«Entre
show business et rassemblement de secte»
Ségolène
Royal rend hommage à la politique de Tony Blair.
BRITISH
WAY OF LIFE
Le "modèle"
anglo-saxon, libéral ... et blairo-socialiste...
En dix ans, le nombre d’enseignants en Angleterre a augmenté de
10% tandis que celui
des assistants (non qualifiés, et 3 fois moins payés)
a triplé .
ÉCOLES
ANGLAISES :
Discipline, rigueur et esprit
compétitif sont les maîtres mots de la mutation mise en œuvre
par le gouvernement travailliste..
Royaume-Uni
: L’uniforme discriminatoire
En imposant un fournisseur
unique pour l’achat de l’uniforme, les écoles pratiquent une discrimination
à l’encontre des élèves pauvres.
Directeur
d'école en Grande Bretagne :
« Le métier
a beaucoup évolué. Aujourd’hui, on est beaucoup plus responsable,
on a plus de pression,
on nous demande plus de résultats. »
Deux
fois plus d’enseignants sont partis en retraite
anticipée au cours des sept dernières années.
35%
des élèves de 11 ans ne savent pas lire.
Un
ado sur cinq ne peut situer son pays sur une carte.
Ecoles
publiques fermées aux pauvres. Un rapport émis
par ConfEd, (une association qui représente les dirigeants
du secteur de l’éducation locale) dénonce le manque d’intégrité
des processus d’admission dans certaines écoles publiques. Des réunions
de "sélection" d’élèves sont organisées, durant
lesquelles ne sont admis que les enfants "gentils, brillants et riches".
Ainsi, 70 000 parents n’ont pas pu inscrire cette année leurs enfants
dans l’école de leur choix. En écartant les élèves
issus de milieux pauvres, ces établissements "hors la loi" espèrent
rehausser leur taux de réussite aux examens.
Selon
l'OCDE, les écoles privées britanniques ont les meilleurs
résultats au monde :
FAUX !
...
& Moins de pauvres dans les écoles primaires catholiques.
Les
écoles anglaises pourront être gérées par des
"trusts".
L’école
britannique livrée au patronat. En mars 2000, le Conseil
européen de Lisbonne avait fixé comme principal objectif
à la politique de l’Union en matière d’éducation de
produire un capital humain rentable au service de la compétitivité
économique.
Le
créationnisme aux examens.
"BAGUE
DE VIRGINITE" : Une
adolescente anglaise, fille d'un pasteur
évangélique, perd son procès en Haute Cour.
Grande-Bretagne
:
l'athéisme (bientôt ?) au programme scolaire
Grande-Bretagne
:Les
sponsors au secours de l'école
Empreintes
digitales pour les enfants d'une école de Londres. Le Royaume-Uni
réfléchit à la mise en place d’une loi pour la création
d’un fichier national des enfants de moins de douze ans.
Naître
et grandir pauvre en Grande-Bretagne est encore plus pénalisant
que dans d’autres pays développés.
Un demi-million de «sans-logement». A
Londres, un enfant sur deux sous le seuil de pauvreté.
Un
demi-million d'enfants britanniques travaillent "illégalement".
«tolérance
zéro» et conditions de détention intolérables.
Plus
de dix milles jeunes délinquants britanniques sont emprisonnés.
«Le bilan du Royaume-Uni en terme d'emprisonnement des enfants est
l'un des pires qui se puisse trouver en Europe.»
Les
frais très élevés d’inscription universitaire dissuadent
les étudiants issus de familles modestes de s’inscrire en fac.
De
plus en plus d’étudiantes se prostituent ou travaillent dans l’industrie
du sexe pour payer les frais d’inscription de leur université.
Plus de 350 000 Britanniques ont quitté leur île en 2005 pour
jouir d'une vie meilleure
Les
jeunes Britanniques se voient vivre ailleurs. Difficulté d'
acquérir un logement, hausse de la fiscalité et indigence
des services publics, en particulier les transports et le système
de soins.
M.
Ernest-Antoine Sellière, alors président du patronat français
:«
Je suis un socialiste britannique »
Londres,
paradis des milliardaires.
Selon
des rapports de l’ONU et de la Banque mondiale : « Au Royaume-Uni,
les inégalités entre riches et pauvres sont les plus importantes
du monde occidental, comparables à celles qui existent au Nigeria,
et plus profondes que celles que l’on trouve, par exemple, à la
Jamaïque, au Sri Lanka ou en Ethiopie .»
Grande Bretagne : premier
pays où chaque déplacement de véhicule sera enregistré.
Les
Britanniques inventent l'ultrason antijeunes.
De
plus en plus de mineurs hospitalisés pour des problèmes d'alcool.
Le nombre de mineurs hospitalisés en Angleterre pour avoir trop
bu a augmenté de 20% en un an.
AMERICAN
WAY OF LIFE...
"Je
t'aime, Alex" : 4 mois de redressement.
Lourde peine pour une
écolière amoureuse.
Une jeune fille de 12 ans
ayant écrit «Je t’aime Alex» sur les murs d’une
école, a été envoyée pour 4 mois dans un établissement
"accueillant" des élèves "en difficulté". Parmi de
nombreuses autres jolies colonies de vacances du même type : Tranquillity
bay". gérée par la WWASP (patronnée par le
professeur Skinner, le père de la psychologie comportementaliste).
Pour 3000 dollars par mois,
il promet de transformer ces récalcitrants en citoyens dociles et
travailleurs.
Les
écoles publiques en Californie :
"Sodome
et Gomorrhe" !
USA 2008 :"dans
le Milwaukee, il n'y a pas eu de miracle" (Sol Stern).
LES
CHÈQUES "ÉDUCATION" : L'ÉCHEC.
Depuis une bonne vingtaine
d'années, ici aussi, le "chèque éducation"
(ou "bon scolaire") - en anglais "voucher" -
fait partie d'un blabla
yakaiste au sujet des indispensables réformes, "simples, urgentes
et radicales", disent-ils, du système scolaire...
L'un des plus fervents
promoteurs du chèque-éducation aux USA, Sol Stern,
vient de faire brusquement volte-face en affirmant, constats à l'appui,
que le voucher n’avait "pas du tout amélioré le
système public".
Après avoir depuis
longtemps réclamé, soutenu et contribué au développement
des vouchers et des charter schools, Sol Stern pointe les
défauts et les insuffisances du voucher. Il cite, entre autres,
l’expérimentation de Milwaukee, première ville aux États-Unis
à adopter, en 1990, un programme "chèque éducation".
«Tout
le monde est pour la mixité sociale. Mais pour les autres.»
Le
droit d'apprendre
Ivan
Illich dans
Une société sans école proposait,
dès les années 70, une réflexion radicale sur l'échec
de l'enseignement à l'école.
Cette dernière,
outil d'un Etat,
peut-elle être
pensée aujourd'hui autrement
comme il le suggérait
il y a trente ans ?
Des écoles
Des collèges
et des lycées
Oui,
mais ... pas trop !
Statiques
universitaires-fonctionnaires ou camelots très agités ont
en commun, depuis deux bonnes décennies radoteuses sur l’échec
scolaire, l’art et la pratique du piratage et de son exploitation en produits
dérivés et contre-faits.
NON,
les écoles différentes ne sont pas les écoles
parallèles
(à
quoi ?), souvent mortes-nées, dont tout le monde parle depuis 30
ans sans jamais (vouloir) savoir de quoi il s’agit/s’agissait : alternativement
synonymes de "dernière chance", de "pas mal, ... pourles
autres", le terme étant souvent affublé de "post-soixanthuitardes"
par tous ceux parvenus, et qui en sont
revenus sans y être jamais allés; précédé
de «ça marginalise un peu,
quelque part, au niveau de la socialisation, quand même, non ?»
ou suivi de «qu’est-ce que ça
serait bien si qu'on en ferait une».
«
Main basse sur l'école publique »
L'Éducation
Nationale est accusée de « fabriquer des crétins
» et d'entretenir le « chaos pédagogique »,
l'insécurité et le chômage. Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi
dévoilent la signification de ces mesures : des associations de
libéraux et de catholiques conservateurs proches du Front national
et de l'Opus Dei sont à l'origine de ces propositions.
Au
nom de la liberté de choix, on prépare une privatisation
de l'Éducation. |
«
LA
FRATERNITÉ RELÈVE DE L'ORDRE MORAL »
Christian Delporte est spécialiste
de l'histoire des médias et du journalisme, il est professeur en
histoire contemporaine à l'université de Versailles, et auteur
d'une Histoire de la langue de bois (Flammarion).
Il revient pour Charlie sur
des voeux présidentiels placés sous le signe de la "fraternité".
CHARLIE HEBDO: Étonnant
de voir Nicolas Sarkozy reprendre un terme rendu célèbre
par Ségolène Royal...
CHRISTIAN DELPORTE: Le phènomène
n'est pas aussi étonnant que vous le dites. D'abord, parce que l'un
et l'autre ont fait une campagne sur la notion de « valeurs »,
des valeurs en définitive peu éloignées les unes des
autres. Patrie, Ordre, Travail .. . Ce qui me frappe, moi, en tant qu'historien,
c'est qu'on parle «valeurs» quand on ne parle plus politique.
Quand l'absence de projets devient patente, on se rabat sur la morale.
C'est un grand classique de l'histoire politique.
Reconnaissez qu'en dehors de
Ségolène Royal le mot n'a guère conquis la gauche,
quelle qu'elle soit ...
C'est évident. Ségolène
Royal elle-même a compris les profondes réticences de son
propre camp. La liberté est un droit, l'égalité aussi.
Mais, si on y réfléchit bien, il n'y a pas plus flou que
la fraternité.
C'est une obligation qui relève
de l'ordre moral, avec une nette connotation chrétienne, d'où
sa non-utilisation par la gauche, qui lui a toujours préféré
logiquement la notion de justice. Quand la gauche parle de fraternité,
c'est toujours dans un cadre non partisan, comme quand la LDH [Ligue des
droits de l'Homme] organise un concours de poèmes sur ce thème,
etc. Le fonds marxisant de la gauche française a toujours été
un frein à son utilisation.
Le mot « fraternité»
est peu utilisé en politique, il est toujours accolé à
« liberté» et « égalité »,
et dans ce cas, il évoque bien sûr la devise de la République.
Et le voilà utilisé seul désormais, en quelque sorte
monté en épingle.
L'utilisation du mot « fraternité»
hors contexte républicain nous vient de l'extrême droite,
plus précisément du poujadisme. Dans les années 1956-1958,
leur journal s'appelait Fraternité, et leur groupe parlementaire
« Union et Fraternité française ». Aujourd'hui,
on retrouve ce mot dans l'univers frontiste, l'association du FN d'aide
aux nécessiteux s'appelle « Fraternité française
», terme que l'on retrouve dans le chapitre 8 du programme du MNR.
Pour le MNR comme pour le FN, il s'agit d'assimiler la France à
une famille. A une famille de « Français », évidemment.
Politiquement, à quoi
répond l'utilisation de ce mot, ici et maintenant, dans le cadre
solennel des vœux, et par les plus hautes autorités du pays?
Son utilisation dans le discours
présidentiel du 31 décembre répond à un double
objectif. Évacuer la notion d'égalité du débat
politique, notion qu'il a toujours pris soin d'accoler à un vieil
épouvantail de la droite, « l'égalitarisme ».
Cette obsession se ressentait parfaitement dans le discours qu'il a prononcé
à Bercy à la fin de sa campagne présidentielle. L'égalité,
c'est placer les citoyens au même niveau, ce qui n'est pas, c'est
le moins que l'on puisse dire, l'essence du sarkozysme. Sarkozy lui préfère
de loin la notion d'équité, qui lui permet d'introduire au
cœur du débat un thème qui lui est cher, le « mérite
».
Vous remarquerez que le «
mérite » est aussi flou politiquement que la « fraternité
».
L'autre intérêt de
l'introduction du mot fraternité dans le débat est de sortir
par le haut du piège de l'identité nationale. Comment mieux
occulter l'explosion de dérapages xénophobes, visible sur
le site du ministère? On va beaucoup entendre parler de «fraternité»
dans les semaines qui viennent, pour éteindre l'incendie.
Au-delà de l'usage conjoncturel
que vous décrivez, l'utilisation de ce mot peut-il laisser des traces
dans la mémoire collective?
Je le pense. Accoler Fraternité
à Liberté et Egalité est tout sauf neutre.
La fraternité sert à lier entre elles ces deux notions antagonistes
que sont la liberté, qui fait appel à l'histoire individuelle,
et l'égalité, démarche collective. Seule, je le répète,
la fraternité ne signifie pas grand-chose, et la monter ainsi en
épingle en la séparant des deux autres n'a aucun sens en
République.
Propos recueillis
par Anne-Sophie Mercier
Charlie Hebdo - 6 janvier 2010
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