur dix se plaignent des toilettes de leur école, et qu'un « quart des enfants a eu ou a » des problèmes intestinaux ou urinaires. Une autre enquête, conduite en 2004 dans l'Hérault, à l'initiative des délégués départementaux de l'éducation nationale, conclut: « Il reste de gros efforts à faire concernant les toilettes, où manque d'intimité - notamment en maternelle -, défaut de papier, de serviettes, de savon et mauvaises odeurs sont soulignés à maintes reprises. » Un constat repris par l'Observatoire, qui estime que la situation générale «n'est globalement pas satisfaisante », évoquant pêle-mêle la saleté, la vétusté, l'éloignement, l'accessibilité (« il faut parfois demander 36 autorisations ou aller chercher le papier dans le bureau de la directrice!»), l'absence d'intimité (par manque de porte ou de séparation garçons-filles), ou encore «le problème des toilettes à la turque que les enfants sont parfois réticents à utiliser» ... Beaucoup d'enfants se sentent mal à l'aise dans ces « lieux d'aisances» et préfèrent se retenir, alors qu'ils devraient pouvoir uriner cinq ou six fois par jour. Cela peut entraîner « une situation humiliante ». Un sujet tabou Bref, beaucoup d'enfants se sentent mal à l'aise dans ces « lieux d'aisances» et préfèrent se retenir, alors qu'ils devraient pouvoir uriner cinq ou six fois par jour. Cela peut entrainer «une situation humiliante», note Jean-Marie Schléret, au moment où la vessie ne veut plus lanterner et trahit l'enfant. Et, surtout, des troubles de santé liés à la rétention. Lesquels sont, « dans le service d'urologie pédiatrique de Montpellier, par exemple, le motif de 500 consultations par an », rappelait, fin 2005, le député UMP du Gard, Jean-Marc Roubaud, dans une question au gouvernement. Que faire, face à « un sujet que l'on sent tabou »?
A l'Observatoire, on se veut optimiste. « Par la loi de 2005,
les mairies sont tenues de rendre les sanitaires, notamment, accessibles
aux personnes handicapées avant 2015 », note Jean-Marie
Schléret en spéculant qu'elles en profiteront pour rénover
l'ensemble. En attendant, l'instance ne s'avoue pas vaincue par les avatars
de son investigation. Elle envisage de rendre le questionnaire plus indolore,
en ne demandant ni le nom de l'école ni celui de la commune. Et
contourne l'obstacle, en s'adressant à deux autres départements.
Benoît Floc'h
Le Monde de l'éducation - Novembre 2006 |
Fuites et infections urinaires
chez la fillette : les WC scolaires accusés
08-05/05 - Pour éviter que les enfants, notamment les fillettes, deviennent de futurs incontinents, il faut exiger des établissements scolaires des toilettes propres, insiste l'Association française d'urologie qui organise à partir de lundi la "3e semaine nationale de l'incontinence". Pressées, gênées par le manque de propreté des toilettes à l'école, certaines fillettes ne vident ni assez souvent, ni complètement leur vessie, ce qui peut être à l'origine de fuites et d'infections urinaires entraînant douleurs, brûlures à la miction, envies fréquentes d'uriner, explique le Pr Michel Averous, chef du service d'urologie pédiatrique à l'Hôpital la Peyronie à Montpellier. Pour les prévenir, il invite à apprendre aux fillettes "la bonne façon de faire pipi": pour bien vider sa vessie, elle doit être détendue, assise sur le siège, les genoux non entravés par un vêtement, et relâcher son périnée, sans forcer. En se retenant trop longtemps l'enfant risque aussi de ne plus savoir relâcher son sphincter le moment voulu, obligeant "la vessie à forcer contre cet obstacle", selon le Pr Averous. En malmenant leur vessie à l'école, les enfants risquent de "se préparer doucement à une future incontinence par impériosité", avec un besoin pressant incontrôlable, préviennent les spécialistes. "Peu de parents le savent, encore moins les enseignants", regrettent-ils, en soulignant que "trop d'enfants sont obligés de se retenir d'uriner parce qu'ils n'ont pas le droit de sortir de classe ou parce que les toilettes sont sales". Le Pr Averous, qui reçoit chaque année un millier d'enfants souffrant de fuites ou d'infections urinaires récidivantes (cystites, ou plus graves des néphrites, lorsque le rein est touché), des fillettes neuf fois sur dix, invite à une prise de conscience. La fillette a un canal urinaire très court, ce qui l'expose davantage au risque de fuite que le garçon, explique-t-il. Et l'état des WC handicape moins un garçon qui "peut toujours trouver un arbre ou un mur", dit-il. "Un enfant doit uriner au moins cinq à six fois par jour, en vidant complètement sa vessie, car une vessie qui se vide mal est sujette à infections", explique-t-il, évoquant également le risque de constipation. La solution est simple : il faut, selon lui, inscrire le pipi dans l'emploi du temps scolaire, prévoir des locaux adaptés et "non un fond de couloir où les mouches tournent en fin de journée". Il insiste aussi sur le besoin d'intimité, y compris en maternelle où sont souvent installés des boxes sans porte ni rideau. C'est un problème de santé publique, ajoute-t-il, relevant que consultations médicales, analyses biologiques et antibiotiques coûtent cher. Les parents d'élèves ont commencé à se mobiliser, notamment dans l'Hérault et à Paris où la FCPE avait lancé une enquête en 2003. Il en ressortait qu'un quart des enfants (sur 862 familles ayant répondu) avaient eu des problèmes urinaires ou intestinaux et que beaucoup refusaient d'utiliser les toilettes. Au rang des critiques : verroux défectueux, manque de papier, malpropreté, mauvaises odeurs, absence de surveillance... Après concertation avec la mairie de Paris, un plan de rénovation des sanitaires est prévu en primaire et en maternelle, mais beaucoup reste à faire dans le secondaire, selon Sylvie Antonin (FCPE-Paris). Si les enseignants semblent peu free.frrmés, les infirmières scolaires sont conscientes des problèmes. Comme l'explique Brigitte Le Chevert, du syndicat SNICS-FSU, elles voient défiler à l'infirmerie des collégiens fuyant les "toilettes dégoûtantes" de l'établissement. |
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Les WC à l'école,
c'est la honte !Tandis que le ministre de l'Education, Luc Ferry, lance le débat national sur l'école, les parents d'élèves organisent la nouvelle bataille des... WC : crasseuses, impudiques, les toilettes posent un vrai problème de santé publique.
VERROUS CASSÉS, lunettes maculées, puanteur, pénurie de papier toilette... Sans compter les gloussements benêts des gamins qui se hissent par-dessus les cloisons. Aller aux toilettes à l'école n'a jamais été une partie de plaisir. Le dénoncer, en revanche, c'est très nouveau. Après la Fédération des conseils de parents d'élèves à Paris (FCPE), qui a lancé un sondage « spécial WC » à la rentrée, les parents d'élève se révoltent à leur tour dans l'Hérault contre l'insalubrité des toilettes (lire notre reportage ci-contre) . La FCPE, première association de représentants de parents d'élèves de France, a bien conscience d'avoir touché un point sensible : « Cela va faire boule de neige. Partout où les enfants se plaignent, les parents, actuellement, lèvent le tabou des toilettes. »
Problèmes intestinaux
A Paris, il a suffi d'évoquer le problème pour qu'un déluge de 545 témoignages édifiants parvienne à la FCPE. « On peut déjà dire qu'il y a un problème dans une quarantaine d'établissements, surtout primaires », observe Sylvie Antonin, qui a coordonné l'enquête. Au-delà des défauts de construction, le retentissement sur la santé des enfants inquiète les parents. « Apparemment, 30 % des élèves développent des problèmes urinaires ou intestinaux », déplore Sylvie Antonin. Les filles évitent de s'asseoir sur la lunette, ne vident pas suffisamment leur vessie et développent des cystites. Les garçons, eux, se retiennent d'aller à la selle, ce qui peut conduire à la constipation chronique. « Dans l'école de mes fils, il y a une rangée d'urinoirs mais seulement deux cuvettes pour 115 garçons », témoigne David, parent d'élève à l'école élémentaire Planchat, dans le XX e , où il a fallu cinq ans pour obtenir la rénovation de toilettes « écoeurantes » au fond de la cour... « On avait même mis les photos sur un site Internet qu'on avait appelé mairie-de-paris.org. Pour faire réagir la ville ! Les toilettes des filles ont été repeintes et les urinoirs des garçons remplacés. Mais le problème d'espace subsiste et... il n'y a pas de papier depuis la rentrée ! » La Ville de Paris répond qu'elle a hérité d'un patrimoine scolaire en piteux état et qu'elle a besoin de temps pour mener à bien les rénovations... Mais les collectivités locales ne sont pas seules responsables. Petits mal éduqués « qui font pipi à côté », dames de service qui rechignent à laver à fond, enseignants qui ferment les yeux... « Ce sont les adultes à l'école qui sont responsables. Et dans l'immense majorité des cas, ils ont pris la précaution d'avoir des toilettes à eux ! » dénonce Philippe Meirieu, professeur de sciences de l'éducation, pour qui la propreté des toilettes à l'école est un « tabou invraisemblable » : « Cette société exalte le corps mais est incapable de lui reconnaître ses fonctions primordiales. Cela encourage la régression des enfants dans le pipi-caca, la vulgarité, l'obscénité... Il n'y a qu'un seul lieu où l'hygiène et le mépris de l'intime soit aussi choquants, c'est la prison ! » Il est grand temps, selon lui, que les établissements scolaires cessent de considérer l'éducation comme un empilement d'enseignements. « L'attention au détail, c'est la marque du respect. La propreté des toilettes, c'est déterminant pour la qualité du cours de français. »Florence Deguen------------------
Le Parisien , mardi 18 novembre 2003« Un enfant doit uriner
cinq, six fois par jour... »
Pr MICHEL AVEROUS, urologueUROLOGUE-PÉDIATRE, chef de service au CHRU de Montpellier, le professeur Michel Averous se bat depuis des années pour que l'on améliore sérieusement les conditions sanitaires dans les établissements scolaires. Sans être entendu.
Ce problème est-il si important ?P r Averous. Chaque année, 500 enfants - exclusivement des fillettes - viennent consulter dans mon service pour des problèmes d'infection urinaire et de fuite. Il s'agit d'un handicap social et psychologique pour l'enfant. Mais c'est aussi une lourde charge économique pour la société tout entière. Car une infection urinaire, cela signifie une consultation, une analyse bactériologique des urines et la prescription d'antibiotiques. Faites le calcul et multipliez par le nombre de services d'urologie en France. Si on veut réaliser des économies avec la Sécurité sociale, il faut commencer par apprendre à nos enfants à uriner et leur offrir de bonnes conditions pour le faire, refaire les toilettes des établissements par exemple.
Peut-on réduire le nombre des infections en réhabilitant les WC scolaires ?
Une vessie qui ne se vide pas complètement ou pas assez souvent est sujette à des infections. Un enfant doit pouvoir totalement vider sa vessie cinq ou six fois par jour, dont deux, voire trois fois pendant le temps scolaire. Encore faut-il qu'il ne soit pas découragé de se rendre au petit coin parce qu'il n'y rencontre pas toujours des conditions correctes d'hygiène, d'intimité et de tranquillité. Pour bien faire pipi, on doit prendre son temps, être totalement détendu, avoir les genoux bien écartés et non entravés par les vêtements. Ce sont des conditions impossibles à satisfaire lorsque le sol est souillé ou mouillé et lorsque la porte des toilettes ne ferme pas.Avez-vous le sentiment d'être entendu ?
Nullement. La communauté médicale des urologues et des pédiatres connaît ce problème. Elle l'a identifié depuis longtemps. Mais la diffusion de ses conclusions n'a pas encore pu se faire auprès des personnels qui doivent gérer la vie scolaire des enfants. C'est essentiellement un problème d'free.frrmation à la fois des parents, des enseignants et des enfants. Il faut intégrer l'acte dans l'emploi du temps, s'assurer que les locaux sont adaptés, suffisamment nombreux et conformes aux règles élémentaires d'hygiène. Il ne s'agit pas de mettre en cause l'institution elle-même, mais pourquoi ne pas lancer une grande campagne nationale sur ce thème ? Ou bien créer des dames pipi dans les écoles ? Ce qui serait une source importante d'économie pour la Sécurité sociale.Propos recueillis par Claude Massonnet-----------------
Le Parisien , mardi 18 novembre 2003« Dès le matin, ça pue »
Simon (11 ans) en 6 e à Paris :
« Les toilettes, oh là là ! c'est vraiment horrible. On a des pissotières et quand on tire la chasse d'eau, tout part à côté. Alors on fait le plus vite possible et on essaie de se contenter de faire pipi. Je crois qu'ils nettoient, mais pas à fond. En tout cas, dès le matin, ça pue. »Camille (6 ans), en CP à Paris : « C'est sale. Et glissant ! Quand les enfants boivent, ils en mettent partout, et le sol est tellement mouillé qu'une petite fille s'est cassé la cheville. Il n'y a pas de papier pour s'essuyer, alors je remonte vite ma culotte. Je n'ai pas souvent envie de faire caca, je me retiens. Je préfère attendre d'être à la maison, c'est plus propre. »
« Très souvent, il n'y a pas de papier » Lucie (8 ans), en CE 2 à Boulogne (Hauts-de-Seine) : « Ce n'est pas trop sale chez les filles, moins que chez les garçons. Mais quand on va faire pipi, on n'est jamais tranquille. Il y a toujours une copine qui garde la porte parce que les verrous ne marchent pas bien, et une fois la porte s'est ouverte alors qu'une fille était en train de faire pipi, la culotte baissée. C'est la honte. On surveille aussi pour empêcher les garçons de nous embêter. Des fois, ils regardent par en dessous. »
Ismaël (10 ans) en CM 2 à Saint-Maur (Val-de-Marne) : « Les toilettes, ça dépend. Certaines sont propres, d'autres dégoûtantes. Le problème c'est que très souvent il n'y a pas de papier. Si on s'en aperçoit avant, ça va, on peut aller en demander à la gardienne. Mais sinon il vaut mieux avoir des mouchoirs sur soi ! L'autre jour, il y a un élève qui n'a rien trouvé de mieux que de mettre tous les rouleaux de papier dans les cuvettes. Une autre fois ils avaient mis des feuilles d'arbres et c'était tout bouché. Dans ces cas-là, c'est fichu pour la journée... »
François, papa de Théo (6 ans), en CP à Paris : « A force de se retenir, mon gamin se plaint souvent de maux de ventre et se retrouve parfois plusieurs jours sans faire caca... Une fois ça s'est même terminé à l'hôpital, où ils ont diagnostiqué une fissure anale due à la constipation, et ça s'est soldé par un lavement. Il est très pudique sur ces questions-là, il se plaint de ne pas avoir le temps de faire caca à l'école, et évoque les moqueries des autres quand un enfant s'absente longtemps aux toilettes. A la maison il est également obsédé par l'idée de bien s'essuyer, sans doute parce qu'à l'école il n'y a pas toujours de papier. »
Laurence, maman de Sophie (8 ans), en CE 2 à Bois-Colombes : « Sophie n'avait jamais eu de problèmes de fuite. L'an dernier, son institutrice a interdit aux élèves, pour des raisons de discipline et de sécurité, d'aller aux toilettes pendant la classe. Comme c'était un peu radical, elle a finalement instauré un "péage", en exigeant que les enfants qui gagnaient des images pour leur bon travail en rendent une chaque fois qu'ils voudraient aller aux WC... Ma fille a commencé à faire pipi dans sa culotte. Plusieurs fois, elle s'est tant retenue qu'elle a fait sous elle, devant tout le monde, mortifiée. »
Le Parisien , mardi 18 novembre 2003--------------Les parents
partent en guerre
Lattes (Hérault) DE NOTRE CORRESPONDANTCOLLEGE GEORGES-BRASSENS, LATTES (HERAULT), LE 13 NOVEMBRE . Annie Wypychowski, présidente locale de la FCPE, présente les résultats d'un sondage effectué auprès d'élèves : à près de 90 %, ils trouvent les WC sales et malodorants. (LP/TOPSUD.)
«LES WC ? Ils sont sales, ils sentent mauvais, la plupart du temps, il y a de l'urine partout par terre... Et en plus les portes ne ferment pas. Des garçons les ouvrent ou regardent par-dessus. La dernière fois, ils avaient attrapé une fille, ils l'ont poussée dans la cabine où je me trouvais. Je n'aime pas du tout cela. Alors je n'y vais pratiquement jamais, je me retiens », raconte Vincent, élève de 11 ans et demi de sixième au collège Georges-Brassens de Lattes.
Le témoignage de Vincent n'a rien d'exceptionnel. Les toilettes des collèges et de certaines écoles sont réputées inhospitalières, pratiquement jamais chauffées, mal éclairées, rarement surveillées.
« Le sujet est tabou, personne ne veut l'aborder. Et pourtant il y a un vrai malaise », constate Annie Wypychowski, de la FCPE, qui vient de partir en croisade pour obtenir de l'administration des WC au moins en état de marche.
Les parents d'élèves ont même effectué un sondage à partir d'un échantillon de 200 élèves sur 778.Les réponses à ce questionnaire sont édifiantes.
Un tiers des enfants avouent fréquenter facilement ou assez facilement les WC.
Les autres n'y vont jamais (30 % !) ou difficilement (40 %).
En général, ils estiment que les installations sont sales (84 %), malodorantes (88 %), dépourvues de papier (60 %) et de fermeture de porte (51 %).
« Un jour c'est propre, un jour c'est sale. C'est un peu mieux nettoyé et il y a du papier depuis que les parents ont sorti le sondage », explique une jeune fille de 14 ans qui préfère attendre de rentrer à la maison pour faire ses besoins. « L'histoire n'est pas nouvelle, nous avons toujours fait en sorte de nous retenir », ajoute sa grande soeur, aujourd'hui élève au lycée Champollion.« Les garçons ne tirent jamais la chasse d'eau »
« La direction de l'établissement n'a pas été associée à ce sondage et je suis très étonnée que mon établissement soit ainsi montré du doigt. Nous sommes confrontés à un problème d'éducation des élèves. Les garçons, par exemple, ne tirent jamais la chasse d'eau », proteste Anne Marie Albert-Anglaret, la principale du collège qui va mettre en place rapidement des séances d'éducation à la propreté et à l'hygiène alimentaire.Mais les parents d'élèves ne désarment pas. Ils ont saisi toutes les autorités compétentes jusqu'au Premier ministre, Jean Pierre Raffarin, qui vient de transmettre le dossier aux deux ministres de tutelle, Luc Ferry et Jean-François Mattei.
« Ce n'est pas simplement un souci de confort pour les enfants, c'est aussi un problème de santé publique », ajoute Annie Wypychomspki.
Cl.M.
Le Parisien , mardi 18 novembre 2003
Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I.!