Colère d'une sage de la mission Stasi sur "le ratage du démat démocratique"

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Colère d'une sage
de la mission Stasi
sur "le ratage du débat démocratique"
(TROIS QUESTIONS à Jacqueline Costa-Lascoux)*
06/02/04 - La sociologue Jacqueline Costa-Lascoux dit sa "colère" devant "le ratage du débat démocratique" sur la laïcité, alors que l'Assemblée nationale s'apprête à adopter mardi le projet de loi sur les signes religieux à l'école.
- Question: Pourquoi n'êtes-vous pas satisfaite du débat suscité par le projet de loi que la commission Stasi a pourtant souhaité?
- Réponse: "Je suis en colère devant le ratage d'un débat démocratique qui aurait dû avoir lieu. J'aurais aimé que les politiques prennent leurs responsabilités avec des discours fondateurs sur la laïcité, garante des les libertés et de l'égalité.
Au lieu de quoi on se concentre sur un bout de tissu. C'est grave pour notre image à l'étranger, y compris parmi les militants des droits de l'Homme qui ne comprennent plus ce que nous voulons, et c'est grave pour les populations des quartiers qui ne demandent qu'à être protégées mais qui voient maintenant en cette loi un texte répressif."
- Q: Quel est l'enjeu de la loi?
- R: "Elle concerne des pratiques et non pas le signe en lui-même: le port ostensible d'un signe pour faire pression, pour faire du prosélytisme. C'est une loi qui vise à protéger ceux qui sont soumis à ces pressions. Car même si elles sont le fait d'une toute petite minorité, nos auditions ont révélé qu'elles s'exercent dans tous les aspects de la vie scolaire et tous les domaines de la sphère publique: les hôpitaux, les activités sportives... Mais notre rapport contenait tout un train de mesures dont on ne parle plus."
- Q: Les associations laïques et féministes sont divisées sur ce projet de loi...
- R: "Ces mouvements sont majoritairement archaïques, raccrochés à des stéréotypes et des vieilles lunes idéologiques. D'un côté, on a un féminisme abstrait qui n'a pas prise sur les réalités sociales, de l'autre un discours marxiste sur <<les nouveaux prolétaires>> que seraient les femmes portant le foulard lié à une théorie du <<respect des cultures>>, du <<droit à la différence>>.
Mais on oublie que l'immense majorité des personnes de culture musulmane veut vivre dans une société laïque et démocratique et que la vraie diversité culturelle c'est de s'appeler Fatiha et de ne pas vouloir porter le voile, de lire Voltaire. Au-delà du danger des fractions islamistes, il y a un autre danger, celui de ne plus comprendre ce qu'est l'égale dignité des personnes devant la loi."
* Jacqueline Costa-Lascoux a été présidente de la Ligue de l'Enseignement, et membre du C.N.I.R.S.