alternatives éducatives : des écoles différentes
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Présentation | SOMMAIRE |

I Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop |
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Appel pour des éts innovants et coopératifs |
I Obligation scolaire et liberté I | Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I

Quelques autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité :
les rapports parents-profs, la maternelle à 2 ans, l'ennui à l'école les punitions collectives,  le téléphone portable, l'état des toilettes, le créationnisme...

 en 1994 ...
1.841 bâtiments classés à risque à des degrès divers, soit 7% du parc immobilier
(rapport de la commission Schléret)
Liste des établissements scolaires à risques
 En France,
aucune des 11 écoles visités en 2001 par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur
ne respectait les renouvellements d'air réglementaires de 15 m3 par heure et par personne.

En France, le marché global du soutien scolaire est actuellement estimé à 2 milliards d'euros
Soutien scolaire: près du tiers des parents y ont recours,
80% y sont prêts
"une culture du consumérisme" et une "montée inquiétante de la surenchère".
"Les organismes spécialisés en soutien scolaire voient leur chiffre d'affaires
augmenter de 35% chaque année depuis 2001, jouant sur le marché de l'angoisse"

Soutien scolaire: près du tiers des parents y ont recours,
80% y sont prêts
"une culture du consumérisme" et une "montée inquiétante de la surenchère".
"Les organismes spécialisés en soutien scolaire voient leur chiffre d'affaires
augmenter de 35% chaque année depuis 2001, jouant sur le marché de l'angoisse" 

Soutien scolaire, les leçons du marché
Le Monde - 26 09 07

 

"L'école après l'école" version Nicolas Sarkozy risque-t-elle d'assécher le marché florissant des cours particuliers payants ? Le soutien scolaire gratuit, que le ministère compte mettre en place dès la rentrée des vacances de Toussaint, va en théorie concurrencer les entreprises de leçons à domicile ou à distance. Mais si celles-ci existent, expliquent-elles en substance, c'est parce que l'institution scolaire n'est pas capable d'assurer la réussite de tous les élèves, alors que les familles jouent à fond la carte du consumérisme et de la compétition scolaires.

Le monde des heures supplémentaires n'est pas étranger à l'éducation nationale. Dans le premier degré, certaines missions d'accueil, de surveillance ou de soutien scolaire sont payées en heures supplémentaires. Dans le second degré, leur utilisation est aussi largement répandue. En plus de leurs obligations de service, les professeurs sont obligés, pour compléter les grilles horaires des élèves, d'accepter de faire une heure supplémentaire, prise sur le contingent des " heures supplémentaires années " (HSA). Au-delà de cette première heure, l'enseignant peut refuser de travailler plus. En revanche, il a la possibilité de faire jusqu'à 6 heures supplémentaires par semaine.

Avec un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, ce marché, largement soutenu par une déduction fiscale, se révèle des plus juteux. Créé en 1989, Acadomia, le leader du secteur, a tissé un réseau national d'une centaine d'agences. Son chiffre d'affaires a explosé, il devrait dépasser les 100 millions d'euros cette année (contre 3 millions il y a dix ans). Acadomia suit 100 000 élèves par an, dont 80 % en cours particuliers à domicile. Les cours sont assurés par 25 000 intervenants actifs, dont la plupart ont, selon l'entreprise, au minimum un niveau bac+3 ou sont étudiants en IUFM (Institut de formation des maîtres). Seulement 17 % sont des enseignants en poste de l'Education nationale.

Philippe Coléon, directeur général d'Acadomia, rappelle que, selon l'étude qu'il a commandée en 2005 à l'Ifop, " 41 % des cours de soutien sont donnés par des enseignants eux-mêmes, au noir et, dans 13 % des cas, à leurs propres élèves. Ce qui fait quand même quelque 900 millions d'euros non déclarés. Acadomia représente environ 3 000 emplois à plein temps ; quand on envoie notre chèque à l'Urssaf, le gouvernement n'est pas mécontent ! " Façon de répliquer au ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, qui présentait cet été son projet de soutien scolaire comme une alternative aux " marchands de leçons particulières qui se nourrissent beaucoup de l'angoisse des familles ".

Jean-Pascal Denis, directeur pédagogique des Cours Legendre, se veut plus positif que son collègue d'Acadomia : " Toute proposition de soutien est louable. Bon vent au soutien scolaire gratuit ! ", souhaite-t-il. Lui se voit plus en complémentarité qu'en concurrence avec les écoles : " En plus de l'aide individuelle, nous collaborons avec plus de 700 établissements. Il y a toujours besoin d'un soutien ponctuel sur un projet à monter, qu'il s'agisse d'une cellule de révision, de soutien ou de perfectionnement. Les établissements vont continuer à fonctionner de façon autonome, et nous complèterons quand ils ne peuvent pas. " Créé en 1957, le pionnier français du soutien scolaire à distance s'est converti aux cours particuliers à domicile dans les années 1990. Les Cours Legendre comptent aujourd'hui 7 000 professeurs s'occupant, à domicile ou à distance, de 22 000 élèves.

" En tant que citoyen, je trouve très bien que le ministère prenne en charge les jeunes après l'école, mais s'il dit ensuite qu'il n'est pas normal qu'il y ait des sociétés privées qui s'occupent de soutien, c'est de l'incantation, affirme pour sa part Nicolas Vauvillier, fondateur et PDG de KeepSchool. Nous ne sommes pas des parasites : nous faisons travailler des étudiants, nous créons de l'emploi et nous aidons des familles. " Créé en 2000, le dernier-né des spécialistes du cours à domicile emploie environ 5 000 enseignants (étudiants niveau bac+3). Présent dans toutes les grandes villes, il revendique 11 000 élèves, du CP à bac+2.

Nicolas Vauvillier dit n'avoir " aucune inquiétude, car la proposition du ministre n'est pas concurrente de la nôtre. L'offre du ministère pour les orphelins de 16 heures est ciblée pour l'instant sur la 6e et la 5e ; or notre demande majeure, c'est plutôt de la 3e à la terminale. De plus, une étude surveillée n'a rien à voir avec du soutien individualisé ". D'ailleurs, souligne-t-il, des systèmes de soutien gratuit, il en existe déjà beaucoup, et pourtant les cours privés continuent de se développer. " Une partie non négligeable de nos élèves sont en conflit avec l'école ", souligne le patron de KeepSchool. " A l'école, c'est vécu comme une punition, alors que chez nous, c'est une solution. Ce n'est pas pareil ", renchérit Philippe Coléon.

La vraie menace pour ces entreprises ? Elle est d'ordre financier : " Si le gouvernement supprime l'abattement d'impôt de 50 % pour les frais de soutien scolaire, on est mort ", reconnaît le directeur général d'Acadomia.

Marc Dupuis

Le cas d'école des "orphelins de 16 heures"

Après les vacances de la Toussaint (du 27 octobre au 8 novembre), un " accompagnement éducatif " sera proposé aux élèves dans les 1 119 collèges de l'éducation prioritaire. Ils pourront bénéficier d'études surveillées et dirigées, pratiquer une activité sportive, artistique ou culturelle, à raison d'une séance de deux heures, quatre jours par semaine.

C'est la traduction concrète de la promesse de Nicolas Sarkozy d'offrir un accueil et un soutien aux " orphelins de 16 heures ", ces élèves livrés à eux-mêmes après la sortie de l'école. " Laisser les élèves et leurs familles seuls face aux devoirs et leçons est source d'iniquité ", soulignait déjà le Haut Conseil de l'évaluation de l'école (HCEE), en mai 2005.

Dans un premier temps, 20 % des collégiens pourront recourir au nouveau dispositif. Dès septembre 2008, celui-ci sera étendu à tous les collèges, puis à l'ensemble des établissements scolaires, écoles comprises, d'ici 2011.

L'accompagnement éducatif comprendra " un temps d'aide aux devoirs et aux leçons " qui permettra d'" approfondir le travail de la classe ou [de] réaliser les devoirs demandés par les enseignants, et [de] trouver une aide, si nécessaire ", explique-t-on au ministère de l'Education nationale, qui a débloqué 140 millions d'euros pour la mise en place de cette mesure.

Définies par les équipes pédagogiques des collèges, les activités de soutien proposées " seront réalisées sous la conduite d'enseignants volontaires ", rémunérés en heures supplémentaires, avec le concours d'assistants d'éducation, d'étudiants volontaires ou de partenaires extérieurs, collectivités territoriales ou associations.

Une des clés de la réussite du dispositif sera d'ordre pédagogique. Il faudra passer de l'ancienne " étude dirigée " assimilée par l'élève à une forme de punition aux " accompagnements éducatifs " qui devront être perçus comme des solutions à ses difficultés. Le système public s'érige ainsi en recours, même si nombre d'établissements, d'enseignants et de municipalités n'ont pas attendu cette mesure pour offrir de l'aide personnalisée aux élèves.

Nicolas Truong

Le "marché de l'angoisse" des cours particuliers explose

PARIS --02 02 06 - On l'appelle "le marché de l'angoisse": depuis une dizaine d'années, les cours particuliers payants dispensés en dehors de l'école explosent en France, symptôme d'une course à l'excellence où tous les moyens sont bons.
Acadomia, KeepSchool, Complétude, Prof à Dom... les publicités s'étalent dans les magazines, dans le métro et sur les autobus, promettant toutes l'Eldorado. Leurs cibles: collégiens et lycéens en priorité, mais aussi élèves du primaire et étudiants.

Certains établissements proposent même des stages intensifs aux vacances, voire des "séjours éducatifs avec hébergement, en campus ou à la montagne".

Leader du marché, Acadomia fait miroiter "5 points de plus en moyenne" après 36 heures de cours et affiche une santé insolente.

Implantée dans une soixantaine de villes, l'entreprise fait travailler 20.000 enseignants. Elle a triplé son activité depuis son entrée en bourse en 2000 (22,5 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'exercice 2004-2005).

"Déjà au XIXe siècle en France, quand l'accès à l'enseignement secondaire était étroitement réservé à l'élite sociale, les cours fleurissaient. Ils devaient permettre aux enfants de la bourgeoisie de «tenir leur rang«prophète»", a relevé le sociologue Dominique Glasman dans un rapport.

Aujourd'hui, le marché du soutien extra-scolaire a atteint une dimension quasi-industrielle, stimulé par des allègements fiscaux qui divisent par deux le prix des leçons, facturées en moyenne 30 euros de l'heure.

Tous les milieux sont concernés, même modestes, partout dans le pays mais avec une mention spéciale pour la région parisienne où se concentrent les meilleurs lycées et "grandes écoles", que beaucoup d'élèves rêvent d'intégrer.

Vendeuse dans un grand magasin de la capitale, Marie-Lise Monestier, 54 ans, dépense 150 euros par mois depuis septembre pour son fils de 15 ans, "un peu lent en maths". Les notes ont "bien remonté". Elle dit à la fois "investir pour le futur" et acheter "la paix familiale": "la bataille au dîner sur les mauvaises notes, c'est fini".

"Au début, ces cours c'était galère, témoigne son fils Grégory. Mais c'est vrai que maintenant ça va mieux en maths. Mes parents ont relâché la pression, tout le monde y a gagné".

Selon un récent sondage, un tiers des parents d'élèves ont déjà payé des cours à leur enfant (dont 5% en maternelle) et 80% y seraient prêts en cas de besoin, pour pallier des difficultés ou seulement améliorer des performances.

C'est là le paradoxe, dans un pays fier de la gratuité de ses écoles instaurée dès la fin du XIXe siècle, mais dont le système éducatif où prévalent les classements et les sélections par concours pousse à la surenchère.

Des enseignants, syndicats et politiques ont dénoncé ces nouveaux "MacDo de l'enseignement" qui surfent sur la hantise de l'échec.

"On ne peut toutefois interdire les cours particuliers", remarque le sociologue François Dubet. "Les parents savent que leurs enfants jouent leur avenir dans le système scolaire. La compétition est brutale et le soutien extra-scolaire, c'est comme un dopage", analyse-t-il.

Si ce boom des petits cours en France semble assez unique en Europe, les compléments facturés existent toutefois ailleurs: de la Grande-Bretagne à l'Allemagne et la Grèce, en passant par les Etats-Unis ou l'Egypte, relève le rapport de Dominique Glasman.

La palme revient à l'Asie, Japon et Corée du Sud en tête. 60% des Japonais de 9 ans fréquentent des "jukus" après la classe, sortes d'études surveillées, comme 80% des élèves de certaines écoles à Séoul. Dans les "ha-gwuan" coréennes, un adage a cours: "Four Pass, five Fail" - "quatre heures de sommeil tu réussis, cinq tu échoues".

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
| LE GUIDE-ANNUAIRE | Présentation | SOMMAIRE |
| Le nouveau sirop-typhon : déplacements de populations ? chèque-éducation ? ou non-scolarisation ? |
| Pluralisme scolaire et "éducation alternative" | Jaune devant, marron derrière : du PQ pour le Q.I. |
| Le lycée "expérimental" de Saint-Nazaire | Le collège-lycée "expérimental" de Caen-Hérouville|
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
| Colloque Freinet à ... Londres | Des écoles publiques "expérimentales" |
| 68 - 98 : les 30 P-l-eureuses | Et l'horreur éducative ? |