alternatives éducatives : des écoles différentes
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I Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop |
| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Appel pour des éts innovants et coopératifs |
I Obligation scolaire et liberté I | Une école différente ? Pour une société différente ? Qui n'en veut ?! I

Quelques autres "rubriques", parmi beaucoup d'autres, toujours d'actualité :
les rapports parents-profs, la maternelle à 2 ans, l'ennui à l'école les punitions collectives,  le téléphone portable, l'état des toilettes, le créationnisme...
 
 

Assises ou couchés, kesconsmarre !
Couché :
Jack Lang. Un vrai morceau d'homme politique dans la confiture de TF1

"Les socialistes ne veulent pas non plus d'une situation
qui s'envenime durablement"
 

Promesses, promesses...
Des «assises de l'éducation»? Jamais organisées.

le Parti socialiste semble avoir perdu sa "boussole"
Le projet Savary du début des années 80
était de créer un «grand service public unifié et laïc de l’éducation nationale»
mettant en réseau les établissements publics et privés.
On voulait que les parents puissent choisir librement l’école de leur enfant en fonction de son projet,
qu’il soit confessionnel ou pédagogique (sportif, lié aux langues vivantes, culturel).
Les partisans de l’école privée et les milieux laïcs n’en ont pas voulu.
Du coup, il a échoué.
 
  


L'école, confrontée à toutes les fractures sociales, 
doit retrouver son rôle d'émancipation.

La société de la connaissance

Par Jean-Marc AYRAULT - Libération - lundi 14 février 2005
 

Pauvre école à qui l'on ne passe rien et demande tout : enseigner mais aussi réparer toutes les fractures auxquelles notre société ne parvient plus à faire face. Le paradoxe veut que l'Etat n'assume pas cette dimension globale et identitaire. L'éducation est son premier budget, parfois sa première priorité, mais sa gestion demeure sectorielle. Les ministres se succèdent et les réformes avec. Ici le collège, là le baccalauréat, une autre fois le LMD.

Cette méthode parcellaire, dont le projet de loi d'orientation de François Fillon est le dernier avatar, a conduit à une impasse. L'éducation doit redevenir le coeur d'un projet de société comme Michelet l'a si bien défini : «Quelle est la première partie de la politique ? L'éducation ; la deuxième ? L'éducation ; la troisième ? L'éducation.»[*] 
C'est cette vision d'une société éducative et universelle que je veux porter aujourd'hui avec les socialistes.

Sa première priorité est de rendre à l'école publique son rôle d'émancipation sociale. L'échec scolaire demeure un gâchis humain : 150 000 élèves quittent chaque année l'école sans qualification, 15 % sont en grande difficulté et la plupart viennent de milieux défavorisés. Le socle commun de connaissances ou le contrat individuel de réussite éducative sont trop restrictifs pour être plus qu'un pansement. Il faut repenser l'architecture de rattrapage en orientant le gros des investissements là où les difficultés sont criantes. L'égalité des chances implique de donner la possibilité aux établissements scolaires les plus fragiles socialement d'offrir les mêmes chances de réussite que les autres. Soyons clairs : tous les gouvernements ont péché dans ce domaine par timidité. Le saupoudrage des crédits et des postes doit laisser place à un effort massif envers les établissements et les territoires qui en ont le plus besoin.

La commission Thélot a fait la proposition judicieuse d'une dotation supplémentaire (pouvant atteindre 25 % de la dotation globale), qui serait attribuée sur critères spécifiques tenant compte de la mixité sociale et du soutien aux élèves en difficulté.

L'Education nationale doit avoir le courage de rompre avec les méthodes uniformes, dont tous les rapports prouvent les limites, pour encourager une logique de soutien plus ciblée. De nombreux établissements expérimentent déjà des méthodes spécifiques pour répondre aux difficultés de leurs élèves. Elles ne sont pas toutes orthodoxes mais elles marchent souvent. Ce qui leur manque, c'est un pilotage académique qui permette de les évaluer et, le cas échéant, de les étendre à d'autres. Ces établissements attendent le courage du politique d'instituer des mesures dérogatoires : la diminution du nombre d'élèves par classe, l'aménagement des temps de service, la mise en place de dispositifs pédagogiques spécifiques. Boutons l'uniformité hors des classes. On n'enseigne pas dans un collège défavorisé d'Evry comme on professe dans un établissement «prestigieux» du centre de Paris ! Aux conservateurs qui crient au nivellement par le bas, je réponds promotion par le haut. Et je vais même plus loin en estimant pleinement légitime une augmentation significative des traitements de ceux qui exercent dans les établissements défavorisés. Trop souvent nos enseignants sont montrés du doigt, trop souvent ils vivent un sentiment de déclassement, voire de solitude face aux problèmes sociaux. La reconnaissance de leurs mérites est le fondement de leur autorité.

La deuxième priorité est de redéfinir l'organisation du parcours éducatif. Depuis des années, il est de bon ton de désigner le collège comme le maillon faible du système. C'est une approche trop simpliste. C'est en détectant les difficultés scolaires, mais aussi familiales, sociales ou culturelles dès le primaire qu'on préviendra l'échec scolaire au collège. Combien de catastrophes seraient évitées si les maîtres étaient formés à ces difficultés protéiformes, s'ils pouvaient s'appuyer sur une structure médico-sociale efficiente, s'il existait une véritable passerelle entre le CM2 et la sixième. C'est l'une des carences du projet Fillon. Le texte se concentre sur la révision feutrée du collège unique à travers des mesures qui ont fait la preuve de leur échec : le redoublement ou les filières d'apprentissage dès la fin de 5e. Le collège a plus besoin d'actions que de réaction. J'ai évoqué les améliorations que pourraient lui apporter l'expérimentation, l'évaluation ou la dérogation. Je voudrais ajouter l'instauration d'une véritable éducation à l'orientation (l'un des points faibles du collège) qui pourrait prendre la forme de cours d'initiation aux métiers impliquant des représentants des diverses professions. Ce serait le premier pas vers une promotion de la filière professionnelle, pour laquelle je souhaite la création de diplômes européens comme ils existent dans l'enseignement supérieur.

L'idée centrale est d'adapter le collège à l'hétérogénéité de ses élèves sans exclure ceux qui ont le plus de mal à suivre. En d'autres termes, faire du collège unique un réel collège pour tous.

La troisième grande priorité, c'est l'université. Sait-on qu'en France la dépense moyenne par étudiant d'université atteint seulement 6 820 euros alors que le Royaume-Uni y consacre 8 100 et les Etats-Unis plus de 20 000 ? Dans le même temps, 30 % du budget de l'enseignement supérieur sont affectés aux grandes écoles, qui ne représentent que 3 % des étudiants ! La conséquence de ces choix est un taux d'échec à l'université très supérieur à celui des pays comparables : seuls 59 % des étudiants obtiennent le niveau de base du système de diplômes européens LMD (licence, master, doctorat).

Cette réalité a une cause première : le sous-financement dramatique de l'université française. Un plan d'investissement et de reconstruction est le préalable à toute réorganisation. L'exception française séparant les universités, les grandes écoles et les centres de recherche est à la fois inégalitaire et révolue. Elle éparpille l'argent, disperse les compétences et affaiblit les programmes.

Commençons par mettre en réseau les universités de taille moyenne aussi bien en province qu'à Paris. Impulsons un rapprochement avec les grandes écoles et les organismes de recherche pour constituer des pôles attractifs capables de rivaliser avec Heidelberg ou Harvard. Les outils ne manquent pas : aménagement du statut des enseignants chercheurs, regroupement de laboratoires, conseils d'administration communs, développement des coopérations avec les entreprises comme l'a, par exemple, initié l'université de Grenoble.

Développons enfin un programme d'accès universitaire digne de ce nom aux élèves des milieux défavorisés. L'extension à grande échelle des bourses au mérite est une dette morale et politique comme doit l'être la généralisation de filières d'accès spécifiques que Sciences-Po a expérimentées avec succès.

Ce n'est qu'au terme de cette réorganisation volontariste et de son évaluation que pourra être posée la question de la part d'autonomie. L'instituer par dogmatisme conduirait au blocage, comme on l'a vu dans les réformes avortées de MM. Devaquet ou Ferry.

Notre démarche sera d'autant plus crédible que les engagements pris seront tenus dans la durée. On trouve normal que l'Etat programme la construction d'un porte-avions sur vingt ans et on le refuse pour le parcours éducatif de même durée de millions d'enfants. Il est inconcevable qu'un projet de société aussi fondamental serve de variable d'ajustement financier. Je propose que l'Etat s'engage solennellement dans une loi de programmation. La pérennisation des crédits traduit la priorité qu'accorde la nation au service public d'éducation.

Mais nous avons payé pour savoir que la logique de moyens ne suffit pas si elle n'est pas accompagnée d'un contrat négocié avec la communauté éducative où elle s'engage avec l'Etat sur les réformes à opérer : la lutte contre l'échec scolaire ; les améliorations du collège ; l'obligation que tout élève sorte avec une qualification ou un diplôme ; l'évaluation des établissements... Nos enseignants ont soif de responsabilisation. Ils sont prêts à des évolutions. Ainsi, je crois possible de réfléchir avec eux à une refonte de leur formation, au travail en équipe, au tutorat, voire même à l'instauration d'une bivalence au collège (disposition à enseigner deux matières, qui existe dans d'autres pays européens et en France dans certains cas : histoire/géographie, français/latin...). L'école n'est pas vouée aux conflits si nous sommes capables d'inventer un nouveau partenariat auquel les parents d'élèves seront naturellement associés.

Car une quatrième priorité reste à accomplir : la formation tout au long de la vie. Révolution aussi importante que l'école laïque, gratuite et obligatoire. Depuis trop longtemps, le système éducatif vit une césure générationnelle. Il concerne la jeunesse et s'arrête à l'obtention du diplôme. Cette conception est dépassée. Le taux de chômage des «sans-diplôme» est de 50 % contre 10 % pour les titulaires d'un diplôme supérieur au baccalauréat. Offrir à chaque travailleur, à chaque chômeur, le droit et les moyens d'accéder à l'évolution des techniques et des sciences est l'utopie la plus réaliste pour combattre le chômage. C'est la voie la plus sûre pour relancer l'ascenseur social et pour relever le défi de la compétition mondiale.

La loi du 5 mai 2004 sur le droit individuel à la formation (vingt heures par an, cumulables sur six ans) constitue un point de départ. Mais il me paraît nécessaire de voir plus loin en imaginant des périodes de formation obligatoire dans les contrats de travail, en instituant un contrat emploi-formation pour les salariés licenciés ; en créant un «compte éducation-formation» dont chaque citoyen disposerait à la fin de la scolarité obligatoire et qui serait inversement proportionnel à la durée de formation initiale dont il aura bénéficié. Ceux qui auront fait les études les plus courtes auront droit au temps de formation le plus long.

Michelet, toujours lui, avait la prescience de ce parcours éducatif de la naissance à la mort : «Combien l'éducation durera-t-elle ? Juste autant que la vie.»[*] 
Tel est aujourd'hui le défi des socialistes : la société de la connaissance.

Jean-Marc Ayrault président
du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.



Pour préparer vos discours :
[*] http://www.bellescitations.com/themes/education.htm 
... où l'on ne trouve pas le mot "émancipation" parmi les thèmes ...

- Reste plus qu'à attendre le lexique du nouveau PS innovant.
"Emancipation" : de quoi ? de qui ? comment ? jusqu'où ?

- Et le nouvel organigramme de la Nouvelle Education Nationale Emancipatrice
donc Emancipée ?

- Pour l'instant, pas besoin de lire ce texte à la loupe ou de chercher le filigrane, tout est déjà re-dit : le "non-uniforme", le "dérogatoire", le "différent", ce sera-it pour les "défavorisés".
Pas trop longtemps. 
Juste le temps d'un re-formatage, pour les rendre aptes à sup-porter "l'uniforme"
Guerre ("réussite") oblige.

S'il existe encore des "équipes" porteuses de "projets",
il leur reste très peu de temps 
pour faire le   v r a i  bilan
sans langue de bois
des "expériences" en cours
comme de celles qui n'ont pu voir le jour,
et, s'il s'agit vraiment de "projets",
pointer, ligne par ligne,
blocage par blocage,
piège par piège,
la compatibilité ou l'inadéquation
avec le "projet", les promesses, le calendrier, le lexique
des divers candidats...

R.A.

LE GUIDE ANNUAIRE DES ECOLES DIFFERENTES
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| L'heure de la... It's time for ... Re-creation | Freinet dans (?) le système "éducatif" (?) |
| Changer l'école | Des écoles différentes ? Oui, mais ... pas trop !| L'école Vitruve |
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