I Une
école différente ? Pour une société
différente
? Qui n'en veut ?! I Des
écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop |
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L'heure
de la... It's time for ... Re-creation | Appel
pour des éts innovants et coopératifs |
I
Obligation
scolaire et liberté I | Une
école différente ? Pour une société
différente
? Qui n'en veut ?! I
2018
école
autrement, école alternative, école différente ...
Une
autre
école est-elle possible ?
Quelques
autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité
:
les rapports
parents-profs, la maternelle
à 2 ans, l'ennui
à l'école, les punitions
collectives, le téléphone
portable,
l'état des
toilettes,
le créationnisme...
C'EST
LE PRIX DU M² QUI FAIT LA DIFFERENCE...
La
carte scolaire et l'apartheid
«Tout le monde est pour la mixité sociale. Mais pour les autres.»
Un rapport de deux inspecteurs généraux,
interdit de publication par le ministère, offre un premier bilan
:
La
suppression de la carte scolaire renforcera les ghettos
L'imposture de la "mixité
scolaire" à Paris
La suppression de la
carte scolaire « est un très grand succès ».
...
Sauf qu'il y a un truc dont le rectorat ne s'est guère vanté.
Rebonds
A l'école des inégalités En dépit du contrat républicain, l'ascension sociale par le mérite scolaire reste en panne. Par Michel GODET - Libération - vendredi 11
novembre 2005
Liberté, égalité, fraternité»,
cette devise républicaine inscrite sur le fronton de nos écoles
publiques est un idéal très éloigné de la réalité.
Chaque enfant dispose en principe des mêmes droits de protection
et d'éducation de la part de la collectivité. Mais, très
vite, le hasard du lieu et de la famille de naissance va créer la
différence entre ceux qui seront accueillis dans un environnement
familial propice à l'épanouissement individuel, dans des
conditions de vie confortables et dans des écoles de qualité.
L'inégalité des chances commence par cette différenciation
de l'environnement familial dès le cours préparatoire, laquelle
s'avère déterminante pour le parcours de réussite
ou d'échec scolaire, personnel et professionnel tout au long de
la vie.
Michel Godet est professeur au Conservatoire national des arts et métiers. L'inégalité des chances liée au contexte familial se renforce fortement au travers des phénomènes de pauvreté, de ségrégation urbaine, d'éclatement des structures familiales et finalement d'échec scolaire, reflet de la concentration géographique de handicaps qui se cumulent. Comme l'a relevé le rapport 2004 du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC), «la moitié des jeunes sortis de l'école à 17 ans sans diplôme vit dans le cinquième des ménages les plus pauvres». Les élites de la société française, de droite
comme de gauche, se sont jusqu'ici refusées à regarder la
réalité en face. Il est vrai que la statistique entretient
la confusion et le doute sur la nature des problèmes. La massification
de l'accès au bac et à l'enseignement supérieur n'est-elle
pas la preuve que l'égalité des chances s'est renforcée
? En réalité, il n'en est rien et les enfants des milieux
les plus favorisés accaparent plus que jamais l'accès aux
filières les plus prestigieuses de l'éducation,
Les handicaps ou les avantages liés aux origines familiales ne
s'effacent pas avec l'école, ils se renforcent plutôt. La
récente tendance à encourager, au nom de l'équité,
des discriminations positives pour rattraper symboliquement quelques individus
à bon potentiel, ne change rien à la tendance globale de
notre société : l'inégalité croissante des
chances éducatives des enfants
Si l'accès à l'enseignement supérieur apparaît
lui aussi moins inégalitaire, les enfants d'ouvriers entreprenant
des études supérieures n'en restent pas moins minoritaires,
par rapport à ceux de cadres deux fois moins nombreux. Des écarts
sociaux très prononcés subsistent en matière de réussite
et d'obtention de diplômes supérieurs : c'est le cas de 80
% des enfants de professeurs ou professions libérales, de 20 % seulement
des enfants de personnel de service ou d'ouvriers les
Ainsi, Pierre Bourdieu avait raison : la classe sociale dominante se reproduit par méritocratie interposée pour constituer cette noblesse d'Etat si décriée par ailleurs. Le plus grave est cependant que si le système scolaire reste orienté sur la sélection des champions olympiques de l'intelligence, il continue à laisser au bord de la route scolaire ceux qui sont éliminés par l'échec et qui seront d'autant plus exposés au risque du chômage, que ce dernier n'épargne plus les diplômés. En effet, depuis quelques années la rentabilité marginale
des études (mesurée par le risque moindre de chômage)
baisse, elle devient même négative : le taux de chômage
des bac + 2 est devenu de deux points inférieur à celui des
bac + 4. La meilleure insertion et l'accès à l'encadrement
restent le fait de seulement deux catégories de diplômés
: ceux des grandes écoles
Les premiers affectés par cette désillusion sont les enfants de milieux modestes qui se sont égarés sans information ni préparation adéquate dans des filières non sélectives et sans débouchés. Leurs parents étaient fiers d'avoir un premier bachelier puis licencié dans la famille, ils se sont souvent «saignés» pour financer leurs études et voilà que l'ascenseur social n'est pas au rendez-vous. Quand un diplôme est dévalué, ce qui fait la différence
c'est l'université d'obtention (parisienne ou périphérique)
et les relations familiales pour obtenir des stages valorisants et mieux
accéder au marché du travail.
Quand le laisser-faire et le laisser-aller conduisent au renforcement
de l'inégalité des chances, la collectivité se doit
d'intervenir et ne pas se contenter de mesures de discriminations positives
intéressantes comme à Sciences-Po, mais sans effet structurel.
A terme, ces politiques de ciblage sur certaines catégories sont
aussi source d'effets pervers, à commencer par l'atteinte au principe
d'universalité des droits des citoyens. La ghettoïsation de
la société française par le haut, relevée par
Eric Maurin, conduit les différentes classes sociales à vivre
entre soi, à se regrouper dans les mêmes quartiers. Dans ce
contexte d'apartheid urbain, la carte scolaire qui entendait favoriser
la mixité sociale produit exactement le contraire.
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