alternative éducative : une école différente
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L'APPEL pour des établissements scolaires innovants coopératifs.

Quelques autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité :
les rapports parents-profs, la maternelle à 2 ans, l'ennui à l'école les punitions collectives,  le téléphone portable, l'état des toilettes, le créationnisme...

C'est le prix du mètre carré qui fait la différence.

1,8 million de logements vides
La France compte 6% de logements vacants, selon l'Insee

malgré les bonnes intentions affichées,
l’aide de l’Etat à la construction de HLM est passée en six ans de 7 000 €  à 2 000 €  par logement.
« Or, avec la crise, la demande va continuer à augmenter »

30.000 à 50.000 jeunes de 18 à 24 ans se trouvent en situation de très grande précarité ou d'errance.
Certains chercheurs évoquent le chiffre de 100.000.
Un tiers des jeunes en errance serait des enfants de la Dass et la moitié n'aurait aucun diplôme.
"Quand ils approchent de la majorité, l'ASE évite de se mobiliser pour certains jeunes à la dérive, fugueurs récidivistes,
en se contentant d'attendre qu'ils aient 18 ans, date à laquelle l'administration n'a plus à s'occuper de leur cas.
De toutes façons, nous manquons de structures adaptées".

...on ignore la plupart du temps leur devenir à l’âge adulte.
Si ce n’est le chiffre noir d’une enquête de l’Institut national des études démographiques (Ined) en 2006,
établissant que 40% des SDF âgés de 18 à 24 ans sortaient du dispositif de protection de l’enfance. 

Mère avec trois enfants quitterait local à ordures
Faute de trouver un logement, une famille de Pantin passe chaque nuit dans un cagibi de 4 mètres carrés.
 
par Brigitte VITAL-DURAND - Libération -  samedi 12 novembre 2005


 Le soir, à 9 heures, Aïchata Dramé, 23 ans, le bébé Fatimata, 18 mois, dans les bras, suivie de sa fille Djenaba, 4 ans, et son fils Gaoussou, 3 ans, quitte l'appartement de sa voisine en prenant un couteau dans la cuisine. Avec la pointe, elle ouvre la porte sans poignée du local à ordures sur le palier, cagibi d'à peine 4 m2 au onzième étage d'un immeuble HLM de Pantin (Seine-Saint-Denis). Dans ce réduit sans fenêtre ni aération, la jeune femme a posé un tapis sur lequel elle a installé un matelas, une couverture et deux oreillers calés sur le vide-ordures lui-même. Quand Aïchata s'étend, ses pieds touchent la porte. Contre le mur, où courent les tuyaux des parties communes, elle a placé une table de chevet où elle a posé une bougie ­ l'éclairage ne fonctionne plus ­, des couches, des Kleenex, un paquet de Prince et du jus de pomme. Elle a aussi apporté un sac de vêtements pour changer les enfants.

Aïchata a repoussé contre le mur un vieil ordinateur et les autres rebuts abandonnés ici par les locataires qui se servent du cagibi comme débarras. «Tout objet se trouvant dans les vide-ordures sera mis en déchetterie», prévient pourtant la note affichée sur la porte vitrée et fêlée par le propriétaire, Pantin habitat. Il n'y a pas de raison qu'Aïchata Dramé s'inquiète : l'avertissement remonte à avril 2004.

Lorsqu'elle part se coucher avec les enfants, son mari, Massamba Dramé, quitte lui aussi l'appartement de la voisine. Cet homme de 44 ans, agent de service dans une entreprise de nettoyage, traverse tout Paris pour aller dormir dans un foyer du XIIIe arrondissement. Son trajet sur la ligne 7 du métro compte vingt-huit stations. Au petit matin, il prend le premier métro dans l'autre sens, à 5 h 30, pour retourner travailler à Pantin. A 8 heures, Aïchata quitte son réduit, accompagne les deux aînés à l'école maternelle et revient passer la journée chez sa voisine, qui l'accueille dans son T3, au «111». Malgré sa propre famille déjà nombreuse, cette voisine partage avec les Dramé téléphone, cuisine et toilettes.

Permis de travail. Massamba Dramé, fils d'un marabout de Kayes, au Mali, a un permis de travail depuis bientôt quinze ans. Aïchata, fille d'un policier de Bamako, est arrivée en France en 1999. Elle est très belle, volontaire, gaie. Lui est calme, attentif, efficace. Ils se marient à Paris en 2000. Quand il était célibataire, Massamba était hébergé au «113», un T3 de ce même onzième étage, par un «frère» à la mode africaine. Le «frère» a accepté l'arrivée d'Aïchata, puis du premier enfant. A la naissance du deuxième, Massamba Dramé a fait une demande de logement à la mairie de Pantin. Sa lettre du 9 mai 2003 est allée gonfler la pile des autres demandeurs. Puis, il y a eu le bébé Fatimata. Mais, surtout, est arrivée une épouse pour le «frère», et là aussi, un bébé. Ils vivent désormais à huit au «113».

Le 19 mai, Massamba adresse une autre demande à la mairie. Une réponse du maire en personne, Bertrand Kern (PS), lui revient aussitôt. Très aimable, mais négative. «Je comprends et partage votre désarroi. Cependant, je ne peux accéder à votre demande en l'instant.» Au «113», la situation se tend. Le 27 juin, les Dramé reçoivent un courrier du «frère». Le ton est solennel :

«Objet : demande de quitter mon appartement.»

«Madame, Monsieur,

cela fait déjà trois ans que moi et ma compagne hébergent toi, ta femme et tes enfants. Comme tu le sais, je viens d'avoir un petit garçon qui a 6 mois. Nous cohabitons donc à huit personnes dans mon F3. Cette cohabitation n'est plus possible aujourd'hui, hélas. Je souhaite récupérer la chambre et mon salon où tes enfants dorment. Mon fils a besoin d'avoir sa chambre, de plus nous n'arrivons plus à nous entendre. (...) Ne le prends pas mal, mais je veux que vous partiez de chez moi d'ici septembre, sinon je te mettrai dehors.»

Massamba écrit une nouvelle fois à la mairie. Nouveau refus, avec explications circonstanciées : «Bien que Pantin compte 40 % de logement sociaux, prend la peine de justifier Bertrand Kern, sachez que la Ville n'est pas réservataire de la totalité des logements sociaux existants sur la commune. Elle n'attribue que 20 % des appartements vacants.» Bientôt, une seconde missive du «frère» arrive. Cette fois, il est question de départ immédiat et de restitution de la «photocopie» des clés. On est fin septembre.

Liste d'hôtels. Un lundi matin, il y a quinze jours, Aïchata emmène les enfants à l'école comme d'habitude, et en rentrant elle trouve la porte du «113» close, ses affaires sur le palier. La porte du local à ordures est juste à côté... La jeune femme est allée expliquer la situation à l'assistante sociale, à nouveau à la mairie et à la psychologue de l'école. Elle a imploré, tempêté : «J'ai dit : "Moi, je prends une caméra et je vais filmer, je vais te montrer où j'habite !"» Mais, rien. Aïchata est repartie munie d'une interminable liste d'hôtels s'étalant sur huit pages, allant d'Aubervilliers, à Drancy, en passant par Les Lilas, Bondy, Saint-Ouen. Un établissement de Bobigny, Le Renouveau, seul à accepter les familles nombreuses, demande la somme exorbitante de 1 880 euros par mois. Plus que le salaire du père, 1 200 euros, ajouté aux 420 euros d'allocations familiales.

Calcul. Le maire, président de l'office départemental des HLM, ne savait pas que ses administrés dormaient dans un local à ordures. Malgré ses efforts en matière de logement, peut-être à cause d'eux, il est submergé de demandes : «Je ne peux plus faire face. On n'y arrive pas et on est tout le temps dans l'urgence.» Sa collaboratrice fait ce calcul : «Comme on a 100 logements vacants par an pour 3 600 demandeurs, on attribue un logement pour 36 familles.»

Morale de l'histoire : dans une ville renommée pour la bonne gestion des attributions, pour ses projets de construction, il y a désormais une famille, avec un père et une mère, du travail, de l'argent, et où tout le monde est jeune et en bonne santé, condamnée à vivre éclatée entre un foyer et un local à ordures.



Karima, trois enfants, 25 m2 insalubres et dix ans d’attente

En situation d’urgence, une famille de quatre personnes n’a toujours pas de toit décent.

Tonino Serafini - Libération - 07 11 2009


   Ce jour-là il fait froid à Paris, mais quand on pénètre dans l’appartement, les fenêtres sont grandes ouvertes. «On est obligés d’aérer en permanence à cause de l’humidité, autrement c’est irrespirable. Malsain. Alors on a froid.» La locataire de ce minuscule deux-pièces de 25 m2 a posé sur une table basse un dossier épais. Il contient tous les documents qu’elle a produits auprès de la commission chargée d’examiner les recours au droit au logement opposable (Dalo). Dans la pile figure un arrêté préfectoral déclarant son logement «insalubre» au vu des constats établis sur place : «humidité de condensation»,«fuites d’eau»,«insécurité des personnes due à la dangerosité des installations électriques»,«risque de contamination des personnes dû à la présence de plomb accessible» dans les peintures. Dans ce logement, au loyer de 488 euros par mois, situé près de la place Clichy (XVIIIe arr.) vivent Karima Boukhors, 39 ans, et ses trois enfants, deux garçons âgés de 12 et 8 ans, et une petite fille de 6 ans.

Banquette. Outre l’insalubrité et la dangerosité, le logement est suroccupé. C’est un appartement dans lequel on ne peut pas vraiment se mouvoir. Il n’y a pas d’espace libre. Des lits superposés et une armoire occupent toute la chambre que partagent les trois enfants. L’autre pièce, située en enfilade, fait à la fois office de cuisine, salon, salle à manger. Pas de couloir et une salle de bains-wc minuscule dépourvue d’aération. La mère dort sur une banquette-lit face à l’évier. Son conjoint «est mort lorsqu’elle était enceinte de la dernière».

Elle travaille comme agent de nettoyage. Petit salaire. Pas de possibilité de trouver dans le privé un logement correct et adapté aux besoins de la famille. Une demande de HLM déposée et renouvelée tous les ans depuis 1999 n’a rien donné. D’où le recours à la procédure Dalo. La commission de médiation qui a examiné son dossier a donné un «avis favorable» pour un relogement ultraprioritaire. C’était en août 2008. «J’ai un droit. Il est marqué là, dit Karima en pointant de l’index l’avis de la commission, mais je ne vois rien venir.» Comme des milliers d’autres familles franciliennes déclarées éligibles au Dalo mais qui attendent toujours un logement (lire ci-contre).

«Crises aiguës». Son fils de 8 ans est asthmatique. Cela a commencé par des «crises légères». Le temps passant, le médecin a diagnostiqué des «crises aiguës». L’enfant a fini par être «hospitalisé huit jours à Robert-Debré».

Au quotidien, elle utilise toutes les ficelles, pour faire face. «Les deux petits restent à l’étude pour leurs devoirs.» Le grand, en cinquième, «va parfois étudier chez un copain après la classe. Je connais les parents». Autrement, il fait ses devoirs sur la table basse qui sert aussi pour les repas. «Parfois, il s’enferme dans les toilettes pour lire.» Pas de place pour jouer pour les enfants. Pas de place pour des tâches ménagères. «Quand je cuisine, les enfants vont sur leur lit dans la chambre.» La lessive et le séchage du linge sont un véritable casse-tête. «Chacun a du mal à trouver sa place. Chacun vit mal donc. On ne va pas bien parce que plus le temps passe et plus on perd espoir.»

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