L'Entreprise
mondiale d'exploitation :
BRITISH
WAY OF LIFE
Le
"modèle" anglo-saxon, libéral ...
et
blairo-socialiste
Royaume-Uni
: 35% des élèves de 11 ans ne savent pas lire
Un
demi-million de «sans-logement» en Grande-Bretagne
A
Londres, un enfant sur deux sous le seuil de pauvreté
Un
demi-million d'enfants britanniques travaillent "illégalement"
Royaume-Uni
: «tolérance zéro» et conditions de détention
intolérables
Plus
de dix milles jeunes délinquants britanniques sont emprisonnés
«Le bilan du Royaume-Uni
en terme d'emprisonnement des enfants
est l'un des pires qui
se puisse trouver en Europe.»
Tony
Blair : "tolérance zéro" face aux éléments
perturbateurs dans les écoles
Royaume-Uni
: Ecoles fermées aux pauvres
Un rapport émis par
ConfEd,
(une association qui représente les dirigeants du secteur de l’éducation
locale) dénonce le manque d’intégrité des processus
d’admission dans certaines écoles publiques.
Des réunions de "sélection"
d’élèves sont organisées,
durant lesquelles ne sont
admis que les enfants "gentils, brillants et riches".
Ainsi, 70 000 parents n’ont
pas pu inscrire cette année leurs enfants dans l’école de
leur choix.
En écartant les élèves
issus de milieux pauvres, ces établissements
"hors la loi"
espèrent rehausser leur taux de réussite aux examens.
Pour lutter contre ces pratiques,
le gouvernement s’apprête à proposer un nouveau système
d’admission des élèves dans les écoles publiques.
5 September 2005
...
et moins de pauvres dans les écoles primaires catholiques.
Les
écoles anglaises pourront être gérées par des
"trusts"
Les
Britanniques inventent l'ultrason antijeunes
Grande
Bretagne : premier
pays où chaque déplacement de véhicule sera enregistré.
Blairo-socialisme
: bilan globalement positif
Naître et grandir
pauvre en Grande-Bretagne
est encore plus pénalisant
que dans d’autres pays développés.
Royaume-Uni
: Le
créationnisme aux examens
Plus
de 350 000 Britanniques ont quitté leur île en 2005
pour
jouir d'une vie meilleure
Les
jeunes Britanniques se voient vivre ailleurs
difficulté d' acquérir
un logement, hausse de la fiscalité et indigence des services publics,
en particulier les transports
et le système de soins.
Beuark.
Ségolène
Royal rend hommage à la politique de Tony Blair.
AMERICAN
WAY OF LIFE...
45
millions de personnes sans système de santé
dans
le pays le plus riche du monde
Le
système de santé américain est le plus onéreux
parmi les pays industrialisés
et
l'un des moins efficaces en terme de nombre de personnes couvertes
États-Unis
: L’abstinence sexuelle renforcée
131 millions de dollars
(augmentation de 30 millions) pour les programmes fédéraux
vantant auprès des collégiens et lycéens américains
les mérites de l’inexistence d’une vie sexuelle avant le mariage.
L’évaluation nationale des bienfaits réels de ces programmes
a été reportée à 2006.
Des
aberrations scientifiques pour mieux prêcher la chasteté
Cette année, 40 des
50 Etats doivent faire face à diverses procédures visant
à contester l'enseignement de la théorie de l'évolution
dans les écoles publiques.
Quelque 6000 étudiants
sont attendus sur le
campus "sans péché" (l’Ave Maria University),
qui ne connaîtra ni
préservatifs ou autre moyen de contraception, ni homosexualité,
ni avortement.
Le
nombre total des armes à feu en circulation aux Etats-Unis est estimé
à plus de 200 millions, dont 65 millions d'armes de poing, pour
une population totale de 284 millions d'habitants.
Selon
des statistiques gouvernementales remontant à la fin des années
90, les armes à feu sont la cause de la mort d'un enfant ou adolescent
toutes les deux heures, par crime, accident ou suicide.
En
1997, ces armes ont été responsables de la mort de 32.436
personnes,
selon
ces mêmes statistiques.
La "Home School Legal
Defense Association" :
Liée à l’église
évangélique,
«
Les croisés américains du Home Schooling »
4000
Québécois fréquentent des écoles clandestines
pentecôtistes
les
écoles pentecôtistes enseignent notamment le créationnisme.
FRANCE
: « les plus stricts des stricts »
Présents
dans huit départements (Ardèche, Drôme, Loire, Haute-Loire,
Var, Gard, Rhône, Seine-et-Marne)
La vie familiale y est très
normée, dans un contexte patriarcal où le père travaille
à l’extérieur, tandis que la mère prend en charge
l’éducation morale des enfants.
Ils ont choisi depuis quelques
années de scolariser eux-mêmes leurs enfants.
Les communautés ont
récemment créé un système privé de cours
par correspondance, les cours du Chêne. |
Exploitation
de la condition parentale
«
Remplissez la Terre, et l'assujettissez. »
DIEU
Quelques
millénaires en quelques lignes
D'abord un survol de
ce qui nous a menés où nous sommes. Ne remontons pas aux
origines, qui sont mal connues, mais seulement jusqu'à Adam et Eve.
Les anciennes sociétés patriarcales, source des nôtres,
reposent sur des rapports de domination. Les aînés mâles
commandent. Les enfants, comme le bétail les femmes et tout, appartiennent
au chef de famille, qui a le droit de les tuer et sinon le devoir de les
nourrir jusqu'à ce qu'ils soient capables, très tôt,
de travailler à leur tour pour la tribu, selon leur devoir à
eux. L'énergie ne sort pas de la famille. Le patriarche, force de
travail spirituelle, transmet impérieusement les codes qui assurent
le maintien de ces sociétés à population et moyens
de production limités, avec autorégulation par catastrophes
naturelles (épidémies épizooties séismes sauterelles.
etc.). La famille patriarcale est une unité de production, forme
parmi d'autres, et fort rigide, d'adaptation au milieu.
Le germe de l'expansion
est dans ces sociétés. La charte de fondation de notre patriarcat
d'origine l'indique d'ailleurs sans fard (Genèse, l, 28). Conquêtes
et compétition sans fin y sont inscrites.
Les dominants s'affrontent
pour remplir davantage de Terre et assujettir de plus en plus de choses,
bêtes, et gens. Ils s'approprient les énergies et moyens techniques
susceptibles d'augmenter leur puissance. Toutes ces quantités, croissantes,
et se faisant croître l'une l'autre, enclenchent une dynamique explosive
(exponentielle), qui au cours des siècles - avec un bond fantastique
au moment où les moyens techniques permettent une appropriation
massive d'énergies, et où le facteur « catastrophes
naturelles » est mieux maîtrisé accouche, par mutations
successives dites « révolutions », de formes sociales
à croissance de plus en plus croissante et à domination de
plus en plus étendue sur une population de plus en plus peuplante,
avec concentration de plus en plus concentrée des biens et des pouvoirs
- processus tendant vers l'explosion, car une telle accélération
de plus en plus accélérée de quantités massives
ne peut pas finir autrement. Avec un bon ordinateur on peut tracer cette
courbe.
C'est comme ça
que nous sommes arrivés dans la présente mutation, qu'on
appelle société en expansion quand on est parmi les exploiteurs,
et, quand on est parmi les exploités, capitalisme monopoliste. La
dernière peut-être avant l'explosion définitive.
De fait, sont déjà
prévues avec beaucoup de sang-froid l'explosion démographique
(datée à environ l'an 2030); l'explosion technique (nucléaire,
non datée); l'explosion de la Nature (catastrophe écologique,
genre tremblements de terre généralisés, ou autre);
l'explosion tétanique (blocage général). Mais pas
encore l'explosion des rapports de domination (le moteur initial), qui
paraît pourtant la plus passionnante et inspirante.
Le patriarche dépossédé
Les parents actuels
sont encore propriétaires de leurs descendants mineurs, et en particulier
responsables de leurs méfaits et casses.
Mais, à mesure
que le pouvoir est plus centralisé, il tend à prendre le
contrôle de tout. C'est dans ce mouvement de mainmise, qui porte
pavillon de «Progrès de la Démocratie », que
le chef de famille a été progressivement dépouillé
de ses droits absolus. Ce « progrès » est un déplacement
du pouvoir : mutation au sommet.
La Loi défend
aux parents de tuer ou abîmer leurs descendants. C'est désormais
l'Etat qui se le permet, en cas de guerre, service militaire, tortures,
répressions, ainsi qu'accidents du travail, de la route et autres
dans l'intérêt de l'industrie.
La Loi enjoint aux
parents de faire instruire leur progéniture dès l'âge
tendre, ce qui revient pour la quasi-totalité à les remettre
aux établissements éducatifs gratuits de l'Etat. Les établissements
privés revenant au même en plus cher. L'instruction à
domicile par parent n'est pas interdite, bien que contrôlée,
mais qui le sait? Et qui le peut? Au moyen de l'école, qui porte
toujours son vieux pavillon de « l'instruction égale pour
tous », l'Entreprise d'exploitation tend à disposer de plus
en plus, par-dessus la famille, des nouvelles générations.
Les Etats - agents
d'exécution de l'Entreprise, qui a ses hommes dans les gouvernements,
les fait et défait - les Etats font des décrets structurant
l'enseignement en fonction directe des besoins de l'industrie, l'industrie
passe ses commandes, et l'école sert, en dépit des résistances
internes. Et on voit des parents aller se débattre à l'école,
essayant par des suppliques d'infléchir le destin de leurs rejetons
jetés en pré-apprentissage. (Quelques-uns s'unissent pour
constituer des écoles parallèles). L'avenir des enfants n'est
plus déterminé par les parents. La tendance en monopolisme
est la prise en main directe des enfants, et le retrait de toute autonomie
aux personnes, c'est-à-dire au peuple.
Après «
formation », l'État, toujours, prend les fils dans son appareil
militaire : le dernier tour de vis, la finition; les objecteurs et inconformes
étant si possible brisés. Puis lesdits fils, bien à
point, sont jetés sur le marché du travail. Les filles l'étant
de préférence sur le marché du mariage où elles
sont plus avantageuses à l'Entreprise pour l'entretien gratuit de
la force de travail, et la production et l'élevage des petits (selon
les besoins de l'exploitation, une certaine proportion est admise dans
des emplois subalternes : selon le degré d'agitation, quelques exemplaires
féminins sont mis en vitrine pour éblouir le reste).
Une fois terminés,
les jeunes quittent leurs parents, vont essaimer ailleurs, vivement encouragés
à fonder à leur tour un « foyer ». La famille
est éclatée en micro-unités, aisément contrôlables
car minuscules, fermées, sans force, sans solidarité. Faciles
à mettre en cages, à manipuler, à doter de structures
mentales concurrentielles, égotistes, routinières, timorées
: à ensemencer en virus émotionnels et fermentations diverses
habituelles aux vases clos. Par-dessus le marché ça multiplie
la consommation, par mise en rivalité, et entassement d'objets à
vocation collective dans des mains privées : c'est gagné
sur tous les tableaux. (Le coup tous-tableaux est un génie de cette
caste dirigeante, ménagère de ses munitions.)
Les parents seraient
donc plutôt aujourd'hui des sortes de dépositaires provisoires,
et des agents techniques, à pouvoirs restreints.
Leur tâche peut
être définie comme un service d'élevage super-qualifié.
Exploitation
Et non rétribué
: les parents ne vendent pas leurs petits, comme les autres éleveurs,
à l'Entreprise de ramassage. Ils les donnent. Rien ne leur revient
en fait de l'énergie investie dans les enfants : ceux-ci sont pratiquement
dispensés d'entretenir leurs ascendants en retour du service reçu,
et souvent n'en ont pas les moyens - car l'Entreprise s'approprie la totalité
de leur force de travail pour en tirer la plus-value. De là une
ambiguïté tragique pour les parents : les structures
mentales ne suivant pas les réalités économiques galopantes,
les parents restés dans l'illusion patriarcale, et mesurant les
peines endurées, croient que leurs enfants leur doivent quelque
chose, et souffrent une intolérable frustration à cause de
leur « ingratitude ». Une analyse correcte desdites réalités
économiques permettrait seule de désigner la vraie source
de tous ces malheurs - que l'on croit privés parce qu'ils sont vécus
dans l'isolement, mais qui sont de nature sociale.
La société
moderne a ôté aux parents les droits absolus de jadis mais
leur a laissé les devoirs. L'entretien des petits et même
des grands (16, 18 ans!) est à leur charge. Elever un enfant coûte,
en pur argent (énergie, temps, angoisses non compris) autour de
200000 F (20 millions anciens).
Une étude plus
poussée de la fonction parentale pourrait contenir un calcul de
l'économie ainsi réalisée par l'Entreprise, bénéficiaire
réel de l'élevage, sur une population donnée.
Ce « devoir
» est appelé naturel. Comme le travail domestique des femmes
mariées, notez. Lequel n'est pas rétribué non plus.
Cette analogie n'est pas un hasard, mais une économie : le mot «
naturel », dans le glossaire de la bourgeoisie, a pour fonction de
soutirer un travail gratuit, c'est-à-dire un servage. Les parents
sont persuadés pourtant qu'ils élèvent leurs petits
par amour. C'est ainsi que leur amour est le fondement de l'appropriation
de leur énergie.
Ce « devoir
naturel » est impératif. Y manquer s'appelle abandon. L'Assistance
publique, prenant les enfants « abandonnés » par des
parents « dénaturés » (la société
parle une langue hautement morale), est l'alternative. Et honte à
qui y recourt. Les parents sont coincés.
Ainsi, à leurs
propres frais, avec leurs énergies, au besoin en se saignant aux
quatre veines pour élever leurs petits « décemment
» selon les critères mêmes de ces gens-là qui
ne leur donnent même pas un salaire « décent »,
ils font de leurs enfants une valeur-travail, laquelle est aussitôt
raflée par ces dits gens-là afin d'en tirer pour eux seuls
profit. Bravo.
Les parents sont les
pigeons de l'Entreprise. Leur énergie leur est volée. On
se sert d'eux pour rendre les jeunes exploitables et contrôlables.
Après ça
on les balance. En société de consommation on jette tout
après usage.
Triste fin du patriarche
Cette société
n'a rien à faire des vieillards sans force de travail utilisable,
et qui n'ont à transmettre qu'un « de mon temps » dont
il n'y a plus trace. Pour la transmission des codes, qui changent si vite
que ça s'appelle « être dans le vent », il y a
la télé et autres media, sous contrôle. Les vieux n'ont
aucune fonction dans la vie moderne, où en même temps des
fortunes sont englouties dans des recherches en vue de prolonger la vie
humaine. On ne les tue pas toutefois. Mais, afin que ces résidus
de fabrication ne fassent pas trop de vagues, (ils votent), l'Etat se contente
de les laisser s'éteindre à petit feu au moyen du reversement
partiel, judicieusement nommé « retraite », des économies
faites par eux sur leurs bas salaires durant toute leur vie de travailleurs,
et s'il vous plaît c'est un cadeau prière de dire merci humblement
1.
La fonction des vieux c'est attendre la mort. De plus en plus souvent à
l'hôpital, car personne n'en veut. En attendant qu'on les parque
tous ensemble dans des ghettos spéciaux 2. Pour leur bien
voyons ne sois pas mauvais esprit, pour qu'ils aient de la compagnie. Pas
gratuits les ghettos d'ailleurs, et on parle déjà de scandales,
aux U.S.A. pays pilote, à propos d'hospices qui ne nourrissent pas
leurs pensionnaires. Une autre utilisation du vieillard se profile à
l'horizon : cobayes pour les recherches gériatriques, puis consommateurs
de produits antivieillissement. Ce sera un progrès sur l'hôpital
allons. Et puis ce ne sera pas long. L'ennui tue.
C'était : la
condition des vieux en société avancée.
Le capitalisme a phagocyté
le patriarcat. Ce n'est pas un rapport de filiation mais de dévoration.
Il n'a laissé que les os : il exploite les structures.
A l'autre bout de
la chaîne le patriarche passe a la poubelle. Il a été
dépassé par la dynamique de la domination même.
Après tout
il n'avait qu'à ne pas la démarrer. Trop tard pour pleurer,
grand-père.
A moins que, la retraite
survenant de plus en plus tôt, les « vieux » ne l'étant
plus et y voyant encore clair se constituent en groupe de revendication?
1. L'opération « mise à
la retraite» atteint les campagnes, bastion du patriarcat traditionnel.
Le vieux quitte sa ferme et va végéter
ailleurs avec une pension, tandis que les jeunes vont servir l'industrie
(jeunes Bretons en Alsace, etc.). Après on
peut remembrer à l'aise. Coup « tous-tableaux ».
2. Le Capitalisme sépare les tranches d'âge,
de revenus de cultures, etc.
Il quadrille le peuple.
Ambiguïté
de la condition d'officier subalterne
Le couple-agent technique
a rang (il n'est pas payé mais du moins il est gradé) d'officier
subalterne et sous-officier. Car il est composé de deux termes inégaux
: la mère, située quelque part entre l'adjudant et le caporal,
pour les basses-œuvres; le père pour les hautes, entre le sous-lieutenant
et le capitaine. Tous deux ayant entre eux un rapport de classes, économique
(la femme dépendant économiquement du mari « normalement
») et sexuelle (sanctionnée par le devoir conjugal, obligation
légale remplie avec plus ou moins de bonheur).
Jadis relation économique,
le mariage est aujourd'hui un amalgame d'économie, de contrainte
légale, de sexe, de sentiments variés et variables. Une étude
complète de la condition parentale aurait à décaper
le tableau conjugal du vernis idyllique, et toxique, dont les media le
recouvrent obstinément afin de ne décourager personne.
Cet alliage instable,
parfois explosif, bourré de charges émotionnelles, lieu du
non-dit, a mission d'éduquer - ce mot de pouvoir signifiant : réduire
l'enfant aux normes.
Étant humains
et non robots, pleins de contradictions, de frustrations, croulant sous
les tracas, à côté de leurs pompes comme tout le monde,
et parfois même doués de conscience, ou d'intuition, les parents
ne sont pas des instruments parfaits. Ils font des erreurs. Et c'est notre
veine : nombre d'anciens enfants qui s'en sont à peu près
tirés disent qu'ils doivent leur salut à la pagaille et à
l'échec de leur éducation. Des ordinateurs feraient certes
mieux l'affaire de l'Entreprise. A partir de bébés-éprouvettes
par exemple, et c'est pourquoi il faut se méfier de la chose, à
première vue si pratique.
La marge d'erreur
(par rapport à la commande) tend à croître avec la
décadence des principes sacrés, le mode de vie névrosant,
les fuites de l'information (on ne peut pas tout contrôler, des étincelles
s'échappent, Reich, Laing-Cooper, Bettelheim, Leboyer, Summerhill,
etc.), la pression des jeunes eux-mêmes, et semble-t-il une montée
générale de conscience.
On ne peut plus vraiment
se fier aux parents.
Certains se sont même
mis à penser. Aussi ces outils incertains sont-ils de plus en plus
secondés, guidés dans leur mission. La voie est balisée
: bons conseils répétitivement prodigués par les media,
entourage, voisins, ascendants veillant au grain, tous redresseurs de tort
bénévoles : institutions, corps médico-pédiatrique,
psychologique de plus en plus souvent, scolaire. Et, pour que rien ne soit
laissé au hasard, les parents seront enfin eux-mêmes éduqués.
Ils ont à présent des écoles où éponger
les gaffes et apprendre à marcher droit au milieu de toute cette
confusion. Ils ne pourront plus se tromper.
La politique de
l'éducation
Ainsi, fermement maintenus
dans la ligne juste, à part quelques bavures (bénies soient-elles),
les parents ont peu de chance d'échapper à leur rôle,
dont la nature politique leur est soigneusement cachée. Pour la
découvrir, il faut avoir accès à la culture : l'information
ne descend pas à la masse, elle est bloquée ou dénaturée
avant, au niveau des media destinés au peuple, et pour cela dits
« populaires ».
Ceux qui parviennent
à prendre conscience de leur rôle, et entrent dans la résistance,
se heurtent à de sérieuses difficultés. Ils sont minoritaires.
La majorité écrasante, entourage media école presse
et littérature « pour » enfants, tout se chargera de
rectifier leur tir, fatalement tâtonnant puisqu'ils inventent. Mauvais
rapport de forces. Ils seront déchirés, accusés, coupables,
on les persuadera qu'ils rendent un bien mauvais service à leurs
petits (en ne les préparant pas à être des loups parmi
les loups), et il arrivera que les petits eux-mêmes souffrant d'insécurité
(parmi les loups) leur reprochent de manquer de cette autorité qui
rend tous les autres enfants si heureux, et leur mènent la vie dure.
Tout l'environnement, agissant sur tous les sens, force dès le début
de la vie les jeunes dans des rapports dominant-dominé. Si tu ne
me domines pas, je te domine. La structure fatale est intériorisée
dès 5 ans.
Sortir de là
n'est pas totalement impossible.
Mais quel travail.
Quelle énergie. Quelle attention. Quel temps, quelle disponibilité.
Et qui peut se lancer dans une affaire pareille? Peu, jusqu'à ce
que le mouvement amorcé dans cette voie s'implante assez pour devenir
un soutien et une alternative.
En attendant, la masse
des parents, sans remettre en question les principes qui leur ont été
à eux-mêmes inculqués, font le job, s'efforçant
avec ingénuité de réduire les « rebelles »,
et de livrer des modèles conformes, « bien élevés
», comme on dit, compétitifs ou consentants (sachant «
tenir leur rang » ou « rester à leur place »)
selon sur quel barreau de l'échelle économique, sexuelle,
ou raciale, leur naissance leur permet de grimper.
On fait un bruit d'enfer
des parents modernes « permissifs ». C'est la vieille technique
de l'épouvantail. La réalité est : les enquêtes
montrent qu'une majorité massive réclame pour les enfants
une éducation plus sévère, dans tous les pays «
avancés ».
Ah comme ils l'ont
facile là-haut! En faisant une loi de la cohabitation des enfants
et des parents et de la hiérarchie dans la famille, les pouvoirs
jouent sur le velours : si les plus petits renâclent contre leur
condition, voire contre les institutions elles-mêmes, ce sont les
parents qui ont la vie impossible, pas les institutions. Les parents exercent
alors leur autorité pour avoir la paix « chez eux »,
car ils se croient chez eux.
Ils se leurrent -
ou plutôt sont leurrés. L'idée que les relations interfamiliales
sont affaire privée est une illusion. Ne serait-ce d'abord que du
fait que la cohabitation est obligée par la loi, aucun ne pouvant
s'y soustraire : les enfants ne peuvent pas s'en aller mais les parents
ne peuvent pas non plus les mettre dehors; et ensuite, du fait que la hiérarchie
est instituée également par la loi. Les structures sont données
de l'extérieur, et non modifiables à volonté. Il n'y
a pas là, de choix personnel. Et le fonctionnement est contrôlé.
La famille est censée donner d'elle une certaine image, «
honorable ». Elle est vulnérable aux pressions de l'environnement,
voire accessible aux interventions directes des Autorités elles-mêmes
: les assistantes sociales pénètrent à l'intérieur
des foyers, agissent sur les parents, font des rapports.
En cas de «
déviance » des mesures sont prises. Cette illusion d'un domaine
privé est un piège où à peu près tout
le monde se laisse prendre. Non, on n'est pas chez soi.
A l'intérieur
de la famille, dont les membres sont inégaux; et obligés
de demeurer ensemble, les Pouvoirs, ayant constitué enfants et parents
en antagonismes, les laissent s'affronter, et recueillent sans frais le
bénéfice du maintien de l'ordre.
*
Mais, s'ils ne peuvent
échapper, alors ça n'est vraiment pas de leur faute!
Ça n'est pas
de leur faute et ça continue comme ça dans les siècles
des siècles.
Nous quand on dit
: on ne l'a pas fait exprès, ils trouvent que ce n'est pas une excuse.
En fait il n'est interdit
à personne, surtout grande, de réfléchir à
ce qu'elle fait. Les grandes personnes ont accès à l'information,
si elles veulent.
L'information est
truquée. On peut faire un effort, non?
Ça c'est la
douloureuse question de l'aliénation, et de la responsabilité
humaine.
Le pouvoir
C'est compliqué.
Mais tout de même les gens ont au moins un choix : ils sont libres
de prendre ou non le rôle de parent. Un jour, ils l'ont « fait
exprès ». Ils l'ont accepté, le job. D'avance et en
bloc, par un acte volontaire. Un acte décisif de la vie, dont l'importance
d'ailleurs ne leur échappe pas (ô, le léger serrement
de cœur, sur les marches de la Mairie ... ô la nostalgie soudaine.).
Ils ont signé un pacte. Ça s'appelle Mariage. On y dit «
Oui », mot lourd de sens. En connaissance de cause, en ignorance
de cause, sous des pressions sociales, familiales, en cas de force majeure
(?), c'est ça le sens de ce contrat, signé avec les Autorités,
sur les registres officiels de l'Etat, et accompagné de Sa bénédiction,
d'un discours significatif, et d'un Livret « de Famille ».
Ils ne font rien pour rien ces gens-là, peut-on encore l'ignorer?
La Mairie est le bureau de recrutement des agents techniques, et on y va
sur ses pieds, même si pas avec toute sa tête.
On y signe
3
son appartenance à un Ordre social défini, l'acceptation
des fonctions que cet Ordre implique, et la délégation de
pouvoirs.
Et ce pouvoir qui
leur a été remis, les parents l'exercent sur leurs enfants,
comme chose naturelle et allant de soi. II ne s'en trouvera guère
pour seulement songer à s'interroger sur la légitimité
de ce pouvoir. Bien plutôt il arrivera que pouvoir et amour vivent
en symbiose : j'aime mon pouvoir sur toi. On a remarqué un détachement
des pères au moment où les enfants grandissant échappent
au contrôle : plus contrôlé, plus aimé.
Qui exerce un pouvoir
n'est jamais innocent.
« Quoi pouvoir,
quel pouvoir, de quoi parlez-vous? C’est dépassé il n'y a
plus de pouvoir, c'est la démission la déliquescence, ce
sont les enfants qui commandent à présent, et les parents
qui sont aux ordres! » Cette chanson à la mode relève
de la conjuration magique : Ce que vous attaquez n'existe pas - conclusion,
rentrez chez vous.
Quelle confusion.
Les parents sont blâmés pour une perte de l'autorité
qui résulte du démantèlement de leur pouvoir par l'Etat
- qui n'en laisse que ce qui lui convient.
Quelle mauvaise foi
: car cette « démission » ne vaut que pour une maigre
frange sophistiquée de la population qui, dans les faits de la vie
quotidienne, n'ose plus exercer une autorité ressentie comme ridicule
à l'égard de personnes capables d'autonomie que la Loi maintient
absurdement en dépendance. Cette minorité est brandie par
les gardiens de l'Ordre moral comme si elle était le tout. C'est
la technique de l'épouvantail.
Quel déni de
logique : car de toute manière le pouvoir est conféré
par la Loi. Par conséquent les permissions ne sont que des faveurs;
donc précaires. Les conditions peuvent à tout moment changer
(divorce, remariage, crises), et le dernier mot appartient aux adultes
en tout cas. Les enfants, qui le savent, ne font jamais que jouer avec
le pouvoir, à l'intérieur d'une relation de pouvoir dont
la nature n'est pas changée. Ils peuvent gagner des batailles, ils
ne gagnent pas la guerre. Qui est : leur formation en vue des intérêts
de la société en place.
Cette guerre-là
se mène par une prise de conscience des fondements politiques de
l'éducation, et par le changement des lois et des structures.
3. Les parents délibérément
non mariés n'ont du moins pas signé de pacte. Bien qu'ils
subissent comme les autres les pressions sociales, ils peuvent mieux prendre
leurs distances par rapport au rôle.
*
« Chers
parents. Si vous ne savez pas ce que vous faites, alors souffrez qu'on
vous l'apprenne. Au moins ne détournez pas les yeux quand on vous
montre. L'inconscience n'est plus une excuse quand l'information vous est
offerte. Refuser de savoir, c'est déclarer votre appartenance au
rang des oppresseurs.
« Vous
dites que vous ne tirez aucun profit de votre position : je vous arrête.
Vous avez eu du pouvoir, le pouvoir c'est du profit, le vrai profit c'est
le pouvoir, dont l'argent n'est que signe et mesure. Vous n'êtes
pas à cent pour cent dans le camp des opprimés, même
si un pouvoir vous opprime ailleurs : vous exercez chez vous le seul qui
vous est permis. Une part de vous, celle qui a signé la délégation
de pouvoirs, est passée de l'autre côté.
« Vous
n'êtes pas les seuls, en ce monde de dominations enchevêtrées,
à avoir une part dans chaque camp. Mais nous, les enfants, nous
avons bel et bien le tout dans le mauvais, il n'est rien qui ne nous domine.
« Au moins
cessez de l'ignorer et de jouer les ingénus. Il est temps que vous
connaissiez votre place, et la nôtre. Nous réclamons votre
conscience.
« Vos
fils et filles affectionnés. »
Le devoir d'aimer
et de rendre heureux
Les parents actuels
doivent aimer leurs enfants, quoi qu'ils en aient. Presque aucun n'oserait,
sauf à titre de douloureuse confidence à un intime, dire
qu'il ne les aime pas. En tout cas, aucune mère : le devoir est
plus impérieux pour elles. Les pères sont plus libres de
leurs mouvements internes, il est même admis officiellement qu'un
père « se détache » de son fils quand il s'aperçoit
que ce fils n'est pas comme il avait cru, un soi-même recommencé.
Aimer ses enfants
est un devoir : au commencement était le verbe, et le reste suit
: la persuasion, puis la réalité elle-même. Tous les
parents actuels aiment leurs enfants.
Qu'est-ce qu'aimer
ses enfants? - Aimer ses enfants, c'est les rendre heureux.
Le bonheur des enfants
est bien entendu défini par les adultes - ou plutôt ceux-ci
répercutent naïvement l'image définie par la société
et diffusée par ses canaux habituels.
Le mythe du bonheur
est un des plus puissants analgésiques utilisés par l'Entreprise.
Et sans compter. Un vrai matraquage. Comment les parents ne se laisseraient-ils
pas prendre dans un piège qui porte un si joli nom? Au niveau des
individus, tout le monde est piégé. Il n'y a que la Force
Aveugle qui gagne.
Le bonheur des enfants,
la réduction sans douleur, la mutilation dans la joie. Être
heureux de marcher vers l'ennui définitif et consenti.
Une chanson aux lèvres.
Il faut qu' « il » et « elle » soient heureux maintenant
puisqu'ils ne le seront pas plus tard.
« Chers
parents. Votre idée de notre bonheur, qui ne vous appartient même
pas mais vous fut dictée, n'est pas forcément la nôtre.
Vous devriez nous demander avant de nous rendre heureux. Peut-être
préférons-nous être vivants.
« Vos
filles et fils, trop heureux. »
Divorce!
Les gens qui n'ont
plus envie de vivre ensemble ont le droit de se séparer. Mais ils
hésitent ou ne le font pas, « à cause des enfants ».
Car ils les rendraient
ainsi, dit tout le monde, malheureux. Ils en sont prisonniers.
Les parents qui divorcent
aiment mal leurs enfants, tel est le consensus, demeuré solide malgré
les libéralisations. Ils n'ont pas fait leur devoir de les entourer
de tendresse unis (lire : de maintenir la petite cellule). Les enfants
de divorcés souffrent.
A moins qu'ils ne
soient ravis : ils ont tout en double, s'ils savent y faire.
Ils sont pervertis
par la situation, ce n'est pas mieux. Sous leur attitude cynique ils cachent
leur souffrance vraie. On va même jusqu'à faire un accroc
au mythe sacré de l'amour filial, à admettre que les petites
victimes aiment moins, tant pis pour eux. Méchants parents.
Sur les parents qui
divorcent s'exerce une pression énorme, destinée à
les culpabiliser. Selon une technique éprouvée, l'action
psychologique freine l'exercice d'une liberté accordée par
la loi.
La société
patri-capitaliste n'a jamais digéré le divorce, consenti...
pour sauver le mariage, en perte de vitesse.
Indigestion compréhensible
: vivre parmi les contradictions et les mises en question déconditionne
- et voilà le danger! La conscience des enfants pourrait s'éveiller!
La preuve que c'est bien là que ça gêne, c'est qu'en
cas de mésentente évidente (« devant les enfants! Au
moins cachez-vous! ») le même consensus antidivorce passe le
message : « Ils feraient mieux de se séparer. » Pour
le bonheur des enfants évidemment. Le bonheur des enfants est la
prison des parents.
*
C'était un peu
court, et fatalement sans nuances.
Mais chacun peut compléter,
l'information étant à portée : c'est l'expérience
quotidienne.
Une étude détaillée
et honnête serait sûrement utile. Elle pourrait être
menée par groupes de prises de conscience dont le thème ne
serait pas « Comment s'en tirer avec l'éducation »,
mais la propre condition et expérience de parent. Une telle étude
pourrait porter le titre, par exemple : « Manipulation et exploitation
de la fonction parentale dans les sociétés modernes. »
En attendant, la position
des parents est tout de même assez clarifiée maintenant pour
qu'on se livre sans remords au sujet. L'oppression des enfants.
Pourquoi
maintenant ? (chap.
1)
Les enfants,
qui n'ont jamais eu tant de bonheur et de pouvoir (disent les adultes),
sont en réalité, maintenant, menacés.
Par-dessus
les parents, dont la non-intervention est espérée, la Force
Aveugle est en marche contre eux.
Car en
dépit d'un traitement réducteur millénaire, les enfants
ont toujours la rage de vivre.
Sommaire
7 - Avertissement
9 - Point d'information, en guise d'exposé
des motifs
11 - Welcome
15 - L'Entreprise
mondiale d'exploitation
La mécanique du jeu - Les parents pris
au piège - Point d'ordre.
21 - Exploitation de la condition parentale
Quelques millénaires en quelques lignes
- Le patriarche dépossédé - Exploitation - Triste
fin du patriarche - Ambiguïté de la condition d'officier subalterne
- La politique de l'éducation - Le pouvoir - Le devoir d'aimer et
de rendre heureux - Divorce !
39 - Les enfants: une oppression très
spécifique
Mesures - Universalité - Spécificité
- Objets - Inconnus et pourtant définis, épistémologie
- Non-identité - Temporaire éternel - Régime - Pas
d'alternative - Bases réelles, analyse de classes - Dictionnaire
du Maître, ou génie sémantique de la bourgeoisie.
59 - Pourquoi
maintenant ?
71 - Les chemins de la dépendance
L'homme le plus riche du monde, qui peut être
une femme et de n'importe quelle couleur - Les traumatismes de la naissance
- Sur une structure mentale de dominant - Coupures - Enfants et femmes:
antagonisme actuel, solidarité potentielle - Nostalgies génétiques
- Le bébé, cet inconnu - Mise en dépendance - La dépendance
la plus profonde au monde.
83 - Rapport de forces
Dressage des désirs - La laisse - L'inceste
- L'éducation.
93 - Action psychologique, ou combat contre
un adversaire ligoté
L'armée en campagne - L'arsenal des media
- La période de compromis.
101 - Dépendance légale
Le statut de mineur - Non-personnes civiles -
Incapacité civique - Anticonstitutionnellement vôtre - Justifications
de la privation de droits - La protection est toujours un alibi - A quoi
les enfants ont droit. - Attention ! réformes.
113 - Les Corps constitués
La grande expropriation - Le Corps enseignant
- Expropriation de l'environnement - Expropriatiqn du corps - Expropriation
de l'esprit - Eloge des coups de bol - Guerre contre le hasard - Corps
orienteur ou la science domestique - Ce que le QI ne mesure pas - Valeur
idéologique - Ce que le QI mesure - La culture intensive de matière
grise extra - Portrait-robot de la Nouvelle Société rationnelle
- Mais - Le Corps médical - Nos enfants! - Le caducée se
mord la queue - L'armée psy, en expansion : Travail Famille Chimie.
141 - Dépendance économique
Dorlotage obligatoire - La reconnaissance - Points
de références - Motus - Les adultes - Exploitation - Petit
supplément de dépendance - Impacts et mesures.
157 - L'amour filial
L'Histoire reprend ce qui lui appartient
- L'amour filial, tel qu'il est ordonné - Tel qu'il est ordonné
- Dosage - Le terrain - Tel qu'il est administré - L'amour pris
dans une relation de pouvoir - Litanie pour les jours lucides - Impossibilité
de l'observation L'inconnaissable amour et l'inconnaissable non-amour
- L'enfant lucide - L'ordre et désordre d'Œdipe - Les oppressions
enchevêtrées : Le plaisir - L'amour, entre parenthèses.
188 - Haldol
Christiane
ROCHEFORT

Octobre
75 - Avec Christiane Rochefort, une des premières réunions
de "Possible".
©
A.I.E. - Possible
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